Une fois son service terminé, elle ne perdit pas une minute de plus pour prendre ses affaires et disparaître du bar. Elle aimait bien son boulot, vraiment, mais bon ce n'était pas le genre d'endroit qu'elle aimait fréquenté ou elle aimait faire la fête. Puis généralement la chose qu'elle voulait s'était rentrée chez elle pour s'effondrer dans son lit et dormir jusqu'au lendemain matin ou elle doit se lever pour aller chercher son fils. Parfois, elle prenait son temps, préférant rentrer à pied pour profiter de Boston la nuit. C'était plaisant, vraiment. Elle adorait cette ville la nuit, elle connaissait tout les endroits à éviter et elle le faisait, mais c'était quand même magnifique. Elle était tellement mieux ici qu'en Hongrie avec la violence de son père, les coups qu'elle avait pu prendre, les mensonges qu'elle devait inventer pour que personne ne sache qu'elle aussi, elle prenait des coups de la part de son cher paternel. Mais depuis que sa mère avait refait sa vie, c'était une nouvelle vie pour elle et elle en profitait énormément. Elle se battait tous les jours pour être autonome, pour ne pas compter sur son beau père qui pouvait l'aider financièrement parlant, mais elle avait besoin de se débrouiller par elle-même depuis toujours. Alors elle faisait en sorte de payer ses études toute seule, travaillant malgré le fait qu'elle avait un fils dont elle s'occupait toute seule. Elle avait de l'aider, mais peu comparé à tout ce qu'elle entreprenait toute seule.

Elle continuait de marcher les mains dans les poches en regardant autour d'elle, elle ne faisait pas vraiment attention aux personnes qui trainaient aussi dans les rues de Boston à cette heure-là, sauf un qui attirait son attention. Il avait du sang sur lui étant en médecine c'était assez simple de savoir ce que s'était même de loin, c'était sûrement à cause de ses études qu'elle finissait par s'approcher de lui tout en prenant la parole. « Arrête toi, tu dois vraiment aller à l'hôpital là. » Elle posa même sa main sur son bras pour le stopper, elle allait faire en sorte de l'arrêter, du mieux qu'elle pouvait et essayer de voir ce qu'il avait avant d'appeler les pompiers ou d'attendre leur arrivée.

Une nuit de pleine lune. Selon la mythologie, ce sont les loups-garou qui seraient de sortis, mais ce soir, pas l'ombre d'une silhouette dans les rues. Le froid hante, comme une vieille amie, qui ne nous lâcherait désormais plus du tout avant quelques mois. Une buée blanche ne cesse de sortir de ma bouche, j'ai les lèvres gercées et le souffle court. Mes pensées sont encore embrumées par ce que je venais de faire. Je tournais à plein régime, je me remémorai la scène encore et encore pour m'accorder sur le fait que je n'avais rien oublié même si à présent, c'était trop tard. Bien trop perfectionniste, après quelques vérifications mentales, je cessais cette obsession, même si au fond de moi, il me semblait avoir oublier quelque chose. Horrible sensation, puisque je n'arrivais pas à foutre le doigt dessus malgré la hargne que j'y mettais à sortir le problème de mon inconscient. Je rumine quelques temps, m'arrêtant un instant, pour vérifier mes e-mails mais aussi mes appels, et sms, que j'avais du recevoir durant ma courte disparition. Mais rien de franchement très important, mon meilleur ami, quelques e-mails, mais rien que de la publicité pour de l'outillage, ou bien encore pour l'ouverture d'une boutique du coin. J'avais froid. Le vent ne m'aidait pas, puisqu'il s'enfilait malgré les couches de vêtement sous ceux-ci, je reniflais, ne voulant plus qu'une chose, celle de pouvoir se retrouver chez moi, dans un endroit chaud, avec un toit. Dormir dans des draps. Cette période était pour moi difficile. Parce que je savais ce qu'il se passait quand on ne possédait pas une maison comme tout le monde. Quand ce luxe nous était enlevé. Ça ne s'oublie pas. Et même si on avance dans la vie, qu'on passe à autre chose, les souvenirs restent, nous guettent, et parfois même nous dévore durant la nuit. Perdu dans mes sentiments et sensations, je n'avais pas remarqué la jeune femme se ruant sur moi. Surpris, piégé comme un rat, je ne comprend pas tout de suite ce qu'elle me dit. Hein ? Blessé ? Qu'est-ce que.. ? Et la réalité me frappe de plein fouet. J'ai dû m'essuyer le visage sans vraiment le vouloir du sang de cette victime. Merde. « Non, c'est bon, vous inquiétez pas. Ce n'est rien. Juste une coupure. » arrivais-je à articuler en sentant mon coeur accélérer, et l'angoisse monter doucement jusqu'à moi. Putain. J'allais être cuit si elle appelait les pompiers. Ce n'est pas mon sang, comment l'expliquer ?

Elle adorait profiter de la nuit, de rentrer comme ça à pied, bien qu’elle pourrait prendre sa voiture. Mais c’était un investissement, c’était quelque chose d’important et elle n’avait pas assez d’argent pour se payer autant d’essence que ça alors ça faisait l’affaire. Puis profiter de la ville quand elle était calme ce n’était pas plus mal, elle se sentait seule par moment et elle en avait besoin. Elle avait une vie beaucoup trop active entre son fils, son boulot, ses cours et le peu de moment qu’elle arrivait à se trouver ce n’était pas simple. C’était important pour elle de vivre une vie comme toutes les jeunes femmes de son âge donc elle essayait de le faire le plus souvent possible. La blonde n’était pas un exemple non plus, elle se retrouvait avec un enfant dont le père était un parfait inconnu, montrant totalement qu’elle ne faisait que très peu attention à ses partenaires. Tout était une affaire d’une nuit chez elle, elle n’avait pas l’envie de faire rentrer un homme dans ses petites habitudes et puis être amoureuse, elle ne connaissait pas. Tout les trucs qu’on pouvait lire sur ça, lui été totalement inconnu et elle ferait en sorte que ça continue un moment comme ça. Le seul et unique amour de sa vie était son fils, ce qui était très bien à ses yeux. Les mains dans les poches, elle avança doucement, regardant partout avant de s’arrêter sur un homme dont l’allure n’était pas tout à fait normale. Avec sa formation, il était facile de voir qu’il avait du sang sur lui et sans attendre, elle se dirigea vers lui pour l’arrêter et lui indiquer qu’il devait aller aux urgences ou quelque chose comme ça. Elle fronça les sourcils en le regardant lui sortir un truc bidon, ce n’était pas qu’une coupure, on ne saignait pas comme ça pour une coupure, elle s’y connaissait bien pour ça. « Une coupure ? Si c’était le cas, tu ne devrais pas avoir autant de sang sur toi. » Une grosse coupure et encore, c’était improbable à ses yeux. « Tu me dis ce qui s’est passé et j’appelle pas les pompiers. » Elle montrait son téléphone qu’elle avait dans les mains, elle ne devrait pas faire ça, elle avait l’impression qu’elle allait retomber dans son passé. Repenser aux coups que son père était capable de lui donner et le silence qu’elle imposait pour ne pas que le reste de sa famille soit au courant de ça.