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crédit/ tumblr ✰ w/@asia i. ferrari

Margot partie momentanément à la table de Jinny, Eliot avait profité de cet instant pour l'accompagner au début et bifurquer aux dernières mètres pour se ravitailler au bar. La soirée jusque là n'avait été que réussite, si ce n'est le nuage noir des jumeaux de Sullivan et Meghan encore hospitalisés pour lesquels Eliot s'inquiétait ardemment mais qui à l'image de sa meilleure amie, gardait le sourire. Parce qu'il y avait de quoi, malgré son état encore faible, Meghan n'était plus dans la zone entre la vie et la mort mais au bal, présent avec eux; il avait plus de raisons de sourire que de se morfondre. Ajoutez également le fait que ce bal était plus joyeux que le bal dernier, où il avait passé la soirée à courir après Margot alors qu'aujourd'hui, il était marié à Margot : Eliot ne pouvait décidément pas passer une mauvaise soirée. Ceci dit, il fallait tout de même un léger point noir ce soir, n'est-ce pas ? Et c'est ce foutu verre qu'il venait tout juste de récupérer malencontreusement renversé sur son costume et qui l'avait donc mené sans attendre dans les couloirs de l'université, à la recherche des toilettes, qui l'avait emmené ce point noir. Et ce n'était pas le verre renversé ni le costard imbibé qui l'avait coupé dans son élan de bonne humeur, non. C'était plus la grande brune qu'il faillit bousculer en ouvrant avec vivace la porte à la sortie des toilettes donnant dans le couloir. Par réflexe, il attrapa la jeune femme par le bras pour lui éviter de faire une chute mais la relâcha aussi vite lorsqu'il constata son identité. Asia. « Oh- pardon ! » Il ne savait pas exactement s'il s'était excusé pour la bousculade ou quelque chose de plus profond mais tout aussi vite, il reprit ses habitudes depuis un an et demi et bafouilla minablement avant de prendre fuite. Ou presque. Pour une raison qui lui était totalement inconnue en fait, il s'était arrêté deux pas plus loin et s'était retournée face à elle. « Je- tu passes une bonne soirée ? » Qu'il demanda tout aussi minablement, en se passant la main derrière la tête, signe de gêne. Réellement, il ne savait pas pourquoi il avait enfin décidé de lui reparler comme si de rien n'était mais les mots étaient déjà sortis de sa bouche donc autant faire avec, non ?

Etonnament cette soirée ne se passait pas si mal que ça. Après tout, il était assez difficile de faire pire que l'an dernier. Aujourd'hui elle avait la chance d'avoir Liam à son bras mais aussi son meilleur ami. Seul son frère était venu plomber l'ambiance de la soirée mais il n'y avait rien d'étonnant là dedans. Cette altercation lui avait permis de mettre les points sur les i, de se libérer de cette souffrance lourde à porter même pour la maudite qu'elle est. Guère sereine parmi la foule dense d'étudiants, encore moins parmi ceux qui avaient eu la main lourde sur l'alcool, elle avait préféré s'exiler quelques minutes. La solitude, ce sentiment qu'elle aime un jour mais déteste le lendemain. La contradiction est ce qui la caractérise le mieux, pas étonnant que la ténébreuse compte ses amis sur les doigts d'une main. Traçant son chemin à vive allure, elle n'a pas le temps d'activer ses réflexes lorsque qu'un homme lui barre le passage en sortant précipitamment des toilettes. Equilibre mis à mal, l'italienne manque de vaciller avant d'être rattrapé à la dernière seconde. Les yeux aussi rond que des billes lorsqu'elle découvre l'identité de cet inconnu qui n'en est pas vraiment un. Quoique depuis un an il a pris un abonnement aux abonnés absents." Il faut regarde où tu vas. " Qu'elle a à peine le temps de prononcer avant qu'il tourne les talons. A croire qu'il la fuit comme la peste. Ou bien non. Elle sourcille à le voir visiblement mal à l'aise devant sa personne." J'ai connu mieux mais on fait avec. Et toi t'as passé une bonne année ? " Petite pique bien placé pour souligner le silence radio qui s'est imposé entre eux.

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Il ne fallait pas se leurrer et prétendre que ces pseudo retrouvailles étaient une surprise, parce qu'elles ne l'étaient pas. Ce n'était pas la première fois qu'il la croisait depuis l'instant où il avait décidé, pour son bien mental, de ne plus lui donner signe de vie. Fréquentant la même école, aussi grande soit elle, il l'avait même aperçu plus d'une fois dans les couloirs. La différence était elle que ce soir, il avait juste décidé de ne plus l'ignorer. Pour quelles raisons ? Allez savoir pourquoi, les hommes sont stupides et irréfléchis d'après les clichés, Eliot ne faisait qu'étreindre sa masculinité en agissant bêtement. Il ignorait honnêtement pas ce qu'il lui avait pris de ne pas passer au-dessus de cette bousculade, de simplement dire "pardon" et s'enfuir, encore. Parce qu'il était à peu près sûr qu'Asia ne le laisserait pas simplement passer entre les filets, jouer à prétendre comme si de rien n'était à son image. Et il avait raison. En plus de ne pas faire plus ample attention à ses excuses, elle enchaîna avec une pique sûrement destinée à travailler sa culpabilité. Gagné.  « Ok, touché. » Un sourire d'autant plus gêné s'efforça de s'afficher sur son visage alors qu'il se balançait de pied en pied, le regard fuyant, tel un gosse pris en flagrant délit de connerie. Tout ça pendant que deux petites voix dans sa tête se disputaient : une lui faisait prendre conscience qu'Asia lui avait manqué, l'autre intimait l'autre petite voix de se la fermer une bonne fois pour toutes. « Je-je suis désolé. » Cette fois-ci il s'excusait non pas pour la bousculade mais pour le reste. Qu'est-ce qu'il avait d'autres à dire ? « Je me suis marié, au fait. » Ah oui, peut-être ça. Mais pas de cette façon. Ce n'était définitivement pas la façon qu'il aurait aimé lui dire mais souvent, avec Asia, sa putain de bouche déversait des mots plus vite que son cerveau le lui donnait la permission.

L'abandon, elle ne connait que trop bien cette sensation. Elle pourrait s'y être accoutumée mais non. Difficile pour l'italienne de tourner la page, d'aller de l'avant, de ne plus penser à tout ceux qui l'ont exclu de la vie comme un chien qu'on laisse au bord de l’autoroute pendant les vacances. Coeur trop de fois piétinée. Pas étonnant que ce dernier a du mal à fonctionner à l'heure d'aujourd'hui. L'italienne ne cache pas son mécontentement de voir Eliot lui adresser la parole comme si de rien n'était. Hélas pour lui, la demoiselle est plus que rancunière et ses mots se veulent à la fois glaçant et aussi tranchant que des lames de rasoir. Peu importe qu'il ait un jour compter pour la demoiselle, la brune ne fait pas de cadeaux. Attitude qui apparemment déstabilisé monsieur mais elle n'en a que faire de blesser son ego ou sa virilité. Levant les yeux au ciel en entendant ses excuses, elle balaye l'air de sa main envoyant valser ses mots." Tu peux les garder tes excuses, je n'en ai pas besoin. " Obtenir le pardon de la ténébreuse n'est pas chose aisée. Air éberluée lorsqu'il lui lance de but en blanc s'être fait passé la corde au cou." Si tu attendais des félicitations de ma part, alors il aurait fallu m'inviter à ce mariage. " Toute personne normale se serait réjoui d'apprendre une telle nouvelle mais impossible pour la brune de passer au delà de sa rancoeur.

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Est-ce que deux ans plus tôt, Eliot aurait imaginé s’excuser auprès d’Asia de l’avoir lâchement abandonné ? Celle dont il avait été désespérément amoureux au point de la faire passer en priorité devant n’importe qui, même devant lui, lorsqu’elle en avait besoin ? Vous pouvez aisément deviner la réponse, je suppose. Auparavant, ne pas adresser la parole à la brune une journée lui paraissait un acte impossible ; dorénavant, le voici, face à elle, à s’excuser de l’avoir sortie de sa vie sans explications, à annoncer son mariage de la façon la plus stupide qu’il soit. Il n’avait pas d’excuses, pas de raison, si ce n’est la lâcheté. La lâcheté de ne lui avoir jamais avoué ses sentiments et la lâcheté de l’avoir abandonné comme si elle avait été coupable. Il ne pouvait que s’excuser, même en absence d’excuses réelles, il ne pouvait se permettre de se justifier. A quoi bon ? Elle ne recevrait pas ses excuses, il en était certain. Et il avait raison. « Je sais. »  Elle n’en avait pas besoin. Evidemment. Soit, passons les excuses alors. Passons au sujet suivant qui n’était clairement pas mieux : son mariage. Pourquoi avait-il décidé de ramener ça, à cet instant ? Allez savoir pourquoi. Mais s’il pensait qu’elle recevrait mieux cette annonce que ses excuses, il était bien naif. Toute la rancœur de la brune se fit sentir dans sa réponse, ce qu’Eliot ne pouvait qu’accepter. « Tu es la dernière personne que j’imaginais inviter à mon mariage.. »  Qu’il sortit avec un petit rire jaune avant de s’arrêter net en se rendant compte des mots sortis de sa bouche. Le regard effaré, il se reprit en se raclant la gorge à répétition. « Enfin non – je veux dire que je n’avais jamais imaginé que tu ferais parti des invités mais- »  Stop, arrête-toi Eliot, tu t’enfonces dans le fond du fond du trou. Il n’avait jamais pensé qu’elle ferait parti des invités parce qu’elle avait toujours été la mariée dans ses rêves les plus fantaisistes d’auparavant. Mais attendez, est-ce qu’il était parti pour lui avouer ça ? Maintenant ? A quoi est-ce que son cerveau jouait ? « Je- pas une invitée mais la mariée- enfin, laisse tomber.. »  Yeap, il venait de le sortir, contre toute sa volonté, sous le coup de la panique, dans un murmure presque inaudible. Mais il n’était pas dupe pour se douter qu’elle avait entendu et qu’elle serait loin de laisser tomber. Putain, tu ne peux pas te la fermer de temps en temps, mec ?

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