"Bien sur que j'aurais besoin de toi. Il me faudra quelqu'un pour faire de belles photos." Je lui fait un grand sourire. Je ne plaisante qu'à moitié. Quand il sera devenu un grand journaliste ou un photographe hors pair, j'aimerai vraiment qu'il se souvienne de nous, qu'on continue à se voir tous les trois, avec Céleste, même si les chances que je sois de retour sur mon île soit ultra grande. Je me dis qu'une amitié comme celle qu'on a, c'est obligé qu'on reste en contact. Ou alors je pense juste ça parce qu'on est encore jeune. Peut-être que d'ici deux ans, on ne pourra plus se voir en peinture. "Ouais, c'est vrai que parfois, je me dis aussi que ça aurait du être moi. Parfois je me demande pourquoi on s'en est bien sortit alors que d'autres pas du tout. Mais comme tu dis, c'est le destin. On n'y peut rien." Chez moi, on ne parle pas vraiment du destin mais c'est pareil. Quelque chose de plus grand que nous qui a fait qu'on s'en ait sorti. C'est tout ce qui compte au final. "C'est bien si nous parler te suffit. Mais tu n’hésite pas si ça ne va pas hein ? On trouvera toujours le moyen de t'aider avec Céleste." Je ne le laisserais pas tomber, jamais. Et je ferais tout pour l'aider s'il a besoin. Il essaye une autre chemise, rouge cette fois-ci. Beaucoup mieux, cette couleur est celle qui lui va le mieux au teins. Même si après deux semaines au soleil, il risque d'avoir la même couleur que sa chemise. Avec sa petite beau toute pale là. Je ne lui donne pas longtemps à Hawaï avant de cramer. "Tu penseras à la crème solaire pour partir hein ? T'as l'air du genre à collectionner les coups de soleil." En vrai, je n'en sais rien. Peut-être qu'ici, tous les gens résistent bien au soleil malgré le fait qu'ils en aient trois fois par an. "Oui peut-être que je pourrais trouver. Mais en vrai, je ne sais pas. J'ai pas envie. Enfin pas pour le moment tu vois. J'ai encore du temps puis je veux profiter un maximum de Boston, me donner à fond dans mes études avant de me mettre avec quelqu'un." En vrai, j'ai un peu la trouille de faire comme ma mère. De rencontrer quelqu'un de sortir avec lui puis de voir ma vie partir avec l'eau du caniveau. Et je ne suis pas prête pour ça. Du coup, profiter de la ville, profiter de mes études et de mes amis avant tout. Après j'envisagerais de trouver quelqu'un.

Ça me fait bien rire qu'on soit là tous les deux à parler de mariage alors qu'on n'a même pas encore l'age de boire de l'alcool. Mais en soit, je trouve ça sympa. Ça prouve qu'on veut rester ami au fils des ans, qu'on ne prévoit pas de se quitter avant un moment. C'est le genre d'amitié que je n'espérais pas trouver en arrivant à Harvard. Je ne m'attendais pas à ce que le courant passe si bien avec Céleste quand on se verrait en vrai. En fait, j'avais même peur qu'on ne puisse pas du tout s'entendre sans être derrière nos écrans. Je pensais pas non plus tomber sur quelqu'un comme Morgan, avec qui je deviendrais amie aussi rapidement. "Je sais pas danser donc ce serait un truc risqué pour tes pieds. Par contre, c'est vrai que t'es doué pour les conseils en matière de bouffe. Même si Céleste est plus douée que toi." Je plaisante bien entendu. Je ne pense pas que l'un d'eux soit spécialement meilleur que l'autre pour donner des conseils niveaux nourriture. "Si t'es passé à autre chose, tant mieux." J'ai rien de plus à dire. Ça ne sert pas à grand chose de remuer le couteau dans la plaie, de reparler des attentats encore et encore. Passer à autre chose, c'est le mieux qu'on puisse tous faire. Alors je préfère le chambrer sur le fait qu'il risque de finir rouge écrevisse pendant le spring break. "J'ai jamais mis les pieds en Grande-Bretagne mais s'ils sont tous comme ça, vous ne devez pas voir le soleil très souvent." Simple constatation face à sa peau toute pâle. Ca me donne presque envie de le traîner de force sur une plage jusqu'à ce qu'il bronze un peu. On parle relation et en vrai, le sujet me met un peu mal à l'aise. Parce que j'arrive pas vraiment à mettre le doigt sur le pourquoi je ne veux pas être en couple pour le moment. "Si ça me tombe dessus, je ne sais pas. Je suppose que je ne repousserais pas le gars oui." En vrai, j'en sais rien. Je sais même pas ce que je ferais si l'amour avec un super grand A comme on voit dans les livres venait toquer un jour à ma porte. "C'est peut-être parce que tu viens de retrouver Mikke. Et du coup, c'est lui qui te manquait." Psychologie à deux balles bonjour. "Toi aussi le dernier gars ce n'était pas top ? Perso il m'a laissé seule et il s'est barré en Australie pour ses études après qu'on est couché ensemble. C'était censé être mon meilleur ami." Ouais, la pilule Wes a toujours un goût amer. Un goût de "mon dieu je me sens trop conne." Mais je fais avec. "Yep allons se prendre un truc à manger, comme ça tu me montreras tes talents de conseiller. Et je me fatigue pas, je suis assise depuis que t'es dans les cabines. Ou tu prends des plombes pour te changer d'ailleurs."

"Dans la vie, y'a des causes perdues d'avances et la mienne, c'est la danse." Je mens un peu à vrai dire. Je suis obligée de savoir danser un minimum correctement pour faire partie de l'équipe de  cheerleading de l'unif. Mais j'ai commencé début d'année seulement et là, je me retrouve obligée d'arrêter à cause de ma jambe. Pas top pour réellement apprendre à enchaîner deux pas de façon un minimum gracieuse. Puis de toute façon, je ne pourrais jamais danser comme Céleste, j'aime pas ça. "Tu passeras toujours après Céleste pour la bouffe. Elle sera toujours la number one dans mon liste des conseillers, juste parce que c'est Céleste." Ma meilleure amie à vie Céleste, la seule personne que je connaissais avant d'arriver à Boston et qui me soutient depuis le début. Alors non, j'ai beau adorer Morgan, il ne parviendra jamais à être meilleure conseiller qu'elle. On finit par passer à autre chose, arrêter de parler des attentats, parce qu'il vaut mieux tourner la page et se concentrer sur autre chose. Je le chambre un peu sur sa peau toute pâle de personne qui n'a jamais grandit au soleil. Il m'explique comment c'est chez lui et je comprends mieux. "Ça doit être ultra déprimant la Grande-Bretagne. Vous arrivez à survivre avec toute cette pluie ? Déjà moi, je déprimais pendant la saison des pluies alors que tout le reste du temps, on a du grand soleil mais alors toi, comment tu fais ?" J'aime le soleil, j'aime la chaleur, j'aime pouvoir me prélasser en t-shirt sans avoir peur d'attraper froid. J'ai découvert la neige à Boston cet et c'est un truc horrible et froid que je ne veux plus jamais connaitre. "C'est dommage que vous ne parliez pas beaucoup, il est vraiment sympa Mike." C'est lui que j'ai rencontré en premier, lui qui m'est venu en aide quand je me suis casser la figure en pleine rue. On se parle encore de temps à autres mais je n'ai jamais pensé à lui demander comment ça se passait avec Morgan. "Ouais je comprends, c'est pas facile de parler des histoires qui se sont mal finies." Je souris à sa remarque sur ce qu'il m'est arrivé. Je n'ai jamais réussi à le considéré comme un connard, même si c'est à peu prêt ça au final. "Genre c'est moi qui te distrait ! Dit surtout que t'es lent oui." Je rigole bien entendu, il n'est pas si lent que ça.

ϟ Après-midi shopping

@Brooklyn Macfarlane & Morgan

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Super, je me fixe une règle : faire en sorte de jamais me mettre dans une situation où je pourrais danser avec Brook. En espérant que je m'en souvienne sinon c'est foutu. Céleste sera sûrement un meilleur parti et vu qu'elle est célibataire, s'il y a un bal, je pourrais y aller avec elle. En espérant qu'elle trouve personne entre-temps. «Moi ma cause perdue c'est garder un secret. J'suis terrible pour ça, j'parle sans le faire exprès parfois.» parce que je parlais plus que je réfléchissais et c'était vraiment horrible. Vivre avec moi-même tous les jours était un véritable calvaire. «J'avoue... Même moi je la prendrais comme goûteuse pour mon mariage. Si je me marie...» Des fois j'y pensais et je me demandais de quoi demain serait fait. Et j'arrivais pas à savoir si ça arriverait ou non. Peut-être que j'allais juste finir pauvre, sans rien, sans copain ou enfant. Déjà que c'était galère d'adopter quand on était gay dans ce petit. Et encore on avait le droit de le faire, ce qui était pas le cas partout. «Pourtant elle prend pas un gramme, je me demande comment elle fait.» un peu ironique de ma part parce que j'étais dans le même cas qu'elle et on se tapait souvent des bouffes ensemble assez facilement sans grossir.
J'haussais les épaules quand on parlait de mon pays natal alors qu'on passait à la caisse pour que j'achète mes chemises que je pourrais fièrement afficher à Hawai pendant le Spring Break. «On s'y fait à la longue et ça donne un certain charme tu vois ? Et j'aime bien, rester chez moi tout en regardant la pluie dehors et sortir juste après quand le soleil repointe le bout de son nez.» et fallait pas que j'en parle trop, ça me donnait le mal du pays la plupart du temps. Résultat on se dirigeait vers le truc le plus proche pour se prendre un truc à manger, abordant mon frère. «Ouais... Mais on n'a jamais appris à vivre ensemble, alors on a du mal à se considérer comme des frères.» ce qui était assez logique.
Et j'acquiesçais à ce qu'elle disait concernant les histoires se finissant mal. Oui, clairement, c'était pas facile et surtout quand on parlait de sa toute première fois : en matière d'amour, de sexe et tout le reste... Ça me laissait juste un goût amer dans la bouche. «C'est toi qui est lente avec ta jambe ! Pff !» je prends un ton supérieur que j'exagère pour rigoler. On va finalement se poser dans un Starbucks.

CODAGE PAR AMATIS

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