Des cours. C'était ce que j'aurais du prendre mais comment justifier qu'un prodige ayant suivi un cursus parfait en Angleterre dans le domaine de l'art prenait soudainement des cours. Non. Je ne pouvais pas. Ne pas éveiller les soupçons. Il fallait que je m'entraîne seul.  Me voilà donc, investissant le sous sol du pavillon des Wright, y établissant mon 'atelier' , peintures, argile, bois, pinceaux, toiles vierges et autres matériaux en tout genre. Et devant mon chevalet, je m'exerçais à 'mon art'. La corbeille à fruit trônait sur une petite table à quelques mètres devant moi et je donnais un dernier coup de pinceau. Reculant d'un mètre pour observer le chef d'oeuvre, je sentis la présence d'Abigail dans mon dos. "C'est très bien je touve. . " commenta-t-elle sur un ton encourageant. "Merci moman." M'amusai-je à lui répondre sur un ton enfantin alors qu'elle me faisait ensuite savoir qu'ils s'absentaient , elle et son mari, quelques heures pour une course. Ça tombait bien mon modèle du jour n'allait plus tarder. Marre de représenter  des pommes, des bananes et des raisins, aujourd'hui j'allais avoir bien plus intéressant,  si la photo était vraie, à me mettre sous le pinceau, et surtout à me mettre sous les yeux. J'accrochai mon tableau aux murs, deja bien envahis par mes oeuvres, j'installais une toile vierge sur le chevalet et remontai jusque dans l'entrée de la maison ensuite guettant l'arrivée de ma 'muse' ,  cette demoiselle qui m'avait contacté par sms...

Cette annonce est du pain béni ! J'ai terriblement besoin d'argent depuis que mon appartement a pris feu et a détruit la plupart de mes affaires. Relogée, je me rends compte que j'ai besoin d'économiser pour pouvoir me prendre une nouvel appartement et me refaire une garde robe. Heureusement, mes cours étaient restés dans ma chambre à la mather, avec plusieurs vêtements. J'ai passé mon été à travailler, pour éviter de penser à ma rupture avec Arthur. Aquarium et boite de nuit, rien n'a été reposant. Et j'ai même repris mon job d'escorte pour me faire de l'argent plus rapidement. Juste des soirées pour le moment, mais cette personne mystérieuse qui me parle de réalisation d'un fantasme me fait un peu rêvasser. Mais pour cet après midi, j'ai accepté de jouer la muse d'un artiste. Réellement, je n'y connais pas grand chose, même si ma mère est peintre. L'art, ça ne m'a jamais vraiment trop passionnée mais pour de l'argent, je veux bien poser le temps qu'il le voudra. Au début, j'ai cru à une blague quand il m'a dit ne pas être inspiré par les hommes. Mais bon, j'ai vu une bonne dose de taré dans ma vie, et je me dis que ça ne peut pas être pire avec lui ! J'enfile une longue chemise blanche qui cache juste mes fesses et des cuissardes, l'un de mes looks un peu fous mais que j'adore parce qu'il est vraiment confortable. Et je me rends à l'adresse donnée. Le taxi me pose devant chez lui, et il ne prend pas beaucoup de temps à venir me rejoindre, comme s'il m'attendait de pieds fermes. « Bonjour Dan ? Je suis Echo. » Je me tourne sur moi même, consciente que la chemise ample cache un peu mes courbes. « J'espère que le réel va vous inspirer autant que la photo. » Parce que j'ai cru comprendre que je pourrais le déstabiliser, et je dois avouer que j'adore ça, alors je ne m'en priverai pas.

@Daniel Wright

On ne tarda pas à voir un taxi apparaitre dans la rue et une blonde en sortir. Je m'avançai sur le porche jusqu'à sa rencontre et elle devina que j'étais l'artiste qu'elle avait contacté. "Dan. En chair et en os." Ou pas… "Enchanté de te rencontrer Echo." saluai-je en la détaillant de haut en bas, avec un regard gourmand. Elle se dirait que c'est le peintre qui dévore des yeux sa muse, son modèle, son inspiration ? Non ? En tout cas, elle ne semblait pas mal à l'aise, s'amusant à tourner sur elle même pour me laisser observer davantage sa tenue. "Disons que la tenue sur la photo était plus sympa…" commentai-je alors. Enfin 'tenue sur la photo' n'était pas l'expression juste, j'aurais du dire 'absence de tenue'. "Tu peux me tutoyer, après tout je vais faire de toi une star. La nouvelle joconde." En plus bandante, assurément. "Exposée au Louvre tout ça, prépare toi à devenir une vedette." Oui, bon, j'en faisais peut être trop. Elle allait surement mettre en doute mes talents dans quelques minutes, quand elle découvrirait mes peintures dans mon atelier. "Je t'offre un truc à boire avant que l'on commence ?" proposai-je en l'entrainant à l'intérieur. Puis je me rappelais qu'ici, de trucs à boire, je n'avais que des sodas infâmes et des canettes de bière. Le champagne des pauvres. Bienvenue dans mon monde… J'ouvris quand même le frigo, lui laissant entrevoir elle même le peu de choix qu'elle avait, avant d'ajouter : "Ou sinon, on passe direct aux choses sérieuses…" et à ma façon de la regarder, on avait du mal à croire que je parlais seulement de la dessiner. Il fallait dire qu'avec une fille comme elle devant moi, je n'avais pas envie de jouer qu'à la peinture.

Je détaille le jeune homme qui n'est pas du tout comme je l'imaginais. Il n'a pas une tête d'artiste, il ne semble pas en avoir la folie. Il est même plutôt bel homme, alors poser pour lui ne sera qu'une partie de plaisir. Pour une fois que l'on va m'observer, me caresser du regard et ne pas toucher mon corps... Je me sens forcément à l'aise avec lui, cela me change d'être Echo, l'escort girl. Être muse, cela me paraît être sympa en tout cas, et je vais me faire un plaisir de le déstabiliser comme il a pu me le dire par sms. Il commence déjà à me chercher, critiquant ma tenue par rapport à la photo. « C'est certain, mais je peux me mettre en sous vêtements pour la séance, ou nue d'ailleurs. Enfin, comme vous voudrez. » Et rapidement il me demande de le tutoyer. Il a le melon le type, j’hallucine de l'entendre dire qu'il va faire de moi une star. Je suis obligée de rire pour me moquer gentiment de lui. Soit, il est carrément doué, soit il se fout vraiment de ma gueule. J'attends de voir son taf pour faire une réflexion, on ne sait jamais. Il me propose à boire, ouvre le frigo mais je refuse d'un geste de tête. « On peut commencer les choses sérieuses oui. » Il n'a vraiment pas la façon de parler d'un artistes. J'ai pu en rencontrer, souvent même, les amis de ma mère, et cette façon guidée de parler des gens, des choses et des paysages. Je ne comprenais rarement où ils voulaient en venir. Je le suis dans son atelier et découvre ce dont il est capable. Je fronce les sourcils. « C'est... abstrait quoi. » Je ne suis pas amatrice, mais je dois avouer que je ne trouve pas cela génial. On comprendra peut-être son art à titre posthume ? Allez, on va se dire ça. Je regarde partout autour de moi, essayant de m'imprégner avec difficultés dans son univers. « Je te laisse mon corps, fais de moi ce que tu veux. » Avec un clin d’œil. Allez Dan, à toi de jouer.

@Daniel Wright

Je sentis son regard me détailler avec un air septique. J'aurais du glisser un pinceau sous mon oreille ou un truc du genre pour faire davantage illusion peut être. Mais bon qu'importe, au jeu des regards j'étais doué également. Et mes prunelles scrutèrent à leur tour la demoiselle de haut en bas. Première critique : la tenue. Mais ma muse n'avait pas froid aux yeux, c'était en sous vêtements ou même nue qu'elle proposait de poser pour la séance. "Ca faciliterait grandement mon inspiration je pense…" répliquai-je avec un sourire ravi. L'inspiration avait le dos large. En réalité, il aurait probablement mieux valu qu'elle enfile une doudoune histoire que je ne m'en tienne qu'à la peinture et afin d'éviter certaines pensées de me gagner. On entrait et Echo semblait ne pas vouloir s'embarrasser de superflu. Pas de bavardages autour d'un verre, directement les choses sérieuses. "Ok, ok, j'oubliais que cendrillon avait rencard pour la soirée." répondis-je, repensant aux sms de la demoiselle et interprétant sa hâte de poser comme étant du aux obligations qu'elle avait évoquées pour le soir venu. Dans l'atelier, l'exposition murale de mes 'oeuvres' la laissa dubitative. Sourcils froncés, elle commenta avec un air perplexe, et j'haussais les épaules, un peu vexé, répliquant : "Je t'ai pas embauchée pour jouer les critiques d'art…" En fait, j'avais conscience que j'étais mauvais, c'était pour cela qu'il fallait que je m'entraine, si je voulais pas me faire renvoyer dès la première semaine. "C'est de l'art abstrait anglais. Un genre très particuliers que peu de personnes arrivent à saisir." expliquai-je nerveusement alors que les paroles suivantes de ma muse me plurent davantage. Je m'avançais jusqu'à elle, retrouvant le sourire, mes doigts glissant le long de sa chemise, venant défaire doucement un premier bouton : "T'étais sérieuse quand tu parlais de te dévêtir ?" Qu'on soit clair, j'alignerais pas plus de tunes parce qu'elle posait en petite tenue, mais si ça ne la dérangeait pas, autant ravir mes rétines avec cette jolie vision