Le soleil se couchait, les familles commençaient à rentrer avec leurs enfants mais les étudiants restaient. Et moi, j'étais allongé sur le sable sans leur prêter attention. Je pensais à autre chose, des trucs inutiles qui changeraient rien à ma vie. Mais au moins j'avais pas elle en tête. Violet. Ce nom qui résonnait comme une douce mélodie à mes oreilles, son corps que j'avais exploré plusieurs fois, chaque aspect que j'avais appris à connaître et l'ensemble qui m'émerveillait un peu plus chaque jour. Et qui me pourrissait un peu plus la vie chaque jour aussi. Parce que du coup j'imaginais des trucs pas très catholiques quand elle était à mes côtés et, quand elle l'était pas, je l’imaginais avec un autre. Forcément, ça me mettait hors de moi. Comme pour la soirée qui avait eu lieu hier soir, je l'avais pas vu alors j'étais parti au bout de quelques heures. Encore maintenant je me disais qu'elle devait être avec un autre mec, un enfoiré qui poserait ses mains infectes sur elle. Bien sûr elle se laisserait faire, elle en profiterait. Violet était comme ça, croquant la vie à pleine dents. C'était comme ça que je la voyais en tout cas. Putain voilà que je repensais à elle. Marchant au bord de l'eau je repérais un coquillage. Légèrement cassé sur le côté il avait tout de même son charme. Comme quoi on pouvait être brisé et toujours plaire. Le saisissant, je le balançais loin dans l'eau, je mettais toute ma rage dans ce lancer, comme si ce coquillage était la base de mes problèmes. Pourtant je savais que la source de mes ennuis était une femme, un nom : Violet.

Laisser Boston et les problèmes qui vont avec derrière était la meilleure chose qui avait pu leur tomber dessus. Le Spring Break était tombé à point nommé, et l’environnement paradisiaque et la plage avaient balayé d’un revers tous les ennuis d’Harvard. Si Violet regrettait l’absence de Savannah et Carter, elle ne pensait plus à Ezra ni à Camille. Elle était libérée, avec Clarisse à ses côtés et un tas de personnes meilleures autant les unes que les autres. La soirée d’ouverture avait été sacrément chargée. Un cocktail chargé de vodka par ci, du champagne par là, un petit flirt innocent et encore, elle devait une nuit à Noah... La nuit tombait progressivement et avec lui la chaleur devenait plus supportable. Il était temps de rentrer à l’hôtel. Marcher le long de la plage était plus qu’agréable, sentir ses pieds s’enfoncer dans le sable lui procurait un sentiment de quiétude incomparable. Et c’est à ce moment là qu’elle remarquait une silhouette connue : le jeune homme balançait quelque chose dans l’eau, le regard lointain, absorbé par ses pensées. Ryder. Leur relation était particulière, il fallait l’admettre. Avant tout, ils étaient amis. Jusqu’à ce fameux soir... depuis s’était installée. Avec lui, elle pouvait se laisser aller, elle connaissait son corps comme personne et pouvait parler sans craintes. Certains diraient qu’ils étaient fusionnels, Vio n’oserait pas répondre de peur de devoir affronter l’éventualité saugrenue que leur relation relevait bien plus que de l’amitié.. Violet tenait à Ryder, c’était un fait ; elle y tenait énormément. Et elle se sentait un peu coupable de ne pas l’avoir croisé un peu plus tôt alors qu’ils vivaient un rêve éveillé. Elle sourit, un sourire sincère, et vient l’aborder pour le tirer de ses rêveries.  Salut bébé ! Qu’est ce que tu fais là ? Ouais, elle s’autorise ce genre de petits surnoms avec lui. C’est spécial. Tu ne rentres pas à l’hôtel ? Il paraît que la bouffe y est géniale ! Ou si tu veux on peut se prendre un motel toi et moi et commander une pizza ?  Ouais, Vio essaye de se rattraper, parce qu’elle connaît Ryder et surtout parce que ça la tuerait s’il lui en voulait.

Je me tournais et elle était là avec son air innocent, comme s'il ne s'était rien passé. Comme si mon cœur ne se brisait pas à chaque fois que je la voyais avec un autre mec. Elle me balançait un bébé en pleine figure mais je répondais pas, détournant le regard vers la mer, à nouveau. L'eau semblait calme, rien ne la troublait. Les vagues venaient s'échouer à mes pieds et mon cœur échouait à se calmer. Je voulais lui dire de se barrer mais j'y arrivais pas, alors je l'écoutais proposer un motel et une pizza. C'était vraiment tout ce qu'elle pouvait faire pour essayer de se faire pardonner ? Elle avait encore du chemin à faire. « T'as qu'à y aller avec un autre mec, j'suis pas d'humeur » que je répondais, le regard planté dans le sien cette fois ci. Je voulais la blesser, comme elle me blessait à chaque fois qu'elle s'amusait avec un autre. Ouais, Violet me devait rien, on était que sexfriend mais j'en avais rien à foutre. Elle était à moi et quiconque la touchait s'exposait à ce que je le foudroie sur place. « Tu peux même y aller avec le mec avec qui t'as passé une nuit le soir de la fête, j'en ai rien à foutre ». En fait je savais même pas si elle avait été avec un mec ce soir là, je le supposais juste. Parce que, Vee, je la connaissais. A une fête elle se faisait forcément draguer et, parfois, elle jouait elle aussi au jeu de la séduction. Et moi je l'observais tandis que mon cœur se fissurait, que la rancune le faisait battre. « Qu'est ce que tu veux Violet ? » Parce que clairement si tu restais là c'était que t'avais besoin d'un truc. Et sûrement pas de moi.

Rares étaient les fois où Vee s’était retrouvée démunie. D’habitude, elle a toujours le petit mot, la petite phrase qui interpelle et qui pique. Mais face à Ryder, c’est complètement inutile ; déjà parce qu’elle ne voulait absolument pas de ce genre de dispute avec lui. Pas ici, pas maintenant, ils étaient au paradis sur Terre, ils étaient libres. Et puis merde, elle avait fait quoi au juste ? Pourquoi était-il aussi agacé ? Vio n’avait rien fait de mal, et pourtant elle se repassait les dernières heures à la vitesse de la lumière. La brune commence à sentir la moutarde lui monter au nez. Aux dernières nouvelles, c’est à toi que j’ai demandé. C’est pas comme si elle était seule à ce Spring Break. Elle pouvait appeler n’importe qui, rentrer avec n’importe qui. Mais elle lui avait proposé à lui. C’est quoi le problème ? P’t’etre parce que à tout hasard, c’est avec toi que je voulais passer du temps ? C’est quoi ce bordel. Pourquoi il lui parle d’un autre ? Vio, c’est la liberté. Elle appartient à personne, du moins pour le moment alors où est le problème ? Ryder savait très bien quel genre de nana était l’Eliot. J’etais avec Clarisse hier soir. Et je vois pas pourquoi je devrais me justifier. Si tu y tiens, ouais, j’vais demander à quelqu’un d’autre. Elle lui rejette la faute dessus. Clairement, si elle passait la soirée, ou même la nuit avec un autre, ça serait parce qu’il l’aurait repoussée avec une gentillesse hors du commun. Violet fronce les sourcils, ça commence vraiment à l’agacer. T’en as rien à foutre, Ryder ? T’en as rien à foutre ? Donc je peux partir, là, et t’en as rien à foutre ? C’est pas possible. Ça sort d’où, ça ? Cette prise de tête, ces mots de trop ? Ils étaient amis. Amis avant d’être amants, même si cette dernière partie avait prit une place toute particulière dans sa vie. Alors insinuer qu’elle était là pour obtenir quelque chose... ça fait déborder le vase. De quoi tu veux que j’aie besoin ? Clairement je traine pas en espérant pouvoir obtenir quelque chose. Je voulais juste être avec toi, désolée si ça t’emmerdes. C’est quoi ton problème ? Arrête, Vee. Arrête, ça va dégénérer et c’était pas ton but. Mais impossible. Dis moi de me barrer, et je m’en vais. Vas y. Ça lui ferait mal, c’est clair. Mais elle avait besoin de comprendre ce comportement.

Clairement je savais pas quoi faire. C'était la première fois que j'étais autant attiré par une femme, la première fois que j'étais à ce point jaloux. Alors, évidemment, je faisais des conneries, je l'envoyais chier sans réfléchir. Je lui parlais mal, je pesais pas mes mots. Parce que j'étais comme ça, une tête brûlée que personne pouvait refroidir, sûrement pas une attirance, une sex friend. Après tout, on était rien l'un pour l'autre, on était pas liés, on ne s'appartenait pas, elle n'avait aucune influence sur moi. Tout comme je n'en avais aucune sur elle. Et ça, elle me le faisait bien comprendre. Elle s'énervait, prétendant aller demander à quelqu'un d'autre et je restais de marbre. Hors de question de lui montrer à quel point ça m'atteignait, à quel point je rageais. J'avais jamais été le genre de mec à montrer mes sentiments, Vee. Alors je le ferais sûrement pas pour toi, pas alors que tu me provoquais. Du coup je te disais que j'en avais rien à foutre et tu réagissais au quart de tour. « Arrête de me poser des questions dont tu connais déjà les réponses » que je rétorquais, refusant de répondre par un simple non. Parce que bien sûr que non j'en avais pas rien à foutre. Je préférais que tu restes avec moi, qu'on passe la soirée ensemble, qu'on profite l'un de l'autre. Mais ma jalousie gâchait tout. Il était là le problème. J'étais le problème. Et je m'en voulais pas du tout, estimant que ma réaction était normale. « Ouais ça m'emmerde, clairement ».Je passais pas par quatre chemins, je te balançais ça à la figure comme ça. Et j'en avais rien à foutre de ta réaction. On était des électrons libre pas vrai Vee ? « Tu fais ce que tu veux, c'est pas à moi de te dire de rester ou pas. Je suis pas ton père à ce que je sache ». Hors de question de te dire de rester et de me pardonner. Enfin, je pouvais le faire mais il y avait mon ego qui se mettait en travers. « Tu vois je me dis qu'on devrait peut-être... j'sais pas, faire un break. Parce que je supporte pas Vee. C'est pas mon genre de partager » que j'avouais, soutenant ton regard. C'était vrai que les sex friend c'était pas mon truc, je devenais trop possessif, limite invivable. Et je voulais pas ruiner notre amitié. Je voulais pas te perdre à cause de mon sale caractère.

Le cœur de la brune tambourinait dans sa poitrine comme s'il voulait se barrer au plus vite du bordel ambulant qu'elle devenait à mesure que la dispute prenait de l'ampleur. C'est douloureux. Les mots la frappent comme si un couteau lui lacérait la peau. Tu voulais  lui faire mal, Ryder ? Bingo, t'as gagné le gros lot. D'accord. Et Vee déteste comment sonne son d'accord, un d'accord résigné et si on tend l'oreille, on entend sa voix trembler. Elle sait pas quoi dire de plus, parce qu'elle se sent vaincue, un uppercut et la fout K.O. Pourtant elle en a encaissé des trucs. Mais ça ? Sa gorge est tellement serrée qu'elle a du mal à parler. J'voulais juste être avec toi. Même si ça n'engageait à rien. Juste passer du temps ensemble, parce qu'elle se sentait bien avec lui, elle se sentait vraie, elle se sentait vivante. Elle voulait juste qu'ils foutent la chambre du motel sans dessus dessous à coup de pizza, de séries, de rires et plus si le cœur leur en disait. A quel moment pensait-il pouvoir être remplacé, au juste ? Un break... ? Ok, là, c'était trop. Il se passait quoi ? Dans quel foutu univers parallèle elle était tombée ? Et puis au milieu, il y a sa fierté qui peut pas supporter de se montrer vulnérable. Peut-être que ça lui ferait trop plaisir. Comme tu veux. Va t'éclater avec qui tu veux, en attendant c'est à toi que je proposais tout ça. J'espère que t'y penseras pas trop quand tu seras en train d'en sauter une autre. T'es pas l'seul à pas trop aimer l'idée. Et ça l'agace rien que d'y penser, tsk. Il aurait suffit que tu m'en parles. C'était juste pas compliqué. Si tu voulais oublier cet aspect de notre relation, je te l'aurais pas reproché. Mais elle te veut, Ryder. Elle te veut et c'est trop dur de l'admettre. La solution de facilité, c'est de se fermer. Tant pis si ça fait mal. Vee approche, tente le tout pour le tout. Elle tente de joindre leurs mains, parce que ça la rassurerait un peu d'avoir un contact même minime pour effacer cette sensation de fossé qui se creuse. Si c'est c'que tu veux... Putain, Vee, aller. Aller, bordel. Fais quelque chose. Tu peux pas laisser ça se faire. Mais pas moi. Elle ajoute ça d'une toute petite voix, presque étouffée.

Je voulais lui dire de dégager, de me laisser seul. Parce qu'elle me faisait trop mal, on se faisait trop mal. J'entendais au son de sa voix que mes paroles l'atteignaient. Peut-être un peu trop. Je voulais te demander ce qu'on était, si on pouvait être plus. Mais j'avais peur, je flippais comme un gosse de dix ans qui revoyait ses parents s'engueuler. L'amour ça n'apporte que des problèmes. Voilà ce que je m'étais dit le jour où mes parents avaient annoncé leur séparation, le jour où Suelen et moi avons été séparés de notre mère. Tu savais que je m'étais promis de ne jamais aimer Vee ? De ne jamais aimer de cette manière, de ne pas m'attacher trop. Regarde où ça nous menait. On se déchirait, poignardait le cœur de l'autre en espérant que le nôtre sera épargné. Mais le truc c'est qu'en te faisant du mal, je m'en faisais aussi. « Arrête... » que je murmurais alors que tu parlais d'une autre fille. Je voulais pas que tu penses que j'en préférais d'autres parce que clairement t'étais la seule dont je me souciais. La seule qui trouvait grâce à mes yeux avec son sourire provocateur et son regard enchanteur. « Vraiment ? Donc là si je te confirmais que je veux plus coucher avec toi tout redeviendrait normal ? » Mens moi Vee. Dis moi qu'il n'y avait aucun problème à ce qu'on redevienne amis. Parce que j'avais pas la force de le faire. Pour une fois, je voulais pas agir en homme. Pourtant je le devais. On pouvait pas rester comme ça. Tu semblais l'avoir compris, en tout c'était l'impression que j'avais. Jusqu'à ce que tu lâches la bombe. « C'est pas ce que tu veux ? Tu veux quoi alors ? » Au fond de mes entrailles, je sentais la colère remuer. Ma main lâchait la sienne pour masser ma nuque. « Tu veux qu'on continue à coucher ensemble et qu'on aille voir ailleurs en même temps ? Qu'on se fasse des soirées pizza avant que le lendemain t'ailles te faire sauter par un autre ? Tu te fous de ma gueule là en fait ? » Ouais, ça pouvait pas être vrai. Pas alors que je venais de te dire que je refusais de te partager.

Et au final, ils ne faisaient que se détruire l'un l'autre, avec les meilleures intentions du monde, comme si le monde ne voulait pas que tout cela se produise, comme si ce n'avait pas été l'ordre des choses. L'esprit de Violet était complètement retourné. Alors quoi ? Il n'y avait pas de porte de sortie ? Ils étaient condamnés à ne pas vouloir la même chose, ou pire, vouloir la même chose mais ne pas pouvoir l'exprimer ? Et d'ailleurs, comment ça avait pu se dégrader à ce point ? Comment ça avait pu passer du paradis à l'enfer, d'un coup ? Il te suffit de me le demander. J'veux pas te perdre à cause d'une histoire de cul. C'était plus qu'une histoire de cul, elle pouvait l'affirmer. C'était bien plus que ça, mais franchir cette étape, c'était effectivement faire une croix sur leur amitié. Et puis, Vio n'était pas spécialement connue pour être irréprochable dans une relation. Et Ryder était la dernière personne qu'elle voulait blesser. Tu vaux mieux que ça. Tu vaux mieux que moi. Ouais, putain. Dans tous les cas, elle serait une déception. Ca pouvait juste pas arriver. Et plus il s'énerve, plus elle sent la tristesse se transformer en colère. Ils ne se comprennent pas, ils ont pas envie de se comprendre. Mais bordel, tu comprends rien ! C'est dur. Elle voudrait partir et fuir la situation, parce qu'elle sait plus comment la gérer. Tu crois que ça m'amuse de t'imaginer voir ailleurs, toi aussi ? Elle donne un petit coup de pied dans une vague, impulsivement. Ouais vraiment, c'est mon petit plaisir, de passer du temps avec toi, de t'embrasser, de coucher avec toi, de découvrir plein de facettes de toi et d'apprendre à les aimer, de vouloir que ça s'arrête pas, pour finalement que t'ailles avec je sais pas qui faire exactement la même chose ! Non, sérieux, c'est vraiment ce qu'il s'imaginait ? Que ça l'atteignait pas ? Ses épaules s'affaissent et elle ose même plus lui faire face, elle regarde la mer. Après un moment de silence, elle reprend. C'est pas une question de sexe, Ryder. La voilà la vérité. C'est une question de toi et moi. Vio secoue la tête. Son cœur va éclater : il faut qu'elle s'en aille. Oublie ce que je viens de dire. C'est ridicule. Tu voulais que je parte, je vais y aller. Où sont passés ces moments simples ?

Cette fille me mettait dans tous mes états. Je savais même pas comment elle se débrouillait, comment c'était possible. Elle me disait qu'elle voulait pas me perdre à cause de ça, que je valais mieux qu'elle. Mais moi j'étais pas d'accord. Vee, c'était la quintessence même du beau, du majestueux. Elle était ce que je ne serais jamais. « Si je comprends rien alors explique moi, j'attends que ça » que je rétorquais sur un ton ironique. Parce que, clairement, c'était la dernière chose que j'attendais d'elle. J'en avais plus que marre des paroles, des jolis discours. Fallait qu'elle agisse, qu'elle me prouve que j'étais pas qu'un jouet, une marionnette qu'elle manipulait avec ses fils. A ce moment là, je pensais pas que mes paroles pouvaient changer quelque chose. Je pensais pas que ses sentiments prendraient le dessus, qu'elle relâcherait toute sa colère en quelques phrases. Mais, surtout, j'ignorais que ça me ferait cet effet là, que mon cœur se serrerait au fur et à mesure que je comprenais qu'elle était jalouse. « Attends Vee ». Ouais attends. Patiente deux secondes, juste le temps de remettre mes idées en place. En fait je digère encore tout ce que tu m'as dit là et, si je parle tout de suite, mes paroles seront pas claires. Je ferais que m'embrouiller, me mélanger les pinceaux et tu pourrais mal comprendre les choses. Et, le truc c'est que je voulais que tu saisisses bien chacun des mots que j'allais dire. « Pars pas, faut que tu saches que... » que quoi ? Pourquoi j'arrivais pas à lui dire ce que je ressentais ? Peut-être car j'étais un bouffon. J'étais celui dont la vie misérable avait toujours fait rire ceux de la haute sphère. Et toi t'en faisais partie. T'avais l'argent que je n'avais pas, des valeurs que je ne respectais pas. « Lorsque l'on se cogne la tête contre un pot et que cela sonne creux, ça n'est pas forcément le pot qui est vide » que je lâchais finalement en caressant sa joue de ma main droite. Simple manière de lui faire comprendre que j'étais un idiot. Les excuses, ça avait jamais été mon truc.

La colère était montée en Vio tellement vite qu'elle n'avait pas eu le temps de réaliser ce qu'elle avait balancé. Non, vraiment, il fallait qu'elle se reprenne, parce que ça allait dégénérer. Si Ryder était effrayé que leur relation se dégrade, Vio en était encore plus angoissée. Elle avait l'impression d'être coincée dans un cul de sac. Cette situation, c'était pas ce qu'elle voulait. Et au fond, elle en savait quoi de ce qu'elle voulait ? Fallait qu'elle se tire, qu'elle rentre à l'hôtel. Mais... Il la retient. Ryder, c'est pas le genre à retenir, encore moins à avouer quoi que ce soit. Ouais, ils ont tous les deux la tête dure, c'est des bombes imprévisibles. Elle sourit, pouffe, baisse la tête ; elle ne sait même pas quoi répondre...Sans que ses angoisses ne deviennent réalisé. Quand la main de Ryder caresse son visage, elle se revoit quelques temps auparavant, dans le placard avec lui. Même si Violet n'avait pas l'esprit clair ce soir-là, elle se rappelait de chaque détail. Il lui suffisait d'un rien pour reproduire cette fameuse soirée, là maintenant tout de suite. Après tout, y avait-il meilleur moment ? Sur la plage, aux Bahamas, le Spring Break, il manque presque une petite musique et l'instant peut ressembler à une scène de film. Violet se radoucit, et pose sa propre main sur la joue sur celle  du Winthrop , et il suffirait qu'elle se voie pour réaliser qu'elle lui lance LE regard. Mais si vous savez ; celui qui veut tout dire et qu'on lance sans même le savoir. Elle a des frissons, et pourtant elle bloque. Y'a plein de trucs qu'il faudrait que tu saches. Ils auront pas le courage, ni l'un, ni l'autre de franchir le cap. Et puis elle sait plus quoi dire, alors à la place, elle se blottit contre lui, et ne plus soutenir son regard, ça fait déjà redescendre la pression, même si l'étreinte anime d'autres choses. Elle a même pas besoin d'accepter son excuse, il se sait déjà excusé. Il est pas censé y avoir des crabes qui leur chante de s'embrasser, là ? Tant pis : Vee se contentera d'un baiser sur sa joue avant de reculer, de détourner le regard. Je ferais quand même mieux de partir, ajoute-t-elle à mi-voix. On passera la soirée ensemble une autre fois... Quand on viendra pas de s'engueuler par exemple. Et s'ils allaient dans ce fameux motel, maintenant, Vee ne répondrait plus de rien. Tu  sais où je suis, si jamais... Enfin... Si jamais tu veux... Discuter. Après tout, Ryder venait explicitement de demander à ce qu'ils restent amis, non ?