C'était un vendredi soir, et il pleuvait. C'était pas torrentiel, non, loin des averses d'orages diluviennes qui surviennent habituellement en période estivale. Là c'était plus léger, plus persistant aussi. Le genre à pénétrer chaque maigre couche de tissu, rongeant l'épiderme, laissant courir des frissons glacés le long de la colonne vertébrale de Lexa. Resserrant les pans de sa veste trop fine autour de sa taille trop frêle, elle pressa le pas, rentrant sa jolie tête brune au creux de ses épaules. A son poignet, les aiguilles de sa montre avaient passées minuit depuis plusieurs minutes alors que les lampadaires de Toulouse éclairaient ce chemin qu'elle ne connaissait que trop bien. Ses pieds meurtris par sa journée trop longue foulaient les pavés avec un automatisme non dissimulé. Elle n'avait pas encore dix-huit, était en pleine révision du bac, mais travaillait déjà d'arrache pied en dehors du lycée depuis quelques années. Elle fut bientôt devant l'immeuble abritant le petit appartement des Rosier. Il n'était ni récent, ni ancien, sans modernité ni charme, simple bloc grisonnant dont les sautes d'humeur du néon fatigué de la cage d'escaliers ne surprenait plus personne. Ils habitaient là depuis presque huit ans maintenant, suite à l'accident du travail qui avait frappé le père des jumeaux, l'handicapant physiquement de façon importante. Depuis, tout s'était écroulé pour leur mère, se retrouvant à assumer seule le poids d'une famille de quatre, sans compter les soins médicaux de son mari. Lexa et Max durent apprendre à grandir vite. Trop vite, dans le but pour aider à la survie de la famille. Mais alors qu'elle franchissait la porte de l'appartement, la lycéenne ne s'attendait pas à trouver Maxence qui l'attendait. Un seul regard suffit pour qu'elle comprenne. Capacité déstabilisante, dérangeante pour autrui qui ne me parvenait pas à concevoir ce lien qui les unissait. Elles sont arrivées. Les réponses. Ce n'était pas une question, mais une affirmation. Ils les attendaient depuis plusieurs jours déjà. De la même façon qu'ils avaient sauter le pas de leur demande d'admission, passés leurs test, ils allaient ouvrir ces fichus lettres. Ensemble. Et ce jour-là, tout s'accéléra enfin. Comme le déclencheur d'un appareil photo, leur vie s'anima enfin, les forçant en dehors de leur grise routine. Ils étaient accepté à Harvard. Tous les deux.

01. est née et a toujours vécu à toulouse, dans le sud de la france. 02. a un frère jumeau, maxence, duquel elle est exceptionnellement proche, elle donnerait tout pour lui. elle reste d'ailleurs toujours dans son ombre, persuadée qu'il est le véritable génie de la famille. 03. leur père a un accident du travail alors que les jumeaux ne sont âgés que de dix ans. ça le détruit, physiquement comme psychologiquement. suite à ça, la famille croule rapidement sous les factures, forçant leur mère et les enfants à travailler d'arrache pied pour maintenir la tête au dessus de l'eau. ils déménagent dans un plus petit appartement, cumulent les boulots. lexa, elle a donc apprit à grandir beaucoup trop vite, oubliant les innocences d'enfances, ne les apprenant qu'à peine. 04. malgré le fait qu'il s'était refermé sur lui-même, lexa n'a jamais cessé d'être là pour son père et garde un lien très fort avec lui. 05. son truc à elle, c'est l'art. principalement le dessin et la peinture, pour lesquels elle n'a jamais pris de cours. c'était ce qu'elle aimait. elle n'avait besoin de personne. juste une feuille, un crayon, et la plénitude qu'elle ressentait au crissement de la mine sur le papier. 06. lors de sa dernière années de lycée, elle fait la démarche d'intégrer harvard avec son frère et est reçue. 07. quatre ans après, elle y est toujours, se maintenant dans la tête de sa promo, respirant jour après jour l'air de liberté américain, commençant tout juste à profiter d'une vie qu'elle n'aurait jamais envisagé possible. et si ce n'est pas facile tous les jours et qu'elle n'a pas pu rentrer en france depuis son arrivée, elle ne veut rien regretter.