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I LOVE HARVARD
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    (flashback) if you don't see a shrink, people will assume you're crazy feat. Cruise
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    Lien du postVen 3 Aoû - 10:05
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    Difficile de dire si je haïssais ou non mon psy. Difficile de dire s'il me haïssait de même. Je devais être une cliente terrible : toujours à traîner des pieds quand il me proposait des nouvelles thérapies novatrices, toujours à retomber dans ses vieux travers, à refaire les mêmes erreurs. Mais bons, les gens à problème il devait avoir l'habitude. Et puis je m'étais finalement toujours montrée docile, même si je râlais toujours un peu. Les alcoolique anonymes ? Fait. Groupe de soutien pour jeunes mères célibataires ? Fait. Maintenant, on m'emmenait chez les femmes battues. Ce coup-ci, j'avais vivement protesté et puis je me tuais à répéter à mon psy que j'étais pas une femme battue. Que ça n'avait jamais été très grave, que des petites insultes, des petits coups. Bon, il y avait eu des histoires d'hématomes et de viol conjugal. Ouais, en fait, j'ai été une femme battue. Une femme violentée, appelez ça comme vous voulez. Alors, toujours en traînant des pieds, en serrant la mâchoire, je m'étais rendue à ce groupe de soutien. Le premier soir, le groupe s'était réuni dans une petite église de Boston.
    Je rentre dans l'église à pas de loup. Je suis tentée de rebrousser chemin. Ces thérapies m'effraient toujours. C'est sûrement pour ça que je rechigne à y aller. J'ai peur de me mettre à nu. De revivre tout ce que j'ai voulu chasser de mon esprit pour toujours. J'ai peur de me sentir en marge, de me sentir de nouveau comme une moins que rien, une fille à problème alors que depuis mon entrée à Harvard, je me prends à rêver en grand, à vouloir plus. Je ne laisse rien paraître de tous mes tracas, du moins j'essaie. J'avance vers le centre de l'église. Une dizaine de femmes sont assises sur des chaises en plastique qui forment un cercle. Tous les premiers visages que j'aperçois ont la quarantaine, la cinquantaine. Je ne me sens pas à ma place parmi ces femmes. Et puis, mon regard s'arrête sur une petite blonde. Une nana qui doit avoir mon âge, ou pas loin. J'agrippe une chaise en plastique et vient me placer entre cette fille et une dame qui semble vraiment vieille. Je me tourne vers la jeune fille et lui adresse un sourire en lui glissant à l'oreille : "23 ans. Toi ?" Qu'elle sache qu'elle n'était pas la seule jeune pépette au milieu de toutes ces grand-mères.
    "Christine, tu voudrais prendre la parole ?" demande une quarantenaire, les cheveux grisonnants sur les tempes. Elle doit être l'animatrice des sessions. Et Christine se lance, nous raconte la violence, les coups, le quotidien. Elle finit son récit en pleurs. Nous l'applaudissons à l'unisson. Je me refuse de l'admettre mais je suis terrorisée. Terrorisée que l'on se tourne vers moi et qu'on m'invite à prendre la parole. Je me tourne vers la jeune fille, me penche à son oreille et glisse tout bas : "Est-ce que... On est obligée de parler ?"

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