— Appartement d'Ernesto, Cambridge, 03 juin 2018
Il est tôt. Beaucoup trop tôt. Tu n'arrêtes pas de réviser en ce moment, tu ne relèves jamais la tête. Tu en as marre, tu n'attends qu'une seule chose la fin de l'année. Entre ton stage avec ce taré, tes révisions qui n'en finissent plus et ta vie sentimentale qui n'est pas à ton goût, tu ne sais plus quoi faire pour te changer les idées. Hier soir, tu es sortie avec des copines qui t'ont appris une nouvelle qui t'a tout de suite interpellé. Comme ça, Ernesto raconterait de la merde sur toi à Florian. Entre Winthrops, ils doivent certainement se soutenir contre toi. Tu passes pour la méchante. Tu l'es. C'est sur. Mais tu ne peux pas croire que c'est ce que Florian pense de toi. Pas après toutes les gentillesses qu'il t'a dite par message. Tu tiens à lui mais ces derniers temps, tu as l'impression qu'il t'échappe et tu ne peux pas rien faire contre ça. Il ne veut pas te voir plus d'une heure ou deux par semaine. C'est peu et tu dois te contenter de ça, tu n'as pas le choix. C'est à prendre ou à laisser, il a été très clair à ce sujet. Tu te sens comme un lion en cage, privée de nourriture. C'est donc le coeur lourd que tu te diriges vers l'appartement d'Ernesto. Tes talons claquent sur le bitume du trottoir. Tu rages à l'intérieur de toi, tu as ces yeux déterminés sur ton visage. Il va prendre cher. Un pas après l'autre, tu te rapproches de son appartement et lorsque tu es devant la porte, ton poing s'abat lourdement dessus. " Ernesto Calabrese, ouvres cette putain de porte. " Tu cognes de plu en plus fortement. " Je sais que t'es là, je ne partirai pas sans t'avoir vu. " Il ouvre la porte enfin et te demande bêtement ce que tu fais là. Tes yeux descendent sur son torse nu avant de remonter vers son visage. Tes sourcils se froncent. Tu poses ta main sur son torse et le pousse violemment à l'intérieur de son appartement. " Non mais pour qui tu te prends à raconter des mensonges sur moi à Florian ? C'est quoi ton problème ? C'est parce qu'on a pas baiser ensemble du coup t'es frustré c'est ça ? T'es tellement frustré que tu racontes n'importe quoi à mon sujet ? " Tu es en feu, il t’horripile avec son regard de baiseur sans cervelle. Tu veux des explications maintenant.

— Appartement d'Ernesto, Cambridge, 03 juin 2018
Dans le fond, tu sais pourquoi tu es ici. Pour te défouler. Rien de plus. La situation avec Florian est tellement compliqué, tu veux plus mais il ne semble pas être disposé à t'apporter d'avantage. Tu ignores comment c'est possible. Ses messages sont doux et rassurants mais il ne veut pas te voir. Il doit faire face à ses responsabilités mais toi tu as besoin de le voir pour espérer construire quelque chose avec lui. Tu as du mal à t'imaginer comment une histoire est possible dans de telles conditions. Hier, tes copines t'ont parlé d'un élément nouveau : Ernesto raconterait des choses sur toi à Florian. Tu as tout de suite vu rouge. Il se prend pour qui ce connard ? Tu n'as pas pu attendre plus longtemps avant de débarquer chez lui comme une furie. Il est encore tôt, ton portable affiche à peine neuf heures. Tu tambourines sur la porte jusqu'à ce qu'il t'ouvre. Là, tu l'assommes de questions sans lui donner vraiment d'occasion de se défendre. " Non Ernesto, tu es un menteur. Un sale menteur et manipulateur aussi. " Tu rages. Tu soutiens son regard, prête à lui sauter à la gorge. Il faut que tu te calmes Stella, Ernesto n'est pas le problème mais tu as besoin d'un bouc émissaire. " Je n'en sais rien, à toi de me le dire. Les rumeurs vont vites, comment ça se fait qu'on est venu me voir en me disant que tu racontais n'importe quoi à Florian. Qu'est ce que tu lui as dit ? Sérieusement Calabrese, tu ne peux pas te mêler de ton cul pour une fois ? " Il te dit que tu es folle. Oui Stella, tu es folle. " Peut-être bien mais tu n'as aucun droit de t’immiscer dans ce qui se passe entre Florian et moi. " Tu grognes parce que ça te touche plus que prévu. Tu t’assoies sur le canapé et poses tes mains sur ton visage quelques secondes. " Qu'est ce que tu lui as dit ? " Tu redemandes plus calmement. Peut-être qu'avec un peu de chance, il va avouer sa connerie.