Je me délectais d'être là ce soir. Déjà que les affaires marchaient bien pour la compagnie de la famille, je m'étais décidé à faire un tour en boîte ce soir. Ok pour ma part c'était seulement pour m'amuser et danser, montrer ainsi mes talents. J'avais décidé de faire cavalier seul car je faisais toujours un tas de rencontre en venant seul, tandis que si je venais accompagné, il était plus compliqué de parler avec d'autres personnes puisqu'il y avait clairement un fossé. J'avais remarqué qu'autour de moi, pas mal de regards étaient lancés. Mais ce que ces dames ne savaient pas, c'est à quel point je n'étais pas du tout connaisseur en drague. Je me permettais quelques regards par-ci et par-là, mais pas d'approche. En tout cas rien pour ce soir. Et puis mon regard s'est posé sur une jolie brune, un peu éméchée voir trop. Elle a un œil qui dit merde à l'autre et elle n'a pas l'air dans son assiette. Je suis de nature assez vigilant et je déteste voir des femmes dans cet état. C'est souvent source de problèmes mais aussi de dangers parce que les femmes ne se rendent pas compte à quel point les demeurés sont de sorties la nuit. Je gardais donc un oeil sur elle du bar, en sirotant mon verre le temps de m'humecter les lèvres et de dessécher ma gorge. Dès que je verrais le moindre danger je me déciderais sûrement à l'aider car clairement, elle n'avait pas l'air de savoir où elle était.

Assis dans la pénombre, je venais de me finir mon verre. J'en commandais un autre. En passant, je sentis quelque mains me frôler. Certaines femmes avaient les mains baladeuses, ce qui me faisait sourire mais me mettait tout de même mal à l'aise. Si nous les hommes faisions pareil nous nous retrouverions directement avec une baffe ou une assignation à comparaître pour harcèlement. Mais une fois qu'elles passaient, mon attention était toute portée à cette fille qui n'avait pas l'air dans son assiette ou plutôt, pas dans son assiette. Un peu trop euphorique, pas trop normale pour quelqu'un, mais sûrement complètement éméchée. Je la vois se rapprocher d'un homme et de lui mettre un coup dans les parties intimes. Aouch, j'avais mal pour lui. Mais quelle fut ma surprise quand je la voyais rigoler comme une truie face à ce qu'elle avait fait. Automatiquement, je me levais et commençais à avancer car ça commençait sérieusement à se gâter à l'endroit où elle se trouvait. Beaucoup de gens se bousculaient, d'autres regardaient la scène et le mec à qui elle avait mit un coup s'énervait réellement. Je m'approchais encore plus, il allait lui mettre une droite. Il commença à lever sa main, son poignet toujours dans ses mains. Mais j'arrivais à temps et stoppais net sa lancée en empoignant son bras. Il se retourna vers moi et j'étais bien content parce qu'il retournait sa colère contre moi. "Tu veux quoi mec ? Dégage de là avant que t'en foute une." Je souriais et lâchais son bras. Je faisais une tête de plus que lui alors il me faisait plus rire qu'autre chose. " Et bien quelle répartie. Je savais pas que frapper une femme c'était la nouvelle mode." Je n'attendais même pas qu'il réponde, je lui foutais une droite bien alignée sur le visage. Je sentais que j'avais dû lui casser le nez. Puis je prenais la main de la nana complètement éméchée et l'emmenais sur la terrasse de la boîte pour qu'elle puisse prendre l'air. " Surtout ne me remercie pas." lançais-je avec un faux air de non reconnaissance.

En fait c'était tout à fait mon genre d'aller à la rescousse de n'importe qui. Ca aurait été un homme, ça aurait été pareil. Je ne m'attendais pas à ce que ça tourne au vinaigre. On disait souvent que les danseurs étaient des femmelettes ou des gays. Mais qui pouvait prouver cela ? J'étais un homme fier et viril, je prêtais beaucoup attention à cela et j'étais toujours assez content de prouver que les codes n'étaient pas toujours fondés. Et puis je n'avais trouver encore personne pour me tenir compagnie, parler. Peut-être que cette fille me serait d'une certaine utilité plus tard dans la soirée. Qui sait ? Alors j'avais décidé de lui filer un coup de main, et par ça j'entends bien, arrêter la main du type qui avait essayé de lui en coller une. Chose fondée si ça avait été un homme, mais là, c'était clairement une femme. Et j'étais de ceux qui n'acceptaient pas du tout qu'on touche à un cheveu d'une personne plus faible. Ce mec faisait une tête de plus qu'elle. J'en faisais une de plus que lui. Alors ce n'est pas lui qui allait me faire peur ou m'arrêter dans mon acte héroïque. Après lui avoir foutu une raclée, j'avais emmené la jeune femme sur la terrasse pour qu'elle puisse prendre l'air et reprendre ses esprits. Une chose était sûre, elle n'avait pas un comportement normal ou alors elle sortait tout droit d'un asile. Elle était réellement folle, hystérique presque. Mais ça me faisait sourire, elle égayait ma soirée. Et voilà qu'elle me remerciait et me demandait mon prénom. " Owen, enchanté. Et toi tu es ?" Je n'ai pas le temps d'entendre sa réponse qu'elle s'approche étrangement de moi. Je fronçais les sourcils, son comportement était bizarre. Et celle-là, je ne l'aurais jamais vu venir. La voilà qui se mettais sur la pointe des pieds et sans raison, déposait un baiser sur le coin de mes lèvres. Elle se retira aussitôt, en riant. Tandis que moi, je tâtais ma bouche pour comprendre si cela était vraiment arrivé. C'était étrange car ça faisait pas mal de temps qu'on ne s'était pas approché autant de moi. Je n'avais pas eu une telle proximité avec une femme depuis longtemps. Alors bien que choqué, je souriais. C'était agréable. " Tu es bien coquine ce soir toi..." Je la prenais doucement par les épaules et la faisait asseoir sur un siège. " Et décidément pas dans ton état. Pourtant je t'ai observé et tu n'as pris qu'un verre." Je lui servais un verre d'eau et lui tendait pour qu'elle aille mieux. " Tu imagines si j'étais un malade j'aurais pu profiter de toi quand tu as 'accidentellement' trébuché sur le coin de mes lèvres." Je lui offrais un petit clin d'oeil et me servait également un verre d'eau. Il se pourrait bien que je doive faire le taxi pour la ramener ce soir.

J’avais couru jouer au super-héros et j’en étais assez fier. D’autant plus que cette femme était jolie, plutôt canon et plaisante à regarder. Au contraire, son comportement était un peu exaspérant mais je ne lui en voulais pas, on était tous dans ce genre d’état quand on était trop bourré. Et le fait que je ne le sois pas ne m’aidait pas des masses. Je gardais la tête haute et les idées claires puisque je me voyais déjà faire le taxi pour elle. Alors elle s’appelait Lucky ? Drôle de coïncidence puisque ce qui lui arrivait n’était vraiment pas de la chance. « On t’a mit quelque chose dans ton verre ? Et beh, y a plus de fous que je croyais. » Et ça m’inquiète. Je ne la connais pas cette fille, mais elle aurait pu mal finir. Si je n’avais rien fais elle aurait pu être une de ses filles portées disparues ou retrouvée morte dans un hôtel miteux. Le genre de nouvelles que je vois souvent quand je lis le journal ou sur mon fil d’actualité facebook. Le genre de chose ultra flippant et glauque quoi. Puis Lucky touche un point que je n’avais pas vu venir. Pourquoi je la regardais ? Je toussote un peu car je suis gêné. « Ne te fais pas d’idées, c’était juste parce que t’étais assez marrante à voir. Et puis avec ta chevelure blonde, impossible de te rater tu vois. » Explication bidon mais je ne pense pas qu’elle fasse attention vu son état. Du moins je l’espère. « Si j’étais un malade, je t’aurais déjà sortis dehors et fais monter dans une piteuse voiture… » Je lui faisais un petit clin d’œil. Lorsqu’elle me fit une réflexion sur ma chevelure je souriais. Elle n’était pas la première à me le dire. Les rouquins ne plaisaient pas souvent, mais j’avais de la chance de ne pas être un véritable rouquin puisque mes cheveux tendaient presque vers le blond foncé quelque fois. « Tu veux les toucher ? Tu remarqueras qu’ils sont incroyablement doux même s’ils sont un peu ondulés. » Mon dieu, on dirait une nana qui parle. Je m’approche d’elle et tends la tête pour qu’elle puisse y glisser ses mains. « Ne te gênes surtout pas, fais comme si c’était les tiens. » Les siens n’étaient pas mal du tout aussi. J’aimais beaucoup les reflets en or qu’ils dégageaient. Lorsque je m’approche d’elle je remarque ses yeux bleus, comme la couleur de l’océan. « Et tu as de très beaux yeux. » que je chuchote.