En vrai, je savais pas ce que je foutais. J'avais une fausse copine alors que j'étais amoureux d'une autre et pourtant je continuais à coucher à droite, à gauche. Niveau connard, on faisait pas plus. Mais je m'en voulais pas. Parce que je trahissais personne. C'était Charlie qui avait mis fin à notre relation, Louve avait accepté les termes du contrat et personne savait que j'allais voir ailleurs donc théoriquement, elle n'était pas cocue. Mais, je savais pas pourquoi, je sentais que cette histoire allait mal finir, que mon amitié avec Louve allait se compliquait ou que Charlie allait tout découvrir et m'en vouloir à mort. Pourtant je pouvais pas tout arrêter, pas maintenant. Pas alors que tout se passait bien. A ce moment là, je me faisais une promesse, celle de faire attention aux signes. Ceux qui montraient que ça commençait à chauffer pour moi. Et pour les autres. Au fond, je voulais faire souffrir personne. C'était ironique de dire ça alors que j'étais dans un bar à boire en pensant me faire peut être quelqu'un ce soir. Sauf que pour l'instant personne me plaisait et... personne était venu me voir. Donc bon, je restais dans mon coin, mon verre de whisky à la main, à penser à tout et à rien. Comme si j'avais aucuns problèmes, comme s'il n'y avait pas une épée de Damoclès au dessus de ma tête. C'était ce que je faisais toujours de toute manière : me mettre dans la merde et faire comme si de rien n'était. Jouer le rôle de celui qui n'avait rien à se reprocher.

Normalement, rien n’effraie Violet. Elle affronte le monde avec force et une putain  de détermination. Elle écrase les obstacles, elle chérit ce qui vient. En plus, avec Clarisse a ses côtés, elle n’a absolument rien à craindre. On pouvait retourner la situation dans n’importe quel sens, Vee pouvait être intouchable. Mais quelque chose avait réussi à traverser cette barrière... Et c’était Clarisse même. Clarisse qui souffrait de sa situation. Clarisse qui ne savait pas comment s’y prendre. Et au milieu, Violet ne savait pas comment conseiller sa meilleure amie... Déjà parce qu’elle même n’était clairement pas un exemple en matière de sentiments, vu les catastrophes dans lesquelles elles s’était engouffrée. Une relation compliquée ? Devinez qui s’y engouffre ? Mais Violet voulait aider la femme de sa vie et elle ne voulait pas qu’elle commette les mêmes erreurs qu’elle... Alors il était temps de prendre les choses en mains ! Le bizutage lui avait offert une occasion en or de vérifier comment était l’élu de son cœur. Le Spring Break était le meilleur moyen de se rapprocher de lui sans éveiller les soupçons, peu importe s’il avait une nana. Alors elle se met sur son trente et un, elle enfile ses plus beaux vêtements d’été, ses cheveux sont bercés par l’air marin. Il manque plus que la musique et on se croirait dans un clip. Un bar, évidemment. Et la cible est seule, avec un verre de whisky. Pas besoin de jouer les saintes nitouches, Violet approche avec son sourire et toute son aura qui gueule "on baise sur le comptoir ?" Salut, toi, qu’elle susurre. Superbe entrée en matière de Mademoiselle Goldman. Ton verre est presque fini. Ça te dis d’en prendre un deuxième avec moi ? Smooth, Violet, smooth...

Finalement une jeune femme approche, sourire dessiné sur le visage, belle à en crever. Je m'étonne mais je dis rien. Je fais genre le mec qui a l'habitude d'être dragué par des femmes aussi belles, des femmes qui lui font du rentre dedans sans qu'il demande rien. Parce que normalement c'est l'inverse, je suis celui qui vais vers elle, qui leur chante mille et un compliments, qui leur dit combien elles sont désirables, qui les font se sentir aimées. Je suis le chasseur et elles les proies. « A une condition » que je réponds, posant mon verre sur le comptoir après avoir bu la dernière gorgée. « Donne moi ton prénom ». Histoire de l'écrire sur ma liste de conquête, de rajouter un trophée dans mon armoire. Parce que, clairement, tous les deux, ça allait finir au lit. Dans quelques heures, je t'enlèverais tes vêtements, j'embrasserais chaque parcelle de ton corps et on ne formerait plus qu'un jusqu'au matin. Puis je partirais tôt le matin, après t'avoir donné un faux nom, un faux numéro, je briserais toutes les promesses que je t'ai faites. Et, dans quelques semaines, j'aurais oublié ton visage, ton odeur, ton prénom. J'aurais oublié cette nuit. On aura été que de passage dans la vie l'un de l'autre. Mais, à cet instant, tout ça ne s'est pas encore passé. Nous ne sommes encore que des inconnus. Que deux jeunes qui veulent découvrir l'autre, qui jouent au jeu de la séduction en espérant que l'autre répondra. Et je continue à te regarder, souriant à mon tour d'un sourire arrogant. La nuit ne fait que commencer.

Il était là, face à elle. Et elle devait déterminer quel genre de gars c'était, si c'était un connard profond ou si c'était simplement un type qui savait pas se gérer. Clairement, il fallait en profiter, et d'ici quelques minutes, elle le jetterai sans la moindre hésitation. Et puis, Athénaëlle lui avait demandé de draguer un mec maqué... Une pierre, deux coups. Alors Vee lui sert son plus beau sourire, se penche suffisamment pour mettre ses atouts en avant. Aucune gêne. Peut-être même un peu trop facile. De toute façon, il ne fallait pas qu'il fasse le moindre rapprochement, alors évidemment, elle utiliserait plus son deuxième prénom. Diana. Et toi ? Même si elle le sait déjà, putain. Il fallait faire la jeune femme innocente, et battre des cils pour lui faire miroiter l'espoir de finir au lit avec elle. Qu'est-ce que tu fais tout seul ici ? Ouais, pourquoi t'es pas avec ta nana ? Qu'est-ce que tu fous là ? Pourquoi tu fais du mal à ma meilleure amie sans le savoir ? Aller, on insiste encore un peu. Enfin... C'est pas moi qui vais me plaindre... La vue est intéressante... Franchement, c'était presque obscène. Cède. Aller, cède. Cède. Confirme ses craintes. C'est nécessaire, pour en avoir le cœur net,pour savoir comment gérer la suite. Plus ça sera facile, plus Violet prendrait du plaisir à l'envoyer bouler.