T'enfilais tes escarpins Prada, tu retouchais ton rouge à lèvres, tu arborais les perles de ta mère. Tu sentais le luxe à plein nez, et ça te plaisait. Ce soir, tu allais montrer aux Bostoniens qui tu étais. Stella Cavalero, femme italienne, femme de goût, femme de classe. Tu souriais au miroir, un clin d'oeil et t'engouffrais dans le froid hivernal pour monter dans un taxi. Tu rejoignais ta meilleure amie non loin de chez toi, tu étais excitée à l'idée de la serrer dans tes bras. Elle t'avait manqué Lu, d'ailleurs elle te manquait dès qu'elle n'était pas à côté de chez toi. C'était difficile en Italie sans elle à tes côtés, c'était difficile d'être séparée de la soeur qu'elle était à tes yeux. Tu n'avais jusqu'ici parlé à personne de ce qu'il se passait, et tu hésitais même à raconter la réelle raison de ta venue à Harvard. Parfois tu te demandais si le hasard avez si bien faits les choses que vous vous retrouviez tous ici, dans cette ville. Boston ce n'était pas Milan, pourtant la jeunesse dorée italienne semblait si bien si installer. Tu descendais du taxi, tu reluquais la face de l'établissement, tout manquait de charme ici. A tes yeux Stella, aucune ville n'égalerait ta belle Italie, alors tu n'allais rien trouver ici aux États-Unis qui pourrait te satisfaire. Tout manquait de goût, de classe, de raffinement. Tu te demandais bien ce que ton frère avait trouvé à cet endroit. Était-ce le fait d'être parti à des milliers de kilomètres de toi ? Tu secouais la tête, entrant dans la bâtisse ornée de bois. Tu trouvais ta meilleure amie, Lucrezia, non loin de toi. Tu pressais le pas, la serrant dans tes bras, comme une gamine. Tu humais son parfum, enfouissant ton nez dans ses cheveux. Son odeur t'avait manqué, ton étreinte se resserrait. Tes paupières se refermaient, voulant saisir de tous tes sens ce moment. "Tu m'as tellement manqué, faut qu'on arrête de vivre l'une loin de l'autre". Tu te détachais légèrement, embrassant sa joue. "Mais maintenant, je suis là". Tu souriais, la lâchant quelques secondes avant de te saisir de ses mains. T'écartais ses bras, regardant intensément sa tenue, son allure, sa silhouette. "Toujours aussi parfaite, je suis contente de voir que l'obésité américaine ne t'as pas touché". Tu lâchais un rire enfantin.

( you make me live whatever this world can give to me it's you you're all i see. you're the best friend that i ever had, i've been with you such a long time you're my sunshine and i want you to know that my feelings are true, i really love you @Stella Cavalero )

On dit que tu ne souris jamais Lucrezia. Même si ça t'ennuies, tu sais que c'est pas totalement faux. T'as jamais eu l'habitude d'arborer une prétendue bonne humeur alors qu'au fond de toi règne le chaos. Mais c'est sans compter sur la présence de Stella dans les environs. Avec elle, t'es quelqu'un d'autre, t'es ce qui se rapproche le plus de ton vrai toi, et il te suffit d'un simple message de sa part pour immédiatement illuminer ton visage habituellement figé dans une moue trop sérieuse pour ton jeune âge. Face au miroir de ta salle de bain, t'as du mal à reconnaître ton propre reflet alors que tu recourbes tes cils avec ton mascara préféré. Tu ne t'étais pas vue si radieuse depuis des semaines, voire plus. Ton arrivée à Boston était survenue dans ta vie comme une bénédiction, mais n'étais pas sans conséquences. En effet, tu n'avais plus vu ta meilleure amie depuis cinq mois maintenant, autrement dit la seconde fois que vous ne vous êtes pas vues autant de temps. La première étant celle de ta fugue avec son frère. Ton coeur se serre en y repensant. Est-ce qu'elle sait qu'il est ici lui aussi ? Tu réalises que c'est la première fois que l'idée te traverse l'esprit depuis que t'as recroisé Cosmo il y a quelques jours. Quelles étaient les probabilités pour qu'une telle chose arrive ? T'as pas envie de croire au karma, mais là c'est plus fort que toi. Tu décides néanmoins de laisser ses pensées dans ton appartement alors que tu fermes soigneusement la porte derrière toi pour rejoindre Stella au pub que tu lui as indiqué. T'as pas envie de ruiner vos retrouvailles, pas pour lui. Tu caches les diamants qui ornent ton cou sous un manteau de fausse fourrure, que tu ne retireras qu'une fois à l'abris du froid. Tu arrives avant Stella, mais tu n'attends pas bien longtemps avant de voir sa silhouette se précipiter vers toi pour te prendre dans ses bras. T'as limite envie de pleurer. La savoir ici à Boston, inscrite à Harvard. T'aurais jamais osé l'imaginer. « Plus jamais. On se lâche plus maintenant. » tu fermes les yeux, t'y crois à ta promesse. Malgré les épreuves, vous avez toujours réussi à retrouver votre chemin l'une vers l'autre. « Je suis tellement heureuse. » tu rajoutes, comme si émotion sur ton visage n'était pas une preuve suffisante. C'est pas ton genre d'exprimer ce que t'as sur le coeur, mais là tu te laisses submerger. Tu profites qu'elle s'éloigne de toi pour l'observer. Elle fait de même. Parfois quand tu la regardes, t'as l'impression d'être face à toi-même, ou du moins une meilleure version de toi-même. « Crois-tu vraiment que ma mère aurait laissé une telle chose m'arriver ? » que tu lâches en riant à ton tour. Stella connait bien ta famille, elle comprendra la référence. « Et toi ... » tu laisses ta phrases en suspens. Tes mains viennent effleurer ce visage que tu connais par coeur. « Tu es bien toi, tu es bien là. » voilà, maintenant t'y crois. « Comment, pourquoi ?? » tu ne peux pas t'empêcher de demander. Elle t'as bien parlé d'un transfert à Harvard et t'as beau la savoir assez folle pour prendre une telle décision, t'as du mal à réaliser qu'elle l'ait vraiment fait.

Ton sourire étincelait, et s'il brillait avec autant d'ardeur, c'était uniquement par sa présence. Lucrezia était la soeur que tu n'avais jamais eu, elle était ton reflet, ton double, ta lueur de vie. Tu te voyais en elle, et par sa simple présence, ta bonne humeur jaillissait. Vous aviez traversés des épreuves, main dans la main. Seulement, rien ne pouvait atterrer votre amitié et le lien qui vous unissait. Là, entrelacées, tu sentais ton corps se détendre. Sa présence apaisait tes maux, c'était plus fort que toi, comme si entre vos étreintes de satin vos coeurs vous soufflez vous êtes en sécurité. Rien ne pouvait t'arriver lorsqu'elle était à tes côtés Stella, et ça, tu l'savais. Dès qu'elle était loin de toi, ta vie commençai à perdre l'équilibre. T'en avais même perdu ta mère, puis ta jambe. Sauf que maintenant, tu ne cherchais plus à y penser, c'était le passé. "Non, plus jamais". Tu soulignais ses mots, parce que tu le voulais, au fond de toi. C'était vital, c'était crucial. Et t'aimais la voir comme ça, Lu, aussi joviale que rayonnante. Son sourire trahissait ses émotions, la femme de glace n'était qu'une petite fille lorsqu'elle te retrouvait. Et toi, ça te plaisait. Les âmes soeurs italiennes se pansaient les coeurs. Tu la dévoilais devant toi, ouvrant ses bras, complimentant ses formes et sa beauté inégalé. S'il y avait bien une personne plus belle que toi Stella, c'était bien Lucrezia. "Je ne pense pas, mais je ne t'aurais pas laissé faire non plus". T'avouais, demi rire. Les familles en Italie, c'était jamais quelque chose dont on se vantait. Elles étaient toutes bancales, surtout dans votre milieu. Tu souriais, gardant le contact de vos mains, tu effleurais sa peau de ton pouce manucuré. Tu savais bien que la question allait arriver, tu l'sentais, t'allais pas y échapper. Est-ce qu'elle savait ? Tu ne voulais pas prendre le risque, tu ne pouvais pas lui avouer. Non, pas après ce qu'il s'était passé. L'une de tes plus grandes blessures Stella, c'était force de constater que ta meilleure amie s'était barrée avec ton frère. Abandonnée par les deux êtres les plus aimés, Stella la trompée. Tu chassais ses pensées de ta tête, essayant de garder le cap. Tu ne devais pas faillir Stella, même lorsque Cosmo s'immisçait dans tes pensées. Seulement il était difficile de ne pas être obnubilée alors que t'avais traversé l'océan Atlantique pour le retrouver. "Je suis là, pour un certain temps d'ailleurs". Tu lâchais ses mains, te dirigeant vers une table où s'installer. "J'avais besoin de changer d'air. Mon père travaille tellement qu'il n'accorde plus tant de temps à sa fille. Et puis ma meilleure amie m'a lâché pour Harvard, j'me suis dit que je pouvais également m'y intéressée". Tu baratinais, parce que même si Lucrezia était ta soeur dans ce monde de dingue, tu n'avais besoin de personne pour vivre. Ton statut de reine de soirée en Italie te convenait très bien jusqu'ici. "Et puis Ernesto est à Harvard aussi, vous êtes ma deuxième famille. J'devais respirer et aspirer à autre chose que Milan". Tu souriais, tu t'installais posément.

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Si ta mère est le capitaine de ton navire, Stella est de loin ton unique ancre. Grâce à elle, tu restes à flot, tu évites le naufrage et la dérive, tu braves vents et marées. Elle est ta bonne étoile, une carte céleste à travers la nuit noire, elle te guide à bon port lorsque ta vision s’inonde d'eau salée. T'as jamais aimé te reposer sur qui que ce soit, mais avec Stella, c'est bien plus que ça. Son arrivée à Boston dissipe tes doutes, tes craintes, elle apporte la lumière sur ce futur qui te semblait jusqu'alors incertain. T'es soulagée de voir savoir réunies sur un même continent, dans une même ville et ce pour une durée indéterminée si tu en crois ses dires. Les sourcils froncés malgré ton grand sourire, tu peines à imaginer la raison de sa venue. Stella n'a jamais aimé l’Amérique et encore moins ses américains. Tu te souviens encore du jour où tu lui avais annoncé la nouvelle de ton départ, des arguments qu'elle avait dégainés dans l'espoir de te faire rester. Pourquoi ce changement de situation ? Loin de toi l'idée de te plaindre, mais avec le temps t'as appris à te méfier de ce genre de surprises improvisées. Tu la suis jusqu'à une table et l'écoutes te parler de ses envies, de toi. Tu fais une moue amusée. « Bien sûr, c'est de ma faute. » que tu lâches pas franchement convaincue par ses belles paroles. Tu sais que Stella n'a besoin de rien ni de personne, mais t'acceptes de te laisser charmer pour cette fois. Tu poses ta sacoche sur l'une des quatre chaises, et t'assieds sur celle d'à côté, quand ton sourire manque de s'éclipser de ton visage. Ernesto. T'en reviens pas qu'elle continue de le fréquenter. Tu trouves ça limite dégouttant d'ailleurs, de la part d'un mec qui s'était toujours vanter de te considérer comme sa petite soeur. T'as jamais approuvé leur relation, ou quel que soit le nom qu'ils lui ont donné, mais tu t'es toujours gardé d’émettre le moindre jugement. Depuis l'accident et ton retour, tu marches sur des oeufs lorsqu'il s'agit de Stella. « Ah oui c'est vrai. » tu lâches tentant de cacher ta déception. Mais tu te reprends bien assez vite. « C'est sûr qu'ici c'est bien différend de Milan, mais tu peux compter sur moi pour que tu t'y sentes chez toi. » puis tu claques des doigts à l'attention sur serveur. Tu avais déjà prévenu avant ton arrivée qu'on vous prépare assez de gin pour que vous ne retrouviez plus le chemin de la maison.

Quand bien même tu lui avais pardonné, il y avait toujours au fond de toi une certaine crainte. Lucrezia était partie avec ton frère, sans prévenir, sans se retenir. Ton état de santé l'avait rappelé, seulement tu ne pouvais t'empêcher de te demander comment ça se serait passé si tu n'avais pas pris cette balle ? Serait-elle simplement revenue si tu avais uniquement perdue ta mère ? Alors ouais, certains sujets restaient compliqués. Après tout, t'avais peur de la simple idée que ça pouvait recommencer. Tu avais perdu un frère, une mère, tu ne voulais pas perdre ta soeur. Ça serait la goutte de trop, ça serait l'abandon ultime. Donc t'étais là, Stella, à cacher certains secrets que tu préférais garder au fond de toi. Et puis tu ne pouvais t'empêcher de penser à l'éventualité qu'elle était ici pour quelqu'un de précis, et si elle aussi avait fait des recherches ? Tu la savais amoureuse de ton frère, t'espérais simplement que cette lubie n'avait été que passagère. Tu t'installais à une table, souriante. "Non, pas ta faute. C'est grâce à toi". Tu rigolais, rire enfantin, rire cristallin. L'idée de vivre dans la même ville que ta meilleure amie était une idée très loin de te déplaire, Stella, alors le mensonge n'en était pas totalement un. Et Ernesto, lui aussi était là. Votre époque était révolue, même si elle n'avait pas duré des mois ou même des années, mais l'idée de le retrouver était alléchante. Finalement, il ne manquait plus que toi sur Boston. Alors la pétasse était arrivée, comme une fleur au printemps, souriante, fraîche et terriblement belle. Pour certains, ça ne serait que du bonheur, pour d'autre, ça serait plus de la terreur. C'était inévitable que tout le monde soit touché, éclaboussé. Après tout, les histoires du frère et de la soeur Cavalero ont toujours fait des étincelles. De l'amour à la haine, il n'y aurait pas grande différence. "J'espère bien, et puis mon appartement est assez grand pour deux". Tu soufflais cette idée, excitée par l'idée qu'un jour, Lu et toi habitiez sous le même toit. "Mais ce soir, j'ai besoin de gin, beaucoup de gin. Ça sera un bon début pour me sentir intégrée, tu me connais". Stella l'étoile de la nuit, l'enfant terrible des boîtes de nuit.

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D'aussi loin que tu pouvais t'en souvenir, ta relation avec Stella avait toujours été complexe. Votre amitié était une évidence depuis le premier jour, mais cela n'avait pas été sans quelques obstacles. Deux jeunes femmes de caractères, avec leurs ressemblances mais également beaucoup de différences, chacune a du apprendre à se faire une place dans votre duo, dans la vie l'une de l'autre. Vous n'avez pas toujours été d'accord sur tout, vous n'aimez pas forcément les mêmes choses, vous avez fait des erreurs, chacune à votre tour, mais au final vous vous êtres constamment retrouvées. C'est comme si votre amitié était inébranlable, mais parfois tu te questionnes. Tu te demandes quand viendra la goutte de trop, qui commettra l'irréparable. Cette idée ne t'avais jamais traversé l'esprit jusqu'au jour où t'as décidé de t'enfuir avec son frère. Tu te souviens encore du jour où elle t'as présenté Cosmo. Avec le recul, tu la soupçonnes de ne pas avoir secrètement rêvé de voir les êtres les plus chers à ses yeux réunis, faire front commun avec toi face à l'adversité. Ou bien peut-être étais-tu trop aveuglée par tes sentiments pour lui pour ne pas voir son opposition. Cinq ans plus tard, tout est devenu flou dans ta tête, t'as du mal à démêler le vrai du faux. Mais s'il y a bien une chose qui a perduré, c'est votre amitié, car ce soir c'est Stella qui se fait une joie de te revoir. « Fais-moi une offre et je l'étudierais avec la plus grande attention. » que tu lui réponds. Vivre avec Stella, c'est un rêve de gamine. Mais vous êtes grandes maintenant. Êtes-vous sûres que la cohabitation sera sans accrocs ? T'as toujours eu peur des collocations, particulièrement celles entre amis. T'as conscience de leurs effets irréversibles sur une amitié. « Oh je me fais pas de soucis pour toi. » Stella saura s'intégrer, t'en as pas le moindre doute. Elle a toujours été la plus sociable, la plus mondaine de vous deux. D'un signe de la main, tu fais venir le serveur qui dépose vos boissons sur la table entre vous. Tu prends l'une des coupes entre des doigts ornés, et tu la lève au ciel en direction de ta meilleure amie. « A ta venue à Boston. » que tu trinques. Ton verres au bout de tes lèvres, tu laisses l'amertume glisser le long de ta gorge. « Alors. Que penses-tu de l'Amérique jusqu'à présent ? » tu finis par lui demander en reposant ta boisson. Tu connais Stella et son avis de tout ce qui n'est pas l'Italie. T'es donc t'autant plus étonnée qu'elle se soit décidée à traverser l'océan.

T'étais venue ici et t'avais pleins de rêves en tête. C'était comme ça Stella, t'arrivais pas à t'empêcher de rêver. On avait essayé de t'achever mais tu t'étais toujours relevé. Alors t'avais pris ton courage et tes talons Gucci et t'avais emménagé ici. Tu savais bien que la suite ne serait pas facile, même si t'étais loin d'imaginer ce qui t'attendais. Quand bien même pour le moment tu profitais, de ta meilleure amie, du calme, du contrôle et de la vengeance que tu convoitais. Seulement tu ne pouvais t'empêcher comme une enfant de changer tes plans, au gré de tes envies. Parce que t'étais comme ça Stella, à toujours vouloir plus. Tu ne pouvais te contenter de ta condition, c'était ce qui faisait de toi la personne que tu as toujours été. Et toi, c'que tu voulais, c'était avoir ta meilleure à tes côtés. Après tout avec l'orage qui tonnait, tu savais que l'avoir à tes côtés ne seraient pas à négliger. Même si dans l'fond, tu voulais aussi la protéger des éventuels éclats de la guerre que tu cherchais à mener. "Mon amour c'est déjà une offre suffisante, non ?". Tu souriais, réjouis à l'idée de la savoir à tes côtés. Tu l'avais rêvé Stella, depuis des années, et tout allait devenir réalité. Parce qu'ici tu avais perdu tous tes repères, tes habitudes, ton terrain de jeu. Tu devais tout recommencer, c'était un nouveau défi et toi t'aimais bien les relever. Pour une fois tu te l'étais lancée seule Stella, et c'était ça qui changeait. Ce n'était pas uniquement pour Cosmo que t'avais déménagé, quand bien même il était celui qui t'avais donné un coup de pied pour monter dans l'avion le jour arrivé. C'était pour toi, loin de l'Italie et loin des souvenirs tristes. Recommencer, ailleurs, seule, sans le soutien d'un père absent et d'un royaume européen que tu ne connaissais que trop bien. Tu n'aimais pas ces américains, mais tu n'étais pas là pour eux. T'étais là pour toi, Stella. Toi et lui, eux. Un tout mélangé fait de rien, mais t'étais là. C'était tout ce qui comptait, n'est-ce pas ? Alors tu buvais, à la vie, à cette vie. La tienne, Stella. Parce qu'en ce moment elle te semblait belle. "A nos retrouvailles" que tu agrémentais. Tu te délectais de ce liquide, il te rappelait de nombreuses soirées arrosées. Le gin te donnait une fièvre inégalable, Stella. Et t'espérais que ce soit, ça serait à nouveau le cas. "S'il y a quelque chose que les américains font bien, c'est se ridiculiser. Ce pays est une vaste blague, mais on finit par s'habituer ?". Tu demandais, le besoin d'être rassuré. Les États-Unis n'étaient pas une destination de rêve, mais tu ferais en sorte que ça le devienne. Ta petite Italie ici, entourée de tes amis et ta deuxième famille. Puis de lui, même si ça ferait mal. Lui, parce que le savoir à tes côtés même sans le toucher te donnait l'impression de vivre un peu mieux. "T'as trouvé quelqu'un ici ?" que tu demandais, curiosité piquée.

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Y a des colocations qui brisent des amitiés, ça t'en est consciente. C'est typiquement le genre d'erreur que tu n'as jamais commise, car t'as toujours été trop responsable pour vivre avec quelqu'un à qui tu tiens trop. Tu le sais Luce, tu sais que t'as ton caractère et qu'on ne te changera pas. T'es pas la personne la plus simple ou la plus aimable, la plus facile à supporter au jour le jour, alors t'as toujours opté pour la solitude, même lorsque t'as vécu trois ans à Milan, pas très loin de chez Stella. Mais ici, à Boston, c'est pas pareil. Ici vous êtes loin de chez vous, loin de l'Italie, loin de vos habitudes. Vous avez besoin de repères et dans l'immédiat, le tien c'est Stella. Alors t'es pas insensible à sa proposition de colocation. Vous allez bien entendu devoir en discuter, mais t'as suffisamment confiance en votre amitié pour vous lancer dans une telle aventure. Enfin, c'est sans compter Cosmo. Lui aussi il a refait son apparition et t'as pas encore trouvé la bonne façon d'en parler à ta meilleure amie. La bonne chose à faire serait d'être honnête avec elle, mais t'as pas envie de gâcher vos retrouvailles. T'as pas envie que la réapparition de Cosmo t'éclipse dans la vie de Stella. Tu sais qu'elle a attendu cet instant depuis longtemps, mais t'es pas prête à lui céder l'attention. Alors tu t'en tiens aux banalités et vous trinquez à sa venue aux Etats-Unis et vos retrouvailles. Tu t'amuses de sa manie à mépriser ce pays. Vous avez toujours été d'accord à ce niveau là, pourtant t'avais fait le choix de venir y vivre il y a quelques mois, tout comme elle semblerait-il. Tu redoutes qu'elle ne puisse jamais se faire à la vie ici mais t'es égoïste alors tu fais tout pour la convaincre de rester. « Mais oui. Puis tu verras, à Harvard les étudiants étrangers comme nous sont vraiment très nombreux. J'ai même remarqué qu'il y avait pas mal d'italiens. » tu ne vises personne en particulier en disant ça, mais tes pensées sont immédiatement dirigées vers Cosmo. Bien entendu. Combien d'italiens connaissez-vous toutes les deux ? T'espères qu'elle ne te demandera pas la moindre précision au risque de devoir inventer une histoire, mais Stella rebondit sans attendre sur ta remarque. Tu te racles la gorge et portes ton verre à tes lèvres. T'essayes de te faire gagner un peu de temps. « Huum pas vraiment. Tu me connais, ça m'intéresse pas vraiment. » tu utilises ton passif et ton caractère comme jokers pour te sortir de cette situation. Avant Cosmo t'étais pas du genre à vouloir te trouver un bon parti, ça n'a fait qu'empirer par la suite. « Toi par contre, t'es bien partie pour. » que tu dis en lançant un regard amusé vers le groupe de mecs au bar qui semblent reluquer Stella depuis quelques minutes déjà. « T'attends quoi pour aller leur briser le coeur ? » tu la défies désireuse de la voir faire du Stella tout craché.

C'était un nouveau départ, Stella. Loin de ce que tu connaissais, loin de tes habitudes, loin de tes amitiés, loin des endroits où tu aimais aller. C'était recommencer, chercher à régner, les faire flancher, construire ta nouvelle principauté. Les mots de ta meilleure amie te rassuraient sur la présence d'étrangers sur le campus, au moins, tu n'aurais pas nécessairement le besoin de te mélanger uniquement avec des américains. "J'espère bien" que tu lui intimais. Les italiens, c'était un moyen de te rappeler d'où tu venais. Parler ta langue au quotidien te manquait, il n'y avait aucun doute pour cela. Quand bien même tu étais bilingue Stella, la langue anglaise n'avait pas le charme trépident de ta langue maternelle. T'interrogeais ta meilleur amie, Luce, et tu souriais en la voyant esquiver. Elle n'avait pas changé, et tu l'aimais. En dépit des raisons pour lesquelles tu t'étais aventurée dans cette partie du globe, plus particulièrement dans cette ville, tu te disais qu'elle était ton repère. Si tout n'allait pas fonctionner comme tu le souhaitais, t'étais certaine de ne pas regretter parce que tu l'avais retrouvé. Luce faisait partie de ta famille, et tu te voyais mal vivre sans elle à tes côtés. Tu rigolais à ses mots, buvais une gorgée de gin. T'observais les hommes, sans grande conviction. Tu plantais ton regard dans celui de ta soeur. "Non, ce soir, c'est juste nous". Parce qu'il n'y avait que ça qui avait perduré, toujours compté.