C'est qu'il semblait être de bonne humeur le Miles. Moi aussi, en même temps. L'hiver était doux, le soleil refaisait des apparitions. J'avais beaucoup de mal à prendre du temps pour moi, à me montrer égoïste et j'étais particulièrement fatiguée ces jours-ci, mais la bonne humeur semble ne plus vouloir me quitter. Je commençais à me dire que la vie allait reprendre son cours petit à petit et que tout le monde ira "mieux" d'ici quelques mois. J'avais même une sortie de prévu ce dimanche, avec Sandrick et j'étais impatiente que l'on s'échappe quelques heures. Comme toujours, je travaillais au Luna Caffe, ayant même demandé à avoir plus d'heures sur mon contrat. Je bossais aussi mes cours à côté, toujours d'arrache-pied. Harvard était ma priorité bien que mes frais d’hôpitaux me rappeler tous les jours que j'allais devoir faire des sacrifices. Mes rendez-vous chez le psychologue en faisaient partie, tout comme... Caprice. Je n'allais plus pouvoir gérer mes heures de babysitting bientôt à cause des nombreuses heures que je m'apprêtais à faire au café et qui me rapportaient bien plus. C'est certainement pour cette raison que j'avais acheté des bonbons, des chocolats et deux menus au mcdo tout en essayant de garder un esprit de bonne humeur via les sms. J'espérais réellement que Miles allait bien prendre la nouvelle, qu'il ne m'en voudrait pas et clairement, j'étais en train de l'amadouer avec du sucre et du gras. Je faisais aussi vite que mes côtes le désiraient et j'arrivais dix minutes après le dernier sms à l'hôpital. Comme toujours, je toquais à la porte et j'entrais sans attendre de retour. Je venais ici tous les jours, un livre à la main pour rendre visite à la belle endormie. « Salut » que je dis timidement - à mon image - en allant directement porter la nourriture sur la petite table. « Le ravitaillement est là » que j'adresse au brun avant de poser les fraises tagada sur la table de chevet de Caprice, lui déposant un baiser sur son front. « Comme ça va aujourd'hui ? » Toujours aussi... stable ?  

@Miles Hohenstaufen

Pour être honnête, Miles n'était pas autant de bonne humeur qu'il le laissait prétendre dans ces échanges de sms avec Marla, rongé par l'inquiétude avec Caprice. L'était de sa petite fille était de plus en plus stable mais tant qu'elle n'ouvrirait pas les yeux, lui, il n'en fermerait pas un. Ces derniers jours, il les avait passés assis, sur ce fauteuil peu confortable en face de son lit d'hôpital à surveiller ses petits poumons s'élever et fonctionner grâce à ces machines qui la reliaient de par et d'autre du corps et ça le tuait, ça l'achevait littéralement. A tout moment, il s'attendait à ce qu'un bip sonore et continu résonne dans la pièce, qu'il n'aperçoive plus aucune activité respiratoire sur sa petite fille, que ce soit la fin, et c'est sans doute le pire dans toute cette situation; l'attente. Les infirmières ont beau jugé son état stable, le rassurant du mieux qu'elles le pouvaient, ces images du corps inerte de Caprice ne cessaient de le hanter. Alors il tentait à tout prix de penser à autre chose, forcer son esprit à intégrer d'autres images plus joyeuses, se forcer à avoir n'importe quel contact avec le monde extérieur et prétendre comme si de rien n'était. Et il utilisait Marla pour ça malgré lui. Malgré lui, sans qu'il ne s'y attende, les messages le firent bien penser à autre chose et il s'autorisait à plaisanter, taquiner la rousse avant qu'elle ne vienne ici. Il ne le montrait pas spécialement mais il était réellement reconnaissant envers elle pour ses visites à Caprice, son temps passé ici et les petites choses qu'elle ramenait. Comme aujourd'hui, des bonbons pour sa fille et les fameux chocolats qu'il avait réclamé tel un enfant apparemment, qu'il constata quand elle passa le seuil de la porte, accompagné d'un petit 'salut' timide à son image. « Salut » Qu'il répondit en mimant son ton, taquin, un sourire en coin. Il s'efforça de se lever de son fauteuil qu'il pouvait maintenant élire comme son trône officiel pour rejoindre l'invité du jour qui saluait Caprice tout en questionnant son cas. « Toujours le même.. état. » Pour certains, c'était une bonne nouvelle, que son état n'empire pas, reste le même; pour lui, c'était encore une fois, un supplice. Supplice qu'il cacha derrière un sourire en se tournant vers Marla et les fraises tagada posés sur la table à côté du lit d'hôpital. « Elle te vénérera pour toujours quand elle verra tous ces bonbons rien que pour elle, à son réveil.. Merci » Et lui au fait ? Ses chocolats ? « Et moi ? Où sont mes fameux chocolats ? »

@Marla Witherspoon

« Salut » Comme si Miles ne pouvait pas s'empêcher de se moquer de moi, voilà qu'il se mettait à reproduire mon timbre timide qui ne lui allait pas du tout. Je passais à côté de lui sans lui faire la bise, il ne méritait pas plus d'attention qu'il en avait déjà. J'étais quand même bien gentille avec lui et tout ça, je le faisais le plus naturellement du monde. J'avais toujours été une personne serviable et c'était un vrai défaut puisque je m'oublie totalement en attendant. Je posais la nourriture que j'avais apporté, les fraises tagada de la belle endormie sur sa table de chevet et les chocolats sous le nez de Miles. J'allais déposé un baiser sur le front de la petite et je finissais de me débarrasser de mes affaires dans un point de la pièce tout en demandant des nouvelles. « Toujours le même.. état. » Sans grande surprise. Je ne faisais aucun commentaire, après tout, ça ne servait à rien de remuer le couteau dans la plaie. Caprice était endormie et ouvrira les yeux quand elle sera prête. « Elle te vénérera pour toujours quand elle verra tous ces bonbons rien que pour elle, à son réveil.. Merci » Un sourire sincère se dessina sur mes lèvres, alors que je calais mes mains dans les poches arrières de mon jean. « Tu sais... Elle me vénère déjà beaucoup.. » et je riais parce que ça m'amusait de repenser à l’intérêt que me portait Caprice, notamment juste avant l'attentat. « Et moi ? Où sont mes fameux chocolats ? » - « Sous ton nez papy » Je désignais la boîte sur la table et je venais ouvrir le sachet en papier de la plus célèbre marque de fastfood. « J'ai aussi pris des burgers. Mange, ta mine fait peur.. » Je l'embêtais parce que je l'appréciais. Il était un ami... sobre. Il ne posait pas trop de question, il s'inquiétait pas vraiment pour moi, juste quelque fois, sans devenir lourde et ça m'allait très bien. Je faisais de même envers lui et si j'étais là, c'était pour l'épauler, mais aussi, avant tout pour Caprice. La petite me manquait et elle allait me manquer en plus dans les mois à venir. « J'ai quelque chose à te dire » que j'annonçais en sortant la nourriture et l'étalant sur la table, mais yeux ne quittant pas le sachet de provision. Sans même le voir, je sentais que j'avais son attention et c'est pour cette raison que je me remettais à parler d'un voix peu assurée : « Je ne vais plus pouvoir garder Caprice... » Mon regard se leva enfin en espérant ne pas trouver de la déception dans le sien. « Je vais devoir faire plus d'heures au Luna.. ».

Pour être honnête, il ignorait vraiment pourquoi Marla se donnait autant de mal, prenait autant de temps pour rendre visite à Caprice. C'était dans son caractère, ça se voyait, elle était ce genre de fille bien trop compatissante qui donnait plus qu'elle ne recevait, facile à deviner sauf qu'il avait beau se répéter ça, il ne comprenait toujours pas. Sans doute parce qu'il n'avait pas un caractère aussi compatissant que le sien et de temps en temps, il se demandait si c'était un mal ou un bien. Quoi qu'il en soit, bien qu'il ne pouvait pas la saisir, il mentirait s'il disait ne pas être reconnaissant, s'en foutre de ses visites parce que c'était plus que faux. Avec celles de Philip, c'était son moment préféré de la journée, avoir de quoi se distraire de l'état de Caprice, de ce qui se tramait aux alentours, de tous ces morts et blessés inconnus et connus, comme Duncan, qu'il aurait préféré ignorer, égoïstement. Mais la vie n'était pas aussi simple et Miles comprenait de jour en jour qui passait qu'il était préférable de se contenter, de s'enchanter des petites choses de la vie. Comme les visites de Marla et les provisions qu'elle emmenait à chaque fois avec elle pour lui-même mais surtout Caprice. Y'a pas de doute, elle est et sera à jamais la babysitter préférée de sa petite fille. « T'as dû l'enchanter avec un sortilège magique, y'a pas d'autres solutions.. » Il se remémora aussi avec amusement sa petite fille implorante envers une Marla déroutée devant un de ces manèges, juste avant.. ça et aussi douloureux fut le souvenir dû au fait de revoir sa fille animée que dans sa tête, il était également divertissant et Miles en souriait honnêtement. « Je vais faire comme si tu ne venais pas d'insulter ma mine parfaite et resplendissante. » Est-ce qu'il rêvait ou elle essayait de l'amadouer ? Il le découvrirait bien assez vite si elle cherchait à se le mettre dans sa poche pour une raison ou pour une autre. En attendant, il profiterait de ses burgers dont il n'avait pas besoin de se faire prier pour la dégustation. « J'ai quelque chose à te dire » .. Ou pas. Ok, quand il disait "assez vite", il ne pensait pas si vite. Amusé par son stratagème pour le caresser dans le sens du poil, il afficha alors en premier lieu un petit sourire avant de froncer les sourcils lorsqu'il la vit tenter de fuir son regard. Oui, elle avait toute son attention maintenant, même les burgers passaient en second plan. « Je ne vais plus pouvoir garder Caprice... » Réponse un peu décalée : « Oh.. » Qu'est-ce qu'il pouvait dire d'autre ? Il était.. déçu ? Non. Attristé ? Peut-être bien un peu. « Okay.. » Ok ? Peut mieux faire encore. Même si ses pensées semblaient partir à la dérive, s'imaginant déjà gérer Caprice seul, ou aux côtés d'une babysitter incompétente que sa fille enverrait en psychiatrie en moins de temps qu'il ne le fallait. Ok, calme-toi, respire, reprends. « Enfin j'veux dire.. oh.. » T'es pathétique, mec. Son cerveau refusait catégoriquement de le mener autre part que sur ces images de solitude et panique. C'est par un miracle quelconque qu'il se réveilla enfin de sa transe quelques secondes après, se rendant compte que Marla avait peut-être de très bonnes raisons et qu'il devrait arrêter d'agir en égoïste. « Hm.. Pourquoi ? Tu dois gérer le service de quelqu'un d'autre en plus du tien au Luna ? »

@Marla Witherspoon

« T'as dû l'enchanter avec un sortilège magique, y'a pas d'autres solutions.. » Ouais, ou pas. Apparemment, j'avais du charme que disaient certaines personnes et mon charme était soit disant capable d'ensorceler des individus. Ça devait être ça non ? « N'essaie pas de me trouver une excuse, je suis juste super cool » que je disais en surjouant ma phrase, parce que clairement, c'était pas mon délire que de me lancer des fleurs. Je sortais la nourriture du sachet et je l'obligeais à manger, prétextant sa mauvaise mine qui allait faire fuir toutes les jolies infirmières. « Je vais faire comme si tu ne venais pas d'insulter ma mine parfaite et resplendissante. » Je pouffais de rire le plus naturellement du monde. Lui, il avait aucun problème pour se complimenter apparemment. « Je ne rigole pas, tu es vraiment moche » Bim. C'était gratuit. Mais c'était aussi bon enfant entre nous. Une nouvelle habitude ? Je n'en savais trop rien. J'étais nerveuse en réalité et j'essayais de le cacher un maximum. J'étalais toute la nourriture sous son nez, le laissant se mettre à manger avant de finalement me décider à prendre la parole. J'avais quelque chose d'important à dire à Miles et je ne pouvais pas attendre plus longtemps pour cracher le morceau. Surtout, je ne le regardais pas dans les yeux parce que je ne savais pas comment il allait prendre la nouvelle. Je ne pouvais plus garder Caprice désormais et il allait donc devoir trouver une nouvelle nounou. Son Oh me fit relever les yeux. Son Okay me rassura. Il le prenait très bien, pas de problème. Puis, il trouvera sans mal une personne pour me remplacer. « Enfin j'veux dire.. oh.. » Mes yeux s'arrondissent de surprise et je m'arrêtais dans mon activité pour le regarder dans les yeux. Oh ? Je reposais mon burger et j'essuyais ma bouche tout en l'écoutant. « Hm.. Pourquoi ? Tu dois gérer le service de quelqu'un d'autre en plus du tien au Luna ? » C'est moi où il commençait à paniquer ? Est-ce que Miles avait toujours des réactions à retardement ? Genre, l'information mettait toujours autant de temps pour monter jusqu'au cerveau ? « J'ai.. quelques problèmes financiers qui m'obligent à prendre plus d'heures au Luna... » Le Luna me rapportait plus que quelques heures par-ci par-là de babysitting.

Super cool ? Miles haussa un sourcil, amusé par l'expression qui ne correspondait pas du tout au caractère de la jeune femme avant de pouffer de rire. Ca lui rappelait les messages envoyés précédemment, avec une Marla qui essayait d'être moins gentille et hors caractère, et il confirmait ce qu'il répondait par téléphone quelques minutes auparavant, il la préférait décidément toute sage et gentille. La preuve, la nouvelle Marla, en plus de se lancer des fleurs, s'attaquait maintenant à son doux visage, son teint éclatant et aussi lisse qu'une peau de bébé et certainement pas en présence de poches de cerne aussi grandes qu'une aire d'autoroute. Moche ? Lui ? « L'insolence ne te sied pas au teint, Marla. » Qu'il rétorqua, un air faussement scandalisé sur son visage - parfait - avant de prendre un burger en mains et de prendre une bouchée. Il venait à peine de déguster ce met merveilleux et délicieux - meilleure chose qu'il ait pu manger cette semaine, sans mentir - quand la rousse l'arrêta dans son élan avec un air sérieux et quelque peu embêté. Instantanément, Miles fronça les sourcils. Il savait que c'était trop beau pour être vrai ce McDo, tous les McDonald's offerts cachaient quelque chose. On offrait jamais un BigMac gratuit sans arrières pensées; il se sentait trahi, trahi par la bonté de Marla qu'il pensait sans failles. Concerné, il posa de suite son burger pour écouter la rousse et ce qu'elle avait à annoncer, n'ayant aucune idée du sujet en toute honnêteté. Quand la nouvelle sortit de sa bouche, il en restait même coi, n'ayant réellement pas envisagé ce soucis. Elle arrêtait le babysitting. L'information mit du temps à monter à son cerveau, le temps qu'il imaginait déjà la galère de gérer seul Caprice, une Caprice malade en recherchant une nouvelle employée. Extérieurement, il avait alors l'air plutôt bien de digérer l'information, mais intérieurement, sans savoir pourquoi, il paniquait et mit un certain temps à demander la raison. « J'ai.. quelques problèmes financiers qui m'obligent à prendre plus d'heures au Luna... » Oh. C'était que ça ? « Et prendre quelques heures supp au Luna vont régler ça ? Ils paient mal là-bas, non ? » Il sortit ça sur un ton un peu plus sceptique et méprisant qu'il ne l'aurait voulu, mais mettez ça sur le compte de son mauvais caractère qui n'aimait pas quand on le lâchait. « Peut-être que tu devrais trouver un vrai boulot » Toujours ce ton méprisant dont il était, certain, Marla lui renverrait à la gueule. « Enfin pardon.. j'voulais pas dire ça, la fatigue.. » Alors il se reprit assez vite, en se frottant le front, se passant la main sur le visage, plus troublé qu'il ne le devrait être et oui, surtout très fatigué.  « Je comprends » Sur l'instant T, sa tête de con n'avait aucunement pensé à la retenir avec une augmentation ou une quelconque aide mais peut-être que ça allait venir à un moment donné. Après tout, il avait un temps de réaction limite, comme on avait pu le remarquer.

@Marla Witherspoon

« L'insolence ne te sied pas au teint, Marla. » - « Ne sois pas jaloux si mon teint à moi, il est parfait » Et cette réplique, je ne sortais avec tout le naturel du monde, laissant échapper un petit ricanement à la fin. Mais le jeu d'enfants s'arrêtait là. On commençait à manger ce que j'avais apporter et sans même le remarquer, Miles venait de tomber dans mon petit piège. Clairement, je l'amadouais pour lui parler. Je n'étais pas ce genre de fille sûre d'elle qui pouvait dire absolument tout ce qu'elle pensait et quand elle le désirait. Par moment, j'avais des petits piques de courage qui m'aidaient à tout affronter, mais là, rien du tout. J'étais juste en train de remplir l'estomac de Miles pour lui dire que je ne pourrais plus travailler pour lui, malgré que je sois très attachée à Caprice. J'allais devoir faire beaucoup plus d'heures que prévu au Luna Caffe afin de payer mes frais médicaux du début d'année. Si au départ, je pensais que le futur Eliot prenait la nouvelle à merveille, je me trompais. La panique semblait le gagner et les questions commencèrent à fuser. « Et prendre quelques heures supp au Luna vont régler ça ? Ils paient mal là-bas, non ? » - « Ils paient mieux que le babysitting » que je réplique en fronçant les sourcils. Est-ce qu'il allait commencer à être méchant maintenant ? « Peut-être que tu devrais trouver un vrai boulot » Oui, apparemment. Pour le coup, il m'avait coupé l'appétit même. Je ne m'attendais certainement pas à ce genre de réplique. « Tu comptes me donner une leçon de vie ? » Je refermais le carton qui englobait mon burger. Je n'avais vraiment plus faim. Miles était comme je le lui avais dis un "faux ami" et la piqûre de rappel me démontrait que j'étais comme toujours "trop bonne, trop conne" avec les personnes qui m'entourent. « Enfin pardon.. j'voulais pas dire ça, la fatigue.. » Trop tard. J'aimais pas du tout son jugement et quand bien même il ne m'avait rien demandé, j'avais été toujours très gentille à son égard, assez pour m'attendre à ne pas recevoir ce genre de réflexion dans la tronche. « Je comprends » Et je ne le croyais pas une seule seconde quand il me l'affirmait. Je venais de me fermer comme une huitre et tout ce que j'avais envie de faire, c'était repartir pour oublier le moment. « Ouais » C'est tout ce que je trouvais pour combler le silence. « J'ai plus faim, je devrais y aller plutôt... » Même si je ne faisais qu'arriver.