Encore une soirée à bosser telle une tarée, non pas pour plaindre à sa boss - dont elle n'avait que foutre - mais pour amasser un maximum d'argent et payer ses dettes. Féline conservait une certaine fierté et voulait à tout prix continuer à se gérer seule, envers et contre tout. Mais pour cela, il lui fallait supporter chaque soir ou presque de porter un uniforme plus outrageusement sexy que celui de la veille, ainsi que les mains baladeuses des clients puisque ces derniers étaient les rois dans la place. Fallait-il qu'elle fasse appel à tout son self-control pour ne pas péter une durite et tout envoyer valser... même si chaque soir, elle approchait de plus en plus de la rupture. Ceci étant, aujourd'hui, grosse surprise, la belle brune eut la visite de sa cousine adorée Carter alors qu'elle se dépatouillait à peine avec un client particulièrement collant. T'es pas au self mon gars, calme tes couilles ! vociféra-t-elle avant de le menacer de son plateau pour avoir la paix. Ce n'est qu'après qu'elle put se rapprocher de sa cousine et lui faire deux grosses bises. T'illumines ma soirée chérie ! Comment va la plus belle ? Tu vas me raconter tout ça pendant que j'te paye ma tournée !

Ce soir, elle n'avait pas réfléchie. Elle s'était habillée rapidement, une tenue assez sexy. De toute manière, Dimitri ne serait pas rentré pour la voir partir comme ça alors rien à foutre. Elle passa sa langue sur ses lèvres avant de prendre ses affaires pour disparaître de cette suite, elle en avait marre de l'attendre, elle était toujours là comme une pauvre imbécile donc ce soir, elle avait décidé de faire quelque chose qu'elle devait faire depuis un moment. Essayer de faire en sorte que sa cousine arrête de faire ce métier, qu'elle arrête de se fatiguer autant parce que sinon elle n'allait jamais tenir, Carter ne pourrait jamais accepter une telle chose. Elles avaient une relation assez forte, pas assez, une relation forte tout simplement, elle avait été là pour elle et elle n'allait sûrement pas changé un truc pareil. Elle poussait la porte du bar avant de chercher du regard sa cousine, elle restait sur le cul clairement se demandant comment elle pouvait porter un truc pareil. En tout cas, elle elle ne pourrait pas faire un truc pareil et même s'il n'était plus tellement présent pour elle en ce moment, elle se doutait bien que son copain - son mari n'accepterait pas une truc pareil. Elle imaginait déjà la dispute, bref elle secoua la tête avant de lui la bise rapidement avant de s'installer derrière le comptoir. "Tu illumines la mienne aussi, je vais bien et toi ?" Mensonge bonjour, mais qu'importe. C'était pas le moment de parlée de ça, puis elle n'en avait pas envie. "Tu devrais arrêter ce boulot." Bonjour la délicatesse, mais elle était comme ça Carter, mentir, cacher les choses elle ne savait pas faire.

Ce job n'était convenable ni pour la réputation de Féline, ni pour sa santé, et nulle ne le savait mieux qu'elle. Mais puisqu'elle avait tant besoin d'argent pour payer ses factures et subvenir à des besoins vitaux, ses choix demeuraient limités. Alors elle supportait sa boss et ses réflexions pourries, son uniforme trop sexy pour être honnête - et qui changeait quasiment toutes les semaines, sans parler des caresses plus que limites des clients dont l'âge dépassait très allègrement celui de la belle brune... un très lourd poids pesait sur ses épaules et pourtant, voir sa cousine adorée lui redonna immédiatement le sourire. Sans concession. T'es trop mignonne chérie, tu l'sais ça ? Bah écoutes c'est un peu le rush mais on s'en fout, j'vais m'occuper de toi ! s'exclama-t-elle après lui avoir fait la bise et s'être installée derrière le comptoir, bien décidée à laisser les autres clients pour profiter d'un moment de calme avec sa Carter adorée. J'fais peur avec cet uniforme ? arqua-t-elle un sourcil sans que son sourire ne s'efface de ses lèvres pour autant. Faut bien que je paye les factures de ma crise cardiaque passée ! s'exclama-t-elle comme si elle en avait fait une la semaine dernière. Mais il s'agissait là juste d'une plaisanterie. Une blague de mauvais goût qui faisait toujours peur à ses proches, mais qui permettait à Féline de voir son problème de cœur autrement. Poisson d'Halloween, hein... qu'est-ce que j'te sers ma beauté ?

Est-ce que ça lui faisait mal d’être autant mis de côté par son mari ? Bien sûr que oui, mais elle prenait tellement sur elle parce qu’elle était tellement amoureuse qu’elle ne se voyait pas vivre sans lui. Cette connerie qu’elle avait pu faite lors de leur rupture, ce n’était pas pour rien. Il était ancré dans sa peau, elle l’aimait plus qu’elle n’aimerait quelqu’un dans sa vie et ouais, elle était prête à endurer tout ça juste pour l’avoir dans sa vie sauf que ce soir, elle avait prit la décision de sortir pour l’attendre. Elle avait une mission, faire en sorte que Féline change de boulot. Elle trouverait bien autre chose que de bosser dans ce truc, de devoir mettre une tenue aussi courte que ça. Elle n’allait pas mentir, ne pas être à sa place était une bonne chose parce qu’elle se ferait tuer par Dimitri, simplement pour sa tenue par sûr qu’il apprécie de voir sa copine sortir comme ça, mais tant pis. « Je sais, je suis parfaite. Et je ne comptais pas recevoir un verre d’une autre personne que toi. » Elle lui tira la langue comme une gamine, surtout pour le début de sa phrase et le reste ce n’était pas totalement faux. Elle faisait confiance en sa cousine à 100% et se méfiait des autres, on ne savait jamais après tout. Elle n’avait pas envie de finir la tête à l’envers ce soir, surtout si elle finissait par rejoindre Dimitri dans sa suite. « C’est pas ça, mais c’est genre très court. Personnellement, je pourrais jamais mettre ça et je suis même pas sûre que si j’étais à ta place, Dimitri me laisserait travailler dans une telle tenue. » Elle était certaine qu’il trouverait un moyen pour qu’elle travaille dans sa société pour être sûr, elle perdit rapidement son sourire en entendant un truc pareil. Est-ce qu’elle aurait fait un truc pareil et elle ne serait pas au courant ? Elle savait que sa vie avait été un peu un vrai bordel en ce moment, mais quand même elle s’était toujours montrée là pour sa cousine chérie. Puis elle entendit que c’était une blague, de mauvais goût au passage. « Tu m’as fais peur, j’ai cru que tu m’avais caché un truc pareil ! Ne me refait plus une telle blague sinon c’est moi qui va avoir une crise cardiaque. Une margarita. » Elle sourit en coin, rassuré que ce ne soit qu’une blague de sa part.

Les propos de Carter poussèrent Féline à esquisser un petit clin d’œil on ne peut plus complice et sincère. Bien sûr que sa cousine était parfaite à ses yeux ! L'étudiante en droit n'aurait laissé personne d'autre la servir à sa place, qui plus est, même si elle se doutait bien que cette dernière n'était pas uniquement là pour tailler une bavette. Au contraire. Ce job n'était pas fait pour la jeune greffée cardiaque, ni même le rythme dudit travail, et ça, Carter le constaterait très vite si ce n'était pas déjà fait. Attends, c'est l'évidence même que tu es parfaite ! s'exclama-t-elle en roulant des yeux comme s'il ne pouvait en être autrement. La discussion sur sa tenue ne tarda pas à venir sur le tapis, mais bien loin d'en prendre ombrage - alors que Féline était pourtant diablement rancunière d'ordinaire - elle hocha simplement la tête de haut en bas. Ouais mais j'ai pas le choix chérie ! J'adorerais mettre un autre truc sur moi, j'te jure... mais faut que je bosse si j'veux pas me retrouver à la rue ou avec les huissiers au cul parce que j'paye pas mes factures d'hosto... soupira-t-elle, diablement coincée par la situation étant la sienne. Un enfer absolu. Au point d'en plaisanter maladroitement, histoire de dédramatiser, mais elle sentit que le sourire de sa cousine n'était qu'un sourire jaune. Comme si je pouvais te cacher un truc pareil, à toi ! Pardon ma beauté... j'ai besoin d'en dédramatiser, j'deviens folle j'te jure... expliqua-t-elle tout en commençant à faire le cocktail commandé, agrémenté tout spécialement pour sa cousine. Dis-moi que toi au moins, ça va bien dans ta life ?

Elle se laissait aller, comme toujours avec sa famille parce que ça serait toujours plus simple pour elle, elle n’avait pas besoin de faire semblant, pas besoin de se cacher d’une quelconque manière. Elle était elle-même, ils la connaissaient assez pour savoir comment était Carter, elle était une gamine dans le fond et elle n’était pas prête de changer, elle rattrapait peut-être son enfance qui avait un putain de calvaire pour elle. « T’es trop mignonne. » Parce que soyons honnête, elle était loin d’être parfaite Carter, c’était même tout l’inverse. Elle était un putain de boulet, elle faisait tellement d’erreurs, elle était tellement une tornade quand elle s’y mettait que la perfection elle était loin de l’atteindre. Heureusement d’ailleurs, ce n’était pas son but d’être parfaite et ça ne le serait jamais. Puis elle commençait à parler de sa tenue, elle savait ce que faisait sa cousine de sa vie, mais franchement elle n’avait jamais cru à un truc pareil. C’était trop étrange, elle n’avait pas cru qu’elle pourrait mettre ça. « Je peux t’aider tu sais ? Je te laisserais jamais dans la merde et je peux pas non plus te laisser bosser dans un endroit pareil. C’est pas bon pour toi, ce n’est pas un rythme surtout après ton opération. Franchement, je suis à deux doigts de te kidnapper rien que pour tu arrêtes de bosser ce soir. » Elle s’inquiétait pour sa cousine chérie, c’était normal non ? Surtout après ce que la brune avait vécue alors ouais, elle se posait tellement de questions, elle voulait bien faire pour la jeune femme et si c’était l’éloigner de ce boulot, de l’aider financièrement, elle n’hésiterait pas une seule seconde. « J’te comprends totalement, mais wow un truc comme ça, je m’y attendais tellement pas… » Ouais, parce que la santé de sa cousine était une vraie préoccupation pour la quincy. Puis la fameuse question, celle qu’elle ne voulait pas entendre et encore moins répondre. « ça va, c’est pas la joie ultime, mais ça va. » Elle allait bien en soit, elle détestait juste passer moins de temps avec son mari, mais ce n’était pas important.

Féline ne se jugeait même pas trop mignonne, mais simplement sincère avec sa cousine. Peut-être était-ce une manière de compenser à son calvaire, et d'enfance, et plutôt récent, allez savoir. Quoi qu'il en soit, la belle brune faisait toujours preuve d'une extrême douceur et d'une grande compréhension dès qu'il s'agissait de sa cousine adorée, comme pour la protéger de ce monde de brutos. Je savais que tu dirais ça... mais tu me connais, demander de l'aide, c'est limite surhumain pour moi. J'ai l'impression d'échouer dans tout ce que j'entreprends. Alors je sais, mon cœur va sûrement pas bien à cause de ce taff pourri et tu aurais totalement raison de m'en kidnapper, mais... Bien que d'ordinaire, l'étudiante en droit ne soit jamais à court d'arguments auprès de son auditoire, elle devait bien admettre que face à Carter, jouer les bravaches allait bien cinq minutes. Sa cousine restait dans le vrai et elle dans le déni total. Vouloir rester normale et s'assumer seule avait un prix qu'elle commençait à payer plutôt cher, du reste. J'sais, j'suis conne des fois... à force de me pratiquer, tu le savais pas ? reprit-elle pour sa défense, sans vraiment se chercher d'excuses. D'autant que son palpitant déconnait à plein tube, ça, c'était une vérité universelle. Comment ça c'est pas la joie ultime ? Il t'est arrivé des crasses ? s'inquiéta aussitôt Féline en déposant la margarita commandée par Carter, déposant le verre sur une gaufrette.

Prendre soin de sa cousine c’était un peu inscrit dans ses gênes, honnêtement elle était pareille avec Oliver et Ofelia. Elle était comme ça avec sa famille, tout simplement donc voir sa cousine faire ce genre de boulot, voir à quel point elle galérait pour avoirs son indépendance lui faisait mal au cœur. Elle aimerait tellement l’aider, faire en sorte de la soulager parce qu’après une opération comme la sienne, ce n’était pas sain de faire tout ça, elle allait craquer, elle finirait par souffrir et ce n’était pas ce qu’elle voulait. Elle tendit sa main pour la poser contre son bras, le serrant doucement lui montrant qu’elle était là et qu’elle serait toujours là pour elle. « Je sais, je suis pareil, tu sais bien, mais c’est pas anodin ce que tu as vécue Fé’ et honnêtement, je voudrais pas qu’il t’arrive encore quelque chose. Alors s’il te plait, arrête ce boulot. Je peux t’aider, je peux… J’en sais rien, demander à Dimitri s’il aurait pas quelque chose pour toi, si tu veux autant te gérer toute seule, mais ne fait plus ce métier. Je supporte pas de te voir ici, de te voir te tuer à la tâche à ce point. » Et elle était honnête, ça faisait un mal de chien de voir sa cousine se tuer autant à la tâche quand on savait ce qu’elle avait pu vivre il y a quelques mois de ça. Elle voulait la garder encore de longue années avec elle de préférence alors elle donnerait de sa personne pour lui faire entendre raison. « Pas conne, juste je m’y attendais pas. Après c’est vrai qu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer. » Elle lassait un sourire en coin se dessiner sur ses lèvres avant de prendre une gorgée de sa boisson, de la boisson que sa cousine d’amour venait de faire. « Non, niveau crasse je suis assez tranquille pour le coup, c’est juste… compliqué avec Dimitri, mais rien de grave t’en fais pas. » C’était du Carter tout cracher, faire en sorte de rendre la situation moins alarmante qu’elle l’était réellement.

La sollicitude de Carter touchait réellement Féline, qui demeura silencieuse quelques instants. Le discours de sa cousine lui arracha un petit frisson alors qu'elle se permit de se servir un petit shooter de vodka. En service, oui, mais pas nonne pour autant. Puis sa boss n'était pas dans le coin après tout... Tu crois vraiment que ton boy serait d'accord pour me trouver un taff ? J'ai pas envie qu'il me prenne comme un boulet, puce... ça me touche tout ce que tu me dis, et je sais que t'es super inquiète pour moi et tu sais combien je déteste ce taff mais suis pas sûre que ça marcherait avec Dimitri. Disons qu'elle était un brin précautionneuse. Si jamais cela ne marchait pas, la belle brune ne voulait pas que cela retombe sur sa cousine adorée. Elle s'en voudrait mortellement dans le cas contraire. J'essaye d'en rire, surtout pour Serena ! Tu sais que mon p'tit monstre de sœur a eu cinq ans récemment ? fit-elle avec émotion, pour mieux trinquer avec Carter en se resservant un shooter, qu'elle ne but pas cette fois. Raconte. Ou tu sais que j'vais te torturer pour savoir ! Petit clin d’œil.

« Je peux toujours demander et au pire des cas, on perd rien. Mais je pense que ouais, il pourrait être d’accord pour te trouver quelque chose. Je sais pas s’il a besoin ou quoi, sachant que j’m’en occupe pas, mais ça peut se faire. » Elle haussa les épaules, on avait toujours besoin de monde dans un hôtel non ? Elle n’en savait rien du tout, mais elle pourrait essayer, elle essaierait. « Pourquoi tu penses que ça marcherait pas ? Tu sais, il sera capable de couper notre vie privée, notre couple de son boulot. De la relation boss/employé qu’il aura avec toi. Puis honnêtement, si t’as peur que ça touche à notre relation, crois-moi il en faudra plus pour qu’on se quitte ou quelque chose comme ça. » Ils avaient déjà tout vécu, c’était pas un truc pareil qui allait foutre le bordel dans leur couple puis même si Féline ne voulait pas, elle allait demander à Dimitri. Elle ne laisserait pas sa cousine d’amour dans un endroit pareil. Elle prit une grande gorgée de sa boisson avant de sourire en coin. « C’est vrai, il faut que je lui achète un cadeau alors. Ca fait un moment que je l’ai pas vue d’ailleurs… » Elle notait cette chose dans un coin de sa tête, acheter quelque chose pour l’anniversaire de Serena. Elle soupira doucement s’attendant à cette question, elle finit son verre rapidement avant de reprendre la parole. « Un shooter de vodka. » Elle en aurait besoin après avoir parler de ce qu’il se passait dans sa propre vie. « C’est juste… Qu’il est moins présent en ce moment. Son boulot lui prend beaucoup de temps, il se consacre vraiment dedans comme c’est l’héritage de son père, mais… mais ça me fait mal. J’étais sa drogue au début de notre relation, c’était lui et moi, tout le temps. Il ne pouvait pas passer du temps sans moi, maintenant on se voit quelques heures et dans le fond, ça lui convient. Moi pas, il me manque. Mon copain, l’homme que j’aime me manque réellement. »