Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle avait accepté. Un moment de faiblesse sans doute ? Une once de culpabilité peut-être ? L'envie de croire qu'il puisse y avoir quelque chose de plus que le sang ? Jade l'avait toujours intrigué. Ying de son Yang. Lumière de son ombre. Elle était l'exacte opposée de sa personne. Pourtant, elles partageaient leur sang pour moitié. Bien qu'elle n'aime pas l'avouer c'était un mystère qu'elle avait envie de percer. Elle se rend donc au lieu de rendez-vous, vêtue d'une jupe crayon noire et d'une veste bleu roi. Ses cheveux sont relevés en chignon, le maquillage souligne les lèvres et discrètement le délavé des prunelles. Apparence habituelle d'une jeune femme de haut rang. A son arrivée, la Blonde se lève et l'interpelle. « Bonjour. » rétorque-t-elle avec un sourire presque maladroit. Deirdre est capable de timidité parfois, et surtout elle ne sait pas comment elle va briser la glace qui l'entoure. Elle n'a jamais réellement appris à faire ça. « Moi aussi. » rétorque-t-elle en s'asseyant face à la jeune femme. « Même si je dois t'avouer que c'est un peu inédit pour moi. Je ne suis pas très douée pour tout ça. » avoue-t-elle avant de sourire à nouveau. Autant baisser la garde, puisque tu as accepté cette entrevue Deirdre. Espère simplement que ce ne soit pas un coup monté pour te mettre à terre.

Ce qui m'anime, c'est surtout la curiosité. Comment elle a grandit, ce qu'elle a fait pendant sa vie, comment elle en est arrivé là. Surtout ça. Comment et pourquoi le faire passer au tribunal après tout ce temps. Qu'est-ce qui l'anime, elle ? « Bonjour. » le sourire toujours présent, bienveillant, malgré la confession partagée, « Moi aussi. » les chaises nous accueille, le même sang autour de la table. Comment je me sens ? Perdue, un peu. Je n'assumerais pas cette personne comme une sœur, je sais qu'elle est un accident de parcours, selon les dires de mon père. Une bénédiction peut-être pour sa mère, au vu de l'argent versé tous les mois sur son compte courant. « Même si je dois t'avouer que c'est un peu inédit pour moi. Je ne suis pas très douée pour tout ça. » rigole, secoue la tête, "on est deux !" découvrir qu'on a une sœur, demi en l’occurrence, ça surprend toujours un peu. Je me retrouve face à elle, à l'observer, regarder ses traits, décrire les moindres tics qu'elle pourrait avoir, les gestes, les habitudes. Je souris, "Désolée, j'ai.. j'essayais de voir si.." hausse les épaules, rigole, gênée. "Désolée." J'essayais de voir si je trouvais chez toi des similitudes par rapport à moi. Enfantin ? Possible. J'ai eu qu'un frère, et il est décédé dans un accident quand j'étais plus jeune, alors avoir une sœur ou un autre lien de parenté avec quelqu'un me semblait presque impossible. Le serveur arrive, nous offre la carte, que je réceptionne en ouvrant, relevant les yeux vers Deirdre. "On se réveille pas tous les matins en apprenant que quelqu'un partage une partie de notre sang." se pince les lèvres, "Et j'me voyais pas.. continuer à vivre sans essayer au moins d'apprendre à te connaître un peu.." je l'aurais regretter. Pas maintenant, mais dans dix ans, vingt ans, quand la vie sera derrière moi, quand je reviendrais sur les éléments importants en me demandant "et si ?" alors j'efface ces futurs possibles regrets, bien malgré les éléments passés derrière nous.

Deirdre n'est pas le genre de femme à appréhender une situation, à stresser de peur qu'une situation se dégrade. Etre née au beau milieu des enfers vous apprend une certaine résistance au stress. Pourtant, elle ne se sent pas à son aise aux côtés d'une jeune femme si lumineuse. Plus encore lorsqu'il s'agit de sa demi-sœur. Le regard de la Blonde se pose sur elle, avec un peu d'insistance. Elle sourit poliment face au rire de la Demoiselle. Elle peut comprendre. « On ne se ressemble pas vraiment. » avoue-t-elle en haussant les épaules. « La couleur des yeux peut-être. » Le charnu des lèvres, mais ça ne va pas plus loin. Une moitié de sang en commun et un parcours pour le moins opposé. Mais il est tout à fait légitime de vouloir observer ce que les gênes nous ont donné de commun. « Je comprends. » dit Deirdre lorsque Jade lui confie ne pas vouloir passer à côté d'un possible lien familial. Faut croire qu'elle non plus puisqu'elle a accepté la rencontre aujourd'hui. La Solitaire prend conscience qu'elle reste pour la jeune femme une totale inconnue, ce qui n'est pas le cas pour elle. Elle a passé beaucoup de temps à l'observer, le procès a appris de l'histoire familiale même si elle n'en connaît que le résumé. Elle sait au moins quelque chose. Deirdre ouvre le menu devant elle avant de relever ses prunelles sur celles de Jade. « Je t'en prie, que veux-tu savoir ? »[ Autant qu'elle fasse le premier pas. Même si son histoire n'avait rien de formidable.