Ma main glisse le long du carreau froid. Cette dernière se refroidit très vite à son contact, m'obligeant à enlever mes doigts et observer de nouveau en silence l'eau ruisseler contre la vitre. Elle ruissèle comme le sang ruissèle d'une blessure. Mon sang ruisselant d'une blessure invisible à l'oeil nu. Je resserre mes bras autour de mes jambes que je plaque contre ma poitrine, mon téléphone reposant dans ma main. Je ne sais pas si c'est une bonne idée de répondre aux SMS de Rio, mais je ne peux m'en empêcher. Comme la Terre ne peut s'empêcher de tourner autour du sol. Comme la pomme ne peut s'empêcher de s'écraser au sol, attiré par la gravité. Je suis attiré par Rio, depuis des années. Depuis le premier jour où j'ai posé mes yeux sur lui, que je suis venue à sa rencontre dans ce couloir. Nous deux, cela m'a toujours semblé une évidence... jusqu'à ce que je m'échappe de l'appartement, de Boston même, comme s'il s'agissait d'une prison dans laquelle j'étais retenue depuis de trop nombreuses années. C'était loin d'être une prison, mais ma fausse couche sonnait à mes oreilles comme une accusation, comme un crime que j'avais commis et qui résonnerait à mes oreilles aussi longtemps que je resterais présente en ces lieux. Mais j'ai accepté finalement de revenir, tout comme j'accepte de retourner une nouvelle fois à l'appartement. Cela ne m'aidera en rien à oublier ma vie d'autrefois, mais parfois, il vaut mieux vivre dans le passé que de ne pas vivre du tout sans doute. J'attrape les clés de la voiture et me dirige rapidement vers cette dernière, garé dans l'entrée de la maison de mes parents. Il ne me faut pas plus de 10 minutes pour rejoindre l'immeuble dans lequel nous vivions avec Rio. Je gare ma voiture un peu plus loin et remonte la rue à pied. Le code composé, la porte s'ouvre dans un petit « bip » habituel. Mes pas me mènent de manière automatique jusqu'à la porte de notre appartement... Son appartement. Je sens mon coeur tambouriner dans ma poitrine tandis que je frappe doucement à la porte. Mon sang semble se glacer sous ma peau et se figer comme un sourire sur une vieille photo. La porte s'ouvre finalement sur Rio. Cette fois mon coeur semble rater quelques battements tandis que j'essaie d'afficher un sourire décontracté. « salut chat... » Ce surnom restera, je n'y peux rien. "tu me laisses rentrer chez toi ou tu veux qu'on bouge?"

J’étais jeune, peut-être trop jeune pour tomber amoureux mais à 16 ans, je pensais tout de même avoir trouver la femme qui partagerais ma vie, pas pour une nuit, mais pour tout le reste de ma vie. Mais notre histoire n’avait pas survécu à la fausse couche dont avait dû faire face Kara. Dont nous avions dû faire face tous les deux. J’aurais voulu être là pour elle et elle savait que je serais resté auprès d’elle après coup, mais elle avait préféré partir, me laissant dans ma solitude et ma tristesse. J’étais un tout autre homme. Oui, j’avais beaucoup changé depuis, préférant me construire une carapace afin d’éviter de retomber d’aussi haut une nouvelle fois. Je n’aurais jamais pensé tomber amoureux de Kara, pas du haut de mes 16 ans, mais elle avait bouleversé ma vie, le jour où elle était venue à ma rencontre dans ce couloir. Ado tranquille, sans histoire, profitant tranquillement de la vie, elle s’était postée devant moi et m’avait fait comprendre qu’elle voulait être avec moi. Je l’avais déjà remarqué mais je n’avais jamais voulu faire le premier pas. Je l’aimais, je l’ai aimé au premier coup d’œil. On était toujours sur la même longueur d’onde, et je l’emmenais partout ou je pouvais l’emmener. C’était devenue ma raison d’être que j’en délaissais même parfois un peu trop ma petite sœur. Aujourd’hui, j’avais vraiment envie de retrouver Kara. Je ne savais pas ce que je faisais pour être honnête mais le temps n’était pas en ma faveur et je n’avais certainement pas envie de sortir sous ce déluge. L’été semblait bel et bien terminé et la pluie reprenait petit à petit ses droits. Je ressens le besoin de voir mon ex petite amie. Je ne sais pas ce que nous allons faire, je ne sais pas si nous allons parler de tout et de rien, ou bien nous prendre la tête, je ne sais rien mais je ne sais qu’une chose, j’ai vraiment très envie de la voir. Je lui envoie un sms, et je ne même pas si elle va prendre le temps de me répondre. J’attends, pas de réponse, je fini par me lever du canapé pour aller dans la cuisine afin de me faire un café bien noir. Je sors de mon paquet, une cigarette et l’allume devant la fenêtre à demi ouverte. Je n’aime pas fumer à l’intérieur, et je n’ai jamais fumé à l’intérieur depuis que j’ai commencé à vivre avec Kara. Même une fois partie, j’ai continué à fumer sur la terrasse. Une réponse. Elle vient et je ne sais pas pourquoi mais je sens complètement soulagé. J’ouvre la porte pour faire face à la jeune femme quelques minutes après notre échange de sms. Ce surnom… encore une fois. Je m’approche d’elle pour l’embrasser sur la bouche et me rétracte rapidement. Nous ne sommes plus ensemble mais ce surnom me perturbe. Non on reste ici, ça te va ? Il pleut des cordes, j’ai la flemme nous aurions pu nous aventurer sous la pluie, après tout, nous faisions tout et n’importe quoi ensemble. J’ouvre en grand la porte pour la laisser entrer. tu veux boire un café ? lui demande-je tout en refermant la porte derrière moi.

Je devrais arrêter de le surnommer ainsi. Entre lui et moi, il n'y a plus rien à part des sentiments de mon côté. Mais c'est plus fort que moi. Ce surnom lui a collé à la peau de nombreuses années. J'aimais l'appeler ainsi, je ne sais pas pourquoi, mais je trouvais que cela lui correspondait tellement. Têtu comme peut l'être un chat, avec son propre caractère, indépendant, mais en même temps ravi d'avoir l'intention sur sa personne. Il aimait marquer son territoire, n'hésitant pas à montrer les crocs si quelqu'un s'approchait trop près de ce qui lui appartenait. Encore aujourd'hui, il me prouve que comme un chat, il a plusieurs vies. Une dont je fais partie, et une autre où j'ai totalement disparu, faisant de lui la personne qu'il est devenu. J'hoche lentement la tête lorsqu'il me demande si ça me va et s'efface pour me laisser entrer. Même si je n'aime pas me retrouver dans cet appart' sans savoir ce qu'il en est de notre relation, je le préfère encore à la rue trempée, à la pluie qui ne cesse de tomber depuis ce matin. Une journée parfaite pour être au repos en fin de compte ou pour avoir la flemme comme le dit si bien mon ex. Je souris, ne pouvant m'en empêcher, tandis qu'il referme la porte derrière moi. Dans tous les cas, j'ai simplement envie de profiter de sa présence, qu'importe ce qu'il a prévu ou n'a pas prévu. Je pouvais passer des heures assises à ces côtés, à contempler la neige tomber en hiver, ou simplement à le regarder dormir lorsque je me réveillais avant lui. « Non merci, un verre d'eau me suffira. » dis-je en haussant les épaules, avançant lentement dans l'appartement. La dernière fois, je ne me suis pas attardé, je voulais en finir au plus vite avec mes cartons. Je ne voulais pas revoir cet endroit. Je me mords légèrement la lèvre en regardant l'appartement.. Rien n'a vraiment changé. Les meubles sont les mêmes, simplement débarrassé de nos photos de couple. Pour toujours... cette phrase me semble tellement dérisoire à présent. Je laisse ma main glisser le long de la table en bois qui occupe une grande partie de l'espace. J'ai imaginé cette table remplie de plats divers et variés pour rassasié nos amis... et plus tard nos enfants...Oui tout ça me semble bien loin aujourd'hui. Je tourne mon regard vers Rio qui se trouve à présent dans la cuisine. Je le suis et m'approche doucement de lui, le regardant faire du café en me mordant légèrement la lèvre. « Est-ce que tu as réussi à me remplacer durant ces deux années ? » demandai-je. J'ai besoin de savoir. Besoin de savoir si une autre femme a compté ou compte pour lui à présent ; si les rumeurs que j'ai entendues sont exactes ou simplement une imagination. Je dois savoir si une autre femme que moi a vécu ici, si une autre personne a réussi à posséder son coeur.

Entendre ce surnom me fait toujours de l’effet. Je ne l’ai pas oublié. Non, comment pourrais-je l’oublier ? Même depuis tout ce qu’il s’est passé, ce n’est pas possible. Mon coeur se serre quand elle le prononce, des souvenirs remontent à la surface et je n’ai pas envie d’y penser pour l’instant. Je ne sais pas pourquoi je lui ai demandé de venir, je ne sais pas ce que nous allons faire, mais j’avais tout simplement envie qu’elle vienne, j’avais envie de la voir, d’être en compagnie de la jeune femme. Je sais que je ne devrais pas, j’aurais dû faire autre chose, mais non, j’ai préféré demander à la jeune femme de venir me retrouver afin que nous passions le reste de la journée ensemble. Je suis complètement paumé depuis le retour de Kara. J’ai aussi Olympe dans la tête, pire que je ne l’aurais pensé d’ailleurs. Elle a réussi à prendre une importante place dans mon esprit et je n’arrive plus tout à tout gérer. C’est devenu compliqué et mon cerveau va finir par exploser. Je ne pense qu’à lui faire l’amour, et je ne pense qu’à embrasser Kara pour la retrouver. Comme quoi finalement les femmes ont toujours eu le pouvoir sur les hommes. J’essaie de ne plus penser à tout cela, mais Kara va bientôt arriver. Je n’ai pas grand chose à la maison, je n’ai pas eu le temps de faire des courses. Seule la femme de ménage est passée hier mais le frigo n’est pas forcément très plein. Je lui rapporte alors un verre d’eau. je ne sais pas ce que nous pouvons faire, quoique, nous pouvions rester devant netflix et sortir plus tard si nous le voulions. Nous avions l’habitude de rester tous les deux affalés dans le canapés, nos deux corps enlacés devant netflix quand il ne faisait pas beau. Avant qu’elle ne me quitte, je pouvais rester chez moi, mais depuis qu’elle est partie, j’ai pris l’habitude de toujours sortir, pour ne jamais rester chez moi à ruminer. J’ai un mode de vie qui est bien différent de celui que je pouvais avoir quand je vivais avec Kara. tu peux regarder, je n’ai pas fais de grands changement depuis ton départ. j’ai simplement rangés ou bien jeté toutes ses affaires mais la décoration est restée la même. Je n’ai jamais eu le coeur de la changer. Je suis surpris parce sa question. Oui et non. Je ne sais même pas quoi lui dire. veux-tu vraiment le savoir ? lui demande-je en la regardant droit dans les yeux. Je n’ai pas eu d’autre femme qui a réellement compté, non. Je n’ai pas envie de parler de çà. Pas encore en tout cas, car je sais que je vais vouloir le savoir pour elle et que je ne vais certainement pas apprécier la réponse. netflix ? Tous les deux ? comme avant ? aurais-je aimé ajouter.

'Cet appartement est ravissant', je me souviens encore du jour où nous avons visité cet endroit. Nous étions jeunes, à peine 18 ans. Deux adolescents cherchant un appartement où s'installer pour vivre ensemble. Un appartement à plusieurs milliers de dollars, en plein centre-ville de Boston. La belle vie, la vie de luxe qui s'offrait à moi, me mettait mal à l'aise et pourtant j'étais heureuse. Heureuse aux côtés de Rio. Bordel je me sentais tellement ... adulte en visitant tous ces endroits fabuleux où nous aurions pu poser nos affaires. Pris tous les deux à Harvard, deux ans de relations sans aucun nuage à l'horizon. Un souvenir me frappe violent dès que je pose mon regard quelque part dans la pièce de jour. Ce meuble, choisi quelques jours après avoir signé l'achat, ce tableau accroché au mur, que nous avons peint ensemble. Une sacrée journée également, chacun occupait à peindre un côté de la toile... cela s'est terminé en bataille de peinture. Un léger sourire effleure mes lèvres lorsque cette scène me revient en mémoire. Oui j'étais heureuse ici...Bon sang je regrette d'être partie, d'avoir tout gâché entre nous. Pourquoi ai-je fait cela ? Je souffle doucement, essayant de calmer cette envie irrésistible de pleurer. Je veux passer une bonne journée avec Rio, ce n'est pas le moment de me mettre à culpabiliser et tout gâcher une nouvelle fois. « J'ai toujours aimé cette déco... Tu as toujours eu de bon goût. » dis-je avec un petit sourire. Rio choisissait davantage la décoration que moi, je n'osais pas vraiment choisir, de peur que cela soit très cher ou au contraire qu'il trouve que je choisissais des objets de mauvaises qualités. Je le regarde tranquillement me verser un verre d'eau et ne peux m'empêcher de lui poser une question. La question qui tourmente mon esprit depuis plusieurs jours. Depuis mon retour. J'avais peur de revenir et de le découvrir aux bras d'une autre jeune femme. Mais j'ai tout de même besoin de savoir. « vraiment non... mais il faut tout de même que je sache je pense... » Que je sache si je compte encore pour toi, ou si tu as réussi à m'effacer, si tu as une autre femme en tête ou non. Netflix. Ce mot si doux, sonne tellement bien à mes oreilles. Je croise le regard de Rio, un sourire malicieux apparaissant de suite à mes lèvres, tandis que je cours presque jusqu'au canapé et la télé pour attraper la télécommande la première. « C'est moi qui choisis » dis-je d'un air triomphant. Hors de question de me taper un film d'horreur. J'attends qu'il s'installe sur le canapé à mes côtés avant de me rendre sur la page d'accueil de Netflix. « Alors je te laisse quand même le choix : comédie ? Romance ? ou comédie romantique ? » dis-je avec un sourire en posant mon regard sur lui. Bon au final il n'y a pas beaucoup de choix, mais le plus important ce n'est pas le film non ? « Je suis heureuse d'être là tu sais... c'est... étrange mais j'aime bien. » dis-je en haussant les épaules. Je ne peux pas dire que ça ne me fait rien, au contraire. Mais c'est ainsi et la présence de Rio me suffit largement.

Une fois accepté à Harvard, mon père m’avait dit que j’aurais un bel appartement, un loft, pour pouvoir rester sur le campus. Il m’avait offert ma liberté et la liberté de pouvoir vivre avec la femme que j’aimais. Je venais à peine d’avoir mon bac, et Kara était enchantée de pouvoir vivre avec moi. L’appartement lui avait tout de suite plu et nous avions donc accepté avec grand plaisir l’offre de mon père. Elle n’avait pas autant d’argent que moi, mais je ne l’aimais pas pour l’argent, je l’avais toujours aimé pour ce qu’elle était, et ce qu’elle représentait à mes yeux. Depuis le début, j’avais dis que je ne vivais pas pour l’argent, et même si je croulais sous l’argent et que j’en utilisais simplement pour voyager, et faire plaisir à ma famille et à Kara, j’en utilisais le moins possible. Je n’étais pas très dépensier et c’était très bien comme ça. J’avais décidé de faire la décoration, avec l’aide de Kara mais le plus gros avait été choisi par ma personne afin de faire une belle surprise à Kara qui avait toujours apprécié cette déco. Si je n’avais pas forcément toutes les qualités du monde, au moins, je pouvais me vanter d’être doué en décoration. Mais tout ce qui était sous forme artistique était pour moi. Dehors, c’est l’état de mon coeur qui se révèle. La pluie se fait entendre, frappant les carreaux un peu plus fort chaque minute qui passe Merci… j’ai de la chance d’avoir hérité de cette qualité que possède ma mère elle aussi a toujours eu un don pour la décoration. Si moi, j’ai surtout eu le dessin, et on ne sait même pas de qui car personne dans ma famille ne dessine comme moi, j’ai eu le droit d’avoir le même don que ma mère pour la décoration. Finalement elle me pose la question que je n’aurais jamais voulu entendre. Lui demandant si elle voulait vraiment avoir la réponse, elle me réponds que non mais qu’il faut tout de même qu’elle sache. pourquoi utilises-tu le verbe falloir ? lui demande-je, ne répondant toujours pas à sa question. Non, je n’ai pas eu de copines depuis que tu es partie et çà, ce n’est pas du tout un mensonge je me suis fermé à toutes formes d’amour. J’ai simplement eu pas mal d’aventures d’un soir c’est tout et j’en ai encore, mais je ne préfère pas lui en dire d’avantage. Pourquoi lui dire de toute manière ? et toi, ne me dit pas qu’en deux ans, tu n’as rien fais, ni rien vécu avec un mec ce n’est pas une question. finalement, je lui propose de passer notre journée devant netflix. Peut-être pas toute la journée mais comme au bon vieux temps. comme d’habitude souffle-je avec un petit sourire sur le visage. On ne change pas, même pas avec Kara autour. Je souris, je n’ai souris qu’avec elle. ce que tu veux, faut pas trop que ce soit romantique non plus si tu veux bien je ne suis plus le même Rio, et elle le sait alors le romantisme, très peu pour moi. Je prends place à coté d’elle et je ne sais pas pourquoi, mais surement l’habitude que nous avions tous les deux avant, je lui dépose un baiser dans le cou. Je m’en rends compte une fois terminé, et je ne préfère rien dire, pas même m’excuser. je sais.. c’est étrange pour moi aussi mais j’ai envie de la prendre dans mes bras.

Tous les meubles qui sont présents ici appartiennent à Rio. C'est lui qui les a choisis lorsque nous avons emménagé ensemble, il est normal qu'il ait tout gardés, qu'il n'est pas vu d'intérêt à changer la déco. Elle est magnifique de toute manière. Je souris légèrement en regardant autour de moi. Un sourire simple un peu stupide sans aucune réelle raison, mais ce sont ces sourires-là qui sont les plus chers. Sourire sans raison. J'ai eu des moments formidables dans cet endroit. Pourquoi avais-je peur de revenir ici au fond ? Parce que j'allais être submergé par tant de souvenirs heureux ? Sans doute que je pensais que ces souvenirs heureux me feraient mal. Peut-être que ce seras le cas ce soir, lorsque j'y repenserais seule dans ma chambre, à me dire que je n'en vivrais plus d'aussi heureux avec lui... Mais autant profiter de l'instant présent pour le moment. « Oui, la maison de tes parents était magnifique également. » dis-je en levant mon regard vers lui. « Tes parents vont bien ? » demandai-je gentiment. Je doute qu'ils me portent dans leur coeur, mais je n'ai pas oublié qu'ils ont accepté de payer cet appartement, presque entièrement, pour Rio, mais pour moi également. Ils ont accepté que leur fils s'installe avec eux, alors que je ne devais pas être une très bonne « personne » pour eux, que j'attirais les ennuis à Rio avec mes conneries également. Je ne sais pas si un jour ils m'ont vraiment aimé, mais ils ont tout de même, accepté que je fasse partie de la vie de Rio... et même s'ils doivent me détester de lui avoir brisé le coeur, ils auront toujours mon respect et ma sympathie. Un petit rire s'échappe de mes lèvres lorsqu'il pose sa question. Une question un peu « banale » sur le choix de mes mots, qui me font doucement rire car je la trouve un peu ... étrange. « Je ne sais pas... Je pouvais également utiliser un autre verbe. »» dis-je en riant légèrement en croisant les bras sur ma poitrine. J'ai simplement besoin de savoir, c'est tout ; c'est nécessaire pour moi, savoir si je dois tourner la page, ou non, concernant notre couple. J'écoute sa réponse en silence, ne sachant pas vraiment comment prendre tout ce qu'il me dit. Est-ce que lui a tourné la page ? Son comportement durant les deux années précédentes ne m'en dit rien. Je n'en sais pas plus. Je sais simplement que les rumeurs que j'ai entendues sont bel et bien vrais à présent. « D'accord » répondis-je simplement. Je fais comme si je n'avais pas entendu le reste me concernant. Après tout ce n'est pas une question qu'il a posée, donc techniquement, je n'ai pas besoin de répondre. Je préfère m'intéresser au catalogue de Netflix, à chercher un film qui pourrait nous convenir à tous les deux. « Non t'inquiète je sais, je vais trouver quelque chose de drôle. » où le couple n'est pas au centre de l'intrigue principale, je te connais. Je continue de chercher pendant quelques minutes, laissant le temps à mon ex de s'installer à mes côtés. Un frisson me parcours lorsque je sens ses lèvres se poser sur la peau nue de mon cou. J'essaie de ne pas réagir à cela. C'est un simple geste d'habitude, il n'a pas fait attention, ce n'était pas volontaire de sa part... « Oh on regarde « Polly et moi » ? » dis-je avec un grand sourire... Ok niveau couple pas au centre de l'intrigue je repasserais... mais c'est Ben Stiler. J'attends sa réponse et lance le film, reposant rapidement la télécommande sur la table basse et ma tête sur l'épaule de Rio. S'il se permet les bisous dans le cou, je me permets de reprendre mes vieilles habitudes aussi.

Je sais que çà peut paraître étrange, déroutant même de vouloir voir une personne qui vous a fait du mal mais, j’ai eu beau essayer de haïr Kara, je n’ai pas réussi à continuer depuis son retour. Elle a ce drôle d’effet sur moi, elle me change complètement. Je suis une tout autre personne quand je suis avec elle, je suis une toute autre personne quand je suis avec Olympe et je suis encore une autre personne quand je suis avec les autres. Je ne sais pas sur quel pied danser, je suis complètement perdu, et pourtant, avant cet été, j’étais pourtant très bien. Tranquille, profitant simplement de la vie. Aujourd’hui, j’ai deux femmes dans ma vie et je ne sais plus où donner de la tête. Moi qui était en plein dans ma solitude et complètement fermé à toute forme d’amour depuis que Kara était partie en me laissant sans explications, j’avais maintenant, trop de trucs en tête. Je ne voulais pas être loin d’elle ni même loin d’Aliénor. J’avais passé tout l’été à la vouloir, tout l’été à lui tourner autour, ce n’était pas parce que j’avais simplement envie de coucher avec elle. Mais aujourd’hui, j’ai demandé à Kara de venir. Je ne sais pas vraiment pourquoi, tout simplement pour avoir sa présence, pour être avec elle, comme au bon vieux de temps. Je sais bien qu’il ne faut pas vivre dans le passé, mais je ne peux pas faire comme si de rien n’était. Elle me manque, je ne vais pas le nier. Elle l’est toujours, ils ont fait quelques changements et ont agrandis le jardin. Ils ont une plus grande piscine aussi je suis d’ailleurs en pour parler avec mon père pour voir si c’est possible de faire construire une piscine sur le toit de l’immeuble dans lequel je vis. Etant au dernier étage de ce petit immeuble, mon père a déjà demandé à ce que le toit soit accessible seulement pour moi. Oui très bien. Mon père bosse toujours comme un forcené et il veut que je reprenne l’affaire familial une fois les études terminées. Ma mère t’en veut… je ne peux pas te mentir. oui elle lui en veut d’avoir laissé tomber son fils et d’être partie comme une voleuse. Mais de toute manière, elle va finir par oublier tout ça ou bien le laisser dans un coin de sa tête. Ma mère est pire que moi sur ce coup-là. Elle ne me dit pas grand-chose lorsque je lui dis que j’ai couché avec pas mal de filles. Oui, je suis passé du coq à l’âne, c’est pour dire. Je n’avais toujours connu que Kara, c’était ma première et je pensais que ce serait la dernière, mais non, je m’étais complètement trompé car j’avais fini par me renfermer et coucher avec toutes les femmes que je pouvais avoir dans mon lit. c’était mon moyen pour t’oublier. Je n’ai pas envie de te mentir, coucher avec ses femmes m’a vraiment fait du bien. Je sais que j’aurais pu trouver mieux pour t’oublier, mais je n’ai trouvé que ça et je n’avais pas envie de me remettre avec quelqu’un. Est-ce que j’en ai envie aujourd’hui ? je ne sais pas du tout. Lorsque je m’installe à côté d’elle, mes vieilles habitudes reprennent le dessus. L’embrassant alors dans le cou, je me rends vite compte de ce que je viens de faire lorsqu’elle me sort dans mes pensées en s’écriant qu’elle veut regarder polly et moi. Qu’est-ce que c’est que ça ? je lève les yeux au ciel, mais accompagne mon geste d’un beau petit sourire la laissant prendre place comme avant. Je passe mon bras derrière elle pour l’avoir tout près de moi. Ca a l’air de bien te faire plaisir, alors mets le de toute manière, elle ne m’aurait pas laissé le choix. Je caresse alors son épaule, mes doigts dansent délicatement sur le tissu qui recouvre son épaule. J’ai soudainement envie de l’embrasser. Mais je ne peux pas faire ça.

La vie est différente depuis que je suis partie. Sa vie est différente, la mienne également. SI Rio a changé durant mes deux années d'absence, je ne sais pas si je peux dire que je suis toujours la même qu'avant. Ces deux années n'ont pas été des vacances pour moi. Je n'avais pas les moyens comme lui de partir à l'autre bout du monde comme ça. Je n'ai jamais quitté le pays à vrai dire, simplement vagabondé dans les différents Etats, toujours en voiture. Un moyen de transport, simple et le seul que j'avais à disposition quand je suis partie. Je n'avais pas les moyens de loger dans des 5 étoiles, dormant le plus souvent dans des motels minables ou parfois même juste dans ma voiture. La vie de rêve non ? Mais je l'ai voulu n'est-ce pas ? Je ne préfère pas en dire un mot à Rio, de peur d'avoir ce reproche dans la figure, de l'entendre dire que je n'avais qu'à revenir pour retrouver une vie de luxe. « Ah oui je vois... Ils n'ont pas envie de retourner au Brésil ? ça ne leur manquent pas ? » demandai-je. J'imagine qu'ils doivent s'y rendre en vacances, mais ça ne doit pas être la même chose. Sa réponse ne m'étonne pas. Oui maman Vaz m'en veut, ce n'est pas une surprise. Moi aussi , si j'avais un fils qui avait eu le coeur brisé par une idiote partie sans explication, je voudrais l'écorcher vif. « C'est ce que tu vas faire ? Reprendre « l'affaire familiale » ? » dis-je en mettant entre guillemet l'affaire familiale. Je sais que ce n'est pas son rêve, et cela serait vraiment un gâchis de le voir enfermé dans un bureau, mais peut-être que cela aussi cela a changé au cours du temps. « Je suis contente que ta famille aille bien. Et ta soeur, elle a intégré Harvard finalement ? » Je me rappelle que c'est ce qu'elle voulait il y a deux ans, mais je suis partie avant qu'elle ait obtenue une réponse d'Harvard. Bon sang tout cela semble bien loin c'est vrai, et pourtant si proche.« ma famille va « assez bien » aussi si ça t'intéresse. » dis-je avec un petit sourire. On ne peut pas vraiment dire que mes parents étaient très à l'aise lorsque Rio venait à la maison. Peur de paraître pour des ploucs, d'être trop « simple » ne pas être à la hauteur, essayant de paraître parfait alors que c'était loin d'être le cas... Et c'est ce que j'aime chez ma famille. On est un brin décalé. Après avec les deux enfants qu'ils ont fait, pas étonnant que les parents soient très « saint » d'esprit non plus. Je ne suis pas un modèle de vertu, je le sais, et je ne m'attendais pas à ceux que Rio m'attende sagement non plus. Je comprends qu'il est eu besoin également d'avoir d'autres personnes dans sa vie ou dans son lit. « Je sais, tu avais besoin d'autres choses... Je n'allais pas rester là seule femme avec qui tu allais coucher non plus. » dis-je en haussant les épaules Ce n'est pas plaisant à entendre non plus, surtout qu'à présent, je me demande s'il m'a comparé à ses femmes. Physiquement, sexuellement. Rio était également ma première fois, je ne pensais pas coucher avec un autre homme... je n'y avais jamais pensé jusqu'au jour où... Je soupire passant une main dans mes cheveux. Un peu déboussolé, au fond je n'aurais peut-être pas du poser la question non plus. Je préfère tourner mon regard vers la télé pour choisir quelque chose à regarder. Oui « Polly et moi » c'est romantique à pleurer, mais c'est drôle... et dans le fond c'est un film qui peut faire penser à notre histoire... du moins le départ. La meuf un peu décalée, qui fait n'importe quoi et entraîne une vieille connaissance du lycée dans ses délires. « J'aime bien revoir les vieux classiques ».dis-je avec un petit sourire, en m'installant confortablement contre Rio, la tête sur son épaule et collé contre lui. Je sens ses doigts sur mon épaule, jouant avec le tissu de mon t-shirt, comme s'il hésitait à passer ses doigts dessous pour caresser ma peau. Je pose à mon tour ma main glacée sur la sienne, resté posé sur son genou. Rio a toujours eu le sang plus chaud que moi à croire. Toujours une différence de températures entre nous. Je caresse doucement sa main avant d'entrelacé mes doigts aux siens, sans détacher mon regard de la télévision. Je ne fais pas un bond en arrière en faisant ça, mais peut-être plutôt une avancé dans le présent. J'ai besoin de le sentir, sentir sa peau contre la mienne, sentir sa chaleur, contraste opposant avec la mienne, de voir son regard se perdre dans le mien alors qu'il m'enlace, et pose sa bouche sur la mienne... J'ai besoin de tout cela, mais je me contente de sa main pour le moment...

Beaucoup de choses ont changés depuis son départ, et ce n’est pas forcément que du positif. Cependant, depuis qu’elle est de retour, elle a complètement chamboulé mon quotidien. Si je l’ai détesté à son retour, si je lui ai dit toutes les choses que je voulais lui dire, je n’ai plus envie de me battre avec elle. Elle a réussi à me faire baisser les armes, comme lors de notre première rencontre. Je savais ce que je voulais, je savais le chemin que j’allais prendre, que j’étais en train de prendre et ce n’était pas forcément le bon mais au moins, je n’avais rien d’autre en tête, j’étais bien, paisible et je faisais ma vie. Mais, il a fallu qu’elle revienne et qu’elle me fasse complètement perdre la raison. Je sais que les choses sont différentes, je ne voulais absolument pas la revoir et maintenant, je ressens ce besoin de la retrouver, de pouvoir la toucher, de retrouver ce que nous avions tous les deux, alors que j’ai aussi Olympe dans ma tête, dans ma vie. Tout me semble tellement compliqué. Tant de choses n’auraient certainement pas dû se passer. Ah non, pas du tout. S’ils sont venus ici à l’origine, c’était pour nous donner une vie meilleure à ma sœur et moi, mais ils ont tout ici. Leur vie est bien mieux qu’ils n’auraient pu l’espérer, et ils ne vont pas la quitter. Ils sont très bien ici, ils ont leurs amis, leurs habitudes. Le brésil ne leur manque pas tant que çà. C’est surtout notre famille restée là-bas mais ils y partent quand ils le peuvent. ils n’ont aucun problème avec l’argent, ils peuvent se payer le luxe de rentrer au Brésil chaque fois qu’ils le souhaitent. Ils ont leurs attaches là-bas et toute la famille mais ils sont très bien aux Etats-Unis. Peut-être une fois qu’ils seront vieux, ils voudront rentrer au pays. certainement oui, je ne sais pas çà me fait clairement chier de devoir reprendre l’affaire familiale. Elle tourne très bien, elle a du succès mais en même temps dans la finance, si tu sais y faire, tu gagnes toujours. Mais ce n’est pas le chemin que je souhaite prendre. Je fais déjà des études qui ne me correspondent pas mais qui font plaisir à mes parents qui sont très fiers de moi. Même si j’ai toujours eu tout leur amour, ils ont toujours voulu que je fasse de la finance et ont toujours été très clairs. Rester dans un bureau, ce n’est pas moi, alors je ne sais pas ce que je ferais après avoir obtenu mon diplôme. et oui, elle est à harvard maintenant. Elle fait sa vie, elle ne pense même plus à son grand frère, c’est pour te dire j’ai un petit sourire, mais je soupire tout de même en y pensant. Elle grandit, ce n’est plus mon petit bébé de petite sœur. Au contraire, elle est devenue une très belle jeune femme mais çà m’attriste aussi d’un côté. Je ne lui demande pas comment va sa famille, je sais que je devrais mais je n’y pense absolument pas. excuse moi lui dis-je tout simplement. J’ai toujours voulu que ses parents m’apprécient mais c’était compliqué. Ils ne me voyaient pas d’un très bon œil, j’ai toujours eu de l’argent et ils ne voulaient pas que je fasse n’importe quoi avec leur fille. Pourtant, j’étais fou amoureux d’elle, et j’aurais tout donner pour elle. Je le leur ai d’ailleurs prouvé. Mais nos familles n’étaient pas les meilleures amies du monde alors que nous nous aimions et que nous ne voulions rien d’autre. J’ai fais pas mal de conneries depuis qu’elle est partie, j’ai couché avec tellement de femmes que je ne pourrais même pas compter en vérité. effectivement, tu ne pouvais pas continuer à être la seule. lui dis-je simplement et toi ? lui demande-je sachant très bien qu’elle n’a pas dû rester sans rien faire pendant son absence. Je la laisse prendre place sur le canapé, dans mes bras, comme au bon vieux temps. J’ai envie de la serrer contre moi, de pouvoir la toucher, la caresser. Sa peau contre la mienne. Elle ne dit rien sur le fait que je caresse son épaule. Je finis par passer ma main sur sa manche pour pouvoir lui caresser la peau directement. Je ne suis pas du tout dans le film mais je le regarde. Rêvassant. Je la serre d’avantage et dépose un nouveau baiser mais cette fois sur son front. Si je pouvais, je ferais tellement plus.