Je baisse les yeux. « Zeph … crois-moi, s’il me touche, ça fera une excellente raison de le mettre en taule. Laisse-moi te rendre ce service. » J’étais sérieuse. Je lui souris timidement. Pourquoi tant de timidité après tant d’années … « Tu es mon meilleur ami. » disais-je doucement, plongeant mon regard dans le sien avant de finalement descendre de ma chaise. « Mettez les verres de monsieur de Spoelberch et moi-même sur ma note. » dis-je au serveur qui me connaissait étant une cliente accoutumée de l’hôtel cinq étoile. Et puis … j’étais surtout une Kennedy. Je laissais alors mon meilleur ami me suivre en sortant de l’immense salle jusqu’au hall qui détenait les ascenseurs. Nous montions alors jusqu’aux derniers étages, longeant les couloirs avant que je n’ouvre la porte de ma suite, qui contenait deux grandes chambres ainsi qu’un salon. Un vrai petit appartement secondaire lorsque j’avais besoin de souffler. « Il est à toi. » disais-je finalement à Zeph en lui tendant mon pass. « Restes-y autant que tu veux, ici c’est chez toi. » lui souriais-je avant de me diriger jusqu’au mini-bar pour nous sortir deux verres ainsi qu’une bouteille de whisky. Je venais le rejoindre sur le canapé, lui tendant son verre, me suppliant à moi-même de rester assez consciente pour ne pas recommencer mes bêtises avec lui. Je l’observais. « On peut boire un verre, mais si tu es fatigué je peux aussi te laisser dormir, on se verra une prochaine fois. » Je n'avais pas envie qu'il se sente fatiguée, surtout pas après ce qu'il venait d'endurer. Je me rapprochais malgré moi un peu plus de lui, j'avais besoin d'un contact, tout en me devant de faire attention. Maladroitement, je venais donc déposer ma main sur la sienne qui reposait sur sa cuisse.

Elle avait l’air si sure d’elle. Mais je refusais de lui faire courir un tel risque. J’étais vraiment horrible si j’acceptais de la laisser faire. Alors je baisse la tête. Je vais y réfléchir. Mais jamais j’accepterai de le faire. Jamais. Même pas en rêve. Sa force est incontrôlables. Et je refusais qu’elle soit mal. Je finis par sortir un billet qui trainait là. Mais elle décide de payer. Je souris faiblement. Je te dois un verre Kenny. Et un De Spoelberch tiendra parole. J’en profite pour remettre ma veste. Elle me prend la main. Elle m’entraine jusqu’à l’ascenseur. Puis jusqu’à sa suite où elle me donne le pass. J’embrasse sa tempe. Merci. Tu es la meilleure. La meilleure des meilleurs. La femme de mon cœur. La femme de mes rêves. Je regarde alors la suite. Je profite d’un instant pour m’asseoir sur le canapé. Ce n’est pas de la fatigue musculaire. Mais bien de la fatigue mentale. Je pense qu’il faut arrêter de réfléchir. Je relève les yeux vers elle. Je souris doucement. J’ajoute. Un seul verre alors Pas plus. Ou peut-être plus. Je vois qu’elle s’assoit. Je saisis son verre. Et finalement je sens sa main. Je dépose mon regard sur elle. Je la regarde. Je pince mes lèvres. Ma tête vient se déposer sur son épaule. Je suis silencieux. Mais j’en avais marre de tout ça. Marre de vivre dans ce monde. Marre d’être aussi perdu. Je regarde mon verre puis je me redresse. Ma main glisse sur la sienne. Je décide de boire mon verre. Légèrement. La dernière fois. Cela s’est terminé dans un lit. Aujourd’hui je n’en savais rien. Et pourtant. J’étais amoureux d’elle.

Je souris à ses mots qui me prouvent sa bonne fois, même si, le connaissant par coeur, je sais qu’il n’a aucunement l’intention de me laisser l’aider de cette manière. Il faudra que je trouve moi-même comment mettre son père hors d’état de nuire. « Tu m’offriras une Stella. » dis-je avec un petit clin d’oeil, gardant ce petit sourire alors que je mettais nos verres à mon nom. Nous montions à ma suite que je lui présentais en lui donnant les clés, puisque je l’invitais à y loger le temps qu’il résolve la situation avec son père. Je n’avais aucunement envie qu’il retourne vivre là-bas, je ne dormirais pas tranquille. Je souris timidement tandis qu’il embrasse ma tempe. Je ferme les yeux avant de les rouvrir pour l’observer intensément quelques instants. Pourquoi faut-il que je l’aime.. bon sang. Je passe finalement mon chemin, nous servant deux verres de whisky. Je le rejoins alors sur le canapé. « Très bien. Ensuite je te laisserai te reposer. » dis-je presque en murmurant, troublée par sa présence, par mon envie folle de sa personne. Mais je n’en ferai rien de cette envie là, je ne peux pas. Je ne peux plus. Malgré ça, je me surprends à saisir sa main, la caressant, le coeur battant. Il m’observe avant de déposer sa tête contre mon épaule. Je reste immobile, mon coeur bat à une vitesse sans précédents, je ne bouge plus. Il se redresse avant de me prendre la main, mais je prends peur alors je me relève subitement. « Il faut que je te laisse dormir … je pense que tu as besoin de sommeil. Je t’appelle demain. » Je m’approche de son visage et viens déposer avec douceur un baiser sur sa joue, prenant l’autre de ma main. Ce baiser pourtant chaste est intense pour moi. Je me redresse à nouveau, prends mon trench et ma pochette avant de me diriger vers la porte d’entrée.

Un sourire sur sa remarque. Une Stella. Je lui offrirai toute les Stella qu’elle le souhaite. Parce qu’elle mérite bien plus que ça. Et nous voilà dans la chambre. Silence mort entre nous. Je comprends. J’ai merdé tant de fois. Je suis horrible. Je la fixe du regard. Une seconde. Puis deux secondes. Et finalement elle me tend un verre. Ses paroles me veulent rassurantes. Je suis content de voir qu’elle me soutient. Peu importe les choses horribles. Elle le fait. Je lui embrasse la joue doucement. Je suis bien avec elle. Et voilà que mon verre se boit. Lentement. Pas de cul sec. Son verre est pur. Pas comme la merde de vodka de tout à l’heure. Je viens alors le boire lentement. Mais voilà. Elle se laisse rapidement. Je fronce les sourcils. Je la regarde. Elle n’a même pas toucher à son verre. Donc elle a peur. Je la vois qu’elle m’embrasse la joue. Je lui tendis. J’aurais aimé touché ses lèvres. Ou même son corps entier. La retenir et l’avoir. Mais elle est déjà partie. Je ne vois que son verre plein et son absence. Je bois mon verre. Je décide de me relever. Et pourtant je n’ai pas entendu la porte. Et je me mets en sous-vêtements. Je n’ai rien pris avec moi pour dormir. Autant dire que j’allais prendre le canapé. Je ferme les yeux pour souffler. Je suis un idiot. Et j’ai perdu la femme de ma vie.