C'était un brin stressée que je me tenais là, dans le hall d'entrée du musée des beaux-arts, à guetter l'heure en compagnie d'un des mes professeurs d'arts visuels. Il y avait de quoi, je devais présenter les tableaux aux prochains visiteurs venu spécialement pour l'exposition temporaire consacrée à Van Gogh et je n'avais pas spécialement l'habitude de parler devant autant de monde. J'avais intérêt d'être au top, vu que toute cette mise en scène allait compter pour les partiels. Allez Angel, respire un coup, ça va bien se passer ! J'avalai ma salive tandis que les premiers visiteurs affluaient. Je jeta un coup d'oeil à mon enseignant pour avoir son top départ pour la visite guidée. Il me fit signe que je pouvais commencer, et je débuta ainsi mon discours : « Bonjour et bienvenue au musée des beaux-arts de Boston ! Je m'appelle Angel et je serai votre guide pour l'exposition consacrée au célèbre Van Gogh ». Je marqua un temps d'arrêt et regarda la foule qui m'écoutait sagement. Dans le lot, je remarqua un jeune homme comme je n'en avait jamais vu auparavant. Il dégageait un charme dingue, une élégance folle, un regard frôlant la perfection ... Euh, c'était qui lui, un extraterrestre ? Je ne me laissa pas déstabiliser pour autant et continua : « Avant que nous commencions, est-ce que l'un d'entre vous aurait des questions ? »

J'avais hâte que tout ceci se termine vite, déjà que je n'étais pas spécialement à l'aise, je l'étais encore moins avec la créature que j'avais repéré auparavant, dont mon regard avait croisé le sien. Il me souriait et me lançait même un clin d'oeil, vous le croyez ça ? J'étais complètement obnubilée par le jeune homme que je n'avais même pas remarqué que le groupe de visiteurs était en fait constitué d'étudiants quand je posa ma question. Et merde, j'espérais que l'un d'eux n'allait pas me poser farfelue. Une main se leva, c'était bien celle du gentleman cité plus tôt. J'avalai ma salive, essayant de me détendre. Déjà que sa présence me déstabilisait, avec une question de sa part et je pouvais presque m'évanouir. Ou pas, car il me demandait comment je m'appelait, en me vouvoyant, ce qui était plus louable que la question en elle-même. Je ne savais comment le prendre, après tout s'il était, c'était sans doute pour ses cours aussi. Et qu'il n'écoute ou pas ce que j'avais à dire, en fin de compte, c'était à lui de voir si c'était important ou pas. Cependant, je me doutais qu'il n'était pas venu là pour son propre plaisir. Du coup, je me contenta de répondre simplement : « Angel ». Et oui, je m'appelais ainsi ! Retiens bien ce prénom mon grand, je ne pense pas que tu recroiseras de si tôt des personnes portant ce prénom ! J'étais tentée de lui demander la même chose, mais je ne crois pas que c'était le bon lieu ni le bon moment pour cela. Je repris alors mon monologue en m'avança vers le premier tableau : « Van Gogh, de son vrai nom Vincent Willem van Goghn, est né le 30 mars 1853 à Groot-Zundert aux Pays-Bas. Même s'il commence à travailler dans le domaine de l'art dans la firme de négoce d'art international Goupil & Cie co-dirigée par son oncle, il en devient petit à petit dégoûté car il refuse de voir l'art comme une marchandise. Il suit alors les traces de son père, pasteur, et se met à s'intéresser à la Bible. Il débute des études de théologie à Amsterdam, qu'il abandonne un an après. Néanmoins, il essaye de s'accrocher à cette vocation et part pour la Belgique pour une mission d'évangélisation auprès de mineurs. Cependant, ses activités de pasteur ouvrier ne tardent pas à être désapprouvées et il se retrouve contraint d'abandonner sa mission qui fut suspendue par le comité d'évangélisation. Il retourne alors chez ses parents à Etten où son père décide, après une violente dispute, de le placer à l'asile de Geel dont il s'enfuit. Il loge alors à Cuesmes jusqu'en octobre 1880 chez un mineur et prend ensuite la direction de la capitale belge. Il a alors 27 ans quand il décide de devenir peintre ». J'avoue, ce n'était pas cette partie là qui était la plus intéressante selon moi. Je préférais de loin expliquer les tableaux plutôt que de réciter sa biographie par coeur, mais j'y étais obligée. Mais ça allait encore, j'aurais pu tomber pire avec un artiste lamda et sans histoire. J'avais fait une pause dans mon monologue pour reprendre un peu de mon souffle et espacer mon discours, sinon ça allait en ennuyer plus d'un. Je décida alors de mater discrètement le bipède masculin du coin de l'oeil, histoire de me redonner un peu de courage ou que sais-je avant de reprendre.