C'est donc ça, les imprévus des coups d'un soir. J'assume, je peux bien l'aider, on a quand même couché ensemble, je peux pas la jeter comme ça comme un sale torchon dans la rue. J'ai quand même une conscience. Même si ça me fait chier, clairement. J'aurais aimé qu'elle se barre, et rentrer chez moi pour pieuter. Je lui donne une bouteille d'eau, et elle arrive encore à rire. « normal je pisse dedans. » je suis con. C'est pas drôle, bien que ça arrive que les mecs pissent dans une bouteille de secours quand ils ont pas le temps de s'arrêter en voiture. Je suis inquiet, j'ai pas envie qu'elle nous fasse un infar ou je sais pas trop quoi. Et là, elle se penche de nouveau, avec le réflexe incroyable de vomir hors de la voiture. Ok donc l'eau, ça passe pas. Je me permets de lui tenir les cheveux pour ne pas qu'elle s'en foute partout puis elle revient s'appuyer contre le dossier, avec un sourire fatigué sur les lèvres. Et elle pleure. ça, c'est la sonnette d'alarme. Rentrer chez elle, bien sur. « d'accord si tu évites de décorer ma banquette arrière de ta gerbe. » je prends soin de l'attacher puis je ferme la portière. Je débarque devant, j'allume le moteur et je regarde par le rétro du milieu, pour vérifier qu'elle ne s'endort pas. « je te dépose où ? » pas à l'opposé du monde svp. A mon avis, elle doit être du coin, genre une étudiante peut-être, quoi que... elle a quand même la tête et le physique d'une strip-teaseuse. Quoi ? Je la connais pas, je la reverrais jamais, j'ai le droit de juger dans ma tête, merde.

Je suis pas tout bien non plus, même si j'ai pris de la drogue, h24 et que je suis saoul, j'ai quand même un mal de crâne, mal partout d'avoir fait un effort et mentalement, je m'inquiète un peu pour cette étrangère. Mais un peu hein, car je compte quand même rentrer vite au lit pour évacuer. Elle, elle s'est vidée de ses tripes, elle se sent déjà plus soulagée. Je l'attache, je conduis comme un chauffeur et je me débrouille pour trouver le chemin de la quincy, sans me faire arrêter par la police car si elle me contrôle, je suis mal barré, surtout avec cette nana totalement à l'ouest, en souffrance sur ma banquette, ça peut sérieusement faire suspect. Si je dis qu'elle était consentante, ils vont me rire au nez. « on est arrivé. » je suis obligé de la réveiller doucement pour qu'elle rouvre les yeux. Je la laisse sortir, je vérifie bien qu'elle marche droit jusqu'à la maison des oranges et lorsqu'elle traverse la porte, je me sens soulagé. Ouf, c'est bon, elle est arrivée à bon port. Quant à moi, je rentre dans la voiture, ni vu ni connu et je roule directement mon appartement pour enfin sauter dans mon lit et y dormir de longues heures, en faisant d'agréables rêves, étrangement. Pas pour elle on dirait ce soir, la nuit risque d'être sacrément longue.