Tout est encore noir. Embrouillé. Tu es épuisé. Fatigué. De tout ça. La mort est une partie de ton quotidien, comme ci elle ne pouvait se passer de ta présence. Sa fidèle compagne, appelé Souffrance, retrouve toujours sa place en toi. L’accident a laissé de légère séquelles. Tu revois encore ta mère pleurer de joie quand elle a su, Dieu merci, que tu ne serais pas défiguré. Parce qu’un fils laid, c’est bien pire qu’un fils mort. Les apparences sont reines dans ton monde, alors on peut pas dire que ce genre de remarque t’as étonné. Et elle a beau être un pot de colle depuis ce qu’il s’est passé, tu craque quand Al t’annonce ce qui est arrivé à Camcam. Comme ton ange a voulu voler, Camcam a voulu partir dans le sang. Perdant pieds. Et toi, c’est la patience que tu perds. Tu ne réfléchis plus, oubliant la douleur pour enfiler un tshirt et un jean, Al vérifie tes bandages et ta genouillère tel un père protecteur. Basket aux pieds, tu es bien loin de ta classe habituelle, mais tu t’en fiche. T’enfiles un blouson, lunettes de soleil sur le nez, t’avances vers la sortie et quand ta mère t’intime de ne pas sortir, tu ne t’arrêtes pas. Si elle empêche Al de venir, tu conduiras toi-même, tant pis. Bon par chance, tu trouves un chauffeur a qui tu dis que tu es Abélard et il t’emmène. Tu marques un temps d’arrêt devant chez elle. Et puis tu frappes, trois coups. Attendant patiemment, capuche sur la tête, lunettes de soleil pour passer incognito. Et t’attends. Et tu sais d’avance que ça va être dur de la voir comme ça. Tu le sais parce que tu la connais.

Le temps semblait prendre son temps pour passer. Les secondes semblaient être des minutes et les minutes des heures. La vérité, c’était que sans toi, sans Camila, j’avais aucun goût à vivre. Vous étiez toujours là, mais une part de moi me rappelait que la vie ne tenait qu’à un fil et qu’à tout moment j’étais susceptible de vous perdre pour toujours. C’était putain d’égoïste de penser comme cela, mais sans vous, j’étais perdue, sans vous plus rien n’avait de sens et je n'étais pas capable de réfléchir et d’agir normalement. Aym étant en congé maternité, je n’avais pas l’occasion de me faufiler dans la chambre de Camila pour la nuit, alors je me contentais d’être vautré dans mon canapé, dévorant la série The OA sur netflix. Pourtant, c’était le bruit d’un poing contre le porte qui me sortait de mon épisode. Je marchais, traînant des pieds jusqu’à la porte, pour regarder dans l’œillet qui venait me déranger à cette heure-ci. Mon cœur semblait faire un bond dans ma poitrine, quand je réalisais que c’était toi et que moi, j’étais habillée d’un tee-shirt bien trop grand pour moi et d’une grosse paire de chaussette en pilou-pilou. Je me recoiffais brièvement avant d’entrouvrir la porte et te laisser t’immiscer à l’intérieur. « Eh.. » Que je soufflais en laissant la porte se refermer toute seule pour m’approcher un peu plus de toi. Mes mains glissaient jusqu’à tes lunettes pour te les retirer et avoir tout le loisir de voir ton regard aussi perçant que déstabilisant. T’étais beau, même dans un accoutrement qui ne te ressemblait guère. « J’ai bien cru ne jamais te revoir. » Et je n’osais même pas poser mes mains sur toi de peur de te faire mal. Je me hissais sur la pointe des pieds, rapprochant mes lèvres des tiennes, sans pour autant les unir. « Laisse-moi t’embrasser.. » Rien qu’une fois, parce que je ne voulais jamais plus ressentir cette peur de te voir m’échapper. T’étais mien Hadès et la vie, elle était assez cruelle pour vouloir nous arracher l’un à l’autre et j’en avais marre d’avoir peur. Alors pour une fois, je te réclamais un peu de nous.

Tes vêtements sont loin de refléter qui tu es, mais ton état de santé encore moyen en dépit des apparences, ne te permettent pas de te balader à ta guise. Depuis l'accident, tu restes la plupart du temps à la résidence royal, rendant les visites impossibles. T'as de la kiné respiratoire à faire tout les jours par prévention, des médicaments pour les bronches à prendre, trois fois par jour et en cas d'un peu de fievre, tu sais que tu seras de retour à l'hôpital, parce que ton organisme suit moins. En plus de ça, les trois cotes cassés à cause de la ceinture de sécurité, un cocard à l'oeil parce que ton air bag s'est pas déclenché à temps et que tu t'es pris le volant en pleine gueule, une légère brulure au bras et un genou douloureux. Autant dire, trois fois rien enfaite. Pourtant, t'es sorti. Pour la voir. Et quand elle t'entrouvre la porte, tu entres et la découvre, dans son tshirt trop grand, ses grosses chaussettes et ses cheveux en bataille qu'elle a probablement essayé de coiffer rapidement. Tu ne la quittes pas du regard, trop content de la voir. Incapable de sourire, paralyser par sa beauté. Elle aussi, à l'air heureuse de te voir. Elle retire tes lunettes de soleil, les posant à côté et tu la regardes, ton regard brun dans le bleu de ses yeux. Tu sais bien que je suis plus coriace que ça, et plus têtu. Et puis, il fallait que tu viennes, elle avait besoin de toi non ? Et c'est ce qu'on fait je crois,, on aide les gens qu'on aime. Toi et elle, vous êtes un genre de team. Unis, envers et contre tous. Elle s'approche de toi, se hissant sur la pointe des pieds, vos lèvres se frollent presque, elle n'a qu'une demande. Une seule. Et tu ne te fais pas prier, au diable la douleur, même si là, ça va faire probablement mal, tes mains se posent sur ses joues, emprisonnant son visage, tu joins tes lèvres aux siennes. La douleur vive que tu ressens ne t'arrête pas un seul instant. Tu l'embrasses, avec l'intensité d'un premier baiser, t'as pas envie de te décrocher d'elle, pas encore.

C’était compliqué de garder la tête haute, quand j’avais eu peur de te perdre toi et de perdre Camila. Vous étiez mon monde vous deux, et vivre sans vous, ça ne me laissait qu'Aymalyne, et même si ma sœur était un soutien sans faille depuis nos réconciliations, j’avais pris en maturité et je savais que j’avais besoin de pilier comme vous pour réussir à tout surmonter. Alors quand je voyais dans l’œillet que c’était toi, je me recoiffais à la va-vite, mais j’avais honte dans cette tenue à déplorer. J’entrouvrais la porte, pour te voir te faufiler rapidement à l’intérieur. On n’était jamais à l’abri que des gens nous surprennent et je ne voulais pas que notre relation ait un impact négatif sur ta vie, mais c’était difficile pour moi d’être constamment loin de toi. Je n’en voulais pas à ma sœur d’avoir lynché Abélard, étant donné qu’il avait aucun scrupule à la traiter comme de la merde, mais à l’heure d’aujourd’hui, en t’aimant toi, ça avait un impact sur nous. Je m’approchais de toi pour retirer tes lunettes et voir tes beaux yeux brun, droit rivé sur moi. Tu sentais à quel point, j’étais heureuse de te voir là ? Alors sans aucune pudeur, je t’avouais avoir eu peur de ne jamais te revoir. « Je sais, mais.. Tu sais que sans toi je n’y arrive pas. » C’était au-dessus de mes forces et je n’arrivais pas à contrôler mes sentiments envers toi Hadès. Est-ce qu’ils étaient trop fort ? Au point de nous détruire l’un et l’autre ? Probablement, mais c’était notre force, c’était comme ça et les gens qui nous connaissaient savait que rien n’arrivait à réellement nous éloigner. Je m’approchais un peu, venant pratiquement frôler tes lèvres quémandant un bout de nous, un bout de toi, un bout d’espoir. Tu déposais tes mains sur mes joues, alors que tu réduisais peu à peu la distance minime entre nos lèvres pour finalement les sceller dans un baiser aussi doux que passionner. Cette fois, j’avais réellement l’impression d’apprendre à respirer à nouveau, une vague de chaleur s’emparait de mon corps alors qu’une de mes mains glissait dans ta nuque avec tendresse, ne voulant pas rompre cet échange. Pourtant, après quelques secondes, je décollais mes lèvres des tiennes, ouvrant les yeux pour te dévorer du regard. « Promets-moi de ne plus m’abandonner.. ? » On ne pouvait pas fuir Hadès, on ne pouvait plus, parce que moi, j’le sentais que c’était toi. T’étais mon âme-sœur, malgré toutes les complications qu’il y avait entre nous.

La faucheuse semble être dans les parages, pour toi et tes amis. Comme une vieille amie qu'on aime pas, mais qui s'invite quand même à la fête. Après ton accident, c'est Camcam qui a voulu en finir. Tu sais sans mal que Cléo, ta Cléo le vit mal. C'est pas très dur à deviner. Et toi, t'en pouvais plus, d'être enfermé. D'être loin de tout. D'être loin d'elle. T'es sorti, sans autorisation du médecin, ou plutôt contre ses ordres. Sortant dehors, retrouvant une part de cette liberté qu'on te prive. Malgré les cris de ta mère mais avec le soutient de Al, parce que Al comprend que tu as besoin de sortir. Devant chez elle, tu frappes à la porte et la découvre. Putain ce qu'elle est belle. Même sans maquillage et endimanché. Si elle se voyait comme tu la vois, elle saurait à quel point t'es en admiration devant sa classe à chaque fois. Elle est surprise et soulagée de te voir. Mais elle devrait le savoir non ? La mort, tu lui dis merde, à chaque fois. Je suis là, maintenant. que tu ajoute à la suite de ses paroles, pour la rassurer. Rien n'a pour le moment réellement réussi à vous éloignez l'un de l'autre. Attiré comme deux aimants. Similaire sur bien des points. Elle approche de toi, dangereuse tigresse, frolant tes lèvres, quémandent un baiser que tu veux tout autant. Approchant un peu plus d'elle, tes mains qui emprisonnent son visage pour finir par l'embrasser, avec cette passion qui vous anime. Ton coeur s'emballe, un peu trop je pense, et tes cotes te font souffrir probablement un peu trop aussi, mais tu t'en fou, parce que ça, l'embrasser, c'est ta manière à toi d'être certains que t'es vivant et avec elle. Sa main glisse, avec douceur sur ta nuque, pour te rendre cette passion. C'est elle qui finit par se séparer de toi et tu reprends ton souffle, qui est un peu plus difficile à cause des inhalations que tu as eu pendant l'accident. Et t'as beau avoir mal partout, là, maintenant, tu te sens entier. Tes mains descendent pour attraper ses hanches et la garder contre toi, encore un peu. C'est promis. que tu réponds en un souffle avant d'embrasser sa joue avec tendresse. Vous la voulez l'ironie ? Là, si t'avais pas aussi mal, tu aurais fort probablement craquer, après tout le temps que vous avez attendu, là, ça aurait été le bon moment. Tu m'as manqué. un aveu qui en dit long sur ce qu'il y a entre vous. Quand t'es à ses côtés, la douleur, elle disparait. Laissant place à une sourire, sincèrement heureux de la voir.