J'ai vu le jour le 3 janvier 1992 dans le domaine familial situé à Cindery Island. Fille unique d'un baron riche et de son épouse, j'étais, dès mes premières secondes, destinée à vivre dans le luxe. C'est donc ainsi que, moi, Rachel Kaylàh Winchester of Cindery, baronne du même nom, fit le bonheur du noble couple en pointant le bout de mon nez au début de cette année. J'étais une jolie petite fille respirant la bonne santé, bien vigoureuse et dotée de magnifiques traits et d'yeux enchanteurs à ce qu'avait pu voir mon père peu après ma naissance.
Ma petite enfance fut des plus douces. Ma mère ne travaillant pas, je passais beaucoup de temps avec elle et puisque le lieu s'y prêtait et que les finances le permettaient aisément, j'étais traitée comme une vraie petite princesse. J'avais aussi avec moi une nourrice, jeune, que je considérais comme une soeur, qui me tenait compagnie jour et nuit, me faisait découvrir le monde et était également responsable de mon éducation puisque c'est elle qui me servit de professeur pendant mes premières années.
A 8 ans, ce fut la révélation, j'étais devant ma télévision, c'était un samedi soir, une émission de variété passait et là, j'ai vraiment découvert la danse. Scotchée à l'écran tous les samedis soir suivant, par la suite, j'ai décidé de danser moi aussi devant ma télé, une agitation qui énervait mon père. Du coup, puisque j'étais bonne élève à l'école, il a décidé de m'inscrire à des cours de danse, j'étais alors encore plus heureuse que par le passé, ma vie prenait un sens véritable et unique, j'avais un but, je savais ce que je ferai de ma vie.
Avec du sérieux, un bon coach, une volonté de faire et de l'entraînement, je suis devenue une excellente danseuse et à 16 ans j'étais déjà dans des compétitions internationales. Ceci dura jusqu'à l'année 2009 où, lors d'un grand concours, suite à une chorégraphie trop périlleuse, j'ai fait une mauvaise chute. Là, je me suis retrouvée à l'hôpital et j'ai subi une importante opération au niveau du genou. Le diagnostic des chirurgiens étaient sans appel, je ne pourrais plus jamais redanser de ma vie, un fait qui m'abattit jusqu'à ce que je me reprenne en main.
Aujourd'hui, j'ai 20 ans, je n'ai encore aucun projet pour mon avenir. Pourtant, j'ai décidé que tout cela devait changer. C'est pour cela que, malgré le désaccord de mes parents, j'ai quitté Cindery pour Harvard, pour prendre un nouveau départ. Pour le moment, je n'étudie pas, je ne suis que surveillante mais depuis que j'ai vu ce jeune homme danser, je sais que je ne vais pas tenir longtemps assise à le regarder, il va falloir que moi aussi je me remette à l'entraînement, quoi qu'en dise la médecine, ma passion est plus forte que la raison.

Soyons francs et directs, je ne connais personne à Harvard. Les amis que j'avais sont tous restés en Angleterre, il s'agissait alors d'amis de collège et de lycée mais aussi du club de danse, bien entendu. J'avais aussi, pendant ma vie en Angleterre, une meilleure amie, laquelle m'a ouvertement trahie lorsque j'ai eu mon accident puisqu'elle est sortie avec mon petit ami de l'époque, belle preuve d'amitié n'est-ce pas ? Depuis, je n'ai plus réaccordé ma confiance à qui que ce soit comme je l'avais fait avec elle depuis que nous étions petites.
Je n'ai pas de famille à Harvard, mon père et ma mère sont tous les deux restés en Angleterre, mon père voyage beaucoup tandis que ma mère s'occupe de la gestion du domaine, autant dire que tous les deux ont donc beaucoup de travail et que me suivre aux USA ne faisaient pas du tout partie de leur projet. Je n'ai pas non plus de frère ni de soeur, fille unique ! Quel pied ! J'ai peut-être des cousins et des cousines plus ou moins éloignés qui trainent dans le monde, je ne sais, à vrai dire, je n'ai pas de contact avec ma parenté mais vu que je suis issue de la noblesse, je ne serais pas surprise d'apprendre que j'ai des cousins un peu partout sur cette planète !
Il y a cependant une personne dans ce monde que je ne veux revoir pour rien au monde, c'est Daniel, un jeune homme, brillant danseur dont je garde hélas une très mauvaise image. Nous nous sommes tous les deux retrouvés lors d'un concours de danse, mon dernier. Tous les deux au même niveau, on pariait sur nous deux au coude à coude si bien que quand je suis tombée, mon rival n'a trouvé d'autre plaisir que de me critiquer ouvertement, de rabaisser ceux qui avaient osé croire en moi, autant dire que cela m'a profondément blessée moralement puisque je l'entendais tandis que l'ont m'emmenait sur une civière.