Faire construire une maison, c’est plus de désagrément que je ne l’aurais cru. Il en faut du courage pour rester définitivement à Boston et faire déménager sa mère dans les prochaines années pour être certain de ne plus partir. Avec mes études, mes réunions et rendez-vous avec les contracteurs, architectes et toutes ces conneries du genre, je n’ai pratiquement aucun temps pour moi depuis que je suis revenu au pays. Je n’ai vu personne ou presque, surtout avec les attentats qui ont mener la vie difficilement à plusieurs de mes potes ici et le cancer de Macy, c’est très difficile à suivre et à supporter. J’ai au moins réussi à faire accepter à ma meilleure amie de bien vouloir me laisser l’accompagner lors de ses rendez-vous et à payer ses honoraires, même si je sais qu’elle fera tout ce qu’elle peut pour me rembourser. Pour moi, ce n’est pas grand-chose et elle devrait se laisser gâter un peu. Ce n’est vraiment pas tous les jours que je m’occupe des autres ainsi, ni que je joue au taxi pour eux comme je fais en ce moment. Ouais, je viens d’arriver à l’hôpital, mais je ne m’attendais pas du tout à faire cette découverte. La curiosité est aussi un grand défaut, me direz-vous, mais sans elle, je ne t’aurais pas vu dans une chambre et je n’y serais pas entré comme à l’instant. « Dites moi que je rêve! Ces enfoirés t’ont eu toi aussi ? » Je reviens après trois mois d’absence et la moitié, voire le trois quart des personnes que j’apprécie, et il y en a pas des masses, ont été touchés de près ou de loin par les attentats. Sincèrement, je vais finir par tous les buter ces fils de putes. Qu’ils touchent à des gens sans importances, je m’en bats les couilles, mais personne n’a le droit de toucher de près ou de loin à ma belle sirène à la chevelure de feu. Personne !

bientôt la liberté. enfin, quelle liberté ? elle était toujours muette, toujours dans son coin. la briséis d'avant les attentats était partie en hibernation pour une durée indéterminée. il était si facile de prétendre que tout allait bien mais elle avait toujours mal à la jambe, elle n'avait pas de nouvelles de son père. dès qu'elle fermait les yeux, elle ressentait de nouveau les gens en train de la piétiner, elle voyait de nouveau son père s'écrouler, asia ramper vers elle. elle n'arrivait pas à passer à autre chose. c'était sûrement pour cela que sa voix ne revenait pas. les médecins étaient formels, sa voix ne revenait pas à cause du choc, ses cordes vocales allaient bien. mais la voilà, bientôt sortie de cet hôpital, toujours au même point qu'il y a quelques jours. et ce qu'il s'était passé à la kirkland n'a rien arrangé à son état. elle ne voulait plus y mettre les pieds. tout en rangeant ses vêtements dans son sac, elle soupirait. elle devait se bouger le cul, elle n'allait pas rester comme ça indéfiniment. et la voix d'un homme la fit sursauter. elle se retourna et écarquilla les yeux. silas. mais ? il n'était pas en allemagne ? elle fronça légèrement les sourcils, surprise de sa présence avant d'hausser les épaules. et ouais, ils l'avaient eu aussi. elle lâcha ses vêtements dans son sac, attrapant son ardoise qui était prêt d'elle, son seul moyen de communication avec un bloc notes à l'heure actuel. « yep. moi aussi. » elle n'était pas vraiment d'humeur à beaucoup de choses en ce moment, mais elle fit l'effort de lui faire un grand sourire. ça, elle y arrivait encore.

Si on m’avait dit plus tôt dans la journée que j’allais tomber sur toi à l’hôpital, je ne l’aurais pas cru, mais te voir là me donner presque une vision d’horreur. J’aurais tellement aimé pouvoir être là, cette journée pour botter les culs à tous ces fils de putes qui ont osé s’attaquer à des gens que j’apprécie. Je me sens impuissant et Dieu sait que ce n’est pas une bonne idée de faire en sorte que je ne sois pas maître de la situation et ce fut encore pire lorsque je t’ai vu sortir l’ardoise pour me répondre. « Fuck, c’est quoi cette connerie. Pourquoi tu parles plus ? » C’est pire que je le pensais, en réalité. Je m’approche de toi pour t’apporter un quelconque réconfort, même si je suis le pire pour ce genre de chose, attendant que tu m’expliques. Je veux des détails, ça, c’est certain. Puisqu’il y a une part de moi, qui veut t’aider et l’autre qui veut faire en sorte d’entendre ta voix, peu importe les moyens pour parvenir à mes fins. Ta petite voix de crécerelle me manque, mine de rien. « Ils t’ont donné congé ? Tu veux que je te reconduise quelque part ? » Je sais que Macy en a pour quelques heures avec ses examens, autant me rendre utile et être certain que tu arrives à destination en un seul morceau. Et ça peut être bénéfique que quelqu’un parle… Et reposant également.

revoir silas ça faisait juste trop bizarre. surtout de telles circonstances. elle était à milles lieux de ce qu'elle est d'habitude. elle était épuisée, blessée, muette. le combo gagnant. l'opposé de ce que silas connaissait en temps normal. elle effaça ce qu'elle avait écrit avec un mouchoir pour écrire sa réponse. elle ne voulait vraiment pas s'épancher là dessus, étant donné qu'elle-même ne savait pas réellement pourquoi elle ne parlait plus. « le choc. d'après les médecins. » et si elle commençait par détailler son histoire, elle était pas rendue. elle voyait silas se rapprocher d'elle. ça faisait du bien de le voir quand même. mais elle aurait vraiment aimé le voir dans d'autres circonstances. vraiment. elle secoua la tête, attrapant son sac pour le mettre sur une chaise, revenant s'asseoir sur le lit. « nop, j'sors bientot mais pas aujourd'hui. je rangeais des affaires. mais s'tu veux, on peut bouger. » elle n'avait vraiment pas envie de rester dans cette chambre, elle étouffait tellement. elle était à deux doigts de compter  les heures avant sa sortie. si elle pouvait s'échapper d'ici quelques instants avec silas, elle ne disait pas non. « on s'échappe ? » juste pour quelques minutes, quelques heures, dans une ambiance tellement plus positive que l'hôpital.