J’attends Liam. Je suis plantée au milieu du salon et j’attends mon petit ami alors que mon butin est exposé sur la table comme un trophée, comme une preuve. Je me suis retournée le cerveau pendant des heures à savoir comment aborder le sujet, pour comprendre la raison de la présence d’une arme ici. Ça faisait un an qu’on était ensemble lui et moi et même s’il me donnait peu d’indications sur ses activités, je ne l’avais pas senti angoissé au point de devoir planquer un revolver chez lui. Et je voulais pas passer pour la petite amie qui fouillait partout, c’était un malheureux hasard, mais suffisamment malheureux pour que je me pose un tas de questions sur lui, sur nous, sur la vie qu’on voulait avoir. C’était l’arme, mais c’était aussi les mensonges, c’était aussi notre avenir. Un an ensemble à filer le parfait amour et bam, ça tombe d’un coup comme une explosion, on a l’impression d’ouvrir un cadeau empoisonné. Je vais lui laisser une chance de s’expliquer.

Une seule.

J’entends la porte d’entrée qui s’ouvre et immédiatement je fais un pas en arrière comme si je voulais me protéger. C’est ridicule et je le sais ; Liam n’a pas changé d’un instant à l’autre parce que j’ai trouvé une arme. Il a le bénéfice du doute mais c’est comme si mon corps voulait me protéger de ce qui allait arriver. Il passe la porte et je sens mon coeur s’emballer. Putain je l’aime tellement. Ça me tuerait de lui faire confiance à tord... « Hey... » J’essaye de garder une voix calme mais ça vacille un peu et de toute façon, à ma tête et à la mise en scène, il est facile de comprendre que quelque chose ne tourne pas rond.

@Liam E. Gärtener

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{WHEN DARKNESS TURNS TO LIGHT, IT ENDS TONIGHT}
crédit/ tumblr ✰ w/liadie

Je travaillais tard ce soir. J'étais à une soirée mondaine et je devais prendre des informations sur un type. Notre cible, un blanchisseur d'argent avec des affaires malhonnêtes. Dans une semaine, il se retrouvera avec une balle dans la tête, mais en attendant, on doit tout prévoir, tout étudier sur son comportement. Même combien de fois va-t-il aux toilettes. C'est presque de l'art pour tuer des gens. Il faut en avoir dans la tête, contrairement à ce qu'on croit. Bref, job terminé, j'arrive chez moi aux alentours d'une heure trente du matin lorsque je me surprends à voir Sadie toujours debout. Je dépose ma veste sur le fauteuil et je m'approche d'elle. Vous pensez bien, je cache mon matos dans le coffre de ma voiture dans une petite cachette secrète. J'ai pris la peine de retirer ma chemise et mon costard de la soirée pour ne pas éveiller les soupçons. « Tu ne dors toujours pas ? » question débile Liam. Je lui parle alors que je ne remarque même pas l'arme en face d'elle, bien mise en évidence. Sadie m'inquiète, mais je ne suis pas doué pour écouter les gens, les prendre dans mes bras, etc. Sadie a l'habitude car ça fait un an qu'on est en couple. Un couple pas spécialement ordinaire. Il m'a fallut plusieurs semaines avant qu'elle puisse voir et toucher mon dos, rempli de cicatrices. Je déglutis et je fais un pas vers elle. « Viens te coucher. » je tente un air tendre et rassurant. Je lui ai dit que je reviendrais tard, elle était au courant alors je ne vois pas ce que j'ai bien pu faire de mal. Du moins, je m'attends à tout sauf à ça.

 
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I can't explain what you can't explain
Your finding things that you didn't know
I look at you with such disdain
( @Liam E. Gärtener )
crédit/ it ends tonight ✰ the all american rejects

Ca me rend malade. J'ai l'habitude de Liam, j'ai l'habitude de son caractère, j'ai l'habitude qu'il rentre tard sans explications. En vrai, je ne m'en fais même pas lorsque c'est le cas : je ne l'imagine pas aux bras d'une autre et je pète pas un câble. C'est inutile et je ne me vois pas lui prendre la tête pour une paranoïa mal placée. Seulement, c'était tout à fait différent maintenant, il y a une arme incluse dans le package et ça ne me plaît que moyennement pour ne pas dire pas du tout. Il est tard, je suis pas couchée et... ça l'étonne à peine. Il me propose d'aller me coucher avec lui. Je croise les bras sur  ma poitrine et ça aide pas pour le dialogue c'est sûr. «  Pas tout de suite. » J'ai pas envie. J'ai vraiment pas envie, parce que j'ai l'impression de lui faire une scène pour rien alors qu'il rentre tard et probablement fatiguée. Je pense pouvoir dire sans me tromper que je suis une petite amie compréhensive et facile à vivre. Liam n'a jamais de comptes à me rendre, je suis disponible et attentionnée. D'ailleurs je ne lui demande pas plus qu'il ne peut me donner et c'est son caractère un peu renfermé qui m'a aussi séduite. Mais aujourd'hui n'est tout simplement pas le jour. «  Tu peux m'expliquer ? » Je jette un coup d’œil rapide sur le flingue pour qu'il le suive et comprenne d'où vient le problème. Pas de ''t'étais où ? Avec qui ? Pour faire quoi ?''. Ça m'était égal. J'ai peur de la réponse mais j'ai aussi envie de lui faire confiance. Pour le moment je resterai en retrait mais tout peut encore changer, il suffit que la réponse me convienne. Comme pour me justifier, je rajoute : «  Si tu voulais que je ne tombe pas dessus, il fallait le mettre quelque part où je ne risquais pas de le trouver par accident... » Ouais, je squatte en permanence. Un moment d'égarement peut-être.

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crédit/ tumblr ✰ w/liadie

Il fallait que ça arrive un jour ou l'autre. J'ai déjà essayé d'imaginer lancer cette discussion avec elle mais elle me semblait vouée à l'échec à chaque fois. Qui voudrait rester avec un tueur ? Un meurtrier ? L'amour n'est sans doute pas fait pour nous, ce genre de spécimen, on a pas le temps pour ça et on ne peut pas mélanger travail et vie privée, on nous l'a bien expliqué. Sauf que maintenant, c'est trop tard. Sadie face à moi, ses yeux sur l'arme, je sens un frisson chaud désagréable me prendre la tête. C'est trop tard, je le sais. « Tu fouilles dans mes affaires maintenant ? » mâchoire serrée, je prends l'arme pour la remette là où était sa cachette. Faut croire que s'en était une mauvaise. Je me mords la joue, cherche un moyen d'esquiver le sujet, de lui mentir un peu plus. « Je garde toujours une arme pour te protéger. » et c'est vrai. J'ai déjà perdu une amie à cause du travail, mon ennemi juré l'a assassinée devant mes yeux pour me faire payer un mauvais coup. Alors c'est pour ça que je garde cette arme chez moi, pour protéger Sadie au cas où les malfaiteurs viendraient nous rendre visite. Je m'approche d'elle et pose ma main sur son épaule. « Tu n'as pas à t'inquiéter chérie... » je ne veux pas qu'elle se mette dans des états pareils. En Amérique, tout le monde peut avoir une arme chez soi, c'est quelque chose de banal.

 
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( @Liam E. Gärtener )
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J’aurais du m’en douter. Il fait comme si de rien était, comme si j’étais folle de m’inquiéter. Mais voilà encore une fois, ça fait un an qu’on est ensemble et s’il avait eu besoin d’un flingue pour me protéger on en aurait parlé. Surtout que j’ai un peu de mal avec cette politique américaine, ce droit apparemment fondamental de posséder une arme chez soi. Alors oui, j’étais peut être encore un peu en France dans ma tête mais ça me paraissait tous sauf normal de me trimballer dans une maison avec un flingue dans les tiroirs. Réaction typique : il m’en veut d’avoir fouillé. C’était même pas dans mes intentions mais au moins ça me prouvait qu’il avait quelque chose à cacher. « Je te l’ai dis, j’ai pas fais exprès et je crois pas que ce soit le problème. » Ça me fait mal au coeur de devoir me justifier comme ça alors que pour le coup, je ne me sens pas du tout en tord. Ne pas m’inquiéter. C’est tout. Il est sérieux ? Je fronce les sourcils avant de reprendre . « Apparemment c’est de ma sécurité dont il s’agit donc je me sens légèrement concernée, ouais. » Je sens bien qu’il essaye de couper court à cette conversation et ça ne me plaît pas, mais alors pas du tout. Il pose sa main sur mon épaule comme pour me rassurer mais dans ma tête ça ressemble plus à une tentative de noyer le poisson. Je ne sais pas si tirer sur la corde sensible aura le moindre effet mais je tente quand même : « Dis moi la vérité. Parce que si c’était pour me défendre, tu m’en aurais parlé. Peut être même que tu m’aurais appris à tirer, parce que soyons lucides, t’es souvent en déplacement et rarement là pour veiller sur moi. Mais là rien. Pas un mot et je découvre qu’on a une arme. » Je dis "on", c’est important. J’essaye de lui faire comprendre avec douceur le problème mais aussi que je lâcherai rien.

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crédit/ tumblr ✰ w/liadie

Elle a raison, ce n'est pas ça le problème, c'est moi. J'ai tout bonnement peur de la perdre, c'est pour ça que je ne lui ai pas dit. Et aussi, pour la protéger. Je sais très bien que ça rend curieux mes proches mes petites activités illégales et généralement, ça leur attire des soucis, c'est tout ce qu'ils auront gagné. Je n'argumente plus, ne cherche pas à la défier plus, car ça me fend le coeur de lui mentir nez à nez. Je déteste les mensonges. Est-ce qu'on peut appeler ça un mensonge ? Car pour ma part, c'est juste quelque chose que je cache... c'est mon monde à moi, une partie de ma vie que je ne montre pas. Je suis sûr que tout le monde a ses secrets, même Sadie. La demoiselle insiste de plus en plus et je m'approche d'elle, j'attrape doucement ses épaules pour l'immobiliser, la calmer si je puis dire. « Okay, écoute-moi chérie. Je ne sais pas ce que tu vas penser de moi par la suite mais sache que... je suis toujours le même, malgré ce que je fais, je reste Liam. » j'insiste bien sur ce point car je sais d'office et déjà qu'elle va me voir comme un monstre. Je ferme les yeux un instant et je décide de m'agenouiller près d'elle, toujours assise. Je prends sa main et je cherche mes mots. « Depuis mes dix-neuf ans je travaille dans un espèce de gang secret. Je... je m'occupe de régler des comptes, je suis payé à ça. » bon là, elle doit surement en train de se dire que je parle chinois. Je capte son regard, je veux en aucun cas le perdre. « Mon job est d'éliminer des personnes spécifiques, politiquement importantes ou parfois, de simples inconnus selon la demande... » tu as compris ce que cela veut dire Sadie ? A quoi sert cette arme ? Dommage qu'elle y ait mis ses empreintes, je vais devoir la stériliser de nouveau au cas où les choses tournent mal.