Je pourrais littéralement passer la nuit dans cette baignoire. L'eau chaude, la mousse, le parfum qui s'en dégage, immédiatement, mes muscles se relâchent, et Duncan reste sur le pas de la porte de la salle de bain, comme un souvenir lointain. Pour l'instant, mais c'est déjà largement suffisant. A peine Hardin est-il revenu avec ma tisane que je l'invite à venir. Après tout, c'est sa baignoire, ma requête est légitime, non ? C'est pas comme si on avait pas déjà été dans des jacuzzis avec Zayn en bonus, c'est la même chose. On va dire ça, ouais. « Je peux le dire si ça t'aide à te ramener dans l'eau. » Je réponds du tac au tac, un fin sourire qui plane sur mes lèvres, tandis qu'il disparaît le temps d'aller faire je ne sais quoi. Mettre de la musique, vu les premières notes qui me parviennent. Quand il revient, je suis à moitié courbée dans l'eau, en train de tremper l'arrière de ma tête tout en glissant mes doigts dans mes cheveux. Puis je regroupe mes jambes contre moi le temps qu'Hardin vienne prendre place, visiblement tout aussi détendu que moi par la chaleur du bain. Je porte ma tisane à mes lèvres, tout en étendant mes jambes à nouveau, par dessus les siennes. A sa question, je hausse un sourcil. « Non, jamais vue. Sauf dans les journaux et les bruits de couloir. » Quand on a un nom plus ou moins conséquent, on se fait toujours connaître à New York, qu'importe l'origine de la personne. « Pourquoi cette question ? » Je l'interroge du regard, lèvres pincées, tout en reposant la tasse à mes côtés, sur le rebord de la baignoire.

Un léger mouvement de ma tête à ses mots, et je retiens une autre réplique qui brûle mes lèvres. Je l'adore cette fille, il n'y a rien à faire. Quelques secondes à peine plus tard et je la rejoins dans l'eau pendant qu'elle mouille ses cheveux. Je peux apercevoir son soutient-gorge et quelque part, ça me calme de savoir qu'elle n'est pas entièrement nue. Non pas que cela m'aurait dérangé, mais cela aurait certainement un peu compliqué les choses. Je souris en la sentant étendre ses jambes par dessus les miennes, et ma main libre vient doucement caresser l'un de ses mollet sous l'eau. Puis je la questionne au sujet de cette fille que je n'avais pu m'empêcher de faire chier à la soirée. Juste un peu. « Parce que j'ai du mal à m'en faire une idée » dis-je en tirant une taffe sur ma cigarette, tout en réfléchissant. Elle avait quand même l'air d'être sacrément à la ramasse, la Agathe. « Enfin, ça serait pas la première fois que Philip nous ramène des potes... enfin tu comprends » dis-je en posant mon regard sur Bleach, et sur les gouttelettes d'eau qui perlaient le long de son visage. Je repensais à son reflet dans le miroir, à mes mains sur ses hanches, et je sentais la chaleur me gagner à nouveau. « Tu te sens mieux ? » demandai-je sans cesser mes caresses.

J'crois qu'y a rien que je puisse demander de plus là, dans l'immédiat. Le bain chaud, la tisane qui me fait du bien aussi bien à la gorge qu'au moral, les mains d'Hardin autour de mon mollet. Bon, peut-être qu'effacer la fille de Belgique du tableau serait un plus, faut l'avouer. Je grimace à la réponse du blond, et je hausse une épaule. « Parce que tu as besoin de t'en faire une idée ? » Tu t'intéresses jamais à personne, Hardin. Pas même aux filles que t'as envie de détruire pour le plaisir. « Ouais, Philip et ses fréquentations... Pas étonnant que mon frère soit son meilleur pote. » Et Miles, aussi. Le trio de vainqueurs. Je fais un bref sourire en coin, tandis que de ma main libre, je joue avec la mousse à la surface de l'eau. « Enfin, est-ce qu'on en a réellement quelque chose à faire ? » Est-ce que t'en as quelque chose à faire ? Est-ce que t'as trouvé une nouvelle proie à attaquer ? J'suis toujours mitigée quand c'est le cas. J'sais jamais si ça me plait ou pas. Peut-être un peu des deux, au fond. D'une traite, je termine l'infusion encore chaude, pour poser la tasse vide à côté de moi. « Ca va. » Les traits un brin plus sérieux, je plonge mon regard dans celui d'Hardin, et je fais un bref sourire, tentant de le rassurer. Puis finalement, sur un coup de tête, je me redresse, debout au milieu de la baignoire en lui faisant signe de la main de se déplacer et s'avancer. « Laisse moi te faire un massage. » J'sais pas si il a besoin de se détendre. Moi, j'ai juste ce besoin d'affirmer ma présence. De rappeler que j'suis là, inconsciemment.

Je sens cette légère tension dans sa voix, et je sais que ça ne lui plait pas. Que j'évoque cette fille, que je dévoile le fait que je me questionne à son sujet. Et j'aime ça quelque part, ça me plait, encore plus dans cet état d'ébriété. J'acquiesce lorsqu'elle parle de Duncan, l'allusion étant évidente. Il en manque un qu'on n'a pas évoqué d'ailleurs, et je me doute que le prénom de Miles doit flotter dans l'esprit de ma belle autant que dans le mien. Pourtant j'apprécie Philip, c'est un gars cool. Sans ses deux abrutis, c'est encore mieux. « Enfin, est-ce qu'on en a réellement quelque chose à faire ? » dit-elle ensuite, et je sais très bien à cet instant qu'elle pense à cette Agathe que j'ai eu le malheur d'évoquer. A qui je n'accorde, au fond, pas vraiment d'importance. « Non » dis-je simplement avec un sourire, après avoir expiré la fumée de cigarette de mes poumons. Il n'y a que toi qui compte Bleach. Je laisse la fameuse Agathe en stand bye dans un coin de ma tête, n'étant décidé à rien de particulier pour l'instant, et préférant largement me concentrer sur cette fin de.. nuit ? Elle qui a repris des couleurs, et qui semble bien mieux que tout à l'heure. Tant mieux. Je la regarde se lever d'un coup, un peu déçu en craignant qu'elle ne veuille sortir, enfin... bien moins en la voyant se tenir en petite tenue devant moi. Un massage ? Il faut être fou pour refuser. « Très, très bonne idée.. » dis-je doucement avec un sourire, m'avançant pour la laisser se mettre derrière moi. J'éteins ma clope dans le cendrier posé là - signe que j'aime vraiment fumer dans mon bain - et je ferme les yeux un instant. En réalité, je suis complètement noué, comme à peu près toujours. Dès l'instant où Bleach pose ses mains sur moi, je sens un long frisson me parcourir, difficile à dissimuler. En fait, ne pas l'avoir sous mes yeux semble décupler mes sens, et chaque fois qu'elle m'effleure, je sens l'électricité me traverser. « Hmm.. » lâchai-je d'une voix rauque pour signifier mon contentement, pliant ma nuque sous ses doigts de fée.

C'est plus fort que moi. A chaque fois. Avec Zayn, avec Hardin, dès qu'une autre fille entre dans le décor, j'ai besoin d'affirmer ma place au sein de notre trio. De m'assurer que je reste la seule qui les connaisse aussi bien, qui puisse se vanter d'être au coeur de leurs vies. Et ma place, je ne voulais la partager avec personne. Egoïste assumée. Possessive manifeste. Je ne retiens pas un sourire grandissant en entendant Hardin m'affirmer qu'en effet, au fond, on avait pas grand chose à foutre de tout ça. Y compris de cette fille, qu'importe ce que signifiait son nom et son héritage. Et quand je me redresse, le corps à demi couvert de mousse, pour proposer un massage à Hardin, c'est totalement pour réaffirmer ma présence. L'instinct guidé par l'alcool, ma convoitise désinhibée, j'attends l'aval du blond pour le contourner et venir m'assoir derrière lui, sur mes genoux. J'appuie alors mon menton sur son épaule, mon souffle venant chatouiller son oreille quand je murmure la voix rieuse : « J'ai toujours de bonnes idées. » Ou du moins, une majeure partie du temps. Là, tout de suite tout du moins, ce massage me semble être une idée brillante, tandis que je viens placer mes mains sur ses épaules qui semblent se relâcher immédiatement à mon contact. « Je vais finir par te traîner de force à l'institut où je me fais masser tous les mois. » Ils se moquent avec Zayn, mais en attendant, je sens ses muscles si tendus que c'en est presque douloureux sous mes doigts. Concentrée, je m'applique sur chaque détail, de la trajectoire de mes mains jusqu'aux soupirs qu'il laisse échapper d'aise sous mes gestes. C'est dangereux. Terriblement dangereux. D'autant plus lorsque je m'approche un peu plus, mon buste dangereusement proche de lui, mes mains placées en bas de son dos, ma bouche appuyée contre sa nuque. « Ca te plait ? » Je connais déjà la réponse. Mais à défaut de voir son visage, je veux l'entendre. « Ou bien est-ce que tu veux que j'arrête ? » Je cherche, encore et toujours.

« J'ai toujours de bonnes idées. » Son souffle chaud près de mon oreille me fait à nouveau frissonner, et je laisse mon corps s'abandonner au massage de Bleach. Sauf qu'au fil des secondes, ce massage prend des allures de désir bien plus que de détente. L'alcool, la chaleur, nos corps dans le même bain.. C'est à peine si je l'entends parler de son institut. Je soupire, mais la tension dans mon corps, elle, se transforme, prend de plus en plus de place et se propage jusque dans ma tête. Je ne pense plus qu'à elle. A ses mains sur moi, à son corps si près du mien à... sa bouche qui se pose sur ma nuque. Arrête ça Bleach. Si elle réagit ainsi suite à ma question sur l'amie de Philip, elle m'a ramené sur le droit chemin là, à cent pour cent. Est-ce que ça me plait ? Est-ce réellement nécessaire de répondre à cette question ? Je peux sentir le sourire étirer ses lèvres contre ma peau, et tout ça commence à me rendre dingue. « Ne t'arrête pas.. » dis-je dans un souffle qui trahit le désir que j'ai pour elle, lui donnant entière satisfaction. Est-ce bien ou mal ce qu'on est en train de faire ? J'en sais trop rien, comme toujours avec elle. Mais je ne parviens pas à me calmer, à rassembler mes idées. Sans réfléchir je me retourne, et l'attire vers moi, jusqu'à ce qu'elle soit à califourchon sur moi. Elle est tellement parfaite. Un sourire malicieux étire mes lèvres en voyant son regard, et j'effleure sa bouche de la mienne. « Tu as trop bu, Bleach Hansen ».

C'est comme une transe dont j'ai pas envie de me réveiller. J'ai toujours été trop proche d'Hardin, comme de Zayn. Mais avec Hardin, y a ce côté tactile bien trop naturel, et c'est en train de prendre une direction bien plus complexe, guidée par l'alcool et notre présence à tous les deux dans ce bain, bien trop proches. Je souris contre sa peau à sa réponse, automatiquement, sans cesser mes gestes sous l'eau du bain. Sans quitter le contact entre son corps et le mien. « T'es sûr ...? » Je recule mes lèvres pour remonter mes mains le long de son échine, mais en une fraction de seconde, je me retrouve face à Hardin, assise au dessus de lui, mon buste collé contre le sien. Ma bouche, dangereusement proche de la sienne, dans un sourire qui pourrait faire perdre pied à n'importe quelle femme. Y compris moi. Dans son geste, une partie de l'eau du bain a débordé jusqu'au sol, mais je n'y prête même pas attention. J'ai le regard rivé vers celui d'Hardin. « Tu as trop bu, Bleach Hansen » L'affirmation quitte ses lèvres, et à chaque syllabe, ses lèvres effleurent les miennes. Je frémis malgré moi, mais je ne bouge pas d'un pouce, si ce n'est pour réaffirmer ma prise derrière sa nuque, et ainsi me serrer un peu plus contre lui. « Tu ne m'apprends rien, Hardin Cooper. » Je réponds dans un souffle, une de mes mains quittant sa nuque pour dégager quelques mèches humides collées à son front. « Et si je ne m'abuse, toi aussi tu as trop bu. » On est tous les deux dans la merde. Royalement dans la merde. Au diable les pensées contradictoires. Et dans un juron étouffé, j'écrase ma bouche contre la sienne.

Elle me cherche et.. évidemment qu'elle me trouve. Evidemment que je cède, appréciant bien trop ce rapprochement physique et cette façon qu'elle avait de me dévorer du regard. Je ne peux pas lutter, et je n'en ai pas envie. Je veux Bleach. Je souris, parce que je sais qu'elle me veut aussi, et que nous sommes ni l'un ni l'autre en état d'être raisonnable. A quoi bon être raisonnable après tout ? Ce n'est pas la première fois. Mais ça n'arrive pas tous les jours non plus. Alors autant en profiter. Je la taquine de mes lèvres, et je la sens délicieusement frémir, me donnant encore plus envie de réduire le peu d'espace entre nous. Oui, moi aussi j'ai trop bu. Tellement que lorsqu'elle m'embrasse, je fonce tête baissée dans ce baiser passionné. Je ne m'en lasserais jamais. Mes doigts glissent moi aussi jusqu'à sa nuque que j'agrippe, lui rendant son baiser avec sensualité. Je l'embrasse comme j'en embrasse aucune autre. Mon autre main se pose sur sa taille nue, et j'aimerai que le temps s'arrête tellement je suis bien, là. Bleach est mon héroïne, et elle vient de me donner ma dose. Les choses pourraient facilement déraper mais... quelque chose dans ma tête me dit de calmer le jeu. Elle a bu. Beaucoup trop. Qui sait ce qu'elle en penserait demain si on fait n'importe quoi. Doucement je freine nos ardeurs, jusqu'à me détacher lentement d'elle. Je me pince les lèvres pour réfréner un sourire, ravi de voir sa bouche légèrement rosie. « Je ne vais pas abuser de toi plus longtemps » dis-je toujours avec malice, mes doigts glissant de sa nuque à ses épaules. « Ou plutôt, je ne vais pas te laisser abuser de moi plus longtemps ! » dis-je faussement outré, riant pour bien lui montrer que je ne la rejette pas. Au contraire. Je compte bien à ce qu'elle dorme dans mes bras cette nuit. Doucement je l'attire à moi pour la serrer contre moi, la laissant poser sa tête sur mon épaule.

J'me souviens même plus de quand ça a commencé. Peut-être au lycée, à l'époque où je soupçonnais une prof de crusher sur Hardin. Je m'étais collée à lui si fort que j'pense que même la prof avait pu sentir la pression de mon buste sur le sien, et elle était restée plantée là, comme une conne, pendant que j'effleurais les lèvres du blond en disant que non, il ne serait pas disponible pour je ne sais quelle lecture pour je ne sais plus quelle classe plus tard. Ca l'avait fait rire sur le coup, lui. Moi, j'avais surtout la rage devant cette vieille truie qui lui faisait les yeux doux. Et à partir de là, chaque fois que je voulais éloigner une fille qui rôde, je reprenais ce petit jeu malsain avec lui. Des caresses fugaces, des étreintes sensuelles, et parfois, quelques baisers volés. Sauf que ce soir, j'ai personne à rendre jaloux, juste ce brasier à éteindre contre sa bouche, à apaiser au contact de ses doigts sur ma peau... Ou attiser d'autant plus. J'en ai presque la tête qui tourne, je manque d'air, j'ai les ongles qui se plantent dans la peau de son dos au niveau de sa nuque, et quand Hardin décide de reculer, c'est pantelante, les lèvres légèrement gonflées et rougies, trahissant mon désir. Je recule un peu, je passe le bout de mes doigts sur mes lèvres, et je souris à mon tour. « Il n'y a qu'avec moi que vous jouez les prudes. » Lui comme Zayn enchaînaient les conquêtes, et pourtant j'étais la seule à ne jamais avoir franchi de limite avec eux. Avec Hardin, ça s'est toujours limité à quelques baisers échangés. Et Zayn... Zayn, il est juste pas intéressé, il préfère plaisanter et aller se taper tout le campus. Et après, il ose se plaindre qu'on aie quitté New York. Il devrait plutôt nous être éternellement reconnaissants d'avoir visé l'Ivy League et une université pleine de filles aux mensurations parfaites. Petit con. Puis Hardin m'attire à nouveau contre lui, et je loge mon visage dans le creux de son cou, une de mes mains plongeant dans l'eau chaude du bain pour arroser son dos à l'aveuglette. « t'es fatigué ? »

Les doigts de Bleach tracent des lignes de feu dans ma chair, et il me faut tout mon sang froid pour parvenir à calmer le brasier qu'elle a lancé. Je pense à elle, qui est saoule, qui ne se rend certainement pas tout à fait compte de ce qu'elle fait et.. une partie de moi pense à Zayn aussi. Et s'il percevait tout ça comme une trahison ? C'est toujours vers moi que Bleach vient pour un câlin, ou un baiser volé. Elle a toujours agit ainsi. Pourtant, je sais qu'elle a autant besoin de lui que de moi. Je ne lui suffit pas. Et je l'ai accepté depuis longtemps. « C'est juste que... » commençai-je après un léger soupir, comprenant tout de suite qu'elle faisait allusion à Zayn et moi-même. « C'est parce que toi tu comptes. » Ce n'est pas logique, mais c'est la réalité. Je ne peux pas me jeter sur Bleach comme s'il s'agissait d'un bout de viande. Je la serre contre moi, et je tente de ne pas trop réfléchir à ce qu'il vient de se passer. Pas pour l'instant. « Ouais, pas toi ? » dis-je en réponse à sa question. En même temps, le jour doit certainement être en train de se lever là. Ça ne m'étonnerait même pas qu'on se réveille qu'en fin de journée elle et moi. J'attrape doucement son menton avec mes doigts, et dépose un baiser furtif sur ses lèvres avant qu'elle n'ait pu réagir. Puis je me redresse, remuant l'eau autour de nous, et attrape mon peignoir accroché non loin. J'en attrape un propre pour elle, et attends qu'elle sorte de l'eau pour emmitoufler dedans. « Je te passe un t-shirt ? »