L'appeler après 20 heures ça tombait pas dans l'oreille d'un sourd. Croyez-moi, j'allais le faire et ça allait durer trois plombes. Ça m'emmerdait toujours de le voir partir, mais je fais avec. La nuit est calme et paisible jusqu'à ce que Gabano appuie sur l'accélérateur. Je m'agrippe par surprise, lui posant aussitôt une question en voyant le 4x4 repartir comme un fou. « J'en sais rien... Je crois que... » Que ? Mon regard se tourne vers Wolfy, mais s'écarquille quand je vois un 4x4 foncer droit sur nous. « ATTENTION » que je cris, mais c'était déjà trop tard. La voiture nous percute de plein fouet, nous faisant valser plus loin. C'était mon troisième accident de voiture en vingt-cinq ans et je ne m'y ferais certainement jamais. J'ai l'impression de passer sous un rouleau compresseur pour finalement me retrouver la tête en bas quand tout s'arrête. Le calme à nouveau. Ou presque. J'ai du mal à me remettre de ce que je viens de vivre tant ma tête est comme dans un étau. Ce qui me fait réagir, ce ne sont pas les paroles de Wolfgang. « Alaska... Alaska tu m'entends? J'ai besoin que tu fasse quelque chose pour moi. Ouvres la boite à gants et prends l'arme qui est dedans. Prends là et donnes la moi. » Quoi ? Non. Je ne voulais pas toucher à tout ça. Ce que je voulais là, c'était prendre ma fille dans mes bras, m'assurer que tout allait bien pour elle. Le truc, c'est que j'étais tellement sonnée que j'étais dans l'incapacité de bouger. Elle, elle hurlait, certainement tétanisée par ce qui était en train de se passer. À cet instant, je détestais Gabano. On avait dit, au tout début, il m'avait promis, que rien ne lui arriverait à elle. Je m'en fichais de moi, mais elle, non. Il attrapait son arme et il me demandait de ne pas bouger. « Restes là, surtout tu restes là c'est compris?! » Je tournais le regard dans sa direction, fronçant les sourcils en me demandant où je pourrais partir dans cet état. Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe à l’extérieur. Mais comme je suis une tête brulée, je pose mes mains sur le plafond de la voiture, sous ma tête et je me détache pour me laisser tomber en douceur. Ainsi, ça me permettait de récupérer Lilou qui semblait, miraculeusement, ne rien avoir. Il y a des coups de fusil et mon réflexe est de la protéger. Ne pas bouger ? Je m'en tape. Je voulais partir d'ici. Je voulais que ma fille arrive à se calmer, sinon elle allait s'étouffer en hurlant autant et je voulais aller dans une hôpital pour qu'elle soit examinée. Le reste, ça me passait par dessus la tête. « Alaska! Tu n'as rien? Et Lilou? » - « Je ne sais pas » que je répondais tant bien que mal. J'avais la tête qui tournait un peu, mais c'était Lilou qui m'inquiétait. Une main dans mon dos, Wolfy faisait de son mieux pour ne pas paniquer ou j'sais pas. « Il faut qu'on s'en aille ok? Je vous emmène à l’hôpital. » Il sortait son téléphone pour faire je ne sais quoi tandis que j'attrapais mon sac à main et le doudou de Lilou. Hors de question de priver ma fille de son plus grand réconfort et de laisser mes papiers. « J'ai envie de vomir je crois » Mais j'étais pas certaine. Je grimaçais sans broncher, j'étais relativement calme parce que j'avais du mal à comprendre ce qui nous arrivait. C'était certainement en arrivant à l'hôpital que j'allais finir par céder à la panique. Gabano attrape Lilou pour aller plus vite, laissant derrière nous toutes ses affaires. Quelques rues plus loin, on monte dans une autre voiture dont je ne connaissais pas les chauffeurs. « À l’hôpital, tout d'suite. » Assise, je récupérais Lilou qui me tendait les bras. « Si elle a quelque chose... » que je chuchotais en commençant à stresser. Si Lilou avait quelque chose, je ne lui pardonnerais pas.