Etrangement, si Caleb était un peu plus jeune que Cherry, c’était un rôle de grand-frère qu’il possédait sur elle et qui était déstabilisant. Il y avait cette relation fraternelle qu’il n’avait pas avec ses sœurs, étrangement perturbé par la vie commune qu’il avait pu avoir avec eux. Cherry, c’était une bouffée d’oxygène, un repos pour ces instants volés, comme celui-là et ce bain de minuit improvisé qui ferait rire les deux compères. Le corps tout fin de Cherry se mit à le dépasser quand Caleb avait ralenti l’allure. « Héééé ! » Le râle de l’homme qui refuse d’avoir perdu et se jette dans l’eau pour la rejoindre, tombant directement dans l’écume qui ralentit sa course. Le voilà dans son élément, l’eau. Il vivait pour les fonds aquatiques, guide océanographique de métier pour payer son appartement, ses études et tout le reste. Mais c’était une vraie passion et putain, quand son corps entrait en contact avec l’eau, il se laissait porter par les vagues qui le berçaient. Peut-être qu’il s’éloignait, il en savait rien, mais son cul et ses couilles qui baladaient dans l’eau claire et dansantes, c’était la meilleure sensation du monde. « Ca va avec Ares ? Il te fait pas bosser trop dur ? » Pas qu’il contestait les affaires de son frère, ni même de sa petite sœur, mais il voulait être sûr que tout se passait bien. Puis il y avait un sous entendu, parce qu'il savait la petite tension chimique et charnelle entre les deux. Il avait les yeux portés vers les étoiles qui défilaient. Plus grand que son océan, plus effrayant que les profondeurs, mais bien plus spectaculaires quand on sait qu’il est impossible d’y accéder. « J’peux toujours tenter de te faire rentrer là où je bosse. » Ca payait pas aussi bien, mais c’était déjà un peu plus sain.

Alors que je laisse mon corps et mon âme entrer en fusion avec l'eau Caleb me parlait d'Ares et de mon boulot. Je me sentais mal à l'aise de parler de mon travail d'escort avec Caleb car je sais qu'il n'acceptait pas. Et je ne lui imposais pas, évitant de lui en parler. Le deal aussi il avait du mal, mais moins. En même temps, même si je vendais de la drogue je ne vendais pas mon corps. Je pouvais comprendre cette nuance. Je me rapprochais du brun un petit sourire aux lèvres. « Je travaille à mon rythme. J'ai le droit de refuser des parties du travail. » J'avais cette grande liberté, je pouvais refuser des clients, accepter ou non de coucher avec eux et je fixais mes propres prix. Ares me trouvait juste des vieux. Mais je sentais que ce n'était pas la seule question que voulait me poser Caleb. Hum... Avait-il été mis au courant du baiser ? Mais c'est quoi cette question Cherry ? Bien sur qu'il a été mis au courant, c'est son meilleur ami. Je haussais un sourcil en le regardant. « Hum... Tu veux surtout parler de ce qu'il s'est passé avant qu'on parte, je me trompe ? » Chose que je n'aimais pas. Je n'aimais pas parler, surtout lorsqu'il s'agissait de sentiments ou d'un truc qui y ressemble. Je ne disais pas je t'aime, ni même je t'aime bien. Parce que je n'avais jamais réussi à mettre des mots dessus. Parce que les mots me faisaient peur. Je montrais mes sentiments autrement, avec des actes, des gestes. « Je ne sais pas quoi dire, quoi penser... » Ce baiser avait provoqué beaucoup de choses en moi, plus que je ne l'aurai voulu. Mais en face de moi se trouvait un Ares faible, sous médicaments, vulnérable. Comment aurais-je pu savoir si ce n'était qu'un délire ou un acte vraiment sincère?