Une tempête de neige avec un froid polaire balaie la côte est américaine. Quoi, vous n'écoutez pas les nouvelles? Les vols annulés, les gens qui se mettent à l'abri du froid, la neige en Floride? Il est grand temps de sortir de votre grotte. Alejandro, lui, était bien au courant et avait salué l'initiative de Paris de faire une petite soirée chocolat chaud pour intégrer les nouveaux, faire papoter les anciens et garder tout le monde au chaud. C'était jusqu'à ce que tout vire comme dans le film catastrophe "le jour d'après".

La soirée se déroulait bien. Alejandro, arrivé au milieu de celle-ci, habillé d'un shirt à manches longues gris, tout sourire, comme toujours, avait le tour des nouveaux pour les saluer. Y compris une certaine Marla, qu'il a déjà croisé et qui chaque fois, devient comme hébétée quand elle le voit. Oui, l'Espagnol peut faire cet effet et il s'en amuse avec elle. Elle avait eu droit à sa bise et à son câlin en tout cas! Bienvenue chez les Dunsters quoi.

Puis, il avait quitté Marla pour aller discuter avec d'autres étudiants, quand les lumières vacillent et finalement, toute la Dunster House se retrouve plongée dans le noir. C'est la panne et dehors, il fait un froid infernal et oui, ça existe, un froid infernal. -21 température net, -31 ressenti avec le vent, vous ne voulez pas mettre les voiles dehors. Bah c'est ce qu'Alejandro voulut faire, démarrer sa voiture et rentrer chez lui, à Boston, où il y aura de l'électricité et de la chaleur. Solidarité? Connait pas. Mais son Audi, qui vaut une petite fortune, ne démarre même pas. C'est la galère. Rentré sur le bord de l'hypothermie, il ne savait plus trop quoi faire, sinon de se chercher à se réchauffer. Fallait le voir, après qu'il ait enlevé son manteau, à se frotter les bras, les mains, à souffler dessus. La jolie Marla se rapprocha alors et lui offrit un chocolat chaud. L'attention était trop gentille et le beau brun lançait un beau sourire à la blonde, mais dans la pénombre, le verre et sa main s'entrechoque trop et du chocolat chaud tombe sur son shirt et ébouillante un brin sa peau frigorifiée.

-Aïe, c'est chaud.

Finalement, il arrive à prendre le verre avant qu'elle ne le renverse sur lui ou quoi, tout en tentant de rassurer la bizut qu'il n'y avait pas mort d'homme. Comme bien des Dunsters ce soir, ils allaient devoir survivre à cette nuit de froid, sans électricité. Dommage qu'il n'ait pas une chambre à la Dunster.

Tempête de neige, panne d'électricité, sa voiture qui ne veut pas démarrer et maintenant, Marla qui renverse du chocolat chaud sur lui. Est-ce Dieu qui veut le punir? Pourtant, il a été à l'église dimanche dernier et il a même fait un petit tour au confessionnal avant la fin de l'année 2017. Après, il sait bien que tout cela, ni Dieu, influe sur les hasards de la vie, mais disons que sa patience commençait à être mise à l'épreuve. Il s'efforce quand même d'esquisser un sourire rassurant à la nouvelle Dunster, qui ne mériterait pas qu'il l'engueule ou quoique ce soit.

-Ça va, ya pas eu mort d'homme.

Elle commençait à éponger son shirt comme elle pouvait la jolie brunette et Alejandro redressa la tête, regarda un peu autour comment ça se passe. Puis, il confiait à Marla, un brin ou deux découragé:

-Ma voiture ne démarre pas et il n'y a pas de remorqueuse de disponible. Je crois bien que je suis coincé ici, comme vous.

La nervosité nous fait faire bien des choses. Alejandro n'était pas certain de savoir pourquoi la mignonne Marla était si nerveuse quand il était dans les parages. Son charisme? Son nom? Sa réputation? Peut-être un mélange de tout cela. Pourtant, il est comme tout le monde au fond le Alejandro, il n'a rien de bien extraordinaire.

Pour preuve, il était un des plus affecté par le froid ici et la voiture de l'Espagnol ne démarrait pas non plus. Un brin énervé, il s'efforçait de rester zen malgré tout et cela devenait un défi encore plus élevé quand la Dunster lui renversait du chocolat chaud dessus. Au moins, elle se reprit vite. Contrairement à lui, elle habitait ici, alors pour elle, cela ne changeait pas grand chose.

-Ah? J'ai tendance à oublié qu'il y a des gens qui vivent ici.

Puis, quand Marla ajoute qu'elle s'en fichait totalement, le jeune homme fronçait des sourcils, pas certain de comprendre où elle voulait en venir. Peu importe, il y avait des chambres de disponible et sans doute devra-t-il dormir dans l'une d'elle.

-Avant de me trouver une chambre, je pense quand même que je vais me tenir près de ce feu qu'ils devraient allumer dans le foyer et savourer mon chocolat chaud.

Petit clin d’œil à la Dunster et Alejandro se dirigeait ensuite vers le salon et puisque toutes les chaises étaient prises, il s'assoyait à terre et regardait le type qui essayait de démarrer le feu, sans trop de succès on dirait. Il se tourna vers Marla.

-Tu n'aurais pas fait des scouts par hasard?

Sinon, il essaiera de s'en mêler. Les hommes préhistoriques savaient comment allumer des feux, cela devrait être à la portée des Dunsters!

À force de faire la fête ou toutes sortes d'activités dans la Dunster House, comme y venir taquiner ses bizuts et leur lancer des défis, Alejandro oubliait que cet endroit sert aussi de logements pour plusieurs étudiants. C'était le cas de Marla, qui jugeait qu'il était temps pour elle d'aller se chercher un autre chocolat chaud. Le jeune homme acquiesça et chercha à se rapprocher d'une source de chaleur.

Encore faudrait-il qu'on arrive à l'allumer cette source de chaleur! Un Dunster s'y essayait, sans grand résultat jusqu'ici et apparemment, la demoiselle au chocolat chaud ne pouvait pas être d'une grande aide non plus. Très bien... Comme on dit, on est mieux servi par soi-même. De plus en plus impatient, pour ne pas dire énervé, Alejandro essayait quand même de garder un semblant de sang froid et de gentillesse, du coup, il demanda calmement au mec s'il pouvait essayer.

Rassemblant ce qu'il a pu apprendre dans ses randonnées à l'école, mais aussi, avec son grand-père qui s'amusait souvent à lui donner pour tâche d'allumer le feu dans le foyer (qui a dit que laisser un gamin jouer avec des allumettes et du bois est une mauvaise idée?), Alejandro sort le bois qui avait rempli le foyer. Il ne fallait pas tout mettre comme ça! Il met plutôt le papier d'abord, du petit bois en totem au-dessus et allume le papier avec une allumette. Le feu prend et Alejandro se préparait à rajouter du petit bois, quand l'autre se mit à souffler. Non mais... Il le bloqua avec sa main au niveau de l'épaule. Il devait se compter chanceux de ne pas s'être fait carrément poussé!

-Ça ne sert à rien de souffler, surtout pas à l'intérieur. Ça va, je te remercie.

Autrement dit, écartes-toi, tu nuis plus que d'autre chose. Le mec se lève et s'en va, l'air contrarié, tandis que le feu prenait un peu plus d'ampleur et qu'Alejandro l'alimentait encore, avant de mettre dans le foyer la première bûche, qui, avec un peu de chance, prendra.

-Je crois que je l'ai vexé.

Laissait-il entendre à l'adresse de Marla.

Un feu, bon sang, de la chaleur, est-ce que c'était trop demandé?! Avec l'autre amateur qui souffle et éteint la petite flamme qu'il partait, c'était pour demain et demain, il sera trop tard. Oui, Alejandro s'impatiente, devient cassant. Pourtant, il est quand même relativement patient comme mec, mais pas passif, mais là, l'accumulation va venir à bout de sa patience. L'autre mec s'en va et il passe un commentaire et comme le silence de Marla se fait sentir, il tourne la tête pour la voir hausser des épaules. L'Espagnol reportait ensuite son attention sur le feu.

-Non, mais j'ai fait de la randonnée, du camping déjà et surtout, mon grand-père me mettait toujours de corvée quand il s'agissait du feu. Ce n'est pas bien sorcier, quand on sait comment faire. Et ça ne se fait pas comme dans les films.

La plupart des films montre la façon de faire d'une manière assez ridicule. Comme par exemple, en cognant une pierre contre une autre. N'essayez pas à la maison, ça va vous prendre un temps fou, à supposer que vous ayez pris les deux bons types de pierre... Le feu était bien parti, semblait avoir atteint son autonomie et le jeune homme se recule un peu, assis en tailleur en face du foyer illuminé par la flamme.

-Voilà, on a un feu! Personne pour m'applaudir?

Tout de suite la grosse tête, mais hey, c'est dit sur un ton blagueur!