efrain & jonah

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Cette première journée fut riche en émotions. On a exploré très grossièrement une partie de l’île avec Jonah qui débordait d’idées après avoir pris le petit-déjeuner et pris le temps de déposer nos affaires dans notre suite. Ne rien payer me dérange toujours autant, mais je ne peux rien y faire, mon camarade a largement insisté pour que je ne dépense pas un seul dollar. Il m’énerve quand il fait ça, il est trop mignon et les gens mignons me font horreur parce que je craque beaucoup trop facilement pour eux. Fort d’une journée riche en découvertes, je me suis retrouvé catapulté à la soirée hawaïenne préparée en notre honneur par les locaux. Morgan n’a pas eu besoin d’insister énormément pour me convaincre d’y aller cela dit, j’étais déjà paré, prêt à m’ambiancer avant même qu’il ne me textote pour me proposer de le rejoindre. Résultat des courses ? Je suis rentré assez tard dans la nuit, Jonah dormait déjà et j’ai pris soin de ne pas le réveiller histoire de ne pas me faire insulter. Quelques heures de sommeil plus tard et je suis le premier à émerger. Je me demande bien comment c’est possible, peut-être qu’il a fait la fête lui aussi et que je ne l’ai pas croisé. S’il s’était couché bien plus tôt que moi, il serait déjà réveillé à cette heure-là, non ? Pas grave, une idée germe dans mon esprit et me pousse à bondir de mon lit pour foncer le plus discrètement possible dans l’espace cuisine de notre suite. Je serais dégouté s’il se réveillait avant que j’aie pu mettre mon plan diabolique à exécution. Je dévalise le frigo, embête le réceptionniste pour qu’il accepte de me monter des myrtilles fraiches… C’est une question de vie ou de mort, vous comprenez ? Le gentil monsieur est gracieusement récompensé pour le service qu’il vient de me rendre et il retourne à l’ascenseur les poches blindées de billets. Un prêté pour un rendu, vous voyez ? Plus le temps de niaiser, je suis là, en caleçon, à retourner mes pancakes à la myrtille les uns après les autres jusqu’à ce que j’arrive au dernier d’entre eux. Parfait, j’attrape un plateau dans lequel je prépare deux verres de jus d’orange, deux cafés, une fleur que j’ai été dérober sur le balcon – faute de mieux – et les fameux pancakes. A l’époque, c’est ceux qu’il préférait. Il adorait que je le réveille ainsi. Je débarque près de son lit, mon plateau entre les mains et je ne peux empêcher ce putain de sourire d’étirer mes lèvres. Est-ce cela, la définition du bonheur ? « On se réveille, marmotte ! »  

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Jonah avait toujours adoré les plages, le sable et regarder la mer. Certes, il ne savait pas nager et se contentait de rester au bord de l'eau mais c'était un endroit qu'il avait toujours beaucoup aimé alors, une fois arrivé à destination, il avait été difficile de ne pas aller y faire un tour après avoir traîné Efrain dans des endroits plus touristiques les uns que les autres ; et il en restait encore un paquet à visiter, dieu sait qu'ils allaient faire des kilomètres. La veille, il était rentré assez tard, c'était pas faute d'avoir essayé d'être raisonnable mais après avoir croisé plusieurs de ses amis, il avait fini par rencontrer sa sœur avec laquelle il avait discuté, comme ils en avaient souvent l'habitude. Après ça, il s'était simplement assit sur la plage, le casque sur les oreilles à contempler la lune se refléter sur les flots. Les heures étaient passées si vite qu'il avait dû rentrer sur la pointe des pieds par crainte de réveiller son camarade qui, étonnamment, n'était même pas rentré. Bien sûr, quelques questions étaient venu le chatouiller – où était-il, que faisait-il, avec qui. Jonah avait rapidement chassé ces mauvaises choses de sa tête qui semblaient vouloir lui jouer des tours, balayant ce genre d'idées confuses qui n'avaient pas lieu d'être. Alors, c'est sous la douche qu'il s'était glissé, une douche glacée, trop épuisé pour se prélasser dans un bain à une heure aussi tardive, puis simplement couvert d'un caleçon et d'un t-shirt trop grand, il s'était octroyer un petit moment sur le balcon, une clope entre les lèvres. Au fond, il avait seulement voulu attendre de voir si Efrain rentrerait ou non, malheureusement la fatigue avait prit le pas sur sa volonté et c'est sans plus de questionnements qu'il s'était glissé sous les draps afin de s'abandonner à Morphée. Une nuit légèrement mouvementée, il s'était réveillé plusieurs fois avant de réellement se rendormir jusqu'au matin même. Le soleil pénétrait dans la chambre spacieuse et la délicieuse odeur de pancakes embaumait la pièce alors que lui dormait toujours, sans se douter le moins du monde de ce que trafiquait Efrain. La tête à moitié dans l'oreiller, une voix familière venait le chercher jusque dans ses rêves pour tenter de le ramener sur terre – chose assez compliqué avec Jonah, l'amoureux des matelas. Malgré tout, il trouvait le moyen de grogner avant d'ouvrir difficilement un œil, puis finalement le second, mais très vite frappé par la lumière du jour, il posait son bras sur son visage. Du moins, jusqu'à ce que l'odeur ne parvienne à ses narines et alors là, le déclic enclenché, il relevait seulement la tête, les sourcils froncés, une petite lueur curieuse dans les tréfonds de la rétine - « je connais bien cette odeur », déclarait-il de sa voix rauque matinale avant de poser les yeux sur Efrain ; « bonjour toi », saluait Jonah en se redressant afin de s'asseoir en tailleurs, glissant ses doigts dans ses cheveux décolorés mais par dessus tout complètement désordonnés, qui soulignait combien la nuit n'avait pas été si terrible - « ça sent méga bon, tu t'es levé tôt ou t'as juste pas dormi m'sieur le cuisinier ? ». 

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A l’époque où nous étions tous les deux en couple, j’adorais surprendre Jonah avec de petites attentions. Le matin, en lui concoctant le meilleur petit-déjeuner du monde histoire qu’il puisse commencer la journée du bon pied, le midi en l’embarquant pour un pique-nique entre deux heures de cours et le soir en l’invitant à apprécier un bon petit repas en terrasse d’un restaurant. Je lui achetais de petits gadgets, des peluches mignonnes, tout ce qui le ramenait à ma mémoire au moment présent. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été très attentionné avec les autres, amis, famille… J’ai tendance à vouloir gâter le monde entier. Alors oui, forcément, lorsque je me retrouve dans cette immense suite aux côtés de Jonah, un Jonah au sommeil profond, je reprends immédiatement mes réflexes. Des bons pancakes à la myrtille, un bon café bien chaud, du jus d’orange, une petite pointe de douceur avec cette fleur dérobée sur le balcon et un grand sourire sur mes lèvres pour l’arracher à ses songes de la plus agréable des manières. Le must impliquerait d’autres actions, pour un réveil cent pourcent réussi, mais nous n’en sommes pas là. Ce n’est pas l’envie qui me manquerait, soyons honnêtes, parce que mon corps a toujours cette vilaine manie de s’emballer lorsqu’il voit Jonah si peu vêtu, sexy en diable à peine dissimulé par des draps que j’aimerais arracher au même titre que ses vêtements. Il n’empêche que je me suis promis de ne pas agir de la sorte, de ne pas profiter de lui, de ne pas être cet enculé et de nous offrir le temps nécessaire pour nous redécouvrir, pour construire ce qui pourrait l’être. Je me mordille la lèvre et l’encourage sagement à se réveiller, à revenir sur terre, à abandonner ses rêves qui, le connaissant, doivent être extrêmement étranges. Il a toujours eu une imagination débordante après tout. « Tu reconnais cette odeur ? Ce qui signifie que je suis coupable, votre honneur ! » Je lève les mains en l’air et lui montre du doigt le plateau que j’ai pris soin de déposer sur la table de chevet pour m’assurer qu’il ne soit pas renversé en cas de réveil difficile. « T’as bien dormi ? J’espère que je ne t’ai pas réveillé en rentrant… J’étais à la soirée hawaïenne avec des potes ! » Pourquoi être aussi spécifique ? Je ne saurais vous dire pourquoi, je ne voudrais juste pas qu’il se fasse des idées. Ne cherchez pas à comprendre. « Je me suis levé tôt, mais tu me connais… Le sommeil c’est surfait ! » J’affirme toujours fièrement que l’on aura tous le temps de rattraper nos heures de sommeil lorsque l’on sera morts. « Et puis je voulais te faire plaisir, te remercier pour cette suite formidable et pour m’avoir convaincu de venir au Spring Break ! » Je tire légèrement sur mon boxer dont les extrémités auraient tendance à remonter le long de mes cuisses et m’installe à côté de lui après avoir pris soin de rapprocher le plateau. « J’espère que t’as faim, je n’y ai pas été avec le dos de la cuillère ! »  

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Tous les réveils étaient une dure épreuve, chaque respiration matinale était doublement douloureuse, cependant avec un panorama comme celui-ci, d'autant plus avec une vue incroyable sur ce corps d'apollon qu'était celui d'Efrain, tout semblait s’atténuer. Que pouvait-il sincèrement demander de plus ? Il avait déjà tout ce dont il rêvait, tout ce qu'il avait toujours voulu se trouvait là, entre ces murs, sur cette île des plus sublime avec en bonus, un petit déjeuner parfait qui comportait tout ce qu'il préférait en ce monde ; pancakes à la myrtilles et jus d'orange, ses deux péchés mignons. Bien évidement, s'il avait pu avoir un supplément qui constituait à s'octroyer un corps à corps avec son vis à vis, il aurait volontiers accepté mais il était préférable de rester raisonnable, de ne pas se montrer trop gourmand. Jonah se frottait frénétiquement les yeux pour s'arracher ces images de la tête, il faisait déjà assez chaud comme ça, c'était pas le moment de céder à ses pulsions, à ses désirs et ses envies qui germaient vivement dans sa tête sans lui laisser le moindre choix. Comment voulez-vous qu'il n'ait pas de mal à se retenir lorsque Efrain se tenait là, près de lui, dans une tenue capable de lui dérober une vague de frisson incommensurable. Après s'être ôté difficilement ce scénario de la tête, il arborait un sourire, bien qu'encore légèrement dans les vapes. « Pas de soucis, je t'ai même pas entendu rentrer, t'as passé un bon moment ? », était-il vraiment nécessaire de préciser qu'il s'était soudainement senti plus léger, comme soulagé par cette phrase qui faisait sans aucun doute toute la différence. Il n'avait normalement pas à recevoir de quelconque justification de sa part, mais il avait de quoi se poser des questions, après tout Efrain était un garçon incroyablement beau, gentil comme pas deux, généreux, attentionné et les qualités s'accumulaient en masse, il n'avait pas le moindre mal à attirer de belles personnes et il est vrai que rien que d'y penser, la jalousie le piquait vivement. Ses dires venaient une fois encore l'extirper de ses songes et il venait sans grand étonnement lui jeter un petit regard noir qui soulignait parfaitement combien il était en désaccord avec le fait qu'il mette le sommeil sur la touche - « t'es pas invincible m'sieur Delarosa, un jour tu vas tomber d'épuisement et c'est pas du bouche à bouche que je te ferais, compte sur moi pour t'étrangler ». C'était sa façon de lui faire savoir qu'il s'inquiétait sans avoir à le dire directement, parce qu'au fond il se ferait toujours énormément de soucis pour lui. Puis, il ne rajoutait rien, il ne disait plus le moindre mot, parce qu'Efrain affirmait avoir voulu lui faire plaisir en préparant un petit déjeuner digne de ce nom et ça lui faisait terriblement plaisir – ça lui rappelait une bonne époque et le mettait de bonne humeur, assez pour qu'il ait un sourire idiot sur les lèvres à l'entente de ses mots adorables. « Tout le plaisir est pour moi, je suis content que tu sois venu », il ne pouvait être plus sincère qu'à l'instant, il n'aurait pas pu rêver mieux pour ce spring break. « Je suis affamé », déclarait-il, bien qu'il n'avait plus l'habitude de manger le matin, il lui avait préparé le paradis apporté sur un plateau, comment pouvait-il refuser un tel cadeau, surtout lorsqu'il sentait si bon ? Jonah saisissait un verre de jus d'orange pour en boire quelques gorgées avant de croquer dans un pancakes, rictus idiot scotché sur les lèvres alors qu'il en découpait un bout pour le tendre et le porter devant la bouche d'Efrain ; « allez hop, faut prendre des forces, sinon ce soir tu dors par terre ». 

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De tous les vilains tours que j’ai parfois l’habitude de recycler, je dois admettre que le petit-déjeuner au lit pourrait être ma spécialité. Pas parce que c’est un outil indéniable pour séduire et parvenir à de quelconques fins, on sait tous que quand t’en es arrivé au stade du petit-déj au pieux tu as déjà probablement réussi ton coup après tout, mais plutôt parce que j’éprouve un réel plaisir à surprendre gentiment. Jonah, je le connais par cœur. Nous n’avons peut-être pas vécu pendant des années tous les deux mais j’ai retenu chacune de ses préférences, les petites choses qui peuvent le rendre dingue en dix secondes et tout ce qu’il adore sans oser l’avouer. Vous savez, ces petits plaisirs coupables que tu te refuses à confesser à haute voix mais qui te font grave kiffer quand t’es seul, à l’abri des regards indiscrets. Je sais donc comment m’y prendre pour lui offrir le meilleur réveil du Spring Break. Ma pâte à pancakes qui n’a pas changé d’un poil – comme tous les grands cuisiniers aiment le dire, on ne revisite pas une recette qui cartonne – et dont les secrets sont toujours fermement gardés, du bon jus d’orange que j’ai pris soin de presser moi-même avec des oranges discrètement achetées la veille dans son dos, pendant qu’il était trop accaparé à prendre tout et n’importe quoi en photo pour faire rager ses potes restés à Harvard. Must du must, cette petite fleur que je prends soin de placer pour lui, juste pour lui. Parce qu’il n’y aura toujours que lui ? La simple idée me fait frissonner sans que je sache comment réellement réagir à un tel phénomène. J’en ai tellement rêvé, nous sommes tellement proches d’une telle chose que… Je ne sais pas ce que j’attends, ce que nous attendons, ce que le monde attend. Est-ce de la peur ? Prendre son temps c’est tellement bien d’autre côté, je retrouve les aspects mignons qui expliquent en grande partie pourquoi notre histoire s’avère aussi marquante pour moi. Il émerge doucement, attiré par les douces odeurs qui ne cessent d’émaner du plateau non loin de moi, mais avant toute chose, j’ai besoin de le rassurer sur mon absence d’hier soir… Pas parce que j’ai l’impression de devoir me justifier, plutôt parce que mes tripes se tordent dans tous les sens et me donnent le sentiment de devoir expliciter, plus pour moi que pour lui. Je ne veux pas qu’il puisse penser que… C’est impossible de toute manière, comment pourrait-il y songer alors que je suis là, à lui préparer des pancakes après une grosse soirée ? « Un excellent moment, même si j’ai dû tenir les cheveux d’une fille qui se moquait de moi, dix verres plus tôt, lorsque je lui ai expliqué que je ne dépassais jamais les deux consommations en soirée ! » Je passe toujours pour le mec trop sérieux de la bande, celui qui ne sait pas s’amuser parce qu’il ne boit pas d’alcool. Suis-je donc le seul à avoir réellement compris comment m’amuser ? Je me laisse tomber sur le lit et me perds un instant, incapable de contrôler mes yeux qui se baladent avec admiration sur ses courbes. Quelques années en arrière, il n’y a pas une seule parcelle de son corps qui m’était inconnue. A présent c’est différent, il y a cette cicatrice sur sa poitrine. Cette marque indélébile qui me brise le cœur et m’inspire le plus haut sentiment d’excitation à la fois. Bizarre, n’est-ce pas ? Je me mordille la lèvre, ailleurs, et retrouve mes esprits au moment de le taquiner sur le sommeil. « Mais non, tu ne me crois jamais quand j’te dis que j’suis un superhéros et que j’ai une identité secrète à protéger… Mais c’est vrai ! Tu verras un jour, quand t’auras compris comment interpréter les signes ! » Je lui adresse un clin d’œil foireux, censé être plein de mystère alors qu’il exprime davantage ma stupidité et cette petite lueur qui me donne envie d’exploser de rire. Place au plateau que je nous ai concocté, il a faim, tant mieux… Parce que je crève clairement la dalle moi aussi, à tout préparer depuis tout à l’heure sans oser goûter à l’un de mes pancakes. « Mais avant cela… Si monsieur veut bien accepter ce gage de… D’affection, fraichement et illégalement récupéré sur le balcon quelques minutes en arrière ! » Je dégaine la petite fleur glissée entre nos deux assiettes et la lui tend comme un parfait gentleman. On est loin des bouquets enflammés que j’ai déjà pu lui composer par le passé, mais quand tu agis dans l’urgence tu dois parfois te contenter de peu. Il se lance sur mes pancakes et ça me fait plaisir, forcément, parce qu’il n’y a rien de plus flatteur que de se rendre compte qu’on tape là où il faut. Il me tend un morceau de pancake que je ne tarde pas à attraper, mes lèvres effleurant brièvement ses doigts alors que mes yeux rencontrent les siens en un regard qui part plus vite que mes propres pensées… Putain Efrain, t’es en chaleur ! Je baisse les yeux et utilise ses dernières insinuations pour me sauver d’une situation potentiellement très hautement gradée sur l’échelle de la gênance. « Parce que tu me laisserai dormir à même le sol, aussi peu vêtu, dans les courants d’air ? Ce serait prendre le risque que j’attrape un mauvais rhume, ou pire encore, que j’me fasse piquer par une vilaine bestiole… Tu serais vraiment prêt à faire ça ? » Je prends mes petits airs de chien battu, mood yeux brillants. « En plus j’suis sûr que t’attendais cette nuit avec impatience, pour retrouver la bouillotte humaine et que t’as passé la pire des nuits parce que tu ne l’avais pas avec toi ! » Petit air supérieur pour épouser ma suffisance alors que je me saisis d’un pancake pour le couper en deux morceaux et en approcher un de ses lèvres… Faites qu’il arrête d’être aussi beau dès le réveil, je vous en supplie.

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C'était bien connu, Jonah n'était pas du matin. Cependant, à en juger par ses traits détendu, on pouvait affirmer sans grande difficulté que pour ce genre de réveil, il signerait pour des années, des décennies, des millénaires sans l'ombre d'un doute. Il n'était plus sûr de grand-chose ces derniers temps ; il n'était plus sûr d'avoir la force, l'envie ni même la volonté de mener une bataille acharnée à durée indéterminée contre lui-même, contre ses démons, pourtant, l'étincelle éteinte se ravivait intensément lorsque ses iris percutaient ceux d'Efrain – un peu comme s'il n'avait jamais véritablement perdu cette euphorie, cette urgence de découvrir, de parcourir, de vivre, d'aimer. D'aimer par dessus tout, d'une force incommensurable, d'aimer irrémédiablement, sans détour possible. Il n'était jamais parvenu à tirer un trait sur Efrain, préférant le faire vivre au travers d'une haine brûlante, d'une rancœur qu'il croyait sans faille, se raisonnant de prétextes tous aussi faux les uns des autres. Ça avait longuement été sa manière à lui de justifier le nombre incalculable de pensées à son égard sans avoir à s'en vouloir pour ça, pour ne pas réussir à l'oublier, à fermer les yeux sur ce vécu en commun. Aujourd'hui, ses efforts avaient été balayé par un petit déjeuné au creux d'un lit qu'ils partageaient de leur pleine volonté. Son âme d'autrefois n'aurait jamais pu croire un tel schéma possible, il aurait assurément rit aux éclats, un rire mauvais soulignant combien il était impossible qu'il se produise une telle chose. Certes, Jonah ne pourrait jamais vraiment faire abstraction du passé, des insomnies à foison, de cette tempête de chaos qui s'était abattu sur sa vie dès l'instant où il avait tourné les talons pour s'en aller, cependant à l'heure actuelle il prenait en compte les sentiments et les émotions d'Efrain – il voulait y croire, croire qu'il en avait lui aussi, énormément souffert, que ça n'avait pas été facile, mais ce qu'il préférait nettement croire c'est que tout n'était pas mort, qu'il existait encore quelque chose, ne serait-ce qu'infime, entre eux. Peut-être était-il naïf d'y songer, mais c'était l'éclairci qui noyait brièvement ses ténèbres et il avait besoin de ça, de cet espoir aussi fin soit-il, il avait besoin d'Efrain, qu'importe le nombre de fois où il avait prétendu le contraire. Alors, après avoir levé les yeux au ciel suite aux révélations de ce dernier quant à ses capacités d'être un super-héros, il venait à lui sourire, un rictus assez sincère pour qu'il dévoile les deux fossettes qui creusaient ses joues – difficile de rester de marbres devant ce geste dès plus adorable. « Bien sûr que je l'accepte », affirmait-il en saisissant délicatement la fleur, de peur de la voir perdre ses pétales au moindre geste brusque. Il se retournait alors pour attraper la bouteille d'eau sur la table de nuit afin d'y glisser la tige, replaçant ce vase d'improvisation sur le meuble tout de suite moins impersonnel. Jonah daignait reposer les yeux sur son semblable ; « elle est splendide, merci d'avoir enfreins la loi pour moi », déclarait-il en laissant émaner un ricanement qui soulignait combien il était ravi, il ne pouvait pas être de meilleure humeur et ça n'était plus arrivé depuis de nombreuses années. C'est de ce fait qu'il avait voulu lui rendre le geste en le nourrissant de ce merveilleux pancake, récoltant en retour un regard qu'il connaissait que trop bien, assez pour qu'un frisson ne parcours son échine et ne lui réchauffe le sang en un rien de temps. Il l'écoutait alors déballer son argumentaire pendant que des scénarios imaginaires se jouaient dans son esprit, sans qu'il n'ait véritablement le choix. « Très bien, je l'admets, ça va, j'ai peut-être un peu attendu de voir si tu rentrerais, mais pas longtemps », quelques heures seulement. C'était pas grand-chose, cependant la confusion ne cessait de l'assaillir, le poussant à remettre son comportement en question. Par chance, Efrain lui apportait l'opportunité de s'échapper de ses songes et il saisissait l'occasion, l'esprit vengeur. Effectivement, il voulait le punir de le faire penser autant, de faire subir à ses sens des tentations pareilles – d'une manière douce et délicate, évidemment, il n'allait pas jouer les grosses brutes. C'est donc muni d'une détermination particulière qu'il venait manger le morceau de pancake figé devant sa bouche qui elle, aimait toujours autant une telle saveur. « Je m'en lasserais jamais, j'aime vraiment trop ça », déclarait Jonah, rictus en coin, s'humectant les lèvres alors que ses iris ne daignaient pas vouloir quitter la vision d'un si beau visage que le sien. Est-ce qu'il essayait de faire passer un message ? Peut-être bien. Quoi qu'il en soit, il ne tardait pas à approcher dangereusement son faciès du sien, rompant les limites d'une distance raisonnable et alors qu'il se délectait de son souffle contre sa peau, il venait glisser son pouce sur la lèvre inférieure d'Efrain avant de reculer, un sourire joueur illuminant ses traits ; « t'avais de la myrtille, faut pas gâcher », sous ses propres dires, il glissait son pouce dans sa bouche, puisque visiblement depuis ce matin-même il avait découvert que le gâchis n'avait pas l'esprit écolo. De ce fait, il mordait dans son pancake avant de réitérer l'action en portant un morceau jusque devant la courbure des lèvres de son vis à vis ; « et proprement cette fois, m'oblige pas à faire le ménage à nouveau », un ton aussi joueur qu'il ne l'était – et la journée débutait seulement.

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Je n’ai pas besoin de mots, encore moins besoin d’une médaille ou de remerciements pour savoir que j’ai réussi à lui faire plaisir. Des tonnes de guerres pourraient être simplement évitées si nous nous comportions tous de la sorte, à réduire à néant le pire en préférant s’adonner à quelques petites intentions. Je n’ai pas traversé la Manche à la nage, je ne reviens pas de loin. L’effort en lui-même ne compte pas, c’est plutôt l’idée derrière qui importe : partager un moment de bonheur, toucher l’autre en plein cœur. Jonah, pour lui je serais capable de toutes les folies. Ce mec, il a toujours eu un impact particulier chez moi, ça ne date pas d’hier. Je crois qu’il aura toujours cet avantage sur tous les autres, sur toutes les personnes qui s’intéresseront de près ou de loin à moi parce qu’il me connait… Il me connait mieux que personne, mieux que je ne me connais moi-même. Même lorsque je tente de lui dissimuler de petites choses, il parvient toujours à mettre le doigt dessus, à déchiffrer le moindre de mes regards, la moindre de mes émotions. Je déteste cela, d’ailleurs, être un tel livre ouvert. Il n’y a paradoxalement rien de plus libérateur. Lorsqu’il est là, près de moi, j’ai enfin l’impression de pouvoir être moi-même, d’être compris. Pas besoin de dizaines de mots, aucun faux-semblant, juste du naturel et de l’innocence. Pour l’innocence, tout est relatif. J’ai encore bien du mal à réaliser que nous sommes ici tous les deux, à partager une suite au Springbreak, à passer nos nuits dans le même lit. Je n’aurais jamais cru cela possible, encore moins si on m’avait annoncé une telle chose quelques semaines en arrière. Jonah, il me vouait une haine tellement profonde que rien ne semblait pouvoir le détourner de son chemin. Et pourtant… Force est de constater que rien ne peut nous séparer trop longtemps. Je l’observe, comme j’en avais tant l’habitude auparavant. J’adore le regarder se réveiller, petit à petit revenir à la terre ferme, abandonner ses rêves pour laisser à ses iris la possibilité de s’illuminer à nouveau. Il a une naïveté dans le regard, le matin, que je trouve touchante. Un bref instant durant lequel il ne se souvient pas de tout ce qui l’attend, de toutes les responsabilités qui l’étoufferont, de la maladie qu’il lui faudra combattre. Ce court moment de flottement, je ne l’échangerais pour rien au monde. Il se moque de moi, le superhéros aux bonnes intentions et son sourire fait galoper mon cœur un peu plus vite encore. Il est communicatif, sa moue me donne la pêche et je me retrouve à sourire bêtement en l’observant. Il accepte mon gage d’affection et offre à cette petite fleur un cadre de vie qui devrait lui permettre de ne pas s’éteindre tout de suite. Quand on y pense, les humains sont sacrément cruels avec les plantes, on arrache de pauvres fleurs que l’on isole dans des pots, des fleurs qui périssent, agonisent dans une eau peu renouvelée, coupées du reste du monde végétal. Non, franchement, mais où est la Brigitte Bardot de la plante ? Qu’on me le dise tout de suite. « Tout le plaisir est pour moi, surtout si j’ai droit à d’aussi beaux sourires en récompense ! » Je donnerais tout pour l’un d’eux, parce qu’il est trop craquant lorsque ses deux petites fossettes s’emballent, embêtées par l’élargissement de ses lèvres. « Pas longtemps, tout est question de point de vue ! » Je me mordille la lèvre, mutin, alors que mes mots viennent appuyer davantage là-dessus. J’adore le taquiner, encore plus quand je sais que j’ai raison sur toute la ligne. J’aurais fait pareil à sa place, soyons honnêtes, j’aurais tourné dans cette chambre d’hôtel, à l’attendre toute la nuit s’il n’était pas rentré le premier. Mes yeux se perdent dans les siens, appelés par des regards beaucoup trop vifs de sens et qui laissent transparaitre nos désirs les plus profonds. Je le sais, il le sait, depuis que nous nous sommes rapprochés dans cette salle bordélique je ne pense qu’à cela… Qu’à ses lèvres, à son corps que j’aimerais à nouveau serrer contre le mien, près duquel j’aimerais me perdre après m’être laissé consumer par la folie, par le feu qui nous étreint à chaque fois que cette électricité nous percute de plein fouet. Et que dire de cet instant, là, Jonah soudainement si proche, son pouce contre mes lèvres, son souffle disparaissant le long de ma nuque… Ce coup de jus traversant mon corps d’un point à l’autre, cette réaction en chaine, signe avant-coureur de toutes autres réactions physiques purement primales et masculines… Je me déteste pour réagir ainsi, je LE déteste pour me mettre dans un tel état sans avoir à faire le moindre effort. La frustration est immense, surtout lorsqu’il bat en retraite, me laissant ainsi face à son absence, face à une distance beaucoup trop importante pour mon propre confort. Il m’aguiche du regard, ses doigts appellent à la déraison en se glissant entre ses lèvres. Il se joue de moi, je le sais, et je tombe comme un débutant. Il me tend un nouveau morceau de pancake et je ne sais plus quoi faire, plus comment manger, plus comment me comporter. Je suis pourtant celui qui voulait faire les choses bien ici, repasser par les dates, le romantisme, toutes ces conneries que j’affectionne tant et qui, ici, dans cette chambre d’hôtel, semble ne plus être capable de réfléchir correctement. « Je vais essayer, mais je ne promet rien, on sait tous les deux à quel point je peux être maladroit parfois ! » Le malin plaisir avec lequel j’appuie sur maladroit m’assure d’être grillé au moment ou un morceau de myrtille vient malencontreusement s’écraser contre le dessus de mon torse, juste au-dessus de mes pecs. « Et merde… »