« Hm... Oui, oui... Les résultats sont arrivés, j'ai réussi tous les derniers examens... » Tu répondais, tes doigts encerclant ton téléphone, faisant quelques pas dans l'intimité de ta chambre. Ta mère était à l'autre bout du fil pour votre rendez-vous hebdomadaire, vos précieuses minutes et parfois heures à vous raconter les nouvelles de l'un et de l'autre. Tu étais peut-être un grand garçon, mais il était impensable que tes parents te laissent partir si loin sans garder un contact rapproché avec toi et la vie que tu menais à l'étranger. Tu comprenais pourtant, si tu essayais de te mettre à la place d'un parent deux secondes : ça devait être compliqué de laisser partir son seul enfant dans un pays si différent du leur, sans personne, avec aucun moyen à disposition pour te venir en aide si tu avais besoin d'eux urgemment. C'était compréhensible de leur part. Et pourtant la partie égoïste de ton être en voulait toujours plus, goûtant avec bonheur les moindres moments de liberté dont tu disposais sans leur constante présence. « Est-ce que tu t'es trouvé une mignonne épouse ? » Sans ton propre accord, tes lèvres se plissaient et ta posture devenait rigide immédiatement, en moins d'une demi-seconde. C'était fou comme une simple question pouvait changer totalement ta manière de te tenir et ton humeur intégrale. C'était comme si avant même que ton cerveau ne comprenne les paroles de ta mère, ton corps lui savait comment y répondre. « Maman... » Tu lâchais faiblement, sachant très bien qu'elle allait de toute manière surenchérir sur le sujet et que tes pauvres plaintes n'y changeront rien. Ce n'était pas comme si tu avais cette même conversation plusieurs fois par mois avec elle. Et qu'à chaque fois les mêmes arguments revenaient sur le tapis. « A ton âge j'étais déjà mariée, et avec toutes les jeunes filles intelligentes et de bonnes familles dans cette école, le choix devrait être vite fait. » T'étais maudit. Malgré toi tes yeux se levaient au ciel, et tu remerciais les dieux de t'avoir donné l'occasion de discuter de cela derrière un cellulaire, là où elle ne pouvait pas voir tes réactions assez limites. Tu adorais être coréen. C'était ton pays, ta culture, tes traditions, mais parfois, c'était trop quant à tes parents et leurs vision des choses. Tu comprenais qu'ils préféraient te voir aux bras d'une jolie jeune fille élégante et sage et avec un compte en banque rivalisant le tien, mais ce n'était tellement pas ce que tu recherchais. Tout semblait calculé dans leurs têtes, et il y avait très peu de places pour l'amour et les sentiments. Pas que ce dernier point t'intéressait vraiment. Tu en avais rencontré des tas de jeunes femmes. Que ce soit en Corée du Sud ou aux Etats-Unis. Tu les voyais arriver de loin, le pas hésitant, le sourire incertain, et leurs mains liées pleine de nervosité. Trop de fois tu avais eu envie de lever ta main afin de les arrêter avant même qu'elles tentent de te parler, mais t'avais été bien trop poli et bien éduqué pour te laisser aller. Des jeunes femmes s'intéressant à toi du jour au lendemain, essayant de bien se faire voir auprès de tes parents en mettant en avant leur beauté et leur bonnes manières, rêvant d'un bon mariage et de pouvoir se reposer sur un bon parti, pensant que tu céderais facilement devant un joli visage et une attitude trop lisse. Elles avaient pourtant tout faux. Et leur avances malsaines te rendait vite suspicieux, ce qui faisait qu'aujourd'hui tu t'étais pas mal distancé de l'amour, n'ayant tout simplement plus confiance entre les aveux non sincères et ta dernière relation qui c'était mal fini. « Tu sais que les coutumes sont très différentes ici... » Tu essayais de lui rappeler. T'avais que vingt-et-un ans, et t'avais envie de prendre ton temps. Et ton temps à Harvard était l'occasion parfaite pour cela. Tu mordais légèrement tes lèvres, tes yeux se baladant de ta fenêtre, regardant les gens et les couples vaguer à leur occupation dehors. T'avais toujours pas osé leur dire que leur belle-fille idéale pouvait très bien se transformer en beau-fils. Que tu n'avais pas de préférences quant aux corps avec qui tu voulais passer tes nuits, et que si tu tomberais amoureux, ce serait de l'âme de la personne, et non de son genre. Tu soupirais silencieusement. T'avais déjà du mal à lui faire accepter que tu voulais prendre ton temps pour te poser, aujourd'hui n'était surement pas le bon jour pour en rajouter.

Sous ton air d'ange et d'homme posé, ton statut élevé souligné par des costumes de marque à chaque apparition que tu faisais lorsque tu suivais ton père pour apprendre les mailles de l'entreprise, tu avais l'air parfait, inatteignable. Un sourire doux prenait place sur ton visage sur la moindre photographie que l'on faisait de toi, ta politesse et ta courtoisie à toute épreuve admirée de tout ceux qui te regardaient, tu étais l'incarnation parfaite du fils sud-coréen à l'éducation impeccable, l'image lisse d'un homme sans histoire faisant la fierté de ses géniteurs. Et tu te forçais tous les jours à rester droit et à maintenir cette réputation jusqu'aux Etats-Unis. Mais au fond, t'étais une personne comme les autres. T'avais tes envies, t'avais tes besoins, et t'avais tes méthodes pour les assouvir. « J'exaucerai la demande du prochain qui fait un don de plus de cinquante dollars... » C'est là que pink_baby entrait en jeu. Il était difficile de s'amuser comme on le voulait lorsqu'on était comme toi le fils unique du président de l'une des sociétés les plus riches de ton pays. Et même si aux premiers abords les gens à Harvard ne savaient pas forcément d'où tu venais ni d'où venait l'argent que tu avais, ça ne changeait pas le fait que tu te sentais rarement libre de tes paroles et de tes mouvements. La moindre erreur commise semblait minime à Cambridge, mais tu savais pourtant que ça n'empêcherait pas les nouvelles de traverser l'océan d'une manière ou d'une autre et d'arriver aux oreilles de ton père - chose que tu redoutais. Tu ne pouvais pas le décevoir, ni lui, ni ta mère, ni le pays. Alors t'as commencé à ouvrir un compte instagram plus personnel, où tu postais quelques photos dénudées de toi lorsque la frustration se faisait sentir, ne montrant jamais ton visage. Puis voyant quelques personnes s'abonner et en demander plus, t'as commencé à faire quelques lives. C'était pas pour l'argent. Tu acceptais gracieusement tous les dollars qu'on te donnait car il était hors de question que tu te fasses avoir et que tu ne te fasses pas payer pour tes précieux services, mais au final, t'en avais pas besoin. Ni de ça, ni des cadeaux coquins que les spectateurs t'offraient parfois de ta wishlist. Et pourtant tu continuais. Malgré l'anonymat, t'avais l'impression de pouvoir être toi dans ces moments-là - ou plutôt, une partie de toi-même que tu gardais enfouie. De pouvoir effacer l'image plastifiée du parfait Min-ho, l'homme dont toutes les mères rêveraient d'avoir pour gendre. C'était peut-être ça qui te poussait à continuer. C'était interdit, c'était secret, c'était mal, mais qu'est-ce que c'était excitant. Ça pouvait te coûter ta réputation. Ça pouvait tâcher celle de ta famille et de l'éducation qu'ils t'avaient donnés. Le fils d'un homme d'affaire asiatique jouant les camboy sur internet ? C'était l'humiliation assurée s'ils le savaient. Mais alors que t'étais dans l'intimité de ta chambre, sous-vêtements en dentelle mettant en valeur ton postérieur tourné vers la webcam de ton ordinateur, le dos courbé alors que tes hanches s'activaient pour faire frictionner ton membre tendu sur ton oreiller, tu n'en avais que faire.