(musique) L’air est légèrement frisquet, mais je ressentais le besoin d’être seule. J’aime mon appartement, mais parfois j’ai juste envie d’respirer un peu. La team power rangers me dérange pas en soi… mais j’ai besoin de ma solitude. Le soleil laisse trainer ses derniers rayons dans le ciel et, écouteurs dans les oreilles, j’ère sans but dans les rues. J'laisse mon esprit vagabonder. When I wake up all alone and I’m thinking of your skin… I remember, I remember what you told me : Said that we’re not lovers, we’re just strangers with the same damn hunger to be touched, to be loved, to feel anything… mes pensées sont soudainement interrompues lorsque mon corps heurter quelqu’un. Mon café se diverse sur le sol. « Shit. » J’pourrais te dire de faire attention, mais j’étais trop dans la lune pour même savoir qui est entré dans qui. Mes yeux trouvent les tiens et mon cœur rate un battement… Sin. @A. Sin Richmond

« Appelle-moi plus tard mec, on ira se manger un burger au John Harvard! » Je rigole en secouant la tête, il a un de ces appétits celui-là, toujours à vouloir se manger un truc. Heureusement, je métabolise bien la malbouffe sinon j’pourrais pas être pote avec lui. « T’inquiète, après mon cours j’te fais signe! » Je recule en parlant, ne portant pas vraiment attention à mon entourage. Je ris à une dernière connerie que mon pote dit, complètement distrait alors que je donne un élan à mon sac pour le mettre sur mon épaule. Le problème, c’est qu’en faisant ça, je percute carrément quelqu’un avec et n’entend qu’un « Shit. » avant de me retourner. « Ah merde, ça va? » Ton visage se tourne vers le haut, ton regard croise le miens et je me fige. Mon cœur rate un battement, peut-être même dix. C’est pas possible. Tout ce temps à faire attention de ne pas croiser ta route, à te surveiller de loin pour finalement te faire renverser ton café en plein square d’Harvard? Avoir su, j’aurais arrangé des retrouvailles un peu moins bidons et cliché digne des mauvaises comédies romantiques.. « Dylan. » Ma voix est rauque et à peine audible alors que je ne peux détacher mon regard de ton visage.

Mes prunelles océan plongent dans les tiennes. J'pourrais les reconnaître entre mille. Ces yeux... Je m'y suis souvent perdue. J'en ai souvent rêvé. Je les ai aimés. J'pourrais presque entendre mon coeur battre dans ma poitrine. Ces lèvres... Putain d'bordel de merde. «Dylan.» Je reste là, statuée de l'extérieur alors qu'une tempête fait rage à l'intérieur. Ça fait un bail... La dernière fois que je t'ai vu, t'avais pour vêtement une simple serviette et je t'ai tourné le dos, brisée, te faisant mes adieux. Au fond, j'suis toujours la même Dy, mais avec quelques tattoos de plus. D'ailleurs, j'en ai même un qui te concerne. «Sin...» J'ai la gorge serrée. Je m'humecte les lèvres nerveusement. Putain mon coeur veut me sortir de la poitrine. Nos derniers instants me reviennent en mémoire et je détourne enfin le regard du tien. J'me racle la gorge. «Désolée. J'regardais pas où j'allais. J'dois partir... Te voir, ça remu des trucs en moi que j'préfère oublier. Je ramasse mon gobelet de café. Fuck... Qu'est-ce que je suis sensée faire? Je remets un écouteur, prête à reprendre mon chemin et aller tergiverser sur cette putain de rencontre à m'en créer de l'insomnie. Je sens mes jambes trembler légèrement alors que je tente de te contourner.

Je sais pas quoi dire, j’ai la gorge sèche –extrêmement sèche. J’humecte nerveusement mes lèvres avant de remonter un peu mon sac qui menace de tomber à nouveau, gardant une main sur la courroie sans jamais te lâcher des yeux comme si tu risquais de partir. « Sin... » Qu’est-ce que j’dis là, c’est sûr que tu vas partir. C’est pas comme si t’allais retomber dans mes bras comme ça simplement parce que je t’ai fait renverser ton café. J’suis con. Terriblement stupide même. Mais te voir là, ça m’rend tout chose. « Désolée. J'regardais pas où j'allais. » Je secoue négativement la tête. « Non, c’est ma faute. » Comme tout le reste Dy…. Ça jamais été ta faute, tu le sais ça, pas vrai? Ça toujours été moi le connard dans l’histoire. Le trou du cul qui t’a prise pour acquis, qui a cru que t’allais tout endurer et me regarder baiser n’importe qui –y compris ta putain de cousine. Tu remets un écouteur et je sais que je dois faire quelque chose et vite si je ne veux pas que tu partes. Tu commences à me contourner et je t’attrape le poignet, des flashback de notre dernière entrevue me revenant en tête. Je te vois t’enfuir dans le couloir alors que je te retiens exactement comme je le fais maintenant. La différence c’est que cette fois, je suis à côté de toi et non derrière. « Attend.. »

J’détourne le regard… Incapable de soutenir le tien plus longtemps. Dans ma grande naïveté, j’ai cru que j’allais plus jamais recroiser ton chemin. J’croyais que j’allais jamais avoir à entendre de nouveau le son de ta voix ou sentir ton contact sur ma peau. Je me foutais un putain de doigt dans l’œil. Après tout, même si j’suis pas retournée au club depuis, on allait forcément se croiser un jour dans les rues de Boston. J’savais seulement pas que ça allait être à Harvard. « Non, c’est ma faute. » J’sais pas si tu parles de cette stupide rencontre ou bien d’la façon dont notre histoire s’est finie… Quand je t’ai surpris après avoir couché avec ma cousine. Putain, qu’est-ce que j’fais là? À essayer d’trouver des foutus sous-entendus dans tes paroles? T’en avais rien à foutre à l’époque et ça doit être encore plus le cas aujourd’hui. J’ai été stupide de m’attacher à toi. Je m’en veux pour ça. J’me blâme… Parce que j’aurais pas dû te donner l’opportunité d’me briser. J’aurais envie d’laisser trainer mes doigts sur les mots gravés en dessous d’mon sein gauche. Love hurts. J’fais un pas. Un autre. Puis, j’sens ta main me retenir par le poignet et je m’arrête dans mon élan. Ma tête et mon cœur me disent de foutre le camp. Pourquoi j’persiste à m’arrêter? Tes doigts sur mon poignet… Merde. « Attends… » Attends quoi? J’ai pas envie de m’infliger ça. Putain, si tu savais le temps qu’ça m’a pris pour arrêter d’penser à toi. Si tu savais… Attends quoi? Mh? J’tourne la tête dans ta direction et, de nouveau, nos prunelles se croisent. J’avale difficilement ma salive. « Fais pas ça… » J’ai la voix rauque. Putain, j’voudrais être froide comme la glace. J’voudrais m’prouver à moi-même que je t’ai oublié. Je retire mon poignet d’entre tes doigts. « Quoi? T’as un truc à m’dire? Parce que moi non. »  

Tu t’arrêtes, comme prévu. Tu te stop net dans ton élan et j’ai l’impression que la frustration émane de ton corps. J’avale de travers lorsque ta voix s’élève entre nous. « Fais pas ça… » Fait pas quoi? Parce qu’il me semble que cette phrase est pleine de sous-entendus. Il y a bien des choses que tu dois préférer que j’évite de faire Dylan, alors il faudrait que tu sois un peu plus clair. Tu retires ton poignet de ma main et le contact qui nous unissait se rompt, me laissant une sensation de vide, une trace fraiche sur la peau –comme si j’avais été touché par une entité. « Quoi? T’as un truc à m’dire? Parce que moi non. » Un truc à t’dire? Putain Dy. Des choses à t’dire j’en ai tellement qu’on aurait jamais assez de la journée pour que je puisse tout te raconter. Mais j’suis pas mal certain que t’en a rien à foutre de ma vie. Ou bien de ce qui pourrait bien m’arriver. Plus maintenant. Pas depuis que je t’ai blessé (et encore, le mot est faible, pas vrai?) « S’te plait Dylan.. » Je me retourne finalement pour te faire face à nouveau. J’supporte pas de te sentir aussi distante. Pas maintenant que t’es si physiquement près de moi. J’ai mal. Terriblement mal. Pire que si tu m’avais frappé en fait. Mon regard retrouve le tient, te supplie silencieusement.

 J’aimerais que ton contact me brûle. J’aimerais que tes doigts me soient désagréables, mais j’sens plutôt mon cœur battre la chamade et mon souffle se couper. Putain… mon corps réagit pas comme j’le voudrais. Ça m’énerve. J’te supplie presque… Fais pas ça… Fais pas quoi? Ne t’excuse pas. Ne me donne pas une raison d’te pardonner. Ne me fais pas craquer. Ne me rappelle pas ce qu’on a vécu ensemble… Ne me fais pas sentir comme si je comptais pour toi. J’suis pas certaine que j’le supporterais. J’enlève mon poignet de sous ton emprise et j’me sens à la fois soulagée et perdue. J’te déteste. J’déteste cet effet que t’as sur moi. Bordel. « S’te plaît Dylan… » Tu replonges ton regard dans le mien et j’y vois une pointe de sincérité… de la vulnérabilité. Arrête de ne regarder comme ça, Sin. J’ai l’impression d’être, soudainement, redevenue cette fille fragile qui est tombée amoureuse de toi. J’veux pas ça. « Sin… »  Une part de moi veut s’enfuir et l’autre me dicte le contraire. J’devrais m’en foutre, right? Me foutre de toi. Me foutre de ce que tu veux. J’laisse le silence s’installer et je m’humecte de nouveau les lèvres, cherchant dans ton regard je ne sais quoi. J’pourrais te donner une chance et te dire que tu m’dois un café, mais j’ai peur. J’suis terrifiée. Du coup, comme à mon habitude, j’me referme sur moi-même. « J’te dois absolument rien. » J’avais enfermé notre histoire dans un coin sombre de mon être, niant sa présence… et tu viens d’tout foutre en l’air.  

« Sin… » Mon nom semble te brûler la langue alors que d’entendre ta voix le prononcer est musique à mes oreilles. La plus belle mélodie si tu veux tout savoir. Tu me fixes ensuite en silence et je savoure ton regard posé sur moi. Cette proximité qu’on n’a pas connu depuis des lustres, même si tu préférerais probablement être n’importe où ailleurs; moi je n’échangerais ce moment pour rien au monde. J’m’en fou que tu veuilles pas être là, que tu sois fâché contre moi et que tu planifies probablement dix façons différentes de disposer de mon corps après m’avoir tué pour ce que j’ai fait. L’important au fond, c’est que tu penses à moi pendant que tu planifies tout ça. Parce que si tu veux que j’te dise Dy, ce qui me fait encore plus peur que toi qui ne me parle plus, c’est toi qui m’oublis. « J’te dois absolument rien. » Je le sais bien, ça. C’est moi qui te dois mer et monde. J’aurais dû te les donner dès le départ, on le sait bien tous les deux. Mais c’est pas comme ça que c’est arrivé. J’peux plus changer le passer, je l’ai jamais pu. On peut simplement aller de l’avant maintenant. « J’me rachèterai. » Je te fixe toujours, mes doigts viennent effleurer ta joue. « Un jour, j’me rachèterai Dy. »

J'ai toujours eu l'impression que tu savais lire en moi. Avec toi, faire semblant d'être quelqu'un d'autre était impossible. Tu savais ce que je ressentais et ce que je pensais rien qu'en me regardant dans les yeux. J'crois que t'as toujours ce pouvoir et ça me donne la chair de poule. Ton regard transperce mon âme comme si tu connaissais par coeur chaque centimètre de ma peau et, oui, chacune de mes mimiques et toutes les nuances de ma personnalité. Pourtant, j'arrive pas à détacher mes prunelles des tiennes. "J'me rachèterai. " Dis pas ça... J'pourrais y croire. J'hoche négativement la tête, autant pour me convaincre que pour te dire que j'y crois pas une seconde. " Un jour, j'me rachèterai Dy. " Tes doigts viennent effleurer ma joue. Ça me rappelle toute les fois où tu l'as fait. C'est familier. Naturel. Ça me tue. Je te fusille du regard avant de partir pour de bon, totalement déboussolée et les mains tremblantes.