AMAAAAZING. Cette soirée avait été absolument géniale, comme tous les karaokés auxquels tu pouvais participer. T’adorais ça : chanter, faire le show, rencontrer des gens venus aussi solo que toi. Tu sais pas, tu te sentais vraiment vivante quand t’avais le micro au bout des doigts, comme si t’étais née pour ça, pour chanter. Mais non, tu l’sais, toi ta vie elle est derrière un écran, derrière une manette, un clavier. Et à Disney. Soit, il est deux heures passées quand tu quittes le karaoké, les écouteurs dans les oreilles à t’ambiancer toute seule sur despacito, chantonnant les paroles avec passion, comme si tu tournais ton propre clip – on a tous connu ça, avoue ! Tu enchaînes les petits pas de danses dans cette ruelle de pavées.. Et trébuches dans un trou, pavé manquant. Despaciboum. Tu t’étales de toute ta longueur, le contenu de ton petit sac à main se déverse sur le sol, ton téléphone claque le pavé, ta cheville douloureuse. Ah, putain ! Tu grognes, t’as mal. Ton genou saigne, écorché par la rencontre mordante avec le sol. Les paumes de tes mains, pareil. T’essayes de te relever tant bien que mal mais tu ne peux pas bouger ton pied droit sans avoir mal. Aïe.

@Davi Baptista

Légèrement perdu dans mes pensées, je vagabonde dans les rues de Boston à la recherche de quelque chose, ou bien peut-être de quelqu’un, je n’en sais rien. Disons que depuis que j’ai appris que mon ex était, elle aussi, en ville, je ne suis pas au top de ma forme. Lorsqu’elle m’a craché tout son venin au visage par plus tard qu’hier, j’ai vu que je lui ai fait beaucoup plus de mal que je ne le croyais et imagine le ou non, ça me fait quelque chose. J’ai joué à l’imbécile et désormais, je devais en payer le prix. Un long soupire sort de ma gorge alors que je me dis que je devrais arrêter de me lamenter sur mon sort et d’essayer de me concentrer sur l’avenir. Et au même moment, un spectacle assez comique se joue devant tes yeux. Une fille s’en vient vers toi en dansant et chantant jusqu’à ce qu’elle s’écrase comme une crêpe sur le sol. J’avoue que je me suis mis à rire. Il faut me comprendre, le malheur des uns, fait le bonheur des autres, non ? Mais, je me suis tout de même avancé vers toi et me suis pencher pour ramasser les objets de toute sorte, qui traînait sur le sol. « Ça va aller? » Te demandais-je continuant ma besogne.

Tu étais tellement heureuse d’avoir passé une si jolie soirée que t’en oubliait le monde extérieur, chantonnant et multipliant les petits pas de danses. Tu aurais peut-être dû faire plus attention au monde qui t’entoure, ça t’aurait évité de marcher dans ce trou où un pavé manquait et de t’étaler face contre terre. Heureusement, tu n’étais pas seule à cette heure si tardive. Tu retires ton écouteur et regarde ce gars qui s’approche de toi et se met à ramasser tous les objets sortis de ta besace. Un voleur qui profite de ta situation de faiblesse, c’était si petit ça ! Tu te prépares à lui balancer le fin fond de ta pensée avec des noms d’oiseaux lorsqu’il se renseigne sur ton état. Oh, peut-être que c’était pas un voleur, en fait. Merci, pour mes affaires. Et, j’sais pas. Ca lance ici. dis-tu en posant ta main sur ta cheville droite. Mais quelle idée, toucher ne fait qu’empirer les choses et tu te mordilles la lèvre de douleur. Non, ça va pas aller ! J’ai trop mal. Tu regardes dans quelle ruelle tu te trouves et constates que t’es encore à un bon quinze minutes de chez toi. Bon sang, t’allais jamais réussir à rentrer.

Voir ta réaction lorsque je me suis approché de toi afin de t’aider, valait tout l’or du monde. Un peu plus, et j’avais l’impression que les yeux allaient te sortir de la tête. J’ai presque eu peur que tu me lances des éclairs de tes yeux. Heureusement, tu t’es détendue, ce qui a eu le don de faire apparaître un léger sourire, au coin de mes lèvres. Haussant un sourcil à la mimique que tu fais en te touchant la cheville, je constate que non, tu ne vas pas bien et j’en ai eu la confirmation quelques secondes plus tard. « D’accord ! Donc j’pense que j’aurai pas l’choix de t’aider... » Je soupire de désappointement, mais garde toujours ce même rictus au coin des lèvres. Je me relève donc tout en enfouissant tes effets dans ta bécasse avant de la placer sur mon épaule. « Tu peux te lever ? Embarque sur mon dos ! » Te dis-je, agrippant tes deux bras afin de te remettre sur pied et finalement t’aider à prendre place sur mon dos. J’avoue, j’en ai profité pour te tripoter légèrement les fesses, mais qui ne l’aurait pas fait ? « On va où ? » Oui parce que vois-tu, j’te connais pas et je ne sais pas où tu résides, ou du moins l’endroit où tu voulais te rendre avant de t’aplatir comme une crêpe sur le sol.

Il soupire. Il soupire en constatant qu’il est obligé de t’aider. Ah bah sympa le gars, merci le sauveur en carton. Qu’il le dise si ça le faisait chier, non mais oh ! Tes sourcils froncés, incapable de cacher le fond de tes pensées. Et pourtant, ce sourire sur ses lèvres laisse à penser le contraire, qu’il te taquine, toi, petite inconnue perdue et cassée au milieu des pavés. Ah ok, on se tutoie. te contentes-tu de répondre, comme si c’était important et comme s’il n’y avait que ça qui comptait. Tu souris à ton tour, avant de grimacer de nouveau de douleur. Nom d’un chien ! Embarquer sur son dos ? J’suis lourde, ok ? Mon médecin m’a conseillé de perdre cinq kilos, j’crois que j’ai mal compris la consigne, j’en ai repris deux tu vois. Mais j’fais du sport, alors il parait que c’est du muscle. Mais ça n’empêche que ça reste deux kilos. Hm. T’as mal au pied, mais pas à la langue. Tu sais pas pourquoi tu lui racontes tout ça, tu le connait pas après tout. Tu grimpes tant bien que mal sur son dos, ses mains qui touchent tes fesses pour te redresser. Profiteur, à coup sûr. Tes jambes qui l’entourent, ton pied qui souffre de bouger autant. Aïe, douleur, grimace. T’enfouie ta tête dans son cou, t’as envie de mordre un truc, n’importe quoi. Mais tu peux pas le mordre lui, se serait trop bizarre, alors tu te mord l’intérieur des lèvres pour ne pas gémir, montrer que t’es une petite femme faible, qui a mal. A l’hôpital j’pense, hein ? Vous marchez. Enfin lui, cet inconnu sur qui tu es perchée. Toi, tu te contentes de regarder les petites boucles de ses cheveux. J’aime bien tes cheveux. Tu penses qu’ils vont m’amputer la jambe ? Passer du coq à l’âne, tout un art made by Jaz.

Plus tu parles et sincèrement, plus je commence à te trouver détestable… Je déteste les femmes qui jacasse beaucoup trop et il faut croire que tu fais partie de celles-là, malheureusement pour moi. Surtout, que je ne suis pas de ces hommes qui ont l’âme charitable d’habitude. J’ai fait une exception en te voyant faire le bacon sur le sol, mais je suis en train de me demander si je n’avais pas mieux fait, de faire comme si je ne t’avais pas vue. Je te laisse donc parler, ne t’écoutant que très peu, jusqu’à ce que tu décides finalement de grimper sur mon dos. Comment tu peux être énervante, ma fille. Nous avons eu tant bien que mal à te faire prendre place, mais une fois réussi, il était temps de se déplacer. Je me dis que plus rapidement, j’allais te déposer où tu voulais aller, plus vite, j’allais pouvoir te laisser tranquille et retourner vaguer à mes occupations. Ce n’est que lorsque tu me dis vouloir aller à l’hôpital que je compris que ta cheville était mal en point, ce n’est pas une simple petite foulure qui aurait besoin de glace et de repos. « J’espère pour toi que t’es pas une p’tite nature, parce que compte pas sur moi pour attendre avec toi, là-bas ! » Il est hors de question que je passe des heures à attendre, parce qu’il y a des cas plus grave que toi. Je te fais faire une belle balade sur mon dos jusqu’au centre hospitalier et ensuite… tu te débrouilles, ma grande. J’ai donc commencé à me diriger vers l’endroit en question, jusqu’à ce que tu commences à parler… Encore. Et ça recommence. Un long soupir franchi mes lèvres. « Mais sérieux ? T’es conne ou quoi ? T’amputer ? Ouais, bien, s’ils t’enlèvent un morceau, je supplie pour que ce soit ta langue… » J’espère que si tu continues de parler, c’est que tu auras décidé d'arrêter de dire des conneries, parce que sérieusement, tu peux être d’une lourdeur sans nom.

(HJ : sorry, vraiment pourri... j'me rattraperai )