Quel était le crétin qui laissait mon cousin me bizuter pour intégrer la Winthrop House ? Bien entendu qu'il n'irait pas de main morte, pourquoi aurait-il des regrets à pouvoir réduire son cousin en esclavage ? Je claquais des dents, debout contre les murs en pierre de la Cabot House alors que je me déshabillais au beau milieu de la neige et en pleine nuit. Si je choppais une pneumonie, je lui tousserais dessus jusqu'à ce qu'il en meurt aussi. J'enfournai mes affaires en vrac au fond du sac que je cachai bien derrière un arbuste, mais bon, vu l'heure qu'il était, je redoutais pas qu'il disparaisse. Les Cabots étaient probablement toutes couchées, il était minuit passé en plein milieu de semaine. J'allais passer pour un putain de pervers, surtout si peu vêtu. Doucement et désormais vêtu d'un unique boxer, je remontai la fenêtre qui n'était pas verrouillée que j'avais repérée au préalable, et m'introduisis dans la pièce qui s'avérait être une salle commune. Personne, tant mieux. Je refermai vite la fenêtre derrière moi, soupirant d'être enfin au chaud et je ne manquai pas de me réchauffer un peu auprès du feu qui mourait dans la cheminée. Puis je m'aventurai dans les couloirs en silence, observant les numéros de chambres avant d'en choisir un au hasard. Je pénétrai dans la pièce, il y faisait sombre et j'étais incapable de voir s'il y avait quelqu'un ou pas. Je refermai la porte, attendant quelques secondes que mes yeux s'habituent à l'obscurité, puis je m'avançai vers un placard. Je l'ouvrai en essayant de ne pas faire de bruit, trifouillai deux-trois affaires à l'intérieur mais ce n'était pas concluant. Pas de culotte à l'horizon. Je me retournai, repérant une commode et en ouvris les tiroirs, attrapant quelques culottes. Quand même, quitte à voler des sous-vêtements, j'allais essayer de trouver les plus moches ; après tout, j'ignorais à qui je les volais et fallait surtout pas compter sur moi pour les ramener. J'en sortis donc plusieurs, essayant de me décider, mais dans le noir, ça prenait plus de temps que prévu...

Féline quittait son job d'hôtesse de charme au club pour se diriger vers sa chambre de la Cabot House, prête à épouser son lit et Morphée dans la foulée. Du pur bonheur en perspective. Après avoir garé son pickup ne payant pas de mine sur le parking de la confrérie, elle pénétra à l'intérieur de la salle commune, ses clefs et son sac à la main. Sauf qu'une fois devant la porte de la chambre qu'elle partageait avec Kelsey, elle constatait avec horreur que cette dernière était déjà ouverte. Son cœur se mit à battre à toute vitesse à l'idée que quelqu'un soit en train de les cambrioler. Sa coloc adorée était-elle de sortie ? Sûrement valait-il mieux... dommage que la belle brune n'ait pas son chien adoré avec elle, car menacer l'assaillant aurait été bien plus simple ! Mais dans un élan un peu ridicule, Féline fonça dans la chambre, attrapa une batte de base-ball avant d'allumer la lumière. Pas bouger ! s'exclama-t-elle en le menaçant, avant de constater que l'inconnu était en boxer, en train de farfouiller dans leurs tiroirs à sous vêtements. Tu peux m'dire c'que tu branles avec nos fringues, et en calcif en prime ?! Bon okay, Féline n'était pas très crédible avec son uniforme sexy de boulot, mais c'était un autre débat.

Après avoir bu un coup en ville avec des amis, je n'avais pas tardé beaucoup pour rentrer. J'avais bu quelques verres, ce qui me valait une grande fatigue, au moins je serai en forme demain. Féline n'est pas dans notre chambre de la CH quand j'arrive mais je ne suis pas inquiète, surtout qu'elle m'a prévenue qu'elle rentrerait tard. J'enfile donc mon pyjama, me lave les dents et me laisse tomber comme une souche dans mon lit. Dans un sommeil profond -je crois- je me réveille en sursaut quand j'entends Féline menacer quelqu'un, et surtout quand celle-ci allume la lumière de la chambre. Je suis dans un rêve ou un sketch ? Je me le demande. A peine après avoir repris mes esprits, je cligne des yeux et me rends compte de la présence d'un homme dans notre chambre. C'est quoi ce délire ? Instinctivement, je m'assois sur mon lit, ma couverture contre moi. Vous jouez à quoi là ? Clairement, je comprenais rien du tout. Féline était habillée comme si elle allait au carnaval, et un gars était à moitié à poil entrain de fouiller nos tiroirs. Tu le connais Féline ? demandais-je à ma colocataire, encore complètement dans le saut après ce réveil inopiné. A priori, elle le connaissait autant que moi, c'est-à-dire pas du tout.

Je pouvais franchement m'estimer heureux que les cabots soient consciencieuse concernant le chauffage. Je n'avais pas spécialement chaud en boxer, mais au moins, je n'étais pas frigorifié non plus, je m'étais attendu à avoir plus froid que ça ; après tout, j'étais un Floridien moi, le soleil, la chaleur, pas de soucis mais la neige, très peu pour moi. J'avais quasiment la tête dans les culottes à essayer de repérer les plus moches/ayant le moins de valeur pour que ça ne représente pas une trop grande perte pour sa propriétaire et soudainement, la lumière s'alluma, m'aveuglant l'espace d'une seconde. Ah ! Je me redressai d'un bond avec les bras chargés de culottes malgré la recommandation de la jeune femme qui m'ordonnait de ne pas bouger. Добрый вечер ! m'exclamai-je avec un immense sourire en jetant un œil vers la jeune femme réveillée en sursaut, alors qu'intérieurement, je haïssais Philip de tout mon être. J'étais même pas certain de le prononcer correctement. Pourquoi je devais parler russe déjà ? Peu importe. Et puis pourquoi celle dans l'encadrement de la porte portait une tenue si aguicheuse ? Est-ce qu'elle faisait le trottoire ? C'était probablement pas une question qui se posait mais si c'était le cas, j'n'étais plus très sûr de vouloir mettre la main dans ses petites culottes. Attention ! m'exclamai-je en lançant les culottes sur Féline, dans le vain espoir de ne pas me prendre de coup de batte de baseball. Je ne l'avais encore jamais expérimenté jusqu'à maintenant mais je pouvais aisément deviner que ça devait faire mal. Et toi, tu peux m'dire ce que tu fais avec un décolleté pareil ? T'étonnes pas qu'on vienne voler tes culottes après. Pour le coup je ne savais plus laquelle regarder, j'étais encerclé. Désolé pour ce réveil un peu brutal, ajoutai-je en aparté pour Kelsey qui avait l'air complètement perdue.

Féline venait de réveiller Kelsey en sursaut, mais malheureusement, elle n'avait pas trouvé de meilleure solution pour protéger leurs affaires. Et si sa colocataire gardait quelque chose de valeur - sentimentale ou pas - dans les tiroirs de la chambre ? Il ne viendrait pas à l'idée de l'étudiante en droit de fouiller, mais c'était plausible. Non, j'te confirme chou, j'l'ai jamais vu ! s'exclama-t-elle d'une voix décidée. Et dire que la brunette avait hâte d'ôter son uniforme d'hôtesse... voilà qu'elle en était empêchée par un parfait inconnu qui se mettait à causer dans une langue qu'elle ne connaissait pas. Du russe, probablement, vu la sonorité. Parle anglais pitié, l'est tard là ! soupira-t-elle avant de se prendre carrément les culottes dans la tronche, abaissant du coup sa garde, pour mieux se prendre une réflexion sur sa tenue. Haha, elle est bonne celle-là... parce que toi t'es en tenue hyper normale à fouiller dans les culottes d'inconnues ! Je reviens de mon taff d'hôtesse moi, je glande pas à faire peur aux autres ! reprit-elle en posant sa batte, histoire d'avoir une discussion plus calme, étant donnée qu'il s'exprimait gentiment face à sa colocataire. Il serait toujours temps de la reprendre si cette gentillesse n'était que feinte.

J'ai généralement le réveil difficile quand je dors huit heures, mais là, c'est indescriptible. Je suis dans les choux en assimilant l'inconnu dans ma chambre et Féline déguisée en je ne sais quoi. Sérieusement, c'est une blague ? Ils jouent peut-être pour le groupe de théâtre du campus ? Me frottant les yeux avec les mains, je me redresse pour essayer de comprendre le plus vite possible. Le mec est entrain de fouiller nos tiroirs de sous-vêtements, il a l'air de parler une langue d'un pays de l'Est, je ne comprends rien. Féline, quant à elle, fait son apparition telle une tornade. Bon, elle ne connait pas non plus ce gars, ce qui est de plus en plus louche. Je fronce les sourcils en zieutant ce même mec planté là, je commence doucement à me réveiller. Tu peux t'expliquer peut-être ? Je croise les bras sur ma poitrine, me levant de mon lit en chemise de nuit. Au point où on en est, je n'ai même plus de gêne. Et en plus tu te permets de juger ma coloc, tu sais qu'on est chez nous ici quand même ? Bon, c'est vrai que je ne comprenais qu'à moitié la tenue de Féline, mais je verrai ça avec elle plus tard. Pour l'heure, c'était girl power et il fallait vraiment que le mec s'explique.

Spoiler:

Après réflexion, quand même, j'avais failli me manger un coup de batte de baseball à cause de Philip. C'est vrai que si j'étais une fille et que j'retrouvais un mec à moitié nu dans ma chambre en train de fouiller, j'aurais hurlé au pervers et lui aurais fait une prise de catch telle que ses dents auraient rayé le parquet. Je pinçai les lèvres, les deux jeunes femmes se parlaient, commentant le fait qu'aucune des deux ne me connaissait. Et ça ne devait pas leur donner envie de me connaître. Triste. J'suis un mec sympa pourtant, à qui on donne des défis à la con c'est tout. J'aime vivre à moitié nu, pourquoi s'encombrer de toutes ces fioritures hein ? répondis-je en faisant tourner une culotte autour de mon doigt. Elles avaient l'air de se remettre de leurs émotions, le danger de me faire éclater la tête par une batte s'éloignait visiblement. Ah mais je juge pas, j'la trouve très jolie bien au contraire, répondis-je à l'inconnue qui se redressait dans son lit, quitte à passer pour un plus gros pervers encore. J'aurais besoin d'un selfie avec vous et vos culottes, vous êtes pas obligées de sourire si vous voulez pas... J'eus un léger rire, ramassant deux culottes au hasard. Vous avez bien dû avoir des bizutages à la con pour être Cabot vous aussi, non ?

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