• "Putain ça fait dix minutes que j'attends mon putain de café, tu m'as zappé ou quoi ?!" Avais-je gueulé en direction de l'espèce de serveur, celui avec la tête de kangourou. J'suis là, comme un con, à attendre qu'il ait l'envie de se sortir les doigts du cul et me servir mon café histoire que je puisse enfin bouger de cet endroit bourré de gens trop heureux pour moi qui ne passe leur temps qu'à réviser, qu'à avoir la gueule dans leurs livres de cours. L'autre abruti s'excuse, et, il finit par me servir assez rapidement. Bah putain, il était temps, j'ai bien cru que j'allais finir par devenir une statue dans cette pièce, et, que dans trois mille ans, des gamins viendraient m'étudier en pensant que l'homme de l'époque, c'était moi. Mon cul ouais. Alors, une fois mon café en main, je sors de cet endroit et j'me rends directement sur un banc dans un parc un peu plus loin, il fait beau, et en plus, les oiseaux chantent, si j'pouvais d'ailleurs en buter un ou deux pour qu'ils ferment leurs gueules, ça me ferait du bien... Une cigarette, un café, et je laisse le temps défilé devant mes yeux en même temps que tous ces abrutis déambulent devant moi. Piper est en cours, je viens de déposer Quincy chez sa mère, et pour le coup, j’ai rien à faire. C’est à ce moment-là qu’une idée me passe par la tête… Hope, la meuf un peu folle qui me sert de cousine, obligé elle a envie de me voir et elle n’oserait pas me laisser seul. Alors je sors un portable, lui envoyant un message en lui faisant savoir que si elle n’avait rien à faire, je serais devant la Eliot House dans quelques minutes. J’prends ma voiture, je roule plusieurs minutes, et là je finis par arriver sur le Campus. Putain, ça fait longtemps je n’y avais pas mis les pieds… Et la Eliot… Disons que j’avais jamais été fan de cette confrérie. Trop de coincé du cul, trop je ne me prends pas pour de la merde. Quelle idée aussi d’aller ici. Descendant de ma voiture, j’vais attendre contre le mur à côté de l’entrée, et là t’as l’espèce de mec qui se prend pour un vigile qui n’arrête pas de me regarder. Il veut quoi lui ? Et surtout, pourquoi mettre un garde du corps ? Est-ce qu’ils sont conscients que tout Harvard est blindé de gosse de riche ? Ils se pensent vraiment au-dessus ces cons là… •

• Aujourd'hui c'est mon jour de repos. Pas de cours, pas d'internat. Une journée entière pour traîner à la EH en essayant de croiser Sloan. Depuis nos retrouvailles un peu tendu pour la soirée des bizuts, j'essayais de le trouver partout ou je pouvais. J'avais été totalement perturbé de le retrouver après 10 ans d'absence et d'apprendre la raison de notre séparation. Je voulais appeler ma mère et lui demander comment elle avait pu me faire une chose pareil, sauf qu'elle saurait que Sloan était à Harvard et elle risquerait de tout faire pour le faire virer de la fac. Elle l'avait déjà envoyé en France pour l'éloigner de moi, qui sait où elle pourrait l'envoyer cette fois ci. Je me lève donc d'assez mauvaise humeur, prend une douche en vitesse avant de m'habiller d'un simple jean et d'un débardeur. Je me fais une queue de cheval, me maquille légèrement et décide d'aller étudier dans le salon de la confrérie. Une fois bien installée, mon portable vibre. C'est mon cousin, Alek, qui me prévient que dans 10 minutes il sera devant la EH. Je souris, contente de le voir. Alek c'est un peu comme mon frère, l'autre vilain petit canard de la famille qui n'a jamais voulu d'une carrière politique. C'est aussi un des hommes de ma vie, celui qui m'a toujours protégé des mauvaises personnes, qui à toujours tout fait pour cacher mes erreurs, nettoyé mes scandales et surtout accepter ma bisexualité. Il à été là pour moi quand Sloan à disparu et que j'étais brisée, là aussi quand James m'a trompé avant de me battre à coup de ceinture. Sa nonchalance me conforte dans l'idée que nous portons tout deux le nom de Kennedy mais que nous ne sommes pas assez mauvais pour réellement faire partie inhérente de cette famille. J'entends le bruit de sa voiture et je décide de sortir. Je le vois adossé contre le mur de l'entrée et je fais signe au garde du corps que tout va bien, le monsieur bizarre aux cheveux long est avec moi. Je m'approche de lui et lui dépose un bisou sur la joue avant de lui voler son café. « Même pas tu penses à m'en ramener un. C'est pourtant pas le prix qui t'étoufferais, tu pourrais t'acheter le magasin si tu le voulais. » Je bois une gorgée avant de lui rendre. « Que me vaut l'honneur de ta visite Kennedy, ta meuf est parti avec un autre ? » Je le taquine et il le sait. On passe notre temps à se chamailler comme deux ados, comme deux frères et soeurs. Et d'ailleurs en tant que frère de coeur, je compte bien lui parler de ce que sa chère tante à fait à Sloan il y'a 10 ans..  •

• Dans toute ma vie, je n'ai jamais vraiment eu la famille parfaite, celle que l'on idole et que l'on jalouse. Pour faire simple, je vais juste vous parler rapidement de mes parents. Beaucoup de personnes trouvent que ma mère est folle. J'ai jamais vraiment compris pourquoi, j'veux dire, elle est juste un peu trop active, à la limite de l'hyperactivité, avec toujours quelque chose à faire, quelque chose à dire, je crois d'ailleurs que mon côté hyperactif je le tiens d'elle. Elle ne vie pas comme une femme de son âge, dans sa tête, elle a encore vingt cinq, voir trente ans, et je ne sais pas si un jour elle réalisera vraiment quel âge elle a. Et puis mon père, lui... C'est autre chose. Il a passé sa jeunesse à faire cocu ma mère, et vous savez c'est quoi le pire dans tout ça ? C'est qu'elle l'a su, elle avait été au courant mais elle n'avait rien dit ou fait, non, elle était resté avec lui, toujours aussi folle amoureuse de ce mec qui est mon père. Je ne m'en étais jamais douté, en même temps, quand tu es gamin, tu ne vois pas vraiment ce genre de chose, non, pour toi, tes parents c'est le couple parfait. Le genre de couple que t'aimerais être plus tard. Enfin, ça, c'est quand t'es gamin. Moi je veux pas d'une vie comme la leurs, bien qu'elle leurs conviennent, elle ne m'irait pas. J'ai appris que mon père a fait cocu ma mère quand une jeune femme était venue frappé à ma porte il y a de ça quelques années. Une très bonne amie à Neva qui m'avait avoué être ma sœur. C'est ça, ma famille. Et puis à côté, on a Hope. La folie incarné, celle qui a plus joué le rôle de sœur que n'importe qui d'autres pour moi. On a jamais été là pour se juger, se foutre des bâtons dans les roues et se chier dessus pour paraitre supérieur. Et là, j'attendais quelle bouge son cul pour que je puisse la voir, qu'elle sorte de la maison de l'enfer, de la confrérie des poteaux dans le cul. Ouais, un poteau directement. Dans mes pensées, je ne prête plus vraiment attention au mec qui sert de garde du corps ou de vigile je ne sais pas trop, et je me fais surprendre par la rouquine quand je sens des lèvres se poser sur ma joue mais aussi... Mon café disparaitre. "Bah de base il était pour toi, mais il est rempli à moitié car j'en ai renversé en chemin en fait..." Non, c'est pas du tout ça, mais on s'en fou. Elle finit tout de même par le rendre, alors je le prend, j'vais pas cracher dessus hein. Secouant la tête à sa question, je lui fais un signe de tête pour qu'on bouge d'ici. Mal à l'aise l'endroit. "Non non, elle est en cours si tu veux tout savoir !" Ouais, car si elle était partie avec un autre, je ne serais pas là, j'aurais juste envoyé un message à Hope pour qu'elle me rejoigne à l'appartement et qu'elle m'aide à élaborer un plan d'attaque pour me venger. •

• Quand je vois la tête blond et chevelu de mon cousin, je souris immédiatement. Alek c'est celui qui à toujours su me faire sourire quand j'en avais plus la force. Il m'a réconforté quand ma mère me faisait du mal ou que mon ex me brisait le coeur. Il était le seul membre de ma famille que j'avais plus que tout au monde. Avec Harper, notre cousine. On est un peu un trio de choc et c'est agréable de se dire que ce clan Kennedy sera toujours là pour nous. Mon père n'est jamais là et je crois qu'il le fait exprès. Mes frères et soeurs ressemblent de plus en plus à ma mère et cette dernière et plus sadique et dégueulasse que Satan lui même. Avec elle, tout n'est que chantage et manipulation. Elle me force à faire croire à la moitié de l'Amerique que je suis avec un homme parce qu'à mon âge je devrais être en couple, voire mariée, en échange elle "accepte" ma bisexualité. Elle accepte que j'aille au spring break et que j'ai une vie étudiante à condition que j'entre à la Eliot House. Rien n'était cadeau avec elle. Alors quelques heures avec Alek, s'était mon cadeau, le seul cadeau de ma famille qui me faisait du bien. Je suis pas quelqu'un de très tendre et affectueux. Je n'aime pas vraiment les démonstrations d'affection et pourtant j'aime avoir un petit geste pour lui, alors je dépose un bisou sur sa joue et le taquine sur son café. Et lui il me prend pour une idiote, ce qui me fait sourire. « Oui bien sur, t'as été enlevé par des extraterrestre en route et ils ont bu la moitié de mon café ? » Je lui donne une petite tape sur l'épaule avant de l'entendre parler de sa copine. « C'est quand que tu me la présente d'ailleurs ? Parce que bon une autre femme que moi dans ta vie, je veux savoir qui c'est ! » Alek c'est le seul exemple masculin que j'ai pour l'homme parfait. Je voudrais pas que l'homme que j'aime ressemble à mon père, mais à mon cousin. Parce que c'est un homme bien. •

• J’ai jamais vraiment été quelqu’un de très famille. Du moins, quand j’étais plus jeune. J’ai beau porté le nom d’une personne vachement connu, on est loin d’être la famille la plus modèle et la plus parfaite. Je ne saurais même pas par où commencer si je devais m’amuser à décrire chaque membre de ma famille et surtout, leurs particularités, la chose qui fait qu’ils ne sont pas comme tout le monde. Qu’ils sont un peu cons, un peu étranges, un peu chiants, un peu coincé du cul. Il y aurait tellement de choses à dire que je ne vais pas le faire, non, et après tout, je ne pense pas qu’on en ai besoin. A quoi bon parler de personnes que je ne côtoie que très peu ? Les seules personnes que je vois souvent sont mes parents ainsi que mes cousines. J’ai quelques nouvelles de ma sœur de temps en temps, mais rien de fou, elle a décidé de faire sa vie de son côté, de partir à New-York, et je suis très mal placé pour empêcher les gens de partir et faire ce dont ils rêvent. Du coup, aujourd’hui, j’étais parti voir Hope, savoir comment elle allait, passer un moment en sa compagnie, rigoler, parler de tout et rien, se foutre de la gueule des passants comme de vrais adolescents qui auraient comme un besoin de lâcher des insultes pour se défouler. La rejoignant devant l’entrée de sa confrérie qui me donnait plus envie de chier sur place que de rentrer à l’intérieur et saluer tous ces coincés du cul, elle finit par montrer le bout de son nez après quelques minutes, n’hésitant aucune seconde avant de me prendre mon café, café qu’elle finit par me rendre après en avoir pris une gorgée. « Nooon pas des extraterrestres, mais des mecs de la C.I.A, style Men in Black mais en moins stylé… » J’ai toujours eu un don pour inventer des histoires que personne ne pourraient croire, des histoires bien trop grosses pour qu’elles soient réelles. « Rêve, tu serais capable de vouloir la pêcho j’suis sûr ! » Bon, j’sais qu’elle ne le ferait pas, trop de respect, comme moi je n’irais jamais essayer de choper une fille avec qui elle aurait pu avoir une aventure ou un truc du genre. Mais bon, dans tous les cas ça n’arrivera jamais, je suis très bien avec Piper, pas besoin d’aller voir ailleurs. Commençant à marcher à la recherche d’un endroit où se poser, je finis par reprendre la parole. « En vrai si tu veux, j’pourrais organiser une rencontre… Rien de bien sérieux hein, j’suis pas assez adulte pour ça, mais un petit truc sympa, j’pense que ça pourrait être cool. » Ouais, genre une sortie ou une merde du genre, pas une rencontre au sommet dans un restaurant de luxe ou je ne sais quelle merde du genre. •

• Les visites surprises, c'est pas mon dada. En général c'est pas une bonne surprise pour moi. Si je propose pas aux gens c'est que je suis occupée ou tout simplement que j'ai pas envie. Alors les surprises j'aime pas. Sauf quand c'est Alek ou Harper. La famille c'est différent, surtout cette famille là. Ils s'apparentent plus à une famille que ma propre mère et mes frères et soeurs. Alors le sms de Alek a la dernière minutes, ça me fait sourire. Quand je le vois dehors, pas du tout à sa place, ça me fait un peu sourire. J'allais pas lui imposer d'entrer à la EH, dehors ce sera parfait ! Et puis alors cette histoire de café elle me fait mourir de rire. Sérieusement, tout ça juste pour pas avouer qu'il à pas du tout pensé à m'en prendre un. J'hoche la tête en l'écoutant me raconter son histoire de CIA et de men in black. « Bien sur, j'imagine que MON café était meilleur que ce qu'ils ont dans les locaux de la CIA.. » Je pouffe de rire avant de glisser sur un sujet qui m'intéressais bien plus : rencontrer sa copine ! Sa réflexion, elle me fait rire. Je hausse les épaules. « Mais non.. enfin si c'est une petite brune aux yeux marrons grave bonne, je peux rien te garantir. » A son regard je comprend que sa copine est pas blonde aux yeux bleu et ça me fait encore plus rire. « Allez t'inquiètes, ta copine préfère les blondes apparemment. » Je passe une main dans ses cheveux, un peu pour les ébouriffer, un peu comme un petit geste affectueux. Dans la famille on se dit pas ce qu'on ressent. J'ai jamais dis à mon cousin que je l'aimais, même si c'est le cas, ça se fait pas. Alors on trouve des petits subterfuge pour se le prouver. Des trucs pas trop flagrant mais assez pour qu'on le comprenne dans un accord tacite. Alek se met à marcher, s'éloignant de la Eliot, je le suis, le guidant vers un petit parc pas très loin. Et ce qu'il me dit concernant une rencontre avec sa copine, ça me fait chaud au coeur. Vraiment, même si je le montre pas. « En effet t'es pas adulte, tu continues encore de souffler le papier de ta paille au mcdo .. Bah d'ailleurs on a cas se faire un fast food si tu veux rien de sérieux. Comme ça tu pourras aller faire les jeux après » Je rigole en donnant un petit coup dans l'épaule de mon cousin, ce grand enfant. •