Le bal de fin d'année approche à grand pas. À trop grand pas, parce que tu n'es absolument pas prête. D'habitude, tu aurais déjà acheté ta robe depuis des semaines - voir des mois -, tu aurais déjà pris rendez-vous chez le coiffeur et dans tous les autres établissements nécessaires pour être parfaite pour l'un des événements les plus important de l'année universitaire. Mais cette année tu t'y prends au dernier moment. C'est que tu as été occupée ces dernières semaines entre les cours, les révisions, Lila, Coachella et ton week-end à Porto Rico avec Andrew. Tu ne sais plus trop où donner la tête. Mais cet après-midi, tu es décidée, il est temps de trouver ta robe. Tu t'es donc rendue dans le centre-ville de Boston, dans Charles Street, la rue commerçante. Tu sais déjà où tu vas trouver la robe idéale : dans la petite boutique dans laquelle tu achètes toutes tes tenues de grandes occasions depuis ton arrivées aux Etats-Unis. On y trouve de tout, des robes et costumes classiques ou des tenues beaucoup plus extravagantes, des prix les plus bas aux prix les plus outrageants. L'endroit parfait. Tu es accueillie par la propriétaire de la boutique qui t'aide à sélectionner une petite dizaine de modèles. T'en essayes une première, puis une seconde, et tu tombes finalement amoureuse de la troisième qui épouse avec élégance les courbes de ton corps. Tu sors de la grande cabine d'essayage et te dirige vers l'immense miroir de la boutique, sous les regards des vendeuses et des quelques client(e)s. Tu as l'impression d'être une véritable princesse, portant une robe hors de prix. Mais celui-ci n'a aucune importance pour toi, tu as de quoi payer. Tu tournes sur toi-même, t'inspectant dans le miroir sous tous les angles. Et ton regard croise celui d'un jeune homme. Ton cœur saute un battement. T'en reste bouche bée. Si Lila a hérité de tes cheveux blonds et de tes yeux bleus, elle est le portrait craché de son père. Le même front, le même nez, le même sourire. Tu te tournes lentement vers lui. Samuel. Tu t'avances vers lui, et c'est plus fort que toi, tu le gifles. C'est libérateur. T'en as envie depuis trois ans. Tu n'avais pas osé à l'époque. Silence dans la boutique. Tous les regards sont tournés vers vous. Qu'est ce que tu fais là ? tu demandes, d'une voix trop froide, trop cassante, même si la réponse est presque logique. Non, tu n'es pas franchement ravie de le revoir.