( too late, my time has come, sends shivers down my spine, body's aching all the time. goodbye everybody I've got to go, gotta leave you all behind and face the truth. i don't want to die, sometimes wish i'd never been born at all. @Stella Cavalero )

T'étais en pleine campagne Toscane et puis soudainement, plus rien. T'es nulle part. D'ailleurs, tu ne sais même pas si tu es toi. Tu ne vois rien, tu n'entends rien, tu ne ressens rien. Tu n'es rien. Il n'y a ni lumière, ni obscurité, simplement le néant. Il n'y a plus de temps ni de matière et c'est comme si t'étais soudainement en suspens. L'avantage c'est que c'est particulièrement calme ici, contrairement au chaos que tu viens de quitter. T'es ni inquiète, ni heureuse. Et tu ne te questionnes pas. Pourquoi le ferais-tu ? Puis tu commences à entendre des voix, lointaines et inconnues. « Par ici. » résonne autour de toi. Où ça ? « Son coeur vient de lâcher. » le coeur de qui ? « Elle est morte. » est-ce qu'on parle de toi ? Oui probablement. Les souvenirs te reviennent. Toi rampant au sol. Stella morte. Cosmo sur cette camionnette. Vous étiez bien loin de la Toscane. Vous étiez à cette fête foraine. Puis il y a eu la bombe. Tu te souviens avoir souffert, mais la douleur a disparu. Tu te sens d'ailleurs drôlement bien. T'as l'impression d'être en paix, avec toi-même, avec ce qu'il s'est passé. Tant pis, ça n'a plus d'importance maintenant. T'es tellement mieux ici de toute façon. Les voix finissent par disparaître et lorsque tu tends à nouveau l'oreille, tu remarques qu'elles ont été remplacées par des sifflements. Serait-ce des oiseaux ? Qu'est-ce que des oiseaux feraient ici ? Peut-être qu'eux aussi ont quitté l'enfer que tu venais de vivre. Peut-être qu'il t'accompagnent. Peut-être que d'autres personnes sont là, elles aussi. T'as envie de les voir, alors tu te déplaces. Non, ce n'est pas toi qui te déplaces. T'es attirée par quelque chose, tu te sens appelée, aspirée. T'as aucun contrôle là-dessus et tu fonds dans l'obscurité, la vraie cette fois. Il fait froid, il fait noir et ça va beaucoup trop vite. Puis tu la vois. La fameuse lumière. Au départ elle te semble ridiculement petite, comme une étoile solitaire en plein milieu d'un ciel noir. Mais elle évolue, elle s'élargi pour finalement t'envelopper et c'est à ce moment tu te vois. Couchée, couverte de sang, le regard vide. Un pompier essaye de prendre ton pouls en vain et décide de te faire un massage cardiaque. Tu observes la scène en grimaçant. Il n'y a rien de beau dans la mort. Rien de poétique. T'es plus qu'un corps meurtris, vide, désespérément manipulé pour te faire revenir à la vie. Bien sûr, comme si t'allais revenir. Pourquoi tu reviendrais ? Regardez autour de vous. C'est ça la vie ? La souffrance, les pleurs ? Des trahisons, des bombes, et toujours plus de trahisons ? La vérité, c'est que t'as pitié de ce pauvre pompier. T'es ni la première ni la dernière qu'il n'arrivera pas à sauver ce soir. Puis tu vois Cosmo, également pris en charge par les secours. Un brancard passe entre vous et cette fois, c'est Stella que tu vois. Elle est couchée, un masque à oxygène sur le visage. Elle n'est donc pas morte ? « Stella ? » que t'arrives finalement à dire.

Je suis là pour toi, Lucrezia. Je t'ai vu, moi aussi, allongée sur ce sol dégradé de carmins. C'était une peinture, fraîche et vive, sombre et violente. Il y avait tous les corps jonchaient ici et là, et toi. Toi parce que t'as toujours été la première que j'ai remarqué au milieu d'une foule, la première que j'ai envie d'appeler lorsque mon coeur s'emballe. Alors forcément, je suis là et je te regarde. J'me demande ce qu'on a fait pour en arriver là, et j'aurais préféré mourir avec toi. Main dans la main, un peu comme la première fois que je t'ai vu. On s'était regardés, on rigolait, on dansait, on chuchotait. J'étais toujours là, et j'serais toujours là, qu'importe l'endroit où tu seras. Je t'attendais moi, Lucrezia. Je t'attendais ici parce que moi sans toi, ça n'existe pas. J'savais qu'on allait se retrouver, alors j'suis là et j'croise les bras. J'me sens bien ici, j'aimerais pouvoir te crier que la vie est plus belle. Ouais parce que tu sais, je le sais, toutes les deux on l'sait que la vie elle est pourrie. Pourtant on a jamais arrêté de sourire Lu, et regarde aujourd'hui où j'en suis. Dis-moi, regarde-moi où je t'attends. Au milieu du vide, au milieu d'un rien. J'vois mes souvenirs qui tournent, c'une tornade. Et j't'entends, j'te vois, je le sens. T'es pas loin de moi, et je suis silencieuse jusqu'à ce que tu me rejoignes. Mon corps passe devant toi, et moi j'touche ton épaule. J'te souris, Lu. Je peux pas te parler, pas maintenant, pas comme ça. Mais regarde, on est réunis, toutes les deux. Nous contre le monde, on se l'était dit. Alors ouais, on était peut-être petites mais ça nous a peut-être toujours réussi. Sauf cette fois-là, quand t'étais partie sans rien me dire. Mais je t'en veux plus Lu, parce que t'es ma meilleure amie, parce que t'es ma soeur. J'vois nos corps et j'me dis qu'on méritait mieux, j'me dis qu'on aurait pu continuer de briller. Toi et moi, main dans la main, ensemble. Et moi je suis là, parce que tu vois, moi je serais toujours là qu'importe où tu seras. Et j'suis pas assez égoïste pour te dire de ne pas partir, même si j'en ai envie. Prends-moi la main mais il faut que tu respires, pour lui. Je suis là à regarder mon frère et je sens mon coeur tomber par terre. Peu importe, je n'en aurais plus besoin. Prends le mien s'il faut Lucrezia, peut-être qu'il t'aidera. J'te donne mon amour pour lui parce que moi j'en ai plus rien à faire. Moi, toi, toi et moi, moi. Toi. T'es là. "Pourquoi t'es ici ?". Et s'il fallait attendre ici, apaisée, observatrice de la vie, j'accepterais ce rôle. Pour toi, pour te voir vivre. T'sais maintenant j'ai réalisé que je pourrais donner ma vie pour toi, Lucrezia. Mi principessa. "Faut que tu respires, regarde-toi". Mon corps n'était plus un mirage, je sens déjà mes pieds s'engourdir et prendre racine. Dépêche-toi de vivre, dépêche-toi de me serrer dans tes bras et casse toi. "Casse-toi Lucrezia, il a besoin de toi". Pars avant que je ne regrette le triste sort, pars avant que je sombre.

( too late, my time has come, sends shivers down my spine, body's aching all the time. goodbye everybody I've got to go, gotta leave you all behind and face the truth. i don't want to die, sometimes wish i'd never been born at all. @Stella Cavalero )

Son prénom résonne en un millier d'échos et c'est à ce moment là que tu la vois. Ton étoile, ta Stella. Elle n'est plus couchée dans ce brancard couverte de sang. Elle est debout, en face de toi. Elle brille, elle t'illumine. Elle est exactement comme tu l'imagines pour qu'elle te manque moins lorsqu'elle est loin de toi. Alors tu souris. T'aimerais la prendre dans tes bras, sentir son parfum et fermer les yeux, mais tu restes immobile. T'arrives pas à bouger, comme si t'étais paralysée. « Je sais pas. » que tu réponds à sa question. Tiens, c'est vrai ça, pourquoi t'es là ? « On est où ? » tu lui demandes. Tu réalises pas. De toute façon, elle a l'air de mieux le savoir que toi. « On est bien ici, tu ne trouves pas ? » c'est si simple. Ici, il n'y a que toi et elle. Pourquoi seriez-vous autre part ? Tu vois, tu commences à oublier. Tu oublies ta vie, tu oublies ta mort, parce que tu te laisses sombrer. Tu ne te bats pas pour revenir, t'en as pas envie. C'est comme une évidence d'être ici, où que ce soit. Tout te semble plus clair, tout devient logique. Ta place n'est pas dans le chaos mais au beau milieu des astres. C'est drôle quand on y pense. Stella, Cosmo ... t'as toujours eu la tête dans les étoiles. Mais la belle te demande de respirer. Tu suis son regard et tu t'observes, sourcils froncés. T'es là par terre, morte, et ce pompier qui s'acharne pour te sauver. « Oh. » que tu lâches, à la fois surprise et déçue. T'y pensais déjà plus. « Je veux rester ici. » haussement d'épaules. C'est pas grave. D'ailleurs, plus rien ne l'est. Là-bas, c'est qu'une enveloppe, toi t'es ici et Stella aussi. Pourquoi voudrais-tu quitter la douceur et la lumière ? Tout ce qui t'attends en bas c'est de la souffrance. Mais Stellina attire ton attention sur lui. Pour la première fois depuis ton arrivée, t'as mal. Au coeur. Il se serre quand tu le vois meurtris par l'horreur humaine. T'as pitié de lui, parce qu'il n'est pas ici. « Tu penses ? » t'en poses des questions. Cosmo il a pas eu besoin de toi ces cinq dernières années. Tiens, tu remarques qu'il n'y a plus de rancoeur, pas même des regrets. Tu vois, tu fais bien de rester. « Mais toi, pourquoi t'es là ? » si Cosmo est vivant là-bas, toi morte ici ... que fait Stella ? T'es pas sûre de vouloir connaître la réponse. C'est pas possible c'est pas bien. Vous pouvez pas faire pas. L'étoile doit rester au sol, parce que c'est d'elle dont il a vraiment besoin.

Je te regarde Lu et je me dis que la vie on a eu raison de la vivre. Alors peut-être que maintenant ça sera plus pareil, peut-être même que ça sera fini mais qu'est-ce qu'on peut regretter. On s'est aimés, et je pense qu'on pourra jamais faire plus beau. Au milieu des vices, on s'est tenus la main et c'est toujours ce qui a le plus compté. On avait pas de belles familles mais on avait décidé qu'être unis c'était mieux. Des solitaires solidaires Lu, c'était le sens de nos vies. Sauf que tu vois, moi dans mon monde, j'veux pas y vivre si t'es plus là. Alors forcément, regarde-toi et dis-moi que tu sens ton sang parcourir tes veines. L'alarme s'affole, on a pas beaucoup de temps. "On est là où on veut être Lu, c'est ça le problème". Et moi je refuse de te voir baisser les bras, pas comme ça. J't'ai vu ramper à lui, je t'ai vu pleurer et t'extirper parce que tu l'aimais. Ça me dérange pas moi, tu sais, j'ai appris à l'apprivoiser cet amour sauvage. J'trouve plus ça déplacé, j'me dis que les êtres que j'ai le plus aimé doivent s'emmêler et s'unifier. Sauf que je veux pas que tu m'abandonnes, c'est compris ? "C'est vrai que c'est agréable". Le soleil de la toscane s'illuminait sur vous, et je souris. Je souris parce qu'il fait chaud, j'ai l'impression de flotter. L'horreur humaine vous emmitouflait sauf qu'il existait plus fort que la haine. L'amour, et moi j'le sais. Je t'aime Lu, alors reste pas ici et dégoupille avant que j'te botte le cul. "J'préfère te voir là-bas". Je te murmure, comme un souvenir. J'sens mon corps s'alourdir, je suis déjà ici depuis trop longtemps et j'sens que mes yeux vacillent. Alors dites-moi, c'est quoi la suite ? C'est quoi le rôle à jouer au milieu de tout ça ? Qu'est-ce qui m'attends juste après ? J'sais pas, mais j'suis là pour toi et j'le sens, je le sais. Et pour lui aussi, parce que c'était ça ma vie. Lucrezia et Cosmo, Cosmo et Lucrezia. Et Stella, moi. Moi et vous, vous et moi, nous trois. Nous trois parce que c'était ce qui m'était le plus cher. "Je suis sûre". Je le sais Lu, c'est comme ça. J'le connais le Cosmo, alors doute pas de moi. Et moi j'suis là, avec toi, juste pour toi. Faut pas qu'on ferme les yeux, regarde-moi, regarde-toi. "J'sais pas Lu, mais regarde où je suis. Il n'y a personne avec moi". Il était peut-être déjà trop tard, mais il semblait y avoir tellement d'espoir pour toi. "Et si moi j'suis plus là, qui va veiller sur lui ?". Je te parle de Cosmo parce que je sais que ça a toujours été ta faiblesse. Tu sais Lu j'aurais préféré que ce soit moi mais les astres l'ont écrit. T'étais l'ultime étoile de sa constellation, tu faisais parti de notre monde. Je te le dis Lu, mais t'avais peut-être pas choisie la meilleure famille. Mais j'te remercie ma vie, parce que t'as égayé ce qu'on avait. De nous deux c'était pas moi qui brillait le plus, c'était toi. Et ça, moi j'le sais. "Brille pour moi, reste pas ici". Mais je peux faire un effort, parce que moi j'ai foi en toi, en moi, en nous. "Si tu veux j'essaye avec toi, on sait respirer non ? Alors, ensemble ?". Je te propose mais t'as pas le droit de refuser, prends ma main et son se consume. Deux étoiles filantes pour une course vers la vie. L'implosion sera définitive, faites vos voeux.

( too late, my time has come, sends shivers down my spine, body's aching all the time. goodbye everybody I've got to go, gotta leave you all behind and face the truth. i don't want to die, sometimes wish i'd never been born at all. @Stella Cavalero )

Là où on veut être. Toi Lucrezia, t'as toujours aimé ta campagne. Les paysages de la Toscane, les ballades interminables à cheval, les baignades dans les rivières, les parties de cache-cache dans les champs de blé. Les siestes dans l'herbe fraîche, bercée par le son des criquets. La main de Stella dans la tienne, pendant que vous vous imaginiez un futur où vous seriez toujours ensemble. C'est à croire que tu n'étais pas si perspicace que ça, quand tu te voyais vieillir avec elle, ou quand tu croyais aux promesses de son frère. Ta vie te semble être bâtie sur un tissus de mensonges, mais ici tout devient clair. Bien sûr que c'est ici que tu veux être, protégée par ta bonne étoile. Tu ne vois pas où est le problème, tu ne t'expliques pas son regard préoccupé. Allez Stella, souris. On est ensemble, on est heureuses, c'est tout ce qui compte. que t'as envie de lui chanter en gravitant autour d'elle, danseuses aériennes. Mais tu gardes le silences, tu restes immobile. T'as du mal à garder les yeux sur vos corps inanimés. Comment peut-elle préférer te voir là-bas ? Meurtrie, agonisante, alors qu'elle pourrait t'avoir ici. C'est parce qu'il est toujours là-bas, lui. On est revient toujours à lui, n'est-ce pas. Est-ce qu'il en a seulement conscience ? De l'amour que vous lui portez, envers et contre tout ? Regardez-vous, prêtes à vous sacrifier pour lui, prêtes à mourir pour lui. Pire, prêtes à vivre pour lui. En ferait-il de même ? Mais elle est là, la beauté de l'amour. Car il aura beau vous blesser, vous rejeter, vous reviendrez toujours graviter dans son univers. « Moi j'suis là pour toi. » t'essayes de tendre la main vers elle, mais l'effort est surhumain. « Ne dis pas ça, s'il-te-plaît. » tu refuses de voir la vérité. Ne tires pas sur ma corde sensible, ne joues pas avec mes émotions. Elle sait y faire la belle, mais toi aussi. « Et qui veillera sur moi ? » tu finis par lui demander. Stella c'est ta famille, ton pilier. C'est elle qui t'as toujours soutenue, qui t'as toujours pardonnée. Elle t'as encouragée, félicitée, guidée, réconfortée. Comment tu vas faire sans elle ? Tu refuses de vivre dans un monde où l'étoile ne brille pas. « Reviens avec moi amore. » ce n'est pas une proposition, mais un ordre. Jamais tu ne trouveras la force de revenir en sachant que tu seras seule à ton réveil. Stella elle a encore trop de choses à faire, trop de choses à voir. Elle n'est pas comme ces étoiles insignifiantes qui se consument du jour au lendemain. Non, Stella est un soleil, elle donne vie à votre galaxie et son absence vous plongera dans le froid et l'obscurité. « Ensemble. » que tu dis, déterminée. Ensembles dans la mort, ou ensembles dans la vie, mais jamais séparées. « N'oublies pas ta promesse. On ne se lâche plus, plus jamais. » s'il-te-plaît Stella, ne sois pas comme ton frère. Ne brises pas ton serment, ne m'abandonnes pas toi aussi. Tu t'accroches à tes espoirs alors que tu diriges à nouveau tes ambres vers ton corps qui t'attend. Tu commences à sentir les paumes du pompier s'acharner sur ta poitrine, malmener tes côtes. Tes poumons qui brûlent, ton corps qui lutte, ta chair qui saigne. Tu porte tes mains à ta gorge, comme si tu réalisais enfin que tu ne respirais plus et tu lances à regard désespéré à Stella. Pourquoi tu me fais ça ? Pourquoi tu m'imposes à nouveau cette souffrance ? Mais c'est trop tard pour faire demi tour, t'as déjà mit un pied dans la réalité.

Tu sais Lu j'ai souffert et je sais que toi aussi. On est toutes les deux meurtries par la vie mais je ne peux pas te voir succomber. Pas aujourd'hui, même si la réalité elle est pas très fleurie, j'me dis que te voir respirer c'est mieux que de te voir toute grise. J'en ai vu des morts et même si aujourd'hui on est dans un champs de bataille, l'importance c'était de voir qu'on était encore en vie. En vie Lu, tu te rends compte. La vie elle nous a pas achevé alors tu vois faudrait peut-être essayer, encore une fois. Peut-être que dans le fond il y avait encore quelque chose pour nous, un cadeau inattendu. On a peut-être déjà assez donné comme ça, n'est-ce pas ? "Je sais Lu que t'es là". Je te souris parce que j'espère t'inspirer la vie, même si ces derniers temps je suis pas mal entrain de crever tu vois. Mais j'te le cachais parce que je me disais que t'avais sûrement mieux à faire. Et puis Cosmo ça a toujours été ma corde sensible, alors je suis désolée si je t'ai blessé. M'en veux pas s'il te plaît, de toute façon toi et moi on se l'était toujours promis et ça changera jamais. Toi et moi, Lucrezia et Stella. Les lumières, les beautés. Qu'importe où je serais j'te regarderais, je te protégerais. T'as vu Lu, j'serais peut-être ton premier ange. "Regarde, j'peux te voir d'ici. J'te promets que je veillerais". T'façon j'aurais le temps, j'serais bien. Et puis tu sais la délivrance moi j'l'attends en ce moment. Alors j'suis là avec toi, je suis bien et j'me dis que dans les malheurs on a réussi à aimer. C'est pas ça le but de la vie, Lu ? Aimer, parce que ça te coupe le souffle et que t'as l'impression de flotter. Moi quand j'te vois j'me dis que j'ai réussi ma vie parce que j'ai réussi à entretenir avec toi un lien que j'aurais jamais osé espérer. T'es ma soeur et le plus beau cadeau que tu peux me faire c'est de rester en vie. J'serais peut-être dans l'infini mais après ça sera à toi de me rejoindre et on pourra boire du gin. Le truc c'est que tu fais partie de mes faiblesses et je pourrais tout tenter juste parce que tu me l'as demandé. Peut-être que j'avais plus trop envie de vivre, tu sais, mais peut-être que je peux faire un effort parce que même ici j'ai peur de tomber et que tu sois pas là pour me rattraper. T'sais je me sens apaisé au milieu du blanc mais j'me demande encore si c'est pas uniquement parce que t'as décidé de te ramener. "D'accord". Tu soufflais et tu rêvais. Peut-être que la réveil sera compliqué Lu mais faudra se dire qu'on était ensemble même lorsque ça semblait se terminer. Faut s'accrocher à cela parce que tu vois, on pourra se dire que même dans la mort on sera ensemble. Les gens sont peut-être solitaires mais nous on a la chance de former une paire. "Plus jamais". Je sais pas encore si je vais avoir la volonté de respirer mais j'te promets d'essayer. Et si j'me réveille Lu, alors dis-moi de danser peut-être que ça viendra chasser les démons. Faudra se protéger tu sais, les rapaces vont pas nous lâcher. Mais on y arrivera, parce qu'on a toujours su le faire et que c'est pas maintenant que ça va changer. J'ai perdu Cosmo mais j'compte bien le retrouver. J'te promets tout ça, tu me diras c'est déjà pas mal. Allez ma beauté, on y va. Tic. Tac. Tic. Tac. L'heure a sonné, ouvre les yeux, respire le souffre et tousse. Reprends vie, reprends toi. Aimons-nous de l'au-delà jusqu'à ce sol ici bas.

( too late, my time has come, sends shivers down my spine, body's aching all the time. goodbye everybody I've got to go, gotta leave you all behind and face the truth. i don't want to die, sometimes wish i'd never been born at all. @Stella Cavalero )

Plus jamais. Ces paroles résonnent autour de vous tandis que tu te sens à nouveau mourir pour mieux revivre. T'as l'impression qu'il n'y avait rien d'équitable dans la concession que tu viens de lui faire, comme si t'étais sur le point de te faire flouer par les lois de l'univers. Pourquoi t'es la seule à étouffer, encore et encore ? Elle t'observe impassible et tu voudrais lui hurler de respirer elle aussi, ou bien qu'elle abrège tes souffrances en t'emmenant avec elle, mais tu n'y parviens pas, malgré tous tes efforts. T'es piégée Lucrezia, autant accepter ton sort. T'as jamais été très bonne pour le lâcher prise. Tu resteras dans l'entre deux tant que tu résisteras, tu souffriras indéfiniment jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour revenir ou repartir. T'as toujours fait le choix de ne pas choisir. Tu préfères subir plutôt que d'admettre une éventuelle défaite. Mais t'es pas dans un jeu là, il faut que tu agisses. Résignée, tu lances un dernier regard vers la supernova, puis tout prend fin. Elle disparaît dans une explosion de lumière, elle t'enveloppe dans sa chaleur, dans son amour, et elle utilise son dernier joker, celui qui parviendra à te convaincre. Tu vois ta vie qui défile sous tes yeux. Les premiers instants qui te viennent à l'esprit son ceux partagés avec ton frère, ton éternel compagnie de route. Un rire t'échappe lorsque tu reconnais son visage joufflu, lorsque t'entends sa voix qui t'appelle à travers les couloirs du manoir familial. T'as beau ne plus beaucoup t'en souvenir, tu sais que t'as adoré cette époque. T'avais tellement attendu sa venue du haut de tes trois ans et tu n'as tellement pas été déçue. Il te suivait partout, t'imitait constamment, riait à toutes tes farces. Vous étiez de vraies terreurs, mais vous en valiez vraiment la peine. Que ferait-il si tu venais à disparaître ? Comment apprendrait-il ta mort ? Aux informations ? Par la polizia ? Par vos parents ? T'arrives pas à te résoudre de lui infliger ça, de l'abandonner lui aussi une nouvelle fois. Ton frère, ta responsabilité. Puis tu vois Stella et ses petites tresses qui dansent dans son dos tandis qu'elle court dans les jardins de la propriété familiale. Ta plus belle et plus vieille amitié. Jamais tu ne la remercieras assez de t'avoir adressé la parole pendant ce dîner organisé par vos parents, jamais tu ne la remercieras assez d'avoir fait partie de ta vie pendant si longtemps. T'as envie de croire qu'il vous reste encore des dizaines d'années ensemble, mais si c'est bel et bien la fin, alors tu chériras chaque souvenir, chaque instant en sa compagnie. Tu accepteras le peu qui vous a été donné car tu sais que c'est déjà bien plus que ce que t'aurais pu espérer. Rares sont les chanceux à avoir connu cela. Une amitié qui résiste au temps, aux obstacles, à la mort. Puis c'est au tour de Cosmo. T'aimerais être surprise de le voir ici, mais ... Comment pourrait-il ne pas avoir sa place dans ton esprit. C'est avec lui, pour lui que t'as connu l'amour. Celui qui donne des papillons dans le ventre, celui qui hante tes pensées. L'euphorie, la passion, l'obsession. Mais c'est aussi l'amour qui fait souffrir, l'amour qui déçoit, l'amour qui pique. La trahison, la remise en question. Ils ont chacun à leur tour rythmé ton existence, posé les fondations de qui tu es aujourd'hui. La vie, c'est des rires, des joies, des pleurs, de la souffrance, et c'est pour tout ça que t'acceptes de franchir la frontière et finalement respirer. La famille, l'amitié, l'amour. C'est pour ça que tu vivras Lucrezia.