J’arrive pas à croire que tu sois ici. En fait, j’essaie de me persuader que c’est une mauvaise blague, qu’encore une fois, tu te fous de ma gueule. Parce que j’sais pas si j’arriverai à te revoir Declan. Même après tout ce temps, ça me bouffe à l’intérieur de m’imaginer assise sagement au bar avec toi comme si on n’était que de vieilles connaissances, comme si tu n’avais pas joué avec moi pour un stupide pari. Malgré tout, j’accepte ton invitation à ta surprise comme à la mienne j’imagine et me rends sur place, comme prévu, par Uber. Lorsque j’arrive, il y a une file dehors, mais j’ai l’habitude et c’est sans soucis que je passe devant tout le monde, le menton relevé et les cris de protestation qui s’élèvent derrière moi. La vérité, c’est que j’ai déjà baisé le doorman, mais passons. Je m’installe au bar et fais mine d’être occupé jusqu’à ce que je sente ta présence près de moi plus que je ne te remarque. Y’a cette aura que tu dégages, j’saurais pas l’expliquer. « Un peu plus et je restais dehors. Y'a fallu que je lui file du fric pour entrer à cet idiot. » J’esquisse un sourire en coin et te jette un regard de biais. « Whisky pour moi, et pour toi ? » Je me mordille la lèvre et m’adresse directement au barman, pas à toi. « Un martini. » Pas de s’il vous plait, pas de merci. J’suis une reine, vous vous souvenez? Et pas dans le genre indulgente et amoureuse du petit peuple. Plutôt dans le genre intransigeante et hautaine. « J'croyais que t'allais refuser mon invitation… » J’avale lentement ma salive et sens mon sang qui commence lentement à bouillir. Nope, j’pourrai pas faire taire la colère tout compte fait. Nos verres arrivent et j’attrape rapidement le miens. « Ouais, bah j’aurais pas pu faire ça sinon. » Ni un, ni deux, je te balance mon verre au visage avant de faire claquer ma paume contre ta joue mouillée. Ça c’est fait. Je repose le verre sur le comptoir et d’un mouvement de la main en commande un second au barman puisque, visiblement, je n’ai pas même goûté celui-ci.

La surprise est rapidement remplacée par la frustration sur tes traits et je me délecte de te voir retenir autant d’émotion pour ne pas simplement succomber à mon attaque pour le moins perfide et inattendue. Sauf que tu sais comme moi que tu l’as largement mérité, pas vrai Declan? Il y a longtemps que tu aurais dû l’avoir ce verre au visage et cette claque qui me brûle encore la main. Bien pire peut-être même puisque ça ne vaudra jamais ce que tu m’as pris ce soir-là, mais j’vais être indulgente –j’en avais envie, tu ne m’as forcé à rien. « Bordel fallait l’dire qu’il y avait un concours de wet t-shirt, je me serais pas mis aussi beau. » Je roule les yeux de façon exagérée, c’est vrai que t’es beau, mais inutile que je l’admette. Tu te commandes un autre verre et le barman nous sers en même temps. J’suis à deux doigts de prendre le miens pour le siroter et, de ce fait, cacher mon sourire derrière lorsque tu me prends par surprise, descendant de ton siège pour me serrer dans tes bras. J’émets un son semblable à un hoquet de surprise et un cri de dégoût mélangé en sentant la moiteur de tes fringues contre les miennes. « Ça va maintenant t’es soulagé, tu t’sens mieux ? Ou ben tu comptes renverser tout ce que tu commanderas sur moi pour me rappeler chaque fois que j’ai été stupide ? » Je serre la mâchoire et retiens à peine les jurons qui passent à travers mes dents. « Enfoirés, tu croyais t’en sortir aussi facilement? » Tu te recules et pose un baiser sur ma joue, geste qui me laisse un étrange sentiment de douceur et de frustration. Un goût amer ampli ma bouche et je te dévisage les lèvres entre-ouverte. « À quoi tu joues Wells? T’essaie de te racheter pour le bon vieux temps ou bien t’avais seulement envie de te payer ma tête une fois de plus? Les paris que t’as faits quand t’étais encore un gosse ne sont plus en vigueur, alors sois honnête avec moi. J’ai pas d’temps à perdre avec tes conneries. » Ma voix est venimeuse et la furie qui m’habite n’est pas prête de s’éteindre même si je sens encore tes lèvres sur ma joue et que ton odeur m’enivre inconsciemment, me faisant me pencher vers toi quand je parle.

« Enfoirés, tu croyais t’en sortir aussi facilement? »  Je me mis à rire en me détachant doucement de toi. Franchement non. Je sais que ce ne sera pas aussi facile avec toi. Enfin, je sais ce que j’ai fais et surtout que les choses ne se pardonnent pas aussi facilement. J’ai été con et je suis parfaitement conscient que de rattraper le tir ce ne sera pas de tout repos. Déjà que tu ne connais pas la moitié de ma vie présentement, quand tu sauras je ne serai pas mieux que mort. Cependant, je suis moi et je n’ai pas changé. Peut-être que ce sera un bon argument avec le temps. « À quoi tu joues Wells? T’essaie de te racheter pour le bon vieux temps ou bien t’avais seulement envie de te payer ma tête une fois de plus? Les paris que t’as faits quand t’étais encore un gosse ne sont plus en vigueur, alors sois honnête avec moi. J’ai pas d’temps à perdre avec tes conneries. » Je te regarde le sourire aux lèvres. « First, j’suis plus un gamin si ça peut te rassurer. » J’hoche la tête d’un côté puis de l’autre avant d’ajouter. « Deux, je me fous pas de ta gueule. Même si mes vêtements sont bien trempés  de cette merde de martini, j’suis quand même content d’être là. » Je prend mon verre de Whisky et le bois cul sec. « Pour finir, si j’avais envie de perdre mon temps, j’serais pas là. Les Queens ça fait chier. » Autant jouer le même jeu que toi. Je sais que tu n’auras aucun filtre avec moi, alors je n’en aurai aucun avec toi. Je te dis tout ce que je pense et tout ce qui est réel.  Ça ne vaut même pas la peine de te mentir parce que de toute façon tu sauras. Je suis un piètre menteur. C’est comme ça. Je te laisse avancer vers moi, te regardant dans les yeux. « Alors tu vas arrêter de me regarder avec des couteaux dans les yeux ? »  Je ne te quitte pas des yeux le sourire en coin provocant mais à la fois séduisant. « Viens danser moi, j'sais que t'en meurs d'envie.. Tu m'poignarderas plus tard.» Ma langue se glissa sur mes lèvres et sans regarder je fis signe au barman pour qu'il m'apporte un troisième verre.

« First, j’suis plus un gamin si ça peut te rassurer. » Je n’suis pas certaine que rassurer soit le mot approprié puisque je ne le suis pas du tout. Vieillir ne rend pas nécessairement les gens plus sage ou même mature. Si ça se trouve, t’es peut-être seulement devenu un connard en puissance. « Deux, je me fous pas de ta gueule. Même si mes vêtements sont bien trempés de cette merde de martini, j’suis quand même content d’être là. » Je te regarde longuement en silence, jaugeant ton expression, tentant de voir si tu dis bel et bien la vérité. Si t’es en train de te payer ma tête comme je le crains ou si tu demeures transparent pour une fois. Au final, je dois admettre que tu sembles sincère. T’as jamais été un bon menteur Declan, ça au moins je le sais. « Alors tu vas arrêter de me regarder avec des couteaux dans les yeux ? » J’avale de travers et pince les lèvres en roulant les yeux. « J’sais pas. » Et toi tu me sers ce putain de sourire qui ferait craquer n’importe quelle nana. Eh merde. « Viens danser moi, j'sais que t'en meurs d'envie.. Tu m'poignarderas plus tard.» J’inspire un grand coup, me questionnant encore une demi seconde sur tes intentions avant de m’admettre à moi-même que cette situation est plus excitante que frustrante et que si je dois me brûler, autant que ce soit de mon plein gré. Je me tourne vers le barman et demande de m’apporter la même chose que toi. C’est sympa les martini, mais c’est pas ce dont j’ai vraiment envie. Pas plus que je n’ai envie de te faire la gueule. Lorsqu’il nous sert, je commence par descendre mon martini d’un trait avant de faire de même avec le whisky. J’suis peut-être petite, mais j’peux boire plus que bien des mecs. « Alors, on y va? »

Je me souviens très bien de ce que je t’ai fais. Je comprends ta frustration mais après tout est-ce vraiment nécessaire ce soir qu’on se fasse la gueule ? Enfin, je croyais qu’on était là pour s’amuser et non pas ressasser le passé, sinon bah c’est chiant. J’ai envie de sortir un peu de ma zone de confort, de m’amuser et penser à autre chose que ma vie c’est de la merde. Je te regarde donc descendre ton verre de martini puis celui de Whisky. Je continue de sourire puis attend ta décision. « Alors, on y va? » Me dis-tu alors que je viens à peine de terminer mon verre. Je me lève d’un bon agrippe ta main et t’entraine avec moi sur la piste de danse. Je ne me prends pas pour Micheal Jackson parce que franchement niveau danse je ne lui ressemble pas, mais je me débrouille. Je m’approche de toi, laissant mes mains dans les tiennes. Je n’ose pas en faire plus j’sais de toute façon que ce sera pousser de pousser les choses. Puis d’toute façon je peux m’éviter de me prendre une autre gifle. Mes hanches suivent le rythme de la musique latino puis elles s’approchent de les tiennes qui suivent le même rythme que les miennes. Je tourne un peu autour de toi puis me risque finalement à poser mon torse contre ton dos. J’approche mon visage du tiens, ma bouche tout près de ton oreille. « Tu m’en veux encore ? Après tout ce temps ? » Finis-je par te demander curieux alors que je continue de danser. Je peux comprendre, mais il faut que je sache. « J’ai été con je l’admets. » Finis-je par te dire.

Tu ne perds pas de temps pour me mener vers la piste de danse, gardant tout de même tes distances alors que tu bouges tes hanches au rythme de la musique. Sérieusement Declan? Tu vas rester aussi loin? On n’est plus des gosses à une danse organisée par le lycée, approche-toi un peu! Je ne dis rien, danse simplement sans me soucier de quoi que ce soit d’autre. Finalement, tu me contourne et presse ton torse dans mon dos. J’hume ton odeur et ferme les yeux un moment en me laissant aller dans ton étreinte. « Tu m’en veux encore ? Après tout ce temps ? » Je rouvre aussitôt les yeux et fixe un point devant moi. « Ouais. » j’vois pas comment il pourrait en être autrement. Déjà, j’suis vachement rancunière. Mais en plus, c’était pas qu’un pari pour obtenir ma virginité, c’est ma confiance que t’as brisée. « J’ai été con je l’admets. » Je te jette un regard par-dessus mon épaule et recule légèrement la tête lorsque je réalise que j’ai failli t’embrasser en tournant la tête trop vite. « Con? C’est pas suffisant ça. » D’ailleurs, admettre que t’as été con, ça n’a rien à voir avec des excuses alors cours toujours.

Je suis passé derrière toi laissant mon torse se coller contre ton dos. Mes mains sur tes hanches ne bougent pas, je me garde une petite gêne avec mes mains qui se voient parfois baladeuses. Puis c’est plus fort que moi, je dois savoir. Alors je te demande si tu m’en veux toujours et la réponse fut assez directe. Je le savais déjà intérieurement mais je voulais l’entendre de ta bouche. Je continue donc de danser en te compagnie et pousse tes cheveux qui me bloquent le chemin jusqu’à ta peau. Ma bouche tout près de ton oreille je t’avoue avoir été un imbécile. En vrai j’ai voulu prouver à mes potes qu’ils ne me connaissaient pas vraiment et j’ai merdé avec toi. Je m’en suis voulu, maintenant j’aimerais que ce soit chose du passé. Mais voilà, je suis à Havard pour régler mon passé et changer de vie. En ayant liker ton profil sur tinder je me suis rendu compte que tu étais l’une des personnes avec qui je souhaite renouer. « Con? C’est pas suffisant ça. » Je me met à rire. « Je m'en doute.. Alors qu’est-ce qui est suffisant ? » Finis-je par te dire en suivant toujours le rythme de la musique. Je dépose un léger baiser dans ton cou, bon sens ce que ça m’a manqué. Est-ce que j’ai le droit j’en sais foutrement rien, mais une chose est sure c’est que j’en avais envie. « Dis-moi comment j’peux me faire pardonner .. » Ajoutai-je en déposant un autre baiser. Ça n’a rien d’extravagant, ce n’est ni subjectif .. juste chaleureux et réconfortant.

Tes doigts effleurent ma peau, tu repousses mes cheveux suffisamment pour avoir accès direct à mon cou et j’ai un frisson au moindre contact. J’déteste retomber aussi facilement sous ton charme –c’est comme si on avait simplement fait pause sur le passé et play lorsqu’on a matché sur Tinder. « Je m'en doute.. Alors qu’est-ce qui est suffisant ? » J’ouvre la bouche pour parler, mais tu poses tes lèvres sur la peau tendre de mon cou et j’ai l’impression que la terre se met à tourner. Focus Serah. C’est qu’un baiser dans le cou, t’en a eu des tonnes comme ça qui t’on jamais rien fait. Alors y’a aucune raison pour que lui te fasse autant d’effet. « Dis-moi comment j’peux me faire pardonner .. » Tu m’embrasses à nouveau et je dois me mordre la lèvre pour retenir un soupire. UN PUTAIN DE SOUPIRE. Non mais c’est quoi ça? J’avale de travers et me décolle de ton corps d’un seul coup, exécutant un mouvement qui ressemble à de la danse, mais qui n’est qu’une esquive avant de me retourner et de bouger seule face à toi. J’peux pas penser clairement si tu me touches Declan. « Tu pourrais commencer par t’excuser, non? » Mon ton est cassant et mon expression furieuse, mais ma peau brûle encore là où tu m’as embrassé et je ne pense qu’à ça et à ce que ce serait que de te laisser continuer.