Cabinet du Dr. Robasse, Hôpital de Gaustad, Oslo.
Mon fils, tu retourneras à Boston sur consentement du psychologue.
De toutes les idées absurdes de mes parents. c'est la pire. j'ai merdé. je sais. je suis au courant. j'ai disparu de la surface de la terre pendant quatre mois. j'ai retiré un bon paquet de fric et je me suis taillé. je me suis évaporé. ils ont essayés de me chercher mais n'ont pas réussi. ma famille a tenu à garder le silence et n'a pas ébruité ma disparition. j'envoyais une lettre à ma mère tous les mois pour pas qu'elle s'inquiète. pour pas qu'elle envoi les fédéraux à mon cul. j'ai quitté tout ce que j'avais. et maintenant que je suis de retour, ils veulent des explications. je suis resté muet sur le sujet. mes soeurs ne sont même pas au courant que je suis rentré à Oslo. elles doivent me haïr. j'en suis conscient putain. j'ai l'intention de m'expliquer. mais pas à toi. toi t'es qu'une formalité pour que je puisse retourner à boston. mes vieux sont furieux contre moi. ça se comprend. ils m'imposent un rendez vous avec toi. une séance de psychanalyse mais moi, gros, je te crache à la gueule. j'ai pas besoin de tes explications à deux balles. et tes interprétations du moi et du surmoi. t'es assis en face de moi. la séance n'a pas encore commencé. je suis fermé. je te juge en silence. si tu savais comme je te juge. toi et ta vie de merde. t'as besoin d'analyser le malheur des autres pour te sentir exister. t'es personne. je suis sur la défensive donc t'as intérêt à pas merder, si tu veux pas te retrouver au chômage demain matin. c'est un conseil que jte donne. tu lèves les yeux vers moi. tu lis dans les pensées ? - commençons, si vous le voulez bien, monsieur de glücksbourg. je ne te reprends pas sur mon titre royal. t'as fait que des études de psychologie. t'es excusé. - dépêchons nous, j'ai un avion qui m'attend. et sébastien mon pilote qui doit être sur le qui vive à l'heure qu'il est. j'aime pas le faire attendre. il est dans la famille depuis que je suis gosse. c'est l'un des rares domestiques que je respecte. - vous savez pourquoi vous êtes dans mon cabinet ? prends moi pour un con. tu me fatigues déjà. je te fixe. t'as au moins l'honneur de soutenir mon regard. je suis quoi pour toi ? un fils de riche. un prince pourri par l'argent. t'as raison mon con. - ouai parce que j'ai pas eu le choix. un billet et on en parle plus ? - développez s'il vous plait. je t'envoi pas chier tout de suite. j'ai besoin de ton accord pour repartir aux usa. connaissant mes vieux, ils sont capables de me bloquer l'accès aux aéroports du pays. ils m'aiment trop pour me laisser filer une 2ème fois. - parce que j'ai besoin qu'on analyse mon comportement pour voir si je ne suis pas cliniquement dérangé. c'est quoi le programme. étudier ma petite enfance pour voir quel traumatisme est à l'origine de mon départ ? - c'est inutile de remonter aussi loin. c'est inutile. je ne te le fais pas dire. mon enfance a été royale. je suis né dans la bonne famille. j'ai eu beaucoup de chance. des parents aimants. des soeurs adorables. j'ai reçu plein d'amour. c'est donc pas la peine de revenir là dessus. le contexte est bon. tout est réuni pour me rendre heureux. cela ne m'a pas empêché de grandir triste. j'étais ce gamin triste. difficile à faire sourire. à faire parler. j'étais assez renfermé. je faisais des efforts quand la royauté me l'imposait mais le reste du temps j'étais bizarre. je les entendais mes parents qui s'inquiétaient pour moi. j'ai été stimulé plus que de raison. j'ai touché à toutes les activités. j'ai tout fait. peinture. musique. sport. j'ai même été obligé de faire du poney. sa mère. du poney. heureusement ça s'est calmé avec le temps. - ambre ? - ça me semble inévitable effectivement. tu fais chier. psychologue de mes couilles. je ne parle jamais de ma soeur ambre. pourquoi je le ferais aujourd'hui ? tu me fixes encore. c'est bon. fais pas cette gueule là. je vais parler. il faut que je choisisse mes mots pour ne pas te donner de matière à interprétation. je suis normal ok. ambre c'est ma soeur jumelle. c'est ce que je croyais jusqu'à mes 16 ans. c'est à peu près l'age où ma vie à basculé. j'ai vécu avec ambre en pensant qu'elle était ma jumelle. mais on ne se ressemblait pas. du tout. elle n'était pas comme moi. je l'ai toujours su mais c'était inconscient. à nos 16 ans, elle crève d'une maladie héréditaire. mes parents auraient dû leur venir en aide pour la greffe mais ils l'ont laissé crever. forcément. c'était pas leur fille. y a eu un bordel à l'hôpital le jour de notre naissance. échange de berceau. incroyable. on voit ça que dans les films. ouai. ma vie est un film pourri. le genre de film où on se barre du cinéma même après avoir payé 10 balles tellement c'est merdique. ils ont retrouvés ma vrai soeur. ma vrai jumelle. et j'ai continué ma vie. je t'explique tout ça. tu dois déjà être au courant. je le dis avec mes mots. ça fait du bien d'en parler quand même. je le fais jamais jte dis. on parle. je réponds à tes questions sur ambre. mais celle là elle me coupe. - c'est à cause d'elle que vous êtes partis ? je ferme ma gueule. faut que je dise quelque chose. je bloque. tu fronces les sourcils. c'est bon. t'as compris. - il n'y a pas de honte à avoir vécut un traumatisme. vous étiez jeunes. en pleine adolescence. vous.... - ok c'bon. c'est à cause d'elle que je suis parti. ferme ta sale gueule. y a un blanc qui s'installe. c'est une technique pour que je réfléchisse ? tu me poses cinq, dix, quinze questions avant que je te dise la vérité. si ça sort de ton cabinet je te lapide sur la voie publique. - j'étais pas loin. à mosjøen... tu réfléchis. - au nord ? ouai. j'étais pas loin t'as vu. un petit village isolé au nord de la norvège. - c'est là que vis la famille d'ambre. - pourquoi être allé là bas ? pourquoi avoir fait le choix de disparaître ? tu poses trop de question sa mère. tu veux savoir pourquoi ? je vais te dire pourquoi. les funérailles d'ambre n'ont pas été faites correctement. c'était pas solennel. c'était à la va vite. fallait retrouver l'héritière au plus vite. sans déconner. j'ai quand même vécut 16 ans avec cette fille. on était pas très proche mais c'était ma soeur. j'ai ressenti le besoin de découvrir sa vraie famille. l'endroit où elle aurait dû grandir. où elle aurait dû être sauvée. je me suis coupé du monde pour oublier ma condition de prince. j'ai vécu 4 mois avec ses parents. c'est un hommage. mon hommage. j'en avais besoin. j'étais septique de cette séance mais parler d'ambre ça m'a fait du bien. c'est bon j'ai ton accord pour boston ? je suis pas un détraqué sexuel ? à la bonheur. il me tarde de retrouver les miens.