Dans le reflet du miroir qui se dresse à mon front, non pas un corps, simplement une coquille. Les épaules trop frêles pour tolérer le poids des rebonds qui cognent à la poitrine, il n'est plus de conscience qui réside à travers le songe de mes pupilles. Deux jours plus tôt, la nostalgie aux obsèques au plus grand bonheur des lueurs de joie, le retour de Megara dans ma vie n'a pour allure que celle d'un miracle, d'une étoile filante à l'instant même où le regard s'étire sur les lignes des constellations. Bouleversé, je peine encore à réaliser l'ampleur des actes que j'arrange, anesthésié par le charme du moment. Il y a cette fille aux allures de neige, froide mais étrangement sublime que j'ai contacté la veille par l'intermédiaire de Tinder non pas sans innocence et puis l'arène, la scène du crime, le lieu de rendez-vous. Deux éléments essentiels à l'oeuvre que je mène. Un battement de cil, un seul puis je croque à pleine dent l'oignon préalablement préparé, m'assure qu'il imprègne l'effluve de mes paroles et quitte d'un pas déterminé les toilettes du bar. Il est vingt heure, la demoiselle ne devrait tarder à me rejoindre. Un tour de table et je m'assure de chaque piège que j'ai façonné. Les pattes de sa chaise ne sont que lambeaux, nul doute que d'une impulsion de pied, elles devraient céder. La table, elle, dévêtue de stabilité devrait facilement pouvoir se retourner à la rencontre d'un poing fermé. Le verre lui, aux alentours sucré n'est en réalité que salé. Enfin, la fameuse pizza apportée n'est qu'un mélange d'ingrédients périmés noyés sous des litres de piment. Je m'installe, décoiffe d'une paume ma crinière et expire une dernière fois à plein poumon.  Mon monde tout entier n'est qu'ombre, être le loup lorsque les autres sont renards a toujours fait sens mais ce soir, c'est une brebis, une créature sans défense, piégée. Une part de moi le sait, tout ça n'est guère justice et la honte en tempête est bonne à m'emporter.