Il arqua un sourcil en suivant la silhouette de son meilleur ami du regard, il s'était frayé un chemin à travers la foule pour venir le réconforter au bar et voilà que ce dernier tournait les talons. Mais c'était mal connaître le coréen de croire une seule seconde qu'il allait laisser son pote tout seul dans cette situation, il n'avait pas à se plaindre Seong pour son razzie ou son award mais visiblement la donne était différente pour Elliot. Il était épuisé par toute cette mascarade, par tous les problèmes qui n'avaient même pas lieu d'être. Alors il se dirigea à grandes enjambées vers les toilettes des hommes pour y trouver son confrère winthrop se débarrasser de son nœud de papillon dans le lavabo et commencer à défaire les boutons de sa chemise « Tu veux me faire un strip-tease là ? Vas-y je te regarde, je bloque la porte si tu veux. » petit sourire appuyé par un clin d’œil, il voyait bien que ça n'allait pas pour son pote alors il voulait détendre un peu l’atmosphère pesante. Il posa sa main sur l'épaule d'Elliot « tu vas me dire ce qu'il se passe ? » parce que lui ne voulait pas croire une seule seconde qu'il était dans cet état là simplement pour un razzie.

@elliot maxwell

Je me réfugie aux toilettes, retire mon noeud-pap et déboutonne les attaches de ma chemise qui me donnent l’impression d’étouffer. Tu m’as suivi ouais, t’es là et tu oses même une blague. "Tu mérites ton award du pro des blagues ratées." Je soupire, pose mes mains à plat sur le bord du lavabo pour m’y appuyer et respirer longuement. Tu poses ta main sur mon épaule, geste qui se veut réconfortant, rassurant. "C’est humiliant." que je lâche en me tournant vers toi, croisant mes bras sur mon torse. "Que CS me nomme en ligne le plus cocu, ok. Mais que je doive monter sur scène pour aller récupérer un tel award donné par la Doyenne? C’est humiliant." que je répétais. Et sûrement que j’étais plus infidèle que Cléo, et que d’autres le méritaient bien plus que moi. Mais c’est moi qui l’avait eu, et ouais, je l’avais mal. Et peut-être que j’étais juste une bombe à retardement, que c’était juste la surface de l’iceberg qui ressortait à cause de ces foutus awards mais… ouais, j’allais péter un câble. Fallait vraiment que je m’inscrive à la boxe pour me défouler.

Il ne releva même pas sa remarque le coréen, bien trop absorbé par l'état dans lequel se trouvait son pote. Et il se rendait compte qu'il en avait marre de toutes ces conneries, de même qu'il se revoyait plusieurs semaines auparavant quand à bout de souffle, à bout de nerfs, à bout de tout il avait voulu mettre fin à ses jours en sautant du haut d'un toit. Il refusait catégoriquement de voir son meilleur ami sombrer dans le même gouffre sans fin.
Ou plutôt dont la seul fin était la mort.
Il posa une main qu'il voulait réconfortante sur l'épaule de son meilleur ami, histoire de lui rappeler que malgré tout il était là. Ouais ils avaient eu une sacrée dispute, ouais il lui avait envoyé son poing dans sa gueule. Mais même cette dispute il l'aurait mise de côté pour botter le cul de ceux qui osaient faire du mal à son frère de cœur. Et là il avait justement envie de leur botter le cul à tout ceux qui avaient osé voter pour lui donner le razzie du plus cocu vu l'état dans lequel il se trouvait.
Il comprenait parfaitement ce que ressentait son meilleur ami. Il était même certainement le mieux placé pour le comprendre. C'était pas simple de se sentir bien après ça, il faudrait être fou pour se sentir bien. Ou particulièrement détaché au choix. Sa langue claqua contre son palais, il retira sa main de l'épaule pour venir à son tour crisper ses doigts sur le bord du lavabo. « Pourquoi t'es monté le récupérer ? T'étais pas obligé et de toute manière ces gens qui ont voté pour toi on les emmerde. Ils connaissent rien à l'histoire. » et ils se permettaient de juger. Comme d'habitude dans cette université. Peut-être parce que leur vie n'était pas assez intéressante alors ils enviaient celle des autres. Ou peut-être totalement autre chose il en savait bien, il était pas psychologue. « Tu vas pas passer ta soirée enfermé aux toilettes, Elliot. »

Ouais, j’aurais préféré ne pas recevoir cet awards. Ces awards. Et quand tu me demandais pourquoi donc j’étais allé sur scène pour le recevoir… Eh bien… J’en savais rien. J’y avais pas pensé, que je pouvais ne pas y aller. J’avais pas réfléchi. On avait appelé mon nom, j’avais rappliqué. C’était aussi simple que ça. "J’aurais préféré recevoir un award genre, ‘le plus infidèle’. C’est plus facile de passer pour le connard." Là j’étais sûr qu’on allait encore me reprocher de jouer la victime avec cet award du plus cocu, alors que c’était moi qui avait tout fait foirer, c’était moi qui avait laissé une autre m’embrasser alors que j’étais encore avec Cléo. C’était moi le fautif dans l’histoire non? Aussi simple que ça. Je ferme les yeux, mes doigts se resserrent contre le bord des lavabos. Et je garde le silence. J’inspire, j’expire. Une fois, deux fois, trois fois. Avant qu’une larme ne s’échappe de mon oeil. Alors je déglutis, je me lave les mains comme pour les occuper, pour occuper mon esprit. Me passe de l’eau sur le visage pour essuyer par la même occasion l’intrus, puis vais chercher du papier pour m’essuyer les mains et la face. J’inspire un grand coup, me tourne — enfin — vers toi. "C’est bon." C’est bon, on peut y retourner. J’allais me contenir, prétendre, faire semblant. J’étais devenu assez bon à ça dernièrement faut croire.

Seong secoua la tête. Il était tellement pas d'accord avec les propos de son meilleur ami, il était même à des années lumière d'être d'accord avec ses mots. Parce que de toute manière son meilleur pote n'était pas un connard et il mettait au défi quiconque de le dire devant lui. Suffisait de le le connaître un minimum pour savoir qu'il était tout sauf ça, pour savoir qu'il s'était voué corps et âme à une relation qui ne lui avait tout simplement pas réussit, il n'y avait pas de victime, il n'y avait pas de méchant dans cette histoire. Simplement deux personnes qui devaient régler leurs différents ensemble, sans personne autour pour s'en mêler. « Sauf que t'es pas infidèle, et je pense pas que t'es cocu non plus. »
Il roula des yeux, glissa sa main moite derrière sa nuque alors qu'il cherchait ses mots. Il était pas doué pour réconforter les gens et il se sentait particulièrement inutile dans cette situation « tu sais très bien que tout le monde parle dans cette université mais ils connaissent rien de ton histoire. Tu vas pas te laisser abattre par une bande de connards, Elliot. » il était en train de pleurer ? Le coréen attrapa son meilleur pote par les épaules pour le serrer dans ses bras, c'était pas très viril et alors ?  il emmerdait les gens qui avaient quelque chose à redire à ça, son meilleur ami avait certainement la place la plus importante dans sa vie, dans son cœur et il était hors de question de le regarder pleurer. Et non, c'était pas bon comme il pouvait lui faire croire. « Arrêtes tes conneries, tu sais que tu peux tout me dire. »

Je soupire doucement à tes mots. Ni infidèle ni cocu. Ouais… Je sais. Ces histoires avaient pris des proportions totalement démesurées. J’avais jamais dit avoir été cocu quand Cléo avait dit qu’elle aimait Hadès. Juste trahi. Et ça, c’était légitime non? Mais cocu? Ça ne m’était jamais sorti de la bouche. Ça, c’était CS. Et infidèle… J’l’ai peut-être été avec ce baiser avec Vega. Ça dépend des visions de la chose je suppose. Certains diraient qu’y penser est déjà tromper, d’autres diraient que tant qu’aucun sentiment amoureux n’y est mêlé, ça passe. Tout est relatif, en fait. "Je sais que tout le monde parle. C’est bien le problème. J’en ai marre qu’on parle, j’en ai marre de les entendre parler." J’veux pouvoir me faire discret, me faire oublier, qu’on évite de publier des articles ou m’en vouloir à mort pour des actes que je n’ai pas commis. Parce que franchement, mon seul tort dans cette histoire avec Cléo, c’est de l’avoir aimé à la vie et à la mort, d’avoir été totalement dévoué, plus que raison. Et ouais, je craquais. Je craquais parce que y’avait trop de trucs qui me bouffaient, trop de non-dits, trop de poids sur mes épaules que ça en devenait insupportable sans tomber à genoux. Mais je gardais la tête haute, tel ce gars dans Invincible qui continue de soulever la poutre de plus belle face à l’adversité. Un coup d’eau fraiche sur le visage et c’est reparti. Du moins c’est ce que je pense, mais tu m’attires dans tes bras. Je peux tout te dire? Je lâche un petit rire, très discret, plus pour moi-même que pour toi. Tu comprends pas en fait… Et j’te blâme pas parce que j’te donne rien pour faciliter la compréhension. "Non, justement… Je peux pas tout te dire." Mes mains sur tes épaules te font reculer d’un pas pour te faire à nouveau face. "On en a déjà parlé, t’as tes propres problèmes à gérer. Occupe-toi de toi d’abord." Parce que j’irai pas bien si toi t’allais pas bien. Tu pouvais déjà m’aider comme ça. Prends soin de toi, rétablis-toi, et ça réparerait déjà une petite partie de moi.

C'était le plus gros problème de cette université, les gens passaient leur vie à parler des autres sans se préoccuper de leurs propres affaires et il savait ce qu'il disait puisque lui-même avait été sous les feux des projecteurs, avait entendu toutes les rumeurs lancées à son sujet. Donc il était le mieux placé pour comprendre son meilleur ami surtout quand ça concernait les sentiments amoureux puisque c'était aussi l'un des problèmes du coréen. « Tu sais très bien que leur vie n'est pas assez intéressante, c'est plus sympa de se mêler de la vie des autres plutôt qu'assumer les cadavres de son propre placard. » et ça s'appelait la lâcheté.
En tout cas le coréen ne supportait pas de voir son meilleur ami dans cet état, de voir les larmes couler le long de ses joues parce que c'était un type génial. Et que les personnes qui ne le remarquaient pas n'avaient qu'à aller se faire foutre, cordialement. Ou pas cordialement d'ailleurs, ils devaient aller se faire foutre tout court. Alors il le serra brièvement dans ses bras avant que Elliot brise à nouveau le silence. « Si, tu peux tout me dire. »
Ouais il sortait d'une situation assez compliquée. Ouais il était suivi par un psychiatre mais justement ça lui permettait d'aller mieux et maintenant il pouvait décharger un peu son ami de ses soucis. « Je vais mieux Elliot alors parles moi. »

Ouais, je sais que les gens parlent et que j’peux pas les en empêcher. Mais ça me bouffe. Ça me bouffe d’être dépeint comme un profond connard qui a trompé sa meuf. D’être détesté de certains. Parce que moi, j’suis le gars tranquille, qui ne veut pas de problèmes, qui n’a aucun ennemi. Et j’ai l’impression que ma relation avec Cléolya a entravé tout ça. Le peu d’ennemis que j’ai aujourd’hui, ils me viennent de mon amour pour elle. Amour qui s’estompe, j’ose espérer, grâce à la présence presque quotidienne de Vega. Mais tu réclames plus, tu veux que je parle, et moi… Moi, j’hésite, j’ose pas, parce que j’me dis que t’es encore fragile, que t’as encore tes propres problèmes à régler et que ça vaut pas le coup de t’inquiéter pour moi. Je crois pas vraiment à tes mots, mais je repense à Jax, mon psy, qui me dit qu’il faut absolument que je me confie, que je m’ouvre. Alors j’inspire profondément, j’expire lentement, je déglutis. C’est dur. C’est vraiment dur. Je passe mes deux mains dans mes cheveux, comme déboussolé. Cette putain de sensation d’avoir les mots là, juste au bord des lèvres, et pourtant la gorge trop serrée qui les coince, qui les empêche de sortir. Cette sensation horrible qui m’a fait garder le silence pendant si longtemps. "J’ai été diagnostiqué en dépression clinique." lâchais-je finalement, comme une grosse bombe. Et avant que tu ne poses la première question, j’y réponds. "C’est un tout. Le fait que j’trouve pas ma place ici, j’me sens inutile, j’me dis que y’a bien d’autres personnes qui méritaient ma place bien plus que moi. L’estime que j’avais de moi totalement détruite, plus aucune confiance en moi à cause d’Hadès. La relation et les ruptures catastrophiques avec Cléo alors que réellement, je pensais que c’était la bonne. J’sais pas, en fait. Mais je vais bien. T'inquiète pas. J'ai rien dit parce que j'savais que t'allais t'inquiéter et vraiment, c'est pas la peine. Ça va." Et du coup, j’allais te laisser parler, parce que j’voyais pas vraiment trop quoi dire.

Il n'aimait vraiment pas cette situation. Parce qu'il redoutait beaucoup de chose à l'instant présent, il avait peur de voir son meilleur ami sombrer dans les abysses comme lui l'avait fait plusieurs semaines auparavant. Alors forcément il voulait lui apporter son aide ainsi que son soutien parce qu'il estimait être particulièrement bien placé pour le conseiller ou simplement pour lui apporter un peu de réconfort. Puis il avait l'air bien avec Vega, elle était cool comme fille en plus et leur duo semblait beaucoup moins chaotique, donnait plus de possibilités d'avenir qu'avec une fille encore très proche de son ex.
Il avala sa salive avec difficulté et leva les yeux au ciel. La nouvelle lâchée par Elliot faisait l'effet d'une bombe, un long soupir roula sur les lèvres du coréen et il attrapa à nouveau les épaules de son meilleur ami. Ouais il s'inquiétait forcément, et il pouvait pas lui interdire de s'inquiéter parce que c'était normal. « Tu comptais me le cacher encore longtemps ? » et il ne voulait pas entendre parler de ses problèmes, de sa tentative de suicide parce qu'il comprenait les motivations de son meilleur ami mais il se sentait complètement inutile. Et égocentrique, parce qu'il n'avait pas été capable de remarquer les problèmes de son pote. « T'as pas confiance en toi à cause de lui ? Mais arrêtes de te dévaloriser, Elliot. » il marqua une petite pause, les mots se bloquaient dans sa gorge parce qu'il n'était jamais doué pour parler de ses sentiments ou pour réconforter les autres « moi je t'aime mec, et je t'interdis de penser ce genre de choses sur toi. Ton couple était destructeur mais tu vas aller mieux, ok ? Parce que tu mérites d'être heureux et que t'es le mec le plus génial que je connaisse. Et on emmerde ceux qui pensent le contraire, ils te connaissent pas. »

"Ben… toute ma vie?" Genre, aussi longtemps que ça aurait été possible. "J’voulais pas t’inquiéter. J’pense que Zora le savait inconsciemment, elle m’a vu plusieurs fois très mal, et j’ai vu l’inquiétude dans son regard et j’voulais inquiéter personne moi." Toujours à penser aux autres avant moi, encore une fois. Et après on osera dire que j’suis qu’un simple égoïste. "Oui je sais c’est con, parce que le pire c’est que jamais j’voudrais être comme lui." Jamais. Mais j’pense que j’ai été vexé que Cléo le préfère à moi, que ce soit celui qu’elle veuille alors que moi, c’était elle et uniquement elle à mes yeux. Et je lâchais un petit rire à tes mots. "Merci, j’suis flatté, je t’aime aussi mais tombe pas amoureux." Petite plaisanterie peut-être de mauvais goût vu la situation, mais j’essayais de détendre l’atmosphère. "Mais j’vais bien. T’inquiète." Non, c’était pas vrai, mais j’étais sur la voie de la guérison non? Les médocs, Vega, toi. J’avais tout ce qu’il me fallait. Même si j’aurais préféré éviter les médocs, vu mes problèmes d’addiction. "Tu gardes tout ça pour toi hein? J’ai pas envie que ça s’ébruite." Même si j’avais pas de doute sur ta confiance et ta confidentialité. Mais j’précisais, au cas où.