On était pas potes c'est vrai, mais Tierney restait mon meilleur ami. C'était complètement légitime de me renseigner sur ce type et de lui laisser entendre qu'il avait intérêt de bien le traiter sous peine de se prendre mon poing dans la gueule. Il était sans doute plus baraqué que moi, mais c'était loin de m'impressionner. Il a pas besoin de ma bénédiction, il est majeur et vacciné, il fait ce qu'il veut. Je veux juste m'assurer de pas devoir le ramasser à la petite cuillère une fois que t'auras pris ton pied. Il faisait exprès de ne pas comprendre, et en plus il continuait gentiment à me prendre pour un con malgré mes efforts pour rester cordial. Intérieurement j'espérais que Tierney lui mettrait un gros stop et que je n'aurais plus à le revoir. Je m'imaginais mal le matin au petit déj à devoir supporter son humeur de chien. J'avais des limites quand même. Bon ben au moins un truc sur lequel on est d'accord. On peut pas se sentir. Pourtant on risque d'être amenés à se croiser donc faudra juste faire semblant. Je pris une autre gorgée de ma coupe avant de conclure. Tu dois vraiment pas avoir beaucoup de potes toi. Vu comme il ne savait rien faire d'autre que d'agresser les gens, il avait autant de chance de trouver quelqu'un qui le supporte, qu'un boulot dans notre branche. En droit, il faut toujours savoir garder le sourire, même lorsqu'on a un véritable connard en face. Le sang froid est la clé de la réussite. C'est pour ça que j'avais tenu aussi longtemps dans ce métier. J'avais appris à refouler toutes mes émotions depuis la perte de mes parents. Un mal pour un bien on pourrait dire. Je finis par poser tout ce que j'avais dans les mains, les essuyant rapidement avant de me tourner vers lui. C'est pas l'envie qui me manque de t'en mettre une, mais j'ai pas que ça à faire. J'imagine que j'ai pas besoin de te montrer où est la sortie. Ravi de t'avoir reçu en tout cas. Je finissais avec un grand sourire, hypocrite au possible. Fallait bien que je m'entraîne pour le moment où je le verrai débarquer en calbut dans ma propre cuisine. Un cauchemar.