j’ouvre les yeux, la gorge sèche et cette douleur qui me submerge. j’ai l’impression d’avoir le corps entier en feu, de ne plus savoir où je suis. j’observe les murs blancs autour de moi et j’repars. j’ai l’impression de faire que ça. revenir à la réalité et me rendormir. y a juste cette douleur qui reste constante, qui ne veut pas s’en aller. et puis à chaque fois que je retrouve un peu de conscience, c’est ton prénom qui tourne dans ma tête. victor. pourquoi t’es pas là ? j’ai besoin de toi moi. je veux que tu sois là. puis je me réveille à nouveau et un médecin et là. il parle un peu, me pose quelques questions, m’en apprends plus sur ma situation et l’opération qui s’est déroulée mais moi.. moi j’veux savoir où est victor. et on me promet qu’il va venir alors j’attends. j’attends juste parce que c’est la seule chose dont j’ai besoin. quand la porte s’ouvre, je tourne mes yeux bleus et c’est des larmes qui viennent les inonder. parce que te voir, ça me prouve que ça va. t’es en fauteuil, t’as l’air fatigué mais t’es là.. « vic » j’te jure, j’peux pas m’empêcher de pleurer. et je me rends compte que je suis vivante, et que t’es là, et que tout iras bien. que ça sera dur mais qu’on pourra construire tout ce que l’on veut construire. « oh god, i love you » j’me souviens tu sais. de tes mots, de tes promesses, de tes larmes. et bordel ce que je t’aime. à en perdre la raison.

On lui avait dit à Victor qu’il ne pourrait pas voir Camila tant que son corps ne le permettrait pas. Il avait hurlé sur tous les médecins, parfois des élèves qu’il connaissait, souvent même des infirmières qu’il avait l’habitude d’emmerder comme il faut. Puis à un moment, Nyssa, sa partenaire, était venu le voir lors d’un de ses services et il avait été soulagé parce qu’elle allait le faire rentrer dans la chambre de Camila. « My leg is ok, Nyssa, it’s just… don’t care ok ? Let me just see Cam. It’s the only thing i need. » - « Fine. » Et elle le mettait sur une chaise roulante car il était incapable pour l’instant de marcher. Il avait une grande couverture sur les jambes autant pour ne pas avoir froid que pour éviter de montrer à Camila les dégâts. Et Nyssa poussa la porte de la chambre pour laisser entre le garçon qui voit une Camila étendue dans un lit d’hôpital et mon dieu que ça lui brise le cœur. « Thank you Nyssa. » Ils n'avaient pas beaucoup de temps vu qu'il n'avait pas le droit d'être ici. Et il fit un sourire à Nyssa, en se poussant à la force de ses bras dans le fauteuil jusqu’à la main de Camila. Il prit la main de Camila pour la coller contre son visage et il ferma les yeux. « Oh god, you’re awake… you’re fine, love. » Et il serrait les dents pour ne pas voir ses larmes déborder de tous les côtés, mais il reprit la parole et sa voix tremblait réellement. « I love you babe, really. You… you took a fuckin’ bullet for me and… oh god… » Il n’arrivait pas à parler. Trop d’émotion, on retrouvait le Victor bégayant et incapable de prononcer un mot. Il levait ses yeux vers Camila, son si beau visage plein de cicatrice, de traces de verre. Elle était toujours aussi belle mon dieu. « You’re ok ? What did they do ? » Il ne lâchait pas sa main, peut-être un peu trop fort.

j’ai l’impression de tout oublier. la douleur, la peur. de tout laisser de côté juste parce que t’es là. et même si t’es amoché, je sais que t’es vivant, que tu sembles bien et c’est ce qui m’importe le plus. juste savoir que je vais pouvoir te parler, de toucher, rester avec toi encore et toujours. en fait, rien que sentir tes doigts qui s’accrochent aux miens, ça me fait du bien. c’est comme réaliser que c’est réel. que je ne suis pas en train de rêver. « it’s okay. i’ll do it again if i have to » sans hésitation. j’regrette pas mon geste. je préfère me dire que c’est peut être grâce à ça que t’es encore vivant. alors ouais, si on se retrouvait dans la même situation demain, probablement que je recommencerais. « they.. they made a surgery. i only have one kidney left. but.. they say it’s gonna be okay. i’ll.. i just need to stay in bed for some weeks and make some dyalisis.. i don’t fuckin understand everything. you’re the doctor » et de mon pouce je caresse doucement ta main, les yeux légèrement perdu dans la vague. j’ressent cette douleur continue encore et encore. j’ai l’impression que c’est constant, que ça se propage et que je ne peux juste rien faire contre. les infirmières débarques toutes les trois heures pour me changer de position et je suis déjà à bout. « and you ? why are you in this.. tell me. don’t try to hide something. » j’veux savoir ce que t’as. si c’est temporaire ou si tu vas rester là. j’veux savoir comment tu vas aussi. t’as promis de l’honnêteté, tu te souviens ? alors sois honnête mon amour.

Elle allait devoir subir une greffe rénale, et c’était le bout du monde après pour trouver un donneur. Il secouait la tête. Mon dieu, mais c’était quoi ce délire, dans quoi est-ce qu’ils étaient tombé ? Est-ce qu’ils allaient au moins retrouver les terroristes qui avaient créé ce carnage ? Il sentait une douleur lancinante dans sa cheville gauche qui n’existait plus, mais étrangement, il sentait comme une brûlure qui lui consumait le pied. Il serrait fort la main de Camila. « I’ll explain everything later… First, you need to… rest ? I’m gonna ask Nyssa if i can but my medical bed here. I think if you pay like… a hundred dollar, we can have like a big room. » Proposition comme ça, juste pour qu’elle sache, et il tenta de faire un sourire avec sa lèvre un peu enflé par une chute. Puis elle le regarde de haut en bas, avec difficulté, et lui demande s’il ne cacherait pas quelque chose. Il soupire. Il n’avait pas envie de lui mentir, ils avaient une politique d’une franchise constante désormais, même la plus blessante soit-elle. « Don’t freak out. » Il préférait préparer le terrain. Il tendit un bras pour récupérer la bouteille d’eau qu’avait Camila à côté d’elle et il toussait légèrement. Il avait respirait énormément de fumée et de la suie restait encore accroché à son œsophage. « They… From my knee, they were forced to… amputate me. » Il serrait la main de Camila, tentant de prendre sur lui. Ce n’est pas qu’il ne le vivait pas mal, mais il essayait de relativiser pour les jours à venir. Ca ne servait à rien. Mais bordel de merde d’enculé. Il ne pourrait plus jamais courir normalement, ou sauter normalement, il ne pourrait plus faire de ski.

dis moi. même si c’est difficile à entendre. même si ça fait mal. je veux que tu me dises. parce qu’après ce qu’on vient de traverser, après les mots que tu as pu avoir pendant tout ça, je sais que c’est toi. je sais qu’on peut tout faire à deux et j’suis prête à surmonter n’importe quoi. « that’s not the.. holidays i was thinkin’ of.. » mais on allait faire avec ce qu’on avait, pas vrai ? on serait quand même heureux un jour. j’voulais qu’on réussisse tu sais ? peut être que c’est moi la poisse incarnée. peut être que ça te serais jamais arrivé si j’avais pas été là. peut être que.. j’détourne le regard quelques secondes usant de ma main libre pour essuyer mes yeux. dans tous les cas, je veux savoir ce que tu avais toi. pourquoi tu étais dans cette chaise roulante et ce qui allait se passer pour toi. « okay.. » promis, je vais essayer de ne pas flipper. de rester le plus calme possible. « they.. what ? » j’te regarde et j’ai cette putain de boule au ventre qui grossit de plus en plus. non, non, non. pas toi. tu méritais pas ça. « i’m gonna pay for everything. doctors, hospital.. everything you need and i promise, you’re not gonna stay in this chair. and before you ask, i’m not gonna leave you for that okay ? you’re the same. you’re still victor and i love you and i’m gonna spend the rest of my time with you. » j’te le promet. rien ne va changer. ce sera peut être difficile et probablement qu’on va avoir du mal à se relever mais j’serais toujours là. j’te lâche pas.

Etrangement, ce qu’il avait vécu de pire que l’attentat, c’était le jour où Camila l’avait foutu dehors. Alors est-ce que c’était de la folie de sa part de croire que de toute façon, ils allaient y arriver ? Il avança sa chaise encore un peu plus pour venir appuyer ses bras sur son lit. Il ne pouvait pas se relever parce qu’il avait le corps bien trop faible mais il tentait tant bien que mal d’être bien plus proche d’elle, le plus qu’il pouvait. Ses larmes rendaient ses yeux encore plus époustouflants, et grandioses. Et elle faisait du grand Camila. Elle voulait tout payer. Mais là, c’était à lui de se défendre. Ses économies de sa belle-mère, il allait les foutre là-dedans. C’était la seule solution qu’il voyait réellement. « I’ve got money. My step-mother, she send me like a hundred dollars per month and i put in a blocked bank account for… in case, you see ? And this is the in case. I need reeducation and a prothesis. » Tant pis pour les associations pour enfants. « And i know you’re not gonna leave me, remember ? You’re forbidden to break up with me. That’s an order. » Et il fit un sourire immense, puis grimaça juste après car c’était douloureux. Et il bougea sa chaise pour aller au bout du lit de Camila, détachant ses doigts pour récupérer le dossier médical de son amour pour le parcourir des yeux. « Yes, i see… » Une greffe de rein. Le même groupe sanguin, mais pas forcément compatible. Il fallait faire des tests. En amont. Il le ferait sans qu’elle le sache, et verrait s’il est possible pour lui de lui donner un rein. Et si ce n’était pas le cas, il trouverait une solution. « Dialysis, three times a week until you find a donor. » Et il revient vers elle rapidement. « Wait. » Il envoya un message à Nyssa pour les lits, et la chambre en plus. Espérant avoir une réponse rapide. « Babe, it’s okay. For me, for you. We’re alive, that’s what matters. And i’m gonna love you til the end. » Il ne savait même pas si elle se rappelait ce qu’il lui avait dit quand elle était mourante. Souvent, les personnes proches de la mort pensait que ce n’était qu’un rêve.

regarde, toi t’es toujours là. même si je ne comprends pas, même si je me dis que t’aurais probablement toutes les raisons du monde de te tirer en courant, t’es toujours là. pourtant, je suis complètement dingue. j’en traîne des boulets à mes pieds et j’arrive pas à saisir pourquoi est-ce que tu acceptes de les supporter mais tu le fais. alors je ne partirais pas. je vais rester même si parfois je manque de souffle, même si tout s’écroule autour de nous. je vais rester. « and i’m gonna pay. keep your money for something else. » de l ‘argent, j’en ai largement plus que toi. c’est pas vitale chez moi. je peux payer ta rééducation, ta prothèse. je peux le prendre en charge sans avoir l’impression de manquer de quoi que ce soit. puis tu partages ma vie maintenant alors ce qui est à moi est à toi par conséquent. je négocierais pas là-dessus. « yas sergent » je ne sais même pas comment est-ce que l’on peut trouver la force de plaisanter dans tout ça mais on le fait. même si c’est stupide, même si c’est puéril. et quand on vit des horreurs comme ça, on en a besoin. de cette petite note d’humour qui nous empêcher de flancher. « no, i can live with one kidney. a lot of people do that. the doctor said i just need time to be use to it mais it’s gonna be okay. » puis cléo, elle vivait avec un seul rein et elle allait bien. alors j’essayais de m’accrocher à cette idée en me disant que ça aurait pu être pire que ça. que je ne pouvais pas me plaindre vis à vis de toi. « i know.. and you’re gonna marry me. we gonna have three childrens and one dog. a beautiful house far away from the city and.. you’re gonna take my name. » et on s’en sortira. on ira bien et un jour, on oubliera peut être même toutes les merdes qui nous sont tombés dessus. on sera véritablement heureux et on saura que l’unique bon choix fait dans tout ça, c’est de rester toi et moi.

Comment est-ce qu’elle arrivait, elle aussi, à garder le sourire et à rire ? C’était un moment tragique, et ils étaient comme deux idiots à blaguer sur l’état de leur histoire amoureuse. Peut-être était-ce parce qu’ils avaient frôlé la mort que tout leurs problèmes leur semblait si futile ? « Ok, you pay. But i want to be the iron man of legs, okay ? » Et il se contenta de pencher la tête sur le côté, un sourire en coin. Il y avait temps de chose à dire, tant de choses à faire. Il l’aimait tellement que ça le prenait aux tripes, elle était là, vivante, en bonne santé, un rein en moins mais il trouverait une solution, quitte à s’amputer d’un organe lui-même s’il le fallait. Ce n’était pas une simple relation amoureuse, pas la banalité d’un diner en tête à tête entre deux cours de pédiatrie, non, ce n’était pas ce genre de simplicité. Il y avait un fond beaucoup plus solennel et officiel dans ce qu’ils vivaient. Et c’est les mots de Camila qui confirmait tout ce que Victor pensait depuis le début. Il lui était promise, envers et contre tout. « Three ? Okay. Not liking odd numers, i prefer even numbers like… four ? Too much ? » Il fronça son nez en riant et il s’appuya dans le fond de sa chaise sans lâcher la main de la plus belle femme du monde. « We can still adopt Charly… » Une idée, comme ça… Peut-être en l’air, peut-être plus simple, mais au moins, elle était dites. « I want the big picture, Camila. I really want it. I promise. We rebuilt ourselves and after, even if it’s too soon, i don’t care, i’m gonna marry you. You’re the best thing that happenned in my life and… » Il attrapa sa main qu’il colla contre sa joue. Il prenait sur lui, la peur qu’il avait ressenti quelques jours auparavant refaisant surface, les larmes aux yeux sans qu’aucunes ne coulent. « I was so scared… you were… » Il avait la voix qui tremblait. « You were dying in my arms and i couldn’t… » Il posait le front sur le drap blanc cet hôpital qu’il connaissait si bien et il étouffa un sanglot. Non, ne craque pas. T’as pas l’droit.

« you’re my hero, that’s enough. » mais j’souris. je veux rien faire d’autre que sourire. parce que je crois que pour une fois, on devrait se concentrer sur les bonnes choses. sur le fait qu’on est tous les deux en vie. sur tout ce que l’on pourra accomplir par la suite. et puis tu sais, on aura des tas de choses à raconter sur notre histoire. sur tout ce que l’on a pu surmonter. c’est un beau truc qu’on est en train de vivre victor. même si c’est pas parfait, même si c’est difficile la plupart du temps, je sais que l’on tient quelque chose de réel. « four ? it’s.. okay for four. » autant que tu veux tant qu’on est heureux. avec toi, j’suis prête à tout reconstruire. toutes les fissures. « charly is already my daughter » sans rire. j’veux la sortir de là. je veux lui montrer que peu importe ce qui peut se produire, nous on sera là. j’veux qu’elle sache que même si la vie est une sacré pute, elle aura deux personnes prête à l’aimer inconditionnellement. et y a nos mains qui se serrent un peu plus et je sens l’émotion qui transperce dans ta voix alors je te te fixe. peut être avec un peu trop d’intensité, qui sait ? « i can’t wait for that » même si on me critique. même si on me dit que je m’entiche trop vite. que je devrais pas me laisser passer la bague au doigt. je m’en fous parce que y a personne qui est capable de comprendre ce que l’on vit toi et moi. c’est plus fort que tout. c’est foutrement réel surtout. alors qu’ils parlent donc, ça changera pas le bonheur que je ressent à chaque fois que tu es là. et quand tu reprends la parole, je serre un peu plus mes doigts dans les tiens. j’le vois que tu vas craquer et ma main libre glisse doucement dans tes cheveux. « but i’m alive. i’m alive and here and we have so many thing to built. don’t cry babe, please.. don’t cry » j’veux pas. si tu craques, je craque, c’est comme ça. « i love you to the infinity. »

Des soupçons d’amour et de passion, jusqu’à ce qu’elle se remette entièrement. Il voulait déménager, dans un endroit plus calme, il voulait finir ses études et devenir un immense médecin, quelqu’un de grandiose. Pendant une minute, il repensait à sa mère. Cette femme complètement perdue dans des choix ridicules et pathétiques, il irait l’aider d’une manière ou d’une autre. Il irait s’excuser auprès de son père, régler ses différents auprès de sa belle-mère, il ira voir ses ennemis pour tous leur demander pardon. Il promettait, à lui-même et à Camila sans qu’elle le sache, qu’il serait un homme meilleur, droit, qu’il essaierait de parler aux gens qu’il juge trop vite, d’arrêter d’être trop jaloux et d’avoir des explications avant de s’emballer. Il va travailler dur et montrer à la femme qu’il aime qu’il peut être un homme bien. Il serait l’homme de sa vie, l’homme parfait qu’elle rêve d’avoir, pas ce connard. Qu’il aille en Enfer, il ne méritait que de brûler pour l’avoir brisé. « I love you, mon amour. » Il ne savait pas quoi dire de plus, tout était limpide comme de l’eau de roche, à jamais. Il frottait ses yeux du revers de sa manche, pour ne pas que ses larmes coulent et qu’il revienne à la réalité. « And Charly is our daughter. For better and for worse. » D’abord se soigner, après l’adopter. Etape par étape. Déjà qu’ils étaient les rois pour les brûler. « I’ve got a stupid question. Funny, stupid. And… » Il se mit à rire, en soulevant le drap. « Is there a chance that… your tattoos for your jackass ex-boyfriend… have been burned ? » Il grimaça, en se reculant, serrant les dents mais un peu amusé par son idée farfelue. Il récupéra un peu d’eau car il toussait un peu, la suie s’évacuant petit à petit. Rien à faire, la toux allait le guérir. Il récupérait ses doigts pour venir en mordiller le bout. « You can get out like… in two weeks from now. Same for me. I’m gonna schedule your dialysis in the same time as my reeducation. More time togther, you’ll be fed up of me ! » Il embrassa chacun de ses doigts.