Il faisait froid, tellement froid que lorsque l'on entrouvrait les lèvres pour expirer, un voile de fumée se mettait à danser en l'air. C'est pourquoi quand je sortais, ce n'était jamais sans mon long manteau moutarde ni ma grosse écharpe noire. Congeler sur place n'était pas mon but premier. Je venais de sortir de mon loft et j'allais faire quelques courses dans une petite boutique au coin de la rue. Le ciel était blanc, c'est ça quand il ne s'arrête pas de neiger. En réalité, j'aime la neige, j'adore ça, et on ne me voit jamais plus heureuse qu'en hiver. J'ai peut-être l'air bizarre quand je dis ce genre de choses, mais j'aime avoir froid. Je me mets dans mon canapé, je m'entoure de plusieurs couvertures et je bois du chocolat chaud toute la soirée en hiver. Même en dehors de chez moi, quand je suis sous le flocons de neige tombant et au beau milieu du vent frais, je me sens bien. Du coup, une fois dehors, je m'étais laissée tentée par un chocolat chaud à emporter et je marchais vers l’épicerie avec mon gobelet dans les mains quand mon téléphone sonna. J'étais tellement dans un état d'esprit paisible et perdue dans mes pensées que ma sonnerie me fit sursauter. Alors, comme une débile, je renversai du chocolat chaud partout sur mon manteau à la couleur éclatante qu n'était plus si éclatant après ça. J'en avais aussi renversé sur la veste du garçon qui passait devant moi à ce moment là, alors je m'avançai vers lui et déglutis. Euh, mince excuses moi! Je regardai le beau blond à qui je venais de tâcher la vest.Je suis désolée!
Je voulais pas... j'suis un peu maladroite parfois. Je soupire un peu, exaspérée par moi même.

J'étais embarrassée, surtout que ça ne m'arrivait pas souvent d'être aussi maladroite, mais j'aimais tellement la neige, ça me changeait de là où je venais. Ben oui, j'ai grandis au Texas et de la neige, j'en avais pas beaucoup vu. A chaque fois qu'il y en avait ici à Boston, ça me faisait sourire et j'étais la femme la plus heureuse du monde. Du coup là, j'étais perdue dans mes pensées d'enfant, et d'ailleurs lorsque j'ai renversé mon chocolat, j'avais les yeux fixés sur le parc qui était au fond de la rue. Je voyais quelques enfants faire une bataille de boule de neige et ça me faisait penser que je n'en avais jamais faite. Parce que oui, j'avais été plusieurs fois au ski avec ma mère et Richard mais c'est pas lui, le vieux bonhomme ou ma mère, la femme qui ne veut pas se casser un ongle qui allait vouloir jouer à ce genre de trucs pour sa fille. Du coup, les seules fois où j'avais été au milieu de beaucoup de neige, on était restés à l'intérieur du chalet à manger ce plat français qu'est la raclette. Non, je n'avais jamais fais de bataille de boules de neiges ni même de bonhomme de neige. C'est dans ces pensées là que j'étais perdue, lorsque j'avais bousculé ce garçon. « C'est rien. De toute façon, le pire est pour toi, apparemment. » me dit-il, qui me fit sourire un peu. Un sourire jaune, d'ailleurs. Ouais. On n'a qu'à dire que mon manteau c'est de l'art contemporain. Un fond jaune avec des tâches marrons. Ouah, quelle artiste je suis. « J'espère bien que tu voulais pas, sinon je te fais payer le pressing. » poursuivra t-il. J'hochai la tête avec un léger sourire. Payer le pressing? Ouah, le mec n'a pas de temps à perdre. T'as bien raison. T'façon c'est pas mon genre. Je n'aime pas déranger ou embêter les gens. C'est pour ça que je suis vraiment désolée de t'avoir tâché... Mon gobelet étant désormais vide, je m'écartai légèrement du garçon pour le jeter à la poubelle la plus proche avant de revenir vers lui, et c'est à ce moment là qu'il me proposa: « Aller viens, je vais te racheter un autre chocolat. » J'haussai un sourcil et fis non de la main. Hors de question qu'il me repaye quelque chose. Alors ça non! C'est à moi de t'en payer un. Ou un café, pour me faire pardonner. Et puis quoi encore, ce n'est pas parce que c'est lui l'homme qu'il doit me repayer mon chocolat. Mais n'empêche que du coup,
il m'avait l'air bien sympa ce garçon.