Je remercie les infirmières quand je suis enfin libre de rentrer chez moi. Cependant, je ne me dirige pas tout de suite vers la sortie de l’hôpital, préfère m'asseoir dans une chaise, histoire de souffler un grand coup. Mon téléphone est éteint, la batterie totalement épuisée, mais je suis prête à parier qu'une fois allumée, il affichera un milliard d'appels et de messages ratés. Pour tout dire, je préfère profiter de ce calme avant la tempête. Je suis encore sous le choc, totalement déboussolée après avoir passé tout une dizaine de jours - du moins à en croire la télé, les policiers, et les médecins - enfermée. Après les questions que les policiers m'ont posé, j'essaye en vain de me rappeler de la soirée mais après ma dispute avec Arthur, tout me semble flous. Mes mains tremble encore et j'ai du mal à calmer mon cœur qui bat la chamade. Autour de moi, j'ai l'impression que tout va trop vite. Les lumières sont trop brillantes, les sons trop bruyant. Il faut que je me réhabitue à tout cet environnement du quel j'ai été coupée. J'en viens également à espérer qu'Eleanor ne soit pas au loft quand je rentrerais, j'ai pas vraiment envie de parler de tout ça pour l'instant. De toute façon, y a pas grand chose à dire. J'étais dans un dortoir avec d'autres étudiants, c'est tout. Tout ce que je veux, c'est m'effondrer sur mon lit - mon vrai lit, confortable, avec des draps en soie de bonnes qualités - et ne plus en ressortir avant au moins deux jours.

C’est enfin terminé… Voilà les premières pensées qui t’avaient traversé lorsque tu avais vu la Police débarquer dans les dortoirs où de nombreux étudiants dont tu faisais partie, s’étaient retrouvés séquestrés pendant plusieurs jours… Tu n’osais même pas vouloir apprendre le jour, tout ce que tu rêvais désormais, c’était de pouvoir retrouver ton cher lit pour rattraper tes heures de sommeil… Parce que même si tu avais pu dormir quelques heures par jour, il n’empêche que tu ne pouvais prétendre à tes sept heures maximum durant ta captivité… Déjà l’odeur du dortoir où vous vous trouviez te tuait à petit feu, et deuxièmement, tu n’appréciais guère les ronflements de certains. Bref, tu te sentais soulagé maintenant que tu te trouvais à l’hôpital afin qu’on t’examine et tout, pour vérifier que vous n’aviez pas été blessés et tout. Bien que ton corps n’avait guère subi de graves traumatismes, tu te doutais que tu ne pourrais plus jamais oublier ce que tu avais vécu… Toi, qui étais légèrement claustrophobe sur les bords, tu t’étais retrouvé dans une pièce close sans possibilité de sortie… Il va de soi que tu avais presque paniqué pendant ta captivité mais grâce au soutien fort d’Ezio, tu avais pu garder ton sang-froid… Fin, tu venais de passer devant le médecin qui t’avait jugé apte à rentrer chez toi, du coup il avait contacté l’Ambassade de Monaco pour qu’on vienne te chercher et en attendant l’arrivée de l’ambassadeur, tu te promenais dans l’hôpital, l’esprit complètement vide… Sur ton chemin, tu tombas sur Victoria, ta meilleure amie d’enfance avec laquelle tu t’étais violemment disputé lors du Bal. En la voyant ici, ça te fit carrément tilt… « Vic ? Comment tu te sens ? Est-ce que tu as été… ? » demandas-tu sans dire le mot parce que tu ne voulais plus y penser maintenant.

Quand j'entend une voix m'appeler, je lève la tête immédiatement pour voir Arthur se tenir devant moi. S'il est là, ça veut dire sûrement dire qu'il était également parmi les otages. Sans vraiment y réfléchir, oubliant tout de notre dispute, parce que de toute façon, c'est pas ce qui compte pour l'instant, je me lève et me jette plus ou moins dans ses bras. J'ai beau vouloir faire comme si de rien était, vouloir être forte, et passer à autre chose, je ne peux qu'avouer que voir un visage familier, mon meilleur ami, me fait le plus grand bien. "Arthur ! Tu peux pas savoir à quel point je suis heureuse de te voir," je marmonne dans son épaule, le serrant fort contre moi avant de me reculer un peu pour lui parler. Me souvenant de sa question, j'acquiesce tristement la tête. "Je viens de passer je sais pas combien de jours dans ce dortoir absolument répugnant." Puis, je demande, "Qu'est ce que tu fais là ? Me dit pas que toi aussi..." Je ne termine pas ma phrase. Être séquestrée dans ce dortoir était de loin la pire expérience de toute ma vie et je ne souhaiterais ça à personne, même pas mon pire ennemi, alors encore moins mon meilleur ami.

En attendant de pouvoir quitter ces lieux, puisqu’on avait contacté l’Ambassadeur de Monaco pour te ramener chez toi, tu avais pris la décision d’errer sans but dans les couloirs de l’hôpital. Tu évitais de ton mieux de penser à ce que tu avais vécu ces derniers jours, parce que cela te rendait extrêmement mal… Cette captivité allait probablement laisser des traces, tout autant que la prise d’otage en janvier 2015 où tu avais été blessé à la jambe… Non cette fois, c’était bien pire parce que peu de personne le savait mais tu souffrais d’une légère claustrophobie et tu n’aimais guère te retrouver en compagnie de personne que tu ne connaissais ni d’Adam ni d’Eve. Tu demandais encore aujourd’hui comment avait tu pu tenir autant de jours sans craquer… Qu’importe, lors de ton vagabondage dans les plus sombres pensées qui peuplent ton esprit, tu tombas sur ta meilleure amie d’enfance, en l’occurrence, Victoria Nott. En la voyant, tu sentis les effets du soulagement tout en te rappelant que vous vous étiez disputés lors de ladite soirée avant le blackout. Tu lui rendis son étreinte alors qu’elle expliquait ce qui lui arrivait avant de te demander ce que tu faisais en ces lieux… Mais soudain elle comprit les raisons de ta présence. « Moi aussi je faisais partie des disparus… Ce fut l’une des plus douloureuses expériences de ma vie, je pense… Mais je suis content que tu sois saine et sauve Vic. » dis-tu d’une voix douce et soulagée à la jeune femme avant de lui prendre la main et l’emmener jusqu’à un emplacement où il y avait des chaises. Ainsi bien posés, vous pourriez continuer votre conversation.