efrain & jonah

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« Petit con, je crois me souvenir que ça te déplaisais pas tant que ça ! Enfin, je crois ? », ricanait finement Jonah qui parvenait à se souvenir de ces moments durant lesquels il avait pu se montrer réellement collant à son égard ; c'était plus fort que lui, toujours à chercher le contact, à s'allonger quasiment sur lui pour s'assurer de passer une bonne nuit, toujours prêt à attirer son regard dès lorsqu'il n'avait pas eu l'attention de ses iris depuis de longues minutes, quitte à l'ennuyer durant ses révisions. Il se doutait bien avoir été un peu excessif parfois, cependant aimer profondément quelqu'un, surtout dans son cas de tout ou rien, ça devenait rapidement de la pure folie, mais existait-il une réelle façon d'aimer sainement ? Jonah avait longuement été complètement dingue de lui, accro, atteint jusque dans les tréfonds de son âme, il n'existait pas une partie de lui n'ayant pas été touché par cette multitude de sentiments aussi vifs, addictifs et délicieux soient-ils, aujourd'hui encore ils demeuraient présents, malgré lui. « Mauvais perdant », marmonnait-il, toujours un peu perdu dans les doux souvenirs du passé auquel il aimait se raccrocher. Efrain ne semblait pas du même avis que lui quant à cette victoire fulminante et ce trophée bien mérité. Ça ne pouvait que le faire sourire et l'amuser davantage. Ce qu'il voulait ? Il voulait un aller simple vers l'époque la plus heureuse de cette médiocre vie, il voulait pouvoir l'embrasser, le toucher, le regarder de la même façon dont il avait autrefois eu l'habitude. Laisser ses lèvres parcourir, redécouvrir son corps, ses courbes, chaque parcelle de sa peau, y laisser des marques, vives ou non, qui prouverait combien il lui appartenait, combien il était sien, prouver que cette place ne serait occupé par personne d'autre. Il voudrait pouvoir lui susurrer des mots interdits, des choses qu'il n'avait jamais pu dire, qu'il n'était pas parvenu à prononcer, lui émettre ses déclarations les plus poignantes, les plus brûlantes, les plus sincères. Puis, dans un élan de fougue, abandonner ce spleen étouffant aux ténèbres pour réapprendre à vivre, là, dans le creux de ses bras, réapprendre à exister, à jouir de chaque petit détail de ce bonheur qui n'appartiendrait qu'à eux. Tout ce qu'il désirait réellement lui semblait indisponible, inaccessible, s'évadant vers des horizons troubles, qui, peut-être, il ne recroiserait jamais. Ce fut une chance considérable que de sentir ses doigts courir une douce course dans cette tignasse qui n'en faisait qu'à sa tête, l'arrachant aussitôt des songes dans lesquels il s'était plongé, en profonde réflexion avec ses démons qui lui soufflaient des désirs qu'il n'oserait pas avouer, pas ce soir, pas ici, pas comme ça. C'était sûrement idiot, parce qu'il s'agissait peut-être de la dernière fois, lui qui vivait au jour le jour en s'étant promit de toujours dire ce qui lui passait par la tête de peur de n'en avoir jamais plus l'occasion, seulement là, aux côtés d'Efrain, il se sentait tout petit et ses profondes envies étaient bien trop grandes, sa peur, cette crainte l'était elle aussi. « Je voudrais que tu me ramènes jusque chez moi en me portant sur ton dos, je suis pas en état de marcher, je suis ivre », plaisanterie accompagné d'un rire sous lequel était dissimulé un tout autre sens – il était ivre, certes, mais ivre de sa voix, de son regard, de ses mots, ivre mort et pourtant, son corps, son cœur et son âme en réclamait encore.

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« Si je réponds à cette question, je serais obligé de te tuer ! » J’ai un sourire de fouine au coin des lèvres, parce que nous savons tous les deux ô combien j’aimais qu’il soit collant, comme il dit. Je me souviens même en avoir redemandé encore et encore, si bien qu’il devenait parfois compliqué de nous décoller l’un de l’autre. Passion Netflix, Chill, Food and Hugs avec des journées entières passées au lit tous les deux. Je n’ai jamais connu cela avec personne d’autre, déjà parce que je suis quelqu’un d’hyperactif qui a beaucoup de mal à rester à la maison devant la télé, ensuite parce que personne ne m’a jamais donné envie de tout laisser derrière par simple désir de profiter de la vie et d’optimiser le temps passé tous les deux. « Mauvais perdant, c’est bien moi ! » Je lui tire la langue, fier de ma bêtise. Cette affirmation me sert de diversion, elle m’accorde suffisamment de temps pour pouvoir laisser mon regard se perdre à nouveau sur ce corps que je ne connais que trop bien. J’ai passé des heures à le découvrir, à l’explorer, à le caresser, l’embrasser. J’en connais chaque parcelle avec précision. Il a peut-être changé, il s’en passe des choses en deux ans, peut-être qu’il est tatoué de partout, qu’il a de nouvelles cicatrices, des piercings ? Jonah n’a jamais été du genre à casser son porte-monnaie pour des piercings mais qui sait ce qui peut arriver dans l’euphorie d’un moment. Le mauvais joueur que je suis accepte néanmoins de lui accorder un trophée, et pas n’importe lequel mesdames et messieurs, celui de son choix. Il reste un temps pensif, surement à la recherche du prix le plus intéressant à quémander. Il a raison, j’en ferais de même, ne pas se précipiter pour laisser le temps aux idées de croitre et d’aboutir sur quelque chose de suffisamment prometteur. Mon petit cœur tape tellement fort dans ma poitrine, soucieux de voir ce suspense prendre fin, d’obtenir une réponse qui, pour l’heure, demeure inconnue et me pousse à envisager des tas de scénarios qui font s’accélérer ce putain de palpitant davantage encore. Tu as toujours eu l’esprit trop fertile Efrain, calme toi ! Je n’ai qu’à légèrement incliner la tête pour pouvoir le regarder, lui qui est confortablement installé contre mes genoux. Mes doigts s’égarent dans ses doux cheveux avec tendresse, je sais qu’il adore ça… Jonah, il était pire qu’un gamin qui quémande un cadeau dans un supermarché, il venait me rejoindre sur le canapé ou au lit avec sa petite tête de chien battu et il n’avait qu’à tendre la tête pour que je comprenne qu’il voulait des papouilles. Mon camarade prend enfin la parole et mets un terme au suspense, le raccompagner chez lui ? J’acquiesce en riant, parce que ce devrait largement être envisageable, en effet. « D’accord, ça me parait plutôt raisonnable comme offre. » J’abandonne ses cheveux non sans éprouver une légère pointe de regret et me redresse en lui tendant la main pour qu’il en fasse de même. « Allez viens, petit singe, ton chameau est affrété. »

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Les secondes, les minutes s'écoulaient et plus le temps défilait, plus la situation évoluait et prenait des directions qu'il n'aurait jamais cru possible. Dès lorsque son regard avait percuté le sien la première fois fois au cours de la soirée, il s'était fait à l'idée de fuir, de disparaître de son champ de vision, de l'éviter et de ne plus jamais avoir à le croiser, malgré ça, le contrôle ne lui appartenait plus, il avait suffit d'un mot, d'un geste, d'un sourire, pour que la donne ne soit plus la même. Dorénavant, il ne voulait plus lui échapper, il n'avait plus envie de courir, de s'éloigner, il était déterminé à prendre sur lui, à balayer cette colère, cette rancœur et ces mauvais moments pour accueillir la paix. Tant pis si ça lui coûterait mainte et mainte nuits d'insomnies, des excès aussi euphorique que troublant, lacérant et tant pis si ça lui prenait son temps, son souffle, son énergie. Il n'avait plus grand-chose à quoi se raccrocher, c'était l'opportunité d'avoir un nouvel objectif, un but ultime qu'il essayerait tant bien que mal de mener jusqu'à son terme. Ça n'allait pas être facile non, mais en reconsidérant les choses sous un angle différent, il lui avait offert bon nombre de sourire, d'éclat de rire et de gestes qui prouvait qu'il était peut-être en effet entrain de revoir les choses, de les analyser d'un point de vue opposé, prenant en compte qu'il n'avait pas été le seul à souffrir de la terrible situation, du manque cruel et de ce besoin qui, tristement, n'avait jamais su être correctement comblé. Cette brève conversation aurait dû lui parvenir plus tôt, l'un aurait été alléger des non-dits qu'il portait lourdement sur ses épaules alors que son semblable aurait peut-être vu ses émotions négatives se dissiper pour enfin, le laisser se reconstruire. Il n'est jamais trop tard, dit-on, sûrement qu'il ne l'était pas non plus pour Jonah ; ce sont ces infimes possibilités, ces espoirs presque inexistants qui le poussait à toujours voir plus haut, plus loin, à viser juste et à faire la part des choses et cette fois, à accepter les explications pour s'en faire un pansement, un pansement qui guérirait cet ouragan de pensées monstrueuses. En attendant, il prenait chaque instant comme un cadeau, laissant au placard les doutes accumulés, les crises de colère, indifférence et simulation – seule la sincérité était de mise ce soir et il ne pouvait de toute façon pas aller contre les volontés de ce pauvre cœur qui cherchait visiblement à lui jouer de sales tours. Il sentait cette main délicate quitter ses cheveux pour finalement lui être tendue peu après, l'invitant à se relever. Jonah l'a saisissait sans tarder pour se remettre sur ses deux pieds, ce fichu rictus idiot lui, ne daignait pas quitter ses lèvres alors, pour ne pas avoir l'air d'un crétin trop longtemps, il venait simplement contourner Efrain, posant ses mains sur ses épaules afin de prendre appui avant de lui sauter sur le dos. « Me lâche pas, hein ? », j'ai peur de rien qu'il disait toujours, peut-être que se casser la figure dans de telles conditions n'avait jamais réellement été une option envisageable. Quoi qu'il en soit, il passait ses bras autour de son cou pour s'assurer d'être bien accroché ; « Capitaine Kim est prêt, en avant matelot », lâchait Jonah sur un ton théâtral, « il y a pas un bâton qui traîne ? Comme ça, si t'avances pas assez vite, je pourrais te frapper, qu'est-ce que tu penses de cette fabuleuse idée ? Ou je peux toujours te mordre mais ça risque d'être douloureux pour toi, puis tu risquerais d'aller dire à tes amis médecins que tu connais un cannibale à faire enfermer et alors là, on me mettrait en cage pour toujours et ça c'est pas cool, je trouve qu'il y a de meilleurs moyens de se débarrasser de quelqu'un, je parle beaucoup, non ? Ouais, d'accord, je me tais », une fois lancé, impossible à désamorcer.

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J’ai du mal à croire qu’autant d’événements viennent de se succéder en l’espace d’une seule et unique soirée. Ce sont deux années d’ignorance qui viennent d’être détruites au profit d’une démonstration d’une honnêteté perturbante de nos sentiments mutuels. L’animosité, bien-sûr, parce qu’il est tout à fait normal que Jonah soit en colère contre moi pour tout ce qu’il s’est passé et tout ce qui nous a mené à ne pas nous adresser la parole pendant cette période de notre vie… De la tendresse, parce que la colère, les non-dits, la manière dont notre histoire s’est terminée ; tous ces éléments ne pourront jamais aller à l’encontre de tous nos souvenirs et de tous ces moments de bonheur et de complicité que nous avons partagé tous les deux. La nostalgie, parce que de l’eau a coulé sous les ponts, des tas de choses se sont produites alors que nous étions tous les deux très loin l’un de l’autre. Une somme astronomique de variables qui font que j’ai énormément de mal à trouver les mots pour expliquer ce que je ressens. La seule certitude qui découle naturellement de cette soirée, c’est que les choses iront beaucoup mieux dorénavant. Pour moi, libéré d’un poids qui me rongeait l’estomac depuis bien trop longtemps, mais également pour nous deux. Quoiqu’il arrive, nous avons passé un cap. Quelques heures plus tôt, il lui aurait été impossible de m’accorder suffisamment de temps pour se laisser aller à des plaisanteries aussi proches de la gaminerie. Il ne m’aurait jamais laissé le moindre bénéfice du doute, ni se serait autorisé à rigoler à mes côtés. Il lui aurait fallu accepter de baisser sa garde, ce qu’il n’était pas prêt à faire. La situation est nettement plus différente à présent, parce que nous sommes là, tous les deux, l’un contre l’autre, nos cœurs ayant pris le dessus sur nos égos, sur notre fierté pour laisser l’essentiel s’exprimer. Ne s’agit-il finalement pas que d’une histoire des plus classiques : deux âmes qui ont plaisir à se retrouver après avoir été éloignées pendant si longtemps… Le manque peut te faire réagir de manière très surprenante parfois, j’ai encore du mal à réaliser que nous sommes là, allongés dans l’herbe, mes mains tendrement embourbées dans ses cheveux alors que les étoiles se hissent comme les témoins privilégiés de nos retrouvailles. Il est pourtant l’heure, il est temps de laisser le quotidien reprendre le dessus. La parenthèse est sur le point de se refermer alors que rien n’a jamais paru aussi incertain. Ne pas savoir, il n’y a rien de plus effrayant… Parce qu’avant je savais qu’il me détestait, il n’y avait aucun doute à avoir sur ses intentions… A présent, tout est différent… Difficile de savoir sur quel pied danser. Plutôt que de tout gâcher avec des interrogations logiques mais futiles, je choisis de profiter de ces derniers instants. De ce petit bout de chemin qu’il nous est encore possible de partager, de parcourir ensemble. Il se hisse sur mes épaules, ses bras autour de mon cou. « Je te le promet ! » Et je tiens toujours mes promesses. Je m’incline légèrement pour pouvoir trouver un meilleur appui et mieux répartir son poids sur la totalité de mon corps et démarre tel un cheval fou, au quart de tour. J’ai l’air ridicule mais je suis habité par mon personnage, prêt à aller plus vite encore que l’éclair. « Vers l’infini et au-delàààààààààààààààà ! » Les pouvoirs magiques et les ailes rétractables en moins. Il n’y a que de ma grosse carcasse pour nous faire avancer. Jonah, pendant ce temps, cogite aux différentes manières de me faire accélérer, son sadisme toujours aussi délicieusement acidulé. « Tu pourrais simplement opter pour une stratégie plus douce mais à l’efficacité redoutable et immédiate : les chatouilles. Tu dois te souvenir de la facilité avec laquelle tu peux me déconcerter dès que tu fais glisser tes doigts aux bons endroits ! » Rien de tel pour me faire pleurer sous le poids des éclats de rire, me débattre et tenter de m’extirper en vain, bien trop handicapé par les chatouilles. Je m’arrête devant les portes du par cet l’interpelle. « La voie est-elle libre, mon Capitaine ? »

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Il le promettait, qu'il disait, sans réellement savoir pourquoi, il le croyait, fallait dire qu'il n'avait pas vraiment le choix de toute façon, maintenant qu'il avait grimpé sur son dos, il ne le laisserait sûrement pas redescendre. Bien sûr, son acolyte de la soirée trouvait l'idée fabuleuse de partir aussi vite que l'éclair, laissant à Jonah l'opportunité de saluer la mort de prêt, peu ravi à l'idée de lui serrer la main ce soir et d'y laisser sa peau, cependant il ne pouvait nier l'évidence – le voir faire l'idiot, ça l'amusait assez pour le faire rire et ce détail n'était sans nul doute, pas négligeable. L'époque où ils faisaient les cons sans se soucier de quoi que ce soit d'autre lui manquait, toutes ces soirées à rire aux éclats, à vivre d'insouciance, de ne se préoccuper que de l'un et l'autre, c'était à celui qui débiterait le plus de conneries à la minute, en effet, bien que tout ça était derrière eux, il ne pouvait s'empêcher d'y penser encore et encore et d'apprécier le fait qu'à deux, ils avaient pu recréer ça l'histoire d'un instant - qu'importe si c'était éphémère, il donnerait n'importe quoi, tout ce qu'il possédait, pour seulement une poignée de souvenirs supplémentaire. « Si je meurs ce soir, dis à ma sœur que je viendrais la hanter pour qu'elle m'oublie jamais », un petit frère digne de ce nom, voilà ce qu'il était. Quoi qu'il en soit, il était parti sur sa lancée, impossible à arrêter alors lorsqu'il s'était rendu compte qu'il bavardait un peu trop, il s'était lui-même réduit au silence pour éviter de laisser échapper une info, une phrase, un mot susceptible de le mettre dans l'embarras. Ça avait tendance à arriver bien souvent – à son habitude trop silencieux, lorsqu'il était dans le besoin d'extérioriser, il se mettait à parler sans pouvoir s'arrêter, jusqu'à déblatérer une mêlée d'idioties et il n'était pas question d'avoir l'air d'un crétin devant Efrain, du moins plus qu'il ne l'était déjà. « Bonne idée, puis faut dire que mes doigts n'ont jamais eu vraiment de mal à se faufiler où que ce soit avec toi », il fallait bien qu'il fasse une gaffe. Après mûre réflexion, il se pinçait les lèvres, honteux d'avoir pu sortir un truc pareille sans y réfléchir à deux fois. « Tu. Enfin. Je. J'ai. Oh le boulet », s'emmêlait Jonah, prêt à s'éclater le crâne contre le premier truc solide à sa portée. Cette bourde serait difficile à effacer, certainement encore plus à rattraper alors il préférait se terrer dans un profond silence, persuadé que c'était la solution au problème, qu'il ne dirait plus rien de compromettant. Cependant, Efrain avait besoin de lui pour savoir si la voie était libre, alors il réunissait le peu de courage et de dignité qu'il lui restait pour oser ouvrir la bouche ; « totalement libre, matelot ». Toujours épris d'une certaine honte, il laissait son front retomber contre l'épaule de son acolyte, priant dieux et diables pour que cette soirée ne termine pas sur une catastrophe, parti comme c'était parti, il s'attendait à tout désormais - « on est pas très loin de chez moi, encore un petit effort et je te laisse tranquille, je serai plus un poids », Jonah et les jeux de mots pour détendre son propre atmosphère – ce à quoi il trouvait le moyen d'étouffer un rire contre son épaule, fier de sa connerie.

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Les promesses, douces paroles ? Jamais avec moi. Les promesses que l’on fait en l’air, pour se donner un petit air supérieur ce n’est pas mon style. C’est peut-être pour cette raison que j’ai tant de mal à m’engager, parce que j’ai toujours cette petite voix dans ma tête qui me ramène à une triste réalité : l’homme par définition est faillible et pourrait très aisément être amené à revenir sur ses affirmations. Dans notre cas, aucun doute à avoir, je ne le lâcherai pas. Plutôt crever ! J’ai conscience que mes mots n’ont surement pas l’impact qu’ils avaient des années en arrière, lorsque nous étions ensemble. Comment lui en vouloir ? Ne plus avoir une confiance aveugle en une personne qui, fut un temps, parvenait à te rendre heureux et qui s’est servi de cela pour mieux te briser plus tard en t’abandonnant. A sa place, je n’oserais peut-être même pas lui sauter sur le dos. D’un autre côté, je pense ne jamais lui avoir menti, si ce n’est sur la nature oppressante de mes sentiments. Comprenez-moi, aurait-il pu se détacher de moi si je m’étais exprimé sur tout l’amour que je lui portais ? Il n’aurait jamais renoncé, il se serait entêté et il aurait réussi à me faire craquer, je le sais. Loin des promesses, je m’élance comme un forcené en imitant Buzz l’Éclair, parce qu’aucun autre personne galactique n’a autant de classe que ce bon vieux Buzz, fin de la discussion. Je l’entends rire contre mes épaules, le son agréable de son rictus parvenant directement à mes oreilles. Tout ceci m’avait manqué, cette légèreté, cette capacité que nous avions à tout oublier pour foncer tête baissée sur un délire stupide. Un tel moment ne se reproduira surement pas de sitôt, autant en profiter au maximum. Ces souvenirs, je prends soin de les immortaliser au maximum, d’en capturer le moindre petit détail, la moindre sensation pour m’assurer de pouvoir y revenir lorsque le besoin se fera ressentir. Je n’aurais bientôt plus que cela après tout, dès lors que je l’aurais raccompagné, dès que nos chemins seront amenés à se séparer à nouveau. « C’est noté, le message sera transmis ! » Je pouffe de rire sans ralentir la cadence. Sportif un jour, sportif toujours. Mes muscles travaillent sans qu’aucune douleur ne se fasse sentir. Il n’est pas si lourd que ça, une vraie petite plume que l’on sent à peine. Il n’y a que son souffle qui me perturbe, à effleurer ma nuque de la sorte, à me faire frissonner sans arrêt. Quitte à faire, je préfèrerais être puni avec des chatouilles qu’avec un morceau de bois ou je ne sais quel autre objet de torture. La réaction de mon partenaire me pousse à me stopper net une seconde pour étouffer un sourire beaucoup trop frontal et honnête pour mon propre bien. Je redresse légèrement la tête pour l’incliner, à la recherche de ses yeux, lui qui a pris conscience de la teneur de ses propos, de leur double sens. « Il est vrai que tu as toujours été particulièrement efficace pour… Te glisser n’importe où, doigts ou non ! » Je me mordille la lèvre en étouffant un énième rictus. Nous dénuder tous les deux et nous enfermer dans une pièce, c’est garantir une sacrée explosion. Le sexe peut parfois sacrément cimenter un couple, surtout au tout début, le temps que les sentiments apparaissent et se concrétisent. C’est ce que j’ai toujours aimé avec nous, cette liberté, les rôles n’ont jamais été proprement fixés. Chacun était libre de prendre l’ascendant dès lors que l’envie se faisait ressentir. A ce petit jeu, je dois admettre que Jonah est redoutable. Il a marqué mes nuits, mes rêves et mes fantasmes les plus dévorants. La voie est libre, nous abandonnons ce parc et j’attaque le chemin qui nous mènera jusque chez lui. Je connais cette route par cœur, pas besoin de lui demander le moindre détail. Mes pieds avancent par automatisme, en pilote automatique. Sa remarque me fait tiquer, désagréablement cette fois. « Tu n’es pas un poids ! » Je souffle, les mâchoires resserrées. « Accroche-toi bien, ça risque de secouer un petit peu ! » J’accélère la cadence, au point d’avancer en petites foulées.