ça m'change tellement les idées d'être avec quelqu'un que je peux apprécier sans qu'on puisse me le reprocher, de pouvoir passer du temps avec sans culpabiliser derrière.. sans que ma vie se complique à chaque seconde qui passe en fait. avec laszlo, c'est ça que je ressens ouais. la lumière au bout du tunnel, les résolutions d'une meilleure version de moi-même, où toute ma vie n'est pas qu'un gros bordel et pleine de désillusions. il est pas comme les autres, c'est pas un gars simple non plus et j'crois que dans la finalité c'est ça qui me plaît chez lui. j'parle d'amitié bien sûr.. je crois. c'est un casse-tête griggs et je suis pas insensible à ces frontières qu'il se dresse, toujours à être dans sa bulle comme ça. et encore moi j'le connais bien, c'est pour dire. j'aimerais être tête en l'air aussi, si c'est possible de l'être plus que j'ne le suis déjà. genre shootée mais naturellement, insensible un peu. comme un super-pouvoir. après je doute que cela m'empêche d'être un boulet car à ce stade-là c'est irrécupérable. c'est que aujourd'hui qu'on passe ce cap de se voir en vrai, qu'on en a le pouvoir surtout et de faire tomber les masques. rien ne change finalement, si ce n'est le fait que je peux pas m'empêcher de rougir hein. c'est toujours ce laszlo que je ne connais que trop bien, alors pourquoi j'ai l'impression de ne pas avoir percé le mystère chez lui. il me fascine un peu. je me pète de rire quand il répète le mot sucrerie, me rendant compte à quelle point c'est approprié en vrai. mais attention c'est une sucrerie pas comme les autres hein. puis j'le vois ingurgiter son verre à toute vitesse, les yeux écarquillés comme s'ils allaient s'échapper de leur orbite. « moi-même j'ai réalisé le malaise en employant le terme, y'a aucun souci lasz'. puis on peut pas donner de nom à cet événement grandiose en vrai. » bah ouais on s'connaît pas depuis la veille et se voir pour de vrai, en mouvement tout ça, ça change la donne forcément. la concrétisation d'une amitié qui n'a pas de prix.

Je suis un boulet. En fait, j'sais même pas pourquoi j'ai accepté de rencontrer Sybel en vrai. Quand je franchis le pas avec une fille, je veux dire, ce mini pas, la rencontre en face à face, ça fini mal. La première fois, c'était avec Barbie. Elle ne m'avait même pas prévenu. Elle est arrivée chez moi du jour au lendemain avec son grand sourire de princesse. Avec elle aussi on avait parlé un long moment sur le net, avant de se voir en chair et en os. Résultat des courses ? Elle a découvert que j'étais un type coincé, pas très expressif et en plus de ça ? Précoce. Oui oui, vous avez bien compris. Bonjour la confiance en soi après du coup. J'ai eu une histoire sérieuse de quelques semaines, ou jours, avec Phoebe. J'ai voulu faire comme tout le monde, se lancer dans une histoire de couple, pour être normal, pour prouver aux autres que oui, moi Laszlo le geek aux cheveux décoiffés, je peux me poser avec une fille, être un petit-ami. Mais échec, encore une fois. Faut croire que j'arrive pas, j'ai un blocage. Les filles m'en demandent toujours de trop, elles veulent se sentir aimée, en sécurité, sauf que moi, je suis incapable de montrer ce que je ressens. Je suis un bloc de glace. Un énorme iceberg qui ne rivalise pas avec celui du titanic. Alors Sybel, tu vas aussi te lasser de moi ? Tu vas te rendre compte que je suis trop mystérieux à ton goût et tu vas me faire tes yeux désolés en me tournant le dos. ça, j'veux pas. Je veux... j'sais pas. Retrouver ce lien qui me plait avec une fille, et qu'elle me comprenne, qu'elle ne me juge pas, qu'elle arrive à m'aimer comme je suis, simplement. On pourrait croire que je suis difficile alors que y'a rien de plus simple et de plus inutile comme type que moi. Je suis un peu confus, qu'elle parle de rendez-vous, ça me cloue le bec. Mais c'est le cas ? Sinon c'est quoi ? Avoue Laz, tu paniques car tu te rends compte que y'a un courant entre vous, qu'elle te plait, et que tu lui plais. « grandiose, t'exagères... tu rencontres pas Bradley Cooper à ce que je sache. » je rigole et je reporte mon verre à mes lèvres. Elle est drôle, ça me plait. « bon, comment tu te sens à Harvard ? Et à la Kirkland ? » je dis pas ça parce que je suis vp, parce qu'elle est dans la même maison que moi et que si elle s'en va car ça ne lui plait pas, ça va me faire un petit trou dans le cœur, surement.

depuis que je suis petite on m'dit que je suis intenable. quand je travaille, quand je mange, quand j'aime. je me contrôle pas, personne ne me contrôle en fait car je désire toujours. pas plus non, il ne s'agit pas là de quantité mais de.. qualité ? disons que j'ai la fâcheuse habitude de tout vouloir prendre pour acquis. et du coup j'le fais. moi je veux savoir que je peux foutre la merde dans la vie des autres sans que ça ait des conséquences. car quoi que je fasse c'est toujours ce que je finis par faire hein. donc ouais, c'est un peu mon fantasme. je n'ai plus peur d'être un problème avec le temps, j'en suis devenue un au fil des emmerdes. des miennes, celles que j'ai pondu je ne sais comment. le problème, c'est qu'on se lève jamais avec un mauvais presentiment ou avec la boule au ventre. ça arrive et aujourd'hui j'endosse, sauf que j'suis une tornade qui engloutit tout sans le vouloir. j'ai mêlé mon frère, mes amis, mes exs dans mes histoires sans queue ni tête car j'sais pas me gérer. peut-être que c'est ça en fait, peut-être que depuis le début mes parents ont raison, peut-être que j'vais rester gamine toute ma vie. sans pouvoir prendre soin de moi et pire, de mon entourage. ça me fait peur, les regards en arrière car je veux changer. je veux faire mes preuves en tant qu'adulte. mais j'ai pas réussi putain, ça fait deux ans que j'me dis ça. là j'vais embarquer laszlo dans mon merdier ça se trouve et je peux pas le concevoir. je flippe. car il me plaît. sincèrement. j'le mérite pas. tout ça, ça défile dans ma tête comme on zappe un samedi soir quand je l'observe avec une quasi-inquiétude dans mon regard. de l'incertitude, et de l'amusement. car si cette innocence m'amuse, elle me fait tout autant peur. j'ai peur de mal la manipuler, de la briser comme j'sais si bien le faire. « bah non justement, je rencontre laszlo griggs, c'est encore plus dément. » j'hausse les épaules en rigolant. c'est tout con mais je suis sincère, j'préfère rencontrer griggs que cooper. « harvard, ça dépend. au début c'était galère mais j'trouve mon rythme. j'ai pas encore convaincu mes parents que je pouvais me gérer sans que mon frère soit toujours sur mon dos alors, j'fais de mon mieux. » obligée de l'admettre. puis l'honnêteté est loin de me gêner avec laszlo, lui me connaît. il sait qui je suis, d'où je viens et pourtant, j'ai peur qu'il soit déçu. « et la kirkland, bahh je m'y sens de fou à ma place. en parlant de ça j'ai entendu que t'as été élu vice-président tout à l'heure, congrats lasz' ! » ah oui, j'avais zappé de lui dire ça. moi je viens de débarquer, prête à affronter l'appréhendé bizutage. advienne que pourra, je veux être des leurs. surtout si cela admet que griggs sera dans ma maison et encore mieux, à la tête de cette dernière.

J'ose parler, j'ai de la conversation et de l'humour... mais qu'est-ce qui m'arrive ? Rendez-nous Laszlo Griggs et débarrassez-vous de ce parasite. Peut-être que c'est elle en fait qui me rend si confiant ? J'ose la regarder dans les yeux, lui sourire, répondre à ses questions ou ses remarques taquines, non, franchement, je fais des efforts, j'sais pas si vous vous rendez compte à quel point ma vie est en train de changer là. Grâce à Sybel, une sybel fille. Les brunes, j'ai toujours kiffé les brunes de base. Et puis, elle a ce sourire qui peut même faire craquer un aveugle. C'est là que je me demande comment ça se fait que je ne l'ai pas connue plus tôt. Pendant tout ce temps, j'me faisais chier dans ma chambre à geeker toute ma vie alors qu'il y avait cette jolie gazelle qui m'attendait au coin de la rue. Faut ouvrir les yeux Laszlo, et je pense que je vais réellement les ouvrir plus souvent, c'est sur. Stop, j'en ai marre de passer à côté de quelque chose de bien et qui sait, de la chance de ma vie. « tu me flattes, t'essayes de me draguer ? » dis-moi non, je me sens déjà con d'avoir dit ça alors non. Mais au fond, dis-moi oui, avec le regard, que je rougisse un peu pour tes belles fossettes. Elle me parle de ses parents, de son frère, et je tilte, ça me revient en mémoire. « ah oui ton frère, fin ton jumeau c'est ça ? j'avais oublié. » j'avais oublié alors qu'il est lui aussi à la kirkland house. Mais faut croire que la fille Burgess prend plus de place que son frère, à mes yeux en tout cas, dans mon esprit. Parce que l'inverse, ça serait vraiment bizarre quand même. J'étire un sourire en coin. « okay, toi t'as décidé de me donner des couleurs. merci, je suis content de savoir que tu t'y sens à ta place. » j'ouvre la bouche pour continuer mais je la referme, et je bois dans mon verre. Je voulais ajouter que j'étais content personnellement car je pourrais te voir plus souvent, et te savoir près de moi... bah ça me rend bien, je te jure. C'est comme si tu étais l'air que je respire.