Bambi devait tenir parole. Pourtant, jusqu'à son arrivée à l'aéroport, elle n'était pas certaine d'y parvenir. Des images de sa nuit d'avec Côme lui revenant encore et encore à l'esprit, difficile d'agir normalement sans craindre le pire. Et dire que l'italienne se promettait, pas plus tard que la semaine d'avant, de ne plus tomber si facilement dans les filets d'un homme... quelle plaie ! Nouveau soupir. L'entièreté du voyage s'était déroulé dans le silence le plus complet, la brune ayant prétexté une fatigue soudaine. Ainsi armée de son cache-yeux panda, éviter les délicieuses prunelles du Dunster s'avérait bien moins complexe... mais une fois arrivés au Canada et les valises récupérées, ils se retrouvèrent tels deux couillons à se regarder en chien de fusil sans savoir qui romprait le silence en premier. Agacée, Bambi s'en chargea, bien évidemment. C'est toi qui connait le programme, pas moi ! maugréa-t-elle en levant les yeux au ciel, serrant si fort ses doigts contre l'anse de sa valise qu'ils en devinrent blancs. On doit aller à l'hôtel ou bien ? Sauf qu'au mot fatidique, la demoiselle sentit sa propre nuque se raidir. On va... partager la même chambre ?

Pour ce voyage au Canada, tu t'étais énormément posé de questions dont la plus importante était sur ta présence. Au moins, tu allais éviter Ariana parce que la jeune femme ne comptait pas venir – du moins c'était ce qu'elle devait faire, mais tu allais avoir la surprise dans la semaine – et au vu de votre situation actuelle, c'était peut-être mieux que vous ne vous croisiez pas. Sauf que tu étais perturbé par autre chose... Une autre personne plus précisément ! Il s'agit de ta meilleure amie Bambi, que tu avais retrouvé récemment et avec laquelle tu avais fait une soirée de débauche totale... Qui s'était terminée par une nuit de sexe à laquelle tu n'étais pas prêt ! Tu avais mis cela sous le compte de l'alcool ayant coulé à flot mais franchement, tu ne t'en remettais pas vraiment. Tu te demandais comment tu allais te comporter au Canada avec elle. En effet, tu l'avais invitée à t'accompagner et du coup, pendant tout le vol, le silence avait été de mise. Finalement à votre arrivée au Canada, la conversation s'engagea pendant que vous récupériez vos valises. « Oui, j'ai tout le programme. Je t'en parle après, comme ça tu me dis ce que tu voudrais faire en priorité. Mais aujourd'hui on a journée de libre donc on peut faire ce qu'on veut. » expliquas-tu doucement. « Il faut au moins qu'on pose nos affaires... Et malheureusement, je n'ai eu droit qu'à une chambre mais je peux dormir par terre... » tu déglutis légèrement avant de l'inviter à te suivre pour que vous puissiez monter dans un taxi qui vous emmènerait jusqu'à l'hôtel.

Bambi n'avait de cesse de s'insulter intérieurement, et pour cette nuit, et pour avoir accepté ce voyage au Canada. Sa présence ne rimait à rien si ce n'est les mettre diablement mal à l'aise - en tout cas de son côté, cela crevait le plafond - et autant dire que l'italienne n'avait clairement pas besoin de cela en ce moment. Pour Côme, ce dernier ne lui ayant rien dit de tout son problème de friendzone avec Ariana... impossible pour elle de compatir ou même d'agir autrement. Parler n'ayant pas été leur première activité lors de leurs... retrouvailles. A cette pensée, la brune se sentit rougir, et balaya aussitôt ses pensées lubriques. Il fallait qu'elle garde tout son self control pour son propre salut. Très bien pour le programme... marmonna-t-elle avant d'ouvrir deux grands yeux ronds et de fixer intensément le jeune français comme s'il venait de sortir la pire énormité de la création. Je ne suis pas une chienne, je ne vais pas te laisser dormir par terre, t'as craqué ou quoi ?! coupa-t-elle froidement. A se demander pour qui tu me prends, des fois...

Ce qu'il s'est passé ce soir-là, ne devrait plus repasser ! Non impossible ! Ce n'était pas du tout une très bonne idée... On ne couche pas avec sa meilleure amie, c'était l'une des règles d'or de l'Amitié non ? Parce que s'il y avait cette limite de franchie, tout devenait compliqué et c'était clairement ce qu'il se passait entre Bambi et toi actuellement... Tu ne savais pas vraiment comment te comporter vis-à-vis de ce que vous aviez fait là ! Du coup, silence radio durant tout le trajet entre Boston et Montréal au Canada mais maintenant que vous veniez de récupérer vos valises, la jeune femme avait brisé la glace pour te poser des questions. Tu avais essayé d'y répondre mais elle ne semblait pas vraiment apprécier ta réponse... Surtout celle à propos de la chambre. Tu te mis à déglutir avant de répondre : « Je suis désolé que tu sois offensée... Je disais juste que je préfère te laisser le lit parce qu'l n'est pas très grand donc on risque d'être hyper serrés à deux. » tu baissas les yeux avant de reprendre : « Je te prends pour ma meilleure amie et une fille préfère toujours dormir sur un lit. Ce n'est pas que je ne veux pas dormir avec toi. » tu ne savais pas trop comment expliquer ça. Heureusement que le taxi arrivait pour que vous puissiez vous engouffrer à l'intérieur.

Bambi aurait rêvé de se terrer dans un silence parfait, mais en acceptant ce voyage au Canada, hélas, difficile de revenir en arrière ou même de tirer une trombine de trois pieds de long tout le séjour durant. Comme tout moment en communauté, il faudrait à l'italienne faire des efforts, et cela commençait par ne pas étriper son meilleur ami. Pour l'heure, elle se maitrisait assez bien, ne s'exprimant qu'avec quelques piques dispersées çà et là. J'ai vécu pire Côme crut-elle bon de remettre les pendules à l'heure, tout en observant le paysage magnifique étant offert à ses beaux yeux, tandis qu'ils attendaient le taxi. Ce n'est pas parce que tu vas me laisser de côté une nouvelle fois que je vais me comporter comme la dernière des abruties et te laisser gober de la poussière à chaque inspiration ! Serrés ou pas, tu seras sur le lit avec moi, fin de la discussion. L'italienne était amère, certes. Mais parce que leurs nombreux moments sensuels lui avaient plu, tout simplement. Autant dire qu'elle s'engouffra dans le plus grand silence à l'intérieur du taxi une fois que ce dernier fut arrivé, ne jetant qu'une œillade à son meilleur ami à ce moment là. Et d'ailleurs, ce n'est que dans leur chambre qu'elle rouvrit la bouche, pour poser une question qui lui brûlait les lèvres depuis plusieurs longs et pénibles jours. Pourquoi moi... Côme ? Ouais il y avait l'alcool, ça doit être ça, mais si c'est le cas, putana que c'est vexant... c'est l'alcool qui t'as poussé dans mes bras ? Nom de dieu, elle avait définitivement touché le fond.

Est-ce que c'était une bonne idée ? Sur le coup, c'était parfait mais maintenant que vous aviez cette petite nuit ensemble, tu ne savais plus trop quoi faire. Il fallait peut-être l'oublier cette nuit pour que tout puisse bien se dérouler... « Je ne vais pas te laisser de côté ! Je veux vraiment passer du temps avec toi ici ! Je t'ai invitée, je vais pas te laiser. » dis-tu calmement alors qu'elle te disait qu'il n'y avait pas de discussion sur le fait que tu vas dormir dans le même lit qu'elle. « D'accord, on va dormir ensemble alors. ». Ce n'était pas parce que tu ne voulais pas du tout dormir avec elle hein... Mais tu ne savais pas trop comment tu te comporterais. Du coup, le silence radio était de nouveau de mise pendant le trajet du taxi jusqu'à l'hôtel. Une fois arrivé dans votre chambre, elle reprit de nouveau la parole afin de te demander pourquoi tu avais fait cela avec elle. « L'alcool m'a désinhibé... Parce que je n'aurais jamais osé d'ordinaire. Mais j'ai eu vraiment envie de toi. J'ai aimé hein... Je suis même prêt à recommencer encore et encore. » avouas-tu d'une voix sincère sans la quitter des yeux. Tu te mis à déglutir légèrement. C'était la première fois que tu ressentais ce désir si fort pour ta meilleure amie, mais tu ne t'en voulais pas.

Bambi avait follement envie de crier qu'on ne prêtait qu'aux riches, mais se retint de justesse. Il ne s'agissait pas là d'une réplique justifiée, étant donnée que pour l'heure, Côme n'avait rien fait de mal... si ce n'est lui offrir une soirée, une nuit de luxure revenant la hanter encore et encore dans ses rêves. A cette simple pensée, d'ailleurs, la mâchoire de l'italienne se crispa, incapable de laisser échapper le moindre son. Beaucoup de paroles auraient pu en sortir, pourtant... mais tout était si flou et complexe dans son esprit qu'il valait mieux qu'elle ne réponde que ceci : concentrons-nous sur le voyage, alors. Clair, net, précis. Ceci dit, la brune demeurait sincère et cela se lisait dans le fond de ses iris turquoises. Si le jeune homme la connaissait aussi bien qu'il le pensait, alors il le comprendrait d'une seule œillade. Vraiment, la demoiselle pensait se maîtriser pour tout le restant du séjour, et comptait respecter cette promesse tacite qu'elle s'était faite... mais une fois dans la chambre, cela avait été un véritable cri du cœur. Un cri du cœur auquel Côme avait répondu de façon tout à fait inattendue, la laissant bouche bée. Nom de dieu... murmura-t-elle en passant ses mains contre son visage. Tu vois, c'est ma faute. Je n'aurais jamais dû t'embarquer là dedans. Je t'ai chauffé sans même me soucier des conséquences et je suis bien punie, parce que ce putain de désir, il me quitte pas... tout le temps j'imagine que... Bambi venait de fermer les yeux, tandis que ses joues prenaient une jolie teinte rosée.

Ce voyage s'annonçait étrange pour toi ! Parce que d'une part, tu essayais tant bien que mal de ne pas penser à Ariana... et d'autre part, c'était ton invitée qui occupait tes pensées parce que tu avais franchi une limite à laquelle tu ne pensais pas. En effet, vous aviez partagé une nuit de luxure, peut-être sous l'effet néfaste de l'alcool mais il n'empêche que c'était fait et c'était clairement perturbant. Pourtant, à ton avis, ce n'était pas la raison pour laquelle tu refusais de dormir sur le même lit qu'elle. Tu ne niais pas que ça en faisait partie mais c'était un ensemble de choses. « Tu vas apprécier, je te le promets. répondis-tu sur le voyage que tu venais de commencer finalement. Cependant le sujet revenait aussitôt lorsque vous arriviez dans votre chambre. De ce fait, tu lui fis un aveu sincère, auquel la jeune femme ne semblait pas vraiment s'y attendre. « Tu ne dois pas t'en vouloir... Je me suis embarqué dedans tout seul, tu ne m'as pas forcé. Pourquoi lutter alors ? Nous sommes grands, et le sexe entre meilleurs amis n'est pas interdit... On peut en profiter ! Qu'en penses-tu ? »

Bambi ne pouvait hélas pas nier cette attirance magnétique se jouant actuellement entre eux, et ce depuis cette fameuse nuit. Une nuit s'étant tellement éternisée qu'il ne s'agissait même plus seulement d'une nuit mais de bien davantage, à bien y réfléchir. Et l'amie qu'elle était culpabilisait, à l'idée d'avoir tout gâché. D'ordinaire, réprimer ses émotions et ses désirs restait plus facile que cela, mais face à Côme, l'abandon, l'alcool... tout ce cocktail explosif en était devenu impossible à contrôler et le résultat, ils le connaissaient aussi bien l'un que l'autre. Je n'en doute pas... je doute juste être d'une compagnie qui mérite ce voyage... expliqua-t-elle dans un petit soupir, tout en haussant les épaules d'un air égal. Leurs aveux venait de la secouer, d'une façon étrange. Je sais que je ne t'y ai pas forcé, après tout, tu as été le premier à proposer le jeu ! Un sourire mutin s'était plaqué contre ses lèvres, alors qu'elle n'avait pu le réprimer. Ce n'est pas ce que je crains. J'espère juste que... la chute ne sera pas trop rude. L'italienne n'énonça rien d'autre, mais elle n'était pas prête à ce que ladite chute le soit, justement. De toute manière, son meilleur ami ne lui laissa pas le temps de se perdre dans des méandres négatifs...