Je te guidais jusqu’à ma chambre d’hôtel, ayant été coupé dans notre élan par ce groupe de jeunes qui passait non loin de nous sur la plage. Une fois à l’intérieur, la porte refermée derrière toi, je me sens soudainement hésitant. Pas face à toi, pas face à mes envies. Non, ça, elles sont bien là, elles me consument seconde après seconde. Mais c’est mes doutes qui rendent mes intentions hésitantes. Et si je faisais un pas de travers? Et si je te faisais à nouveau fuir? C’était pas ce que je voulais. Mais en même temps… C’était pas le genre de question que je me posais avec les autres. Encore une fois, je te donnais trop de pouvoir. Toi, t’avais pas l’air de te poser de questions. Toi, au contraire, t’avais l’air plus confiante que jamais. Peut-être que j’devais prendre exemple sur toi. M’en foutre un peu plus. Me laisser aller, me laisser guider par mes envies et mon désir. Te traiter comme les autres. Tu retirais tout de suite ton haut, t’avançant à pas de louve vers moi telle une prédatrice ayant enfin coincé sa proie. Et je ne me retiens pas de regarder. Non, au contraire, je pose les yeux sur toi, sur chaque parcelle de ta peau que tu me laisses entrevoir. Tu t’approches encore un peu plus, tes doigts jouant avec la ficelle de mon short, tes yeux plantés dans les miens. Et t’es aguicheuse. Tes mots, ta voix, tes gestes… T’en meurs d’envie. Et franchement? Ça me fait plaisir. Ton coeur ne veut peut-être pas assez de moi mais ton corps, lui, il ne ment pas. La tension sexuelle est toujours là. Alors je réduisais le peu de distance qui restait et glissais mes mains sous tes cuisses pour te porter jusqu’à la table au milieu de la suite. J’préfère rester debout, c’est moins douloureux pour moi. Je glisse les mains sur ton bas-ventre pour déboutonner ton short et te le retire rapidement. Moi j’ai pas besoin de retirer mon t-shirt. J’ai pas besoin que tu vois dans quel état je suis. Mes mains glissent sur tes cuisses pour t’offrir de douces caresses pourtant avides, alors que mes lèvres reviennent prendre la fine peau de ton cou d’assaut. Ma langue y joue, mes dents s’y plantent avant que ma bouche ne descende embrasser ta clavicule. T’as pas à douter Cléolya, j’ai envie de toi.  

Mon short et mon boxer rejoignaient bien vite le sol, venant tenir compagnie à ton short tombé quelques secondes plus tôt. Tu m’arraches un baiser avide en glissant les doigts sur l’objet de ton désir et je réprime un souffle entre tes lèvres. Mes mains s’aventurent donc dans ton dos, venant dégrafer ton soutien-gorge pour le faire glisser par terre à son tour. J’étais toujours pas persuadé que tout ça soit la meilleure idée du siècle, mais à chaque fois que mes lèvres entraient en contact avec ta peau brulante, je perdais toute raison. C’était malheureusement mon coeur qui parlait, et peut-être que demain matin je le regretterais, peut-être que je serais encore plus mal en point qu’avant, mais au moins, j’avais le moyen de soulager la douleur, rien qu’un peu, rien qu’une nuit. Et c’était toujours ça de pris. J’avais besoin d’un moment de répit. Et y’a que dans tes bras que je pouvais le trouver, peu importe à quel point ce qu’on était en train de faire était stupide. Je t’attirais un peu plus à moi alors que tes lèvres déviaient sur mon lobe pour me susurrer les mots qui en temps normal m’auraient fait sourire, mais qu’à présent je redoutais juste. Tes doigts attrapent les pans de mon t-shirt et mes mains viennent à leur tour attraper tes poignets pour tenter de t’arrêter dans ta course. « Atte… » Mais c’est trop tard, t’as déjà relevé le tissu, ton visage s’est déjà décomposé dans une expression d’horreur, tes yeux se sont légèrement assombris. Alors je déglutis. T’avais pas besoin de me retirer le t-shirt. T’avais pas besoin de voir ça. Je baisse les yeux sur mes plaies mal suturées à la va-vite par les mains tremblantes de Dina, lèvres pincées, mâchoire serrée. Et tu tentes un peu d’humour pour alléger l’atmosphère devenue pesante — probablement à cause de moi, de ma réaction. Alors tu me fais relever la tête et déposes doucement tes lèvres sur les miennes dans un baiser chaste, au goût différent des autres. Et t’es stoïque, tu bouges plus d’un poil. « J’peux le remettre si tu veux… » Le t-shirt, je veux dire. « T’as pas à subir ça. » Parce que ouais, même dans cette situation, c’était à toi que je pensais et pas à moi. T’avais pas à subir cette vision de mon irresponsabilité, de ma négligence, de ma douleur psychique transposée en douleur physique. T’étais pas censée voir ça.

Clairement, tu t’attendais pas à voir ça. J’le vois dans tes yeux, dans ta bouche entrouverte de stupeur. Tu t’attendais pas à voir de tels dégâts, un tel carnage. Et moi non plus, j’avais pas envie que tu vois ça. Mais c’était trop tard, t’avais envoyé valser mon t-shirt. Mais j’pouvais le remettre hein, ça t’éviterait de devoir poser les yeux sur mon incompétence grandissante. Non, à la place, tu posais un doigt sur mes lèvres pour me faire taire. Tes mains glissaient sur mon cou, tes doigts entrelacés derrière ma nuque et tu posais à nouveau ton front contre le mien. Je secouais la tête à tes mots, posant mes mains sur tes cuisses nues. « Tu me fais pas mal, Cléo… Au contraire. » C’est même la première fois depuis ces dernières semaines où t’es pas la cause de mes maux mais de ma paix. « J’ai pas envie d’arrêter. » que je dis d’une voix un peu plus assurée, mes yeux plantés dans les tiens comme gage de sincérité. Et honnêtement? J’m’en fous de me faire mal si ça me fait un peu de bien. J’m’en fous de me faire mal si je te fais un peu de bien. Alors je viens glisser l’une de mes mains sur ta nuque pour la remonter dans tes cheveux, gardant l’autre sur ta cuisse. Et je viens à nouveau chercher tes lèvres, pour un baiser plus lent, plus significatif. Plus émotionnel. « Je veux pas que tu t’arrêtes. » répétais-je dans un souffle sur tes lèvres, comme pour bien te faire comprendre la chose. Et soudainement, on est moins dans la hâte, on a moins peur, on reprend nos habitudes. J’ai moins l’impression d’être un simple coup d’un soir pour toi, j’ai moins l’impression que tu vas t’enfuir. Bizarrement, j’ai l’impression de te retrouver. De nous retrouver. De retrouver cette bulle qu’on a su se construire dès le premier jour. Cet univers parallèle où rien ne peut nous toucher, où rien ne peut nous atteindre, où c’est juste toi et moi et rien d’autre.