TAKE ME NOW. TAKE ME DOWN.

Faux, faux et archi faux. Samedi. Samedi soir plus précisément. J'avais besoin d'air frais plus que toute autre chose. Sans bouger de mon lit, je jette un rapide coup d'œil au temps qu'il faisait dehors : il faisait nuit et visiblement c'était un peu venteux. Pas de quoi me décourager, au contraire, j'avais plus que tendance à affectionner ce genre de météo. Sans plus attendre ou s'étendre en pensées inutiles, je saute hors de son lit pour enfiler des vêtements à peu près corrects. Entendez par là qu'à part un sweat-shirt gris dans lequel je me noyais littéralement, il n'y avait rien de bien transcendant. Moins de cinq minutes plus tard, mon téléphone dans une main et mon sac à dos sur une épaule, me voilà en train de dévaler les escaliers pour sortir dehors. Le sourire qui orne mes lèvres se fait de plus en plus visible alors que je m'approche à un peu plus à chaque pas de sa destination : Boston common. Plus particulièrement, un petit endroit où je me sentais bien. Parfois, je me demande si d'autres personnes ont déjà prêté attention à cet endroit si spécial à mes yeux, s'ils connaissaient son existence. Je n'en doute pas. Je jette négligemment mon sac, dans lequel j'avais pris le temps de ranger mon téléphone en cours de route, au pied d'un arbre à moitié mort dont les quelques feuilles restantes surplombaient l'endroit. La première fois que j'avais mis les pieds ici, vers mes quinze ans. Je m'assois près du vieux tronc, les pieds allongé sur l'herbe. Je sors mon téléphone portable de mon sac pour envoyer un message à Yura, une fille avec qui je flirtais depuis quelques temps. Une rencontre grâce à Tinder. L'application des filles et des gars faciles à apprivoiser. J'espérais que cette demoiselle accepte l'invitation que je lui proposais par message. Me rejoindre dans ce magnifique lieu. Un endroit fait pour se parler, voir peut-être pour se fusionner.

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TAKE ME NOW. TAKE ME DOWN.

Suis-je toujours en dépression ? Malheureusement. Je ne suis toujours pas heureux en étant vivant. Je ne connais pas mon objectif dans la vie. Parfois, je me dis que tout est fini. Pourquoi inviter quelqu'un comme Yura ? Tout simplement parce qu'elle arrivait à me faire oublier mes pensées. Tinder a quand même quelque chose d'agréable. Rencontrer des inconnus sur une application est très… étrange. Je n'aime pas trop me mêler aux personnes que je ne connais pas. A chaque fois, ça finissait par une engueulade, une bousculade puis une bagarre. Mon côté sauvage fini toujours par ressortir. Mais j'ai l'impression que c'était différent avec elle… qu'elle m'avait accepté que je suis. Je n'ai pas pu la voir à cause des fêtes. Cette période de l'année signifiait que je devais voir le reste des Rutherford, à discuter avec eux, de parler du travail que je fais en tant qu'étudiant mais aussi à tenter de se trouver des occupations. Il faut se l'avouer, je m'ennuyais souvent lorsque j'étais avec toute la famille. Une mauvaise habitude, mais je me suis montré de bonne foi même si je mentais en disant que j'étais heureux d'être avec eux. Je pense que ça va me faire le plus grand bien de voir la jeune asiatique. Au loin, je pouvais apercevoir mon rendez-vous. A vrai dire, je ne sais pas si c'était un rendez-vous. Disons qu'elle a accepté de me rejoindre. Je rigole à cause de sa remarque – n'est-elle pas hilarante, sa paranoïa. « Ai-je l'air d'un psychopathe ? Tu vas finir par me vexer. » Peut-être qu'elle a rencontré des personnes qui avaient de mauvaises intentions envers elle. Bon, je l'avoue, j'en ai des mauvaises aussi mais pas au point de faire du mal à quelqu'un. Je pouvais me battre, insulter sauf tuer. Je ne suis pas un assassin. « Je suppose que tu as finalement décidé de passer ta soirée avec ton amant. Tu n'étais pas occupé ? » Toujours en rigolant. Il valait mieux être dans une bonne ambiance pour continuer à apprendre à se connaître.

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Me voir rigoler était une chose rare. C'était une chose que très peu de personnes pouvaient apercevoir. Ce côté angélique qui pouvait me rendre magnifique. En même temps qui préfère la partie maléfique ? Yura parvenait à m'enlever cette obscurité qui prenait possession de mon corps, dès qu'elle était à mes côtés, la clarté pouvait s'éclairer sur la partie dénudée de mon âme. Je ne dis absolument pas que c'est la femme de ma vie. Elle arrivait seulement à me faire sentir que j'étais vivant, moi qui de base, est un mort-vivant. Je n'aimais pas déranger quelqu'un à cette heure-ci, il est tard, il fait nuit, certains rêvent d'être dans les bras de morphée et d'autres font la fête dans une discothèque. Ce soir, cet ange venu de chez elle va me tenir compagnie. Elle va me réchauffer, me parler. Mes prunelles se tournent vers elle. « Dans un film. Peut-être que c'est un de tes fantasmes de te faire kidnapper par un type comme moi. Je ne suis pas chelou. Ça passe ? » Je pense qu'elle doit souvent regarder des films d'actions. Un kidnapping, un mec qui fera tout pour retrouver cette personne. C'était digne d'un film hollywoodien. Mignon ? C’est la première fois qu’on me fait ce compliment. C’est toujours agréable de recevoir un compliment. Les mélodies que dégage mon âme sont des paroles, des discussions, qui ne sont pas comprises à l’œil nu. On ne me prête pas une crédibilité flagrante, et parfois, j’aimerais bien que ça change. Mais je n'y arriverai pas pour l'instant. Elle avait également un charme. Ce charme qui peut se transformer en une chose de sexy et de mignon. Elle avait tout. Son corps, son mental. Toutes ses choses qui font qu’elle est séduisante, charmante. En bref, pas besoin d’expliquer qu’elle était ma came. « Tu faisais ta feignante… Sexy. Sexy. » Je ne peux pas la blâmer, je suis le même quand je suis avec la maison. Posé dans le plaid à manger des crêpes et à regarder une série ou un film à la télévision. « Tu veux faire quelques petits défis ? Peut-être que tu auras une récompense à la fin. » Les défis et moi, une grande histoire d’amour. Je suis un très compétiteur ou alors simplement je suis encore un simple gamin dans ma tête.

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Mes lèvres s'affaissent dans une moue légèrement déçue. C'était bien dommage, j'aurais bien aimé qu'elle refuse pour la taquiner, pour lui dire des choses que des enfants peuvent bien se dire entre eux. Après tout, ça m'aurait sacrément bien emmerdé si ça elle avait refusé. Je retire ma veste pour lui mettre sur ses petites épaules. J'avais noté tous les défis que je suis parvenu à faire, ils étaient gardés dans un petit carnet où j'en profite également pour descendre tous mes adversaires qui avaient confiance en eux. Je prends cet air faussement innocent, ce grand sourire qui se donne l'air intéressant - cette façon de se détacher de ce qu'on pourrait me dire. Je commence à réfléchir à une petite activité que je pourrais faire sans trop désavantager moi-même et ma future adversaire. Je regarde un peu les alentours pour voir si c'était un bon lieu où nous pouvions faire quelque chose d'intéressant. C'est le genre de soirée qui pouvait partir en vrille. Deux compétiteurs qui s'affrontent peut parfois faire des étincelles. « On devrait trouver deux épreuves dans un domaine où l'un est bon et où l'autre est mauvais. » Un peu d'animation ne peut que nous faire du bien. Je ne vais pas lui faire de cadeau, je n'ai pas l'habitude qu'être attentionné avec quelqu'un. Il est vrai que je pouvais montrer ce côté-là avec elle, mais pas quand il s'agit d'un petit duel. « Tu cours vite ? » Peut-être qu'on pourrait partir faire un braquage dans une petite épicerie. Bonnie&Clyde version moderne. On ne va pas s'y risquer. Dans ce pays, ils tirent plus vite que Lucky Luke et même si je ne tiens pas à ma vie, je ne veux pas mourir d'un coup de feu. Ça serait une mort ridicule. « Tu pourrais improviser un poème sur le thème de ton choix ? » L'écriture était un domaine que je maîtrise et entendre ce que les autres écrivent est une douce mélodie qui raisonne dans mes oreilles. Connaître les sentiments, les histoires de chacun pouvaient me faire vibrer et je pouvais les envier.

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‘'Un restau basket'', première fois que j'entends cette expression depuis que je suis arrivé dans ce pays. Visiblement, elle est intéressée par cette pratique qui pouvait rendre fou un commerçant. Qui touche à la marchandise risque de finir dans de sales draps. Puis, il vaut mieux qu'on évite de faire cette activité. Un de ces quatre, on pourra se permettre de le faire mais pas aujourd'hui. Je ne pense qu'elle n'a pas encore la tête sur les épaules pour pouvoir assumer derrière. Beaucoup de personnes finissent par avoir des remords même s'ils volent une orange. « Tu abuses. C'est facile d'écrire un poème. Tu peux le faire sur n'importe quel thème. » Il faut être un minimum créatif et avoir une imagination débordante. Elle peut se permettre de parler d'une sirène qui est devenue maléfique à cause d'un chat noir mais qui parvient à tomber amoureuse d'un pompier. Ou même parler d'une personne qu'elle apprécie. Enfin bref, elle a tous les outils pour faire un poème convenable. « Pardon ? Par chorégraphie, tu veux dire danser ou faire de la gymnastique ? » Non, non et non. Je ne suis pas d'accord pour me déhancher, je suis vraiment nul dans ce domaine. Je danse lorsque je vais en discothèque, et encore, je bouge seulement la tête parfois. Trop flemmard pour faire des mouvements qui risquent de blesser les personnes qui se trouvent autour de moi. J'aurais dû lui proposer de passer la nuit à la maison plutôt que de lui proposer des défis. « Je t'aide à faire un poème et tu m'aides à faire une chorée ? » Donnant, donnant. On aura chacun accomplie notre mission.

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