• Le regard dans le vide, j'attends. J'attends que le temps passe, que les secondes, les minutes, les heures s'écoulent. Rien à faire à part attendre, rien à faire à part dormir et attendre demain, attendre que la nuit tombe, que le jour se lève. J'hésite à aller me coucher, à partir dans le monde des rêves, mais pour rêver de quoi, au final ? Est-ce que j'aimerais avoir quelque chose ? Est-ce que ma vie est merdique au point d'avoir besoin de se réfugier dans un rêve pour oublier tout ça ? Est-ce qu'il me manque quelque chose pour être heureux ? Pour être combler ? Non. Ma réponse est un simple non. Je n'ai pas besoin de rêver, de m'évader dans l'imaginaire pour vivre, j'suis heureux, depuis presque un an, j'ai enfin retrouvé la paix, le bonheur, la joie. J'ai réussis à vaincre mes propres démons, enfin, je pense, peut-être qu'un jour il referont surface, mais au final, je sais que je vais m'en sortir et que tout ça, toutes mes conneries, c'est derrière moi. J'pense avoir tout mis à plat, j'pense que j'ai réussis à m'en sortir et c'est pas pour replonger, j'en ai pas envie. J'me fais juste chier, comme une personne normal, comme quelqu'un qui n'a rien à faire, tout simplement. Je décide tout de même à me lever de mon canapé, retirant mes vêtements pour me retrouver en boxer après avoir jeté mes chaussettes sur le sol de ma chambre. Attrapant mon portable pour envoyer un message à Piper, je sens ce dernier vibrer entre mes mains. Numéro que je ne connais pas, j'ouvre, et je mets du temps avant de comprendre le message. Alan. Piper. Accident. Voiture. Hôpital. Ni une ni deux, j'attrape mes vêtements que je venais de jeter, ne prenant pas le temps de répondre, j'enfile tout ça rapidement, mettant d'ailleurs mon t-shirt à l'envers, mais j'm'en branle, pas le temps de le remettre, ça donne un style on dira. J'monte dans ma voiture, et avec chance, j'habite pas très loin de l’hôpital. J'me gare en merde, comme à mon habitude, et après avoir réussit à avoir le numéro de chambre, j'arrive devant sa porte. Je marque un arrêt, l'espace d'un instant, un instant qui a duré une éternité dans ma tête. Beaucoup trop de questions d'un coup. J'ouvre la porte, je rentre, et je soupire, lâchant toute la pression quand je la vois, elle est vivante, elle est là, les yeux grands ouverts. "Ça va ?" Instinctivement, je lui pose cette question me rapprochant d'elle. "Qu'est-ce qu'il c'est passé ?" Je demande, car je n'ai aucune idée de ce qu'il y a eu, et, elle n'a pas l'air si mal que ça au final. •

C'était un soir comme les autres, une petite soirée avec mon grand frère, mais aussi, celui que je considère comme mon petit frère, même si nous n'avons pas le même sang. On était sortie pour voir un simple film, "ça", le film d'horreur avec un clown. J'aurais dû dire non mais pour une fois, je m'étais dit que je pouvais faire un effort quitte à pleurer pendant toute la séance. C'était horrible, le film l'était. Je hurlais, me cachant par moment derrière mon paquet de pop-corn. Bien évidemment, ça les a bien fait rire à eux, mais moi non, un vrai cauchemar. À la fin, nous avions échangé nos opinions tout en sortant de la salle, regagnant la voiture. À l'intérieur du véhicule, nous parlions, enfin, j'essayais de régler la radio histoire de me changer les idées, et de ne plus avoir ce clown horrible en tête. À la télévision, on nous rabâche les oreilles sur le fait de porter une ceinture au volant, mais voilà, parfois, je n'écoute pas ce qu'on me dit. L'espace d'un instant, tout m'a semblé paisible, mais rien ne l'était. Non, tout n'était qu'un cauchemar déclenché par un accident. Mon corps à traverser le pare brise, pour atterrir sur le capo. Au ralentit, ça doit rendre un truc classe, mais en vrai, ouch. Par la suite, je ne sais pas ce qu'il m'est arrivé. Enfin, je sais qu'on m'a transporté à l'hôpital, mais, je n'en ai pas le souvenir. Non, en ouvrant les yeux, je me suis réveillée à l'hôpital. Je me souviens avoir ressenti une douleur dans tout le corps, sur le visage probablement à cause de mes blessures, mais voilà, maintenant, je suis attachée à quinze mille trucs et ça me rend dingue. J'ai mal quand je respire, je déteste avoir ces tuyaux dans mes narines, mais ça m'aide à bien respirer. Putain, mais je suis morte ou quoi ? Non, j'ai juste failli y passer. J'ai passé un moment avec Alan, mon frère, mais ils semblaient chamboulés quand je leur adressais la parole. Allez savoir pourquoi. Pourquoi on ne me laisse pas regarder la télévision d'abord ? Et mon portable, il est où bordel ? Ils vont me rendre dingue. Je me sens fatiguée, mon corps et faible. Mes yeux se ferment par moment, mais pas là, non, j'entends une voix. Un jeune homme, plutôt charmant. Un docteur ? J'en sais rien. Non, c'est mon petit-ami, mais, je ne le reconnais pas. Pour moi, c'est un étranger. "Hum, j'ai mal en fait", je réponds en lui souriant. Je fronce tout de même en le regardant, son t-shirt est à l'envers. Ils l'ont sorti du lit ou quoi ? C'est quoi ce docteur ?. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?. Je secoue la tête à sa question, mais j'ai envie de rire. "C'est à vous de me le dire docteur !", je lui réponds en haussant les épaules. "On m'a dit que j'avais eu un accident de voiture", j'ajoute, essayant de m'en souvenir, mais, rien.

• Bien trop occupé à trouvé la chambre le plus rapidement possible, je n'avais même pas pris le temps de demander aux infirmières ce qui lui était arrivé, pourquoi elle était là, ce qu'elle avait, si c'était grave ou non. J'voulais juste la voir, la voir sourire, la voir respirer, la voir en vie tout simplement. Sauf qu'une fois devant la porte de sa chambre, j'me suis mis à flipper, à avoir peur de ce que j'allais découvrir en passant la porte. Et si il lui manquait un bras ? Et si elle était entre la vie et la mort ? Et si elle était brûlé entièrement, dévisagé ? Putain, faut que j'arrête de me faire un million de film, j'dois juste rentrer, pousser cette porte, et faire face à la réalité. Sombre réalité. Elle est là, allongé sur son lit d'hôpital, les yeux grand ouverts, branché à je ne sais combien de machine. J'y connais rien à la médecine, mais ce qui est sûr, c'est que ça fait flipper. J'entends le bip des machines, j'entends tout, limite une mouche passerait je pourrais entendre le battement de ces ailes. Mais là, je veux juste entendre le son de sa voix, qu'elle me dise que tout ça c'est du superflu, que ça fait peur certes, mais que ce n'est rien, qu'elle va bien. Et quand le moment arrive, elle me dit juste qu'elle a mal... Me regardant bizarrement. "Ah..." J'aurais aimé qu'elle me dise qu'elle n'avait pas mal, qu'elle se sentait bien et qu'elle m'attendait pour partir, sortir d'ici, mais non, elle avait mal, et tous ces appareils n'étaient pas là pour rien. "T'as pas perdu ton sens de l'humour au moins." Je n'avais pu m'empêcher de rigoler quand elle m'a appelé docteur, au moins, elle était resté la même, à me taquiner, à se moquer de moi. Je finis par m’asseoir sur le bord de son lit, limite soulagé de sa blague, l'écoutant me dire qu'elle a eu un accident de voiture à ce que les infirmières lui on dit. "Ouais c'est ce qu'Alan, j'crois il s'appelle comme ça, m'a dit, il m'a envoyé un message pour me prévenir." J'regarde un peu partout, à la recherche d'un dossier médical ou une connerie du genre, quelque chose qui où je pourrais trouver ce qu'elle a exactement, mais rien, zéro. Alors je soupire, attrapant sa main, j'ai besoin d'un contact physique histoire de me rassurer, me dire que tout va s'arranger, que c'est rien, qu'elle va bien. •

Je déteste les hôpitaux, c'est marrant pour une étudiante en médecine non ?. J'aime ça la médecine, sauver des vies puis bon, un jour, je serais Docteur Redmayne. Si ça ce n'est pas la classe, je ne sais pas ce que c'est. Ouais bon, sauf que là, je suis patiente Redmayne qui a complètement perdu la boule, mais qui ne le sais pas. Non, Alan m'a demandé comment j'allais, si je me souvenais d'un truc, mais rien. Sheldon lui, il n'a pas vraiment parlé, il était juste là à me câliner. Putain, je suis peut-être morte en fait. Non parce que bon, Sheldon n'a jamais vraiment été le genre de grand frère câlin. Protecteur ça oui, mais câlin non. Je tourne en rond, je m'ennuie, je n'ai strictement rien à faire dans cette chambre. Quand je ferme les yeux, c'est le vide, le noir total. Je ne rêve pas, je ne fais pas de cauchemar, rien de tout ça. Finalement, j'ai de la visite. Le docteur ? Bah merde, je veux bien qu'on joue au docteur et l'infirmière d'un coup...Je le regarde, lui répond que j'ai mal, mais étrangement, il me paraît bizarre. Ils l'ont eu en solde lui ?. "Ouais, je sais, je suis un vrai clown quand je m'y mets". Je ne sais pas pourquoi il parle de mon humour, il doit vouloir faire copain-copain. À moins qu'il soit le genre de docteur à draguer ses patientes, pour hop, je l'ai tapé discrètement. Je le regarde s'avancer, chercher, je ne sais quoi avant de venir prendre place sur le lit. Euh... Faut qu'il se calme lui, je fais finir par appeler à l'aide. Là, c'est pire, d'où il connaît Alan ? Pourquoi est-ce que diable, Alan envoi un sms à mon docteur merde ?. "Quoi ? Pardon, je ne comprends pas, mais, pourquoi est-ce qu'Alan vous a écrit ?", je lui demande, secouant la tête. Je le regarde, je suis complètement perdue, mais là, il attrape ma main et c'est foutu pour lui. "Ok, ok vous avez l'air charmant, mais on se connaît ni d'Adam, ni d'Eve donc...pas touche ok ?", je m'exclame, retirant directement ma main de la sienne. C'est quoi ce cirque ? Je veux voir un docteur, je veux savoir ce qu'il se passe bordel.

• Loin d'être à l'aise avec les hôpitaux, j'ai jamais été un grand fan de ce milieu. D'accord, je respecte les gens qui ont décidé de bosser ici, de sauver des vies, mais putain, je ne pourrais pas. Etre confronté à la mort tous les jours, devoir annoncer des mauvaises nouvelles aux patients, à la famille, elle est où la joie dans le métier ? A part quand tu sauves une vie, ce qui doit arriver une fois sur quatre. C'est pas fait pour moi. Ces murs blancs qui te donnent l'impression d'être dans un endroit trop propre pour être vrai, cet odeur d'hôpital, ouais, un hôpital a une odeur bien particulière, pas que ça sente le mort ou le malade, mais je sais pas, ça a une odeur. Donc être ici aujourd'hui, c'est pas que c'est dur pour moi, mais voilà, c'est pas la joie, encore moins quand je sais que si je suis ici c'est parceque Piper a eu un accident. Un accident bordel, de voiture en plus. Au final, je m'attendais à pire, je m'attendais à la voir limite dévisager, mais non, elle a pas l'air d'avoir grand chose, quelques petites égratignures, des branchements de partout et c'est tout, rien de bien fou, enfin... En apparence... Bizarrement, je sens qu'il y a quelque chose d'étrange, une ambiance que je ne connais pas. J'me suis tout d'abord dit que c'était parcequ'elle devait être sonné, ils doivent la blinder de médicaments, mais non, j'me rend compte qu'il y a un problème quand elle me vouvoie. Elle n'a pas l'air de jouer en fait, non, elle ne me taquine pas, elle ne se moque pas de moi, elle est sérieuse, je crois même que je ne l'ai jamais vu aussi sérieuse en fait, ça ferait presque peur. "Hein ?" C'est tout ce que je trouve à dire, cherchant une explication logique à son comportement, mais rien, rien de vient. Ou alors je me cache la vérité, préférant mettre un voile noir dessus jusqu'au moment où je vais réaliser ce qui lui arrive vraiment. J'avais eu besoin de se contact physique pour me dire que tout allait bien, mais ça avait été l'inverse, le contraire, l'opposé. Elle me repoussa, m'envoyant limite chier. "Ça m'fait pas rire." J'me lève d'un coup, regardant autour de moi, à la recherche d'une aide quelconque. "Me faut une infirmière là." J'ai failli lui dire de ne pas bouger, mais pas besoin vu son état. Je sors de sa chambre, je cherche une infirmière, je gueule après quelques personnes, et là, le choc. On m'explique qu'elle a une perte partielle de la mémoire, qu'ils ne savent pas encore ce qu'elle a oublié exactement, qu'ils ont quelques tests à lui faire passer, encore. C'est une blague ? Je retourne dans la chambre, j'ai envie de fumer une clope putain. Et là, face à elle, je ne sais pas quoi dire, j'suis perdu, alors c'était ça ce regard ? C'est pour ça qu'elle me regardait sans aucune émotion, sans rien, comme si je n'étais qu'un inconnu ? "C'est moi..." Souvient toi, souvient toi de moi, de nous... •

La vie est parfois faite de surprise, des bonnes, mais aussi des mauvaises. Il y a quelques semaines de ça, j'ai eu une belle surprise en trouvant Alek sur mon chemin, mais aujourd'hui, la vie a décidé de le retirer de ma mémoire. Elle ne m'a pas laissé un souvenir, rien. Il se trouve là, devant moi, mais je ne le reconnais pas. Je le prends pour tout ; le docteur, l'infirmier, le plombier même sauf mon petit-ami. Non, dans ma tête, je n'ai pas 23 ans, mais 22. Je n'ai pas non plus passé mon été au Laos, tout ça n'est pas arrivé. Non, je suis juste Piper Redmayne qui vit au jour le jour, qui respire boulot, fête et amis. Je le regarde devant moi, me parler, me demander ce qu'il se passe et surtout, il me mentionne Alan. Je ne comprends pas trop, tout comme son comportement. Il n'a pas l'air de savoir ce que je fais ici, super, on voit qu'il bosse à fond le petit. En plus, depuis quand un médecin ou autre, se permet d'être aussi proche d'une patiente ?. Non parce que bon, je ne me permets pas de toucher la main de mon médecin quand je lui rends visite. Non, je ne comprends pas, mais je trouve ça étrange qu'il pète un câble. "Aaaaaaah, mais faites donc venir quelqu'un, ça fait une heure que j'attends !", je m'exclame, essayant de lever les bras, mais sans succès. Putain, on ne peut pas me retirer ses trucs-là ? Ça me tire les bras, ça fait mal. Je regarde le jeune homme partir dans le couloir, je l'entends même hurler puis plus rien. Mon dieu, ils ne l'ont quand même pas tué ?. Non, je le vois revenir dans ma chambre, mais à son expression du visage, je comprends que quelque chose cloche. "Ca ne va pas ?", je lui demande, sans savoir pourquoi. Il s'approche, son air triste me fend le cœur. "C'est toi je répète, le regardant l'air encore plus perdu. Là, un médecin vient enfin me rendre visite dans la chambre et je lâche un "HALLELUJAH", toujours sans pouvoir bouger. Lui aussi, il a le visage assez fermé. Putain, mais il y a eu un mort ou quoi ? Oh mon dieu, Alan ? Sheldon ? Non, non, ils sont vivants. Le docteur s'approche de moi et d'une voix calme, il m'explique la situation. Là, tout s'écroule autour de moi. Je ne peux pas y croire, je n'y crois pas d'ailleurs, ce n'est pas possible. J'ai envie de m'arracher tous ces fils, ces tubes dans le nez, tout. Il me pose des questions, comme mon prénom, mon nom et des renseignements sur ma famille. Sauf que voilà, il en vient à vouloir mon âge, "22 ans !", mais aussi la date du jour, "hein ? Je ne sais pas, autour du 20 juin", mais il demande de préciser, "2016 putain, vous me faites une blague ?". Non, mais ça serait tellement plus simple. Il continu en m'expliquant qu'on va me faire des examens, des tests. Ok, j'ai envie de mourir. Mon esprit se met à s'envoler, à chercher un souvenir, mais en revenant sur Terre, je remarque que le médecin n'est plus là. Non, il n'y a que ce jeune homme, cet inconnu. "Donc...On se connaît...", j'ose prononcer, évitant son regard.

• J'aurais pu m'attendre à tout, j'aurais pu me faire un million de films, de scénarios catastrophe. J'aurais pu imaginer l'imaginable, me faire peur, me pousser dans la déprime, dans la tristesse, mais ça, non, je ne m'y attendais pas. J'étais loin d'avoir imaginé ça, j'étais bien loin du but, pensant qu'en poussant cette porte, elle serait heureuse de me voir. C'était pas le cas, non, il n'y avait pas de joie, pas de peur non plus, mais aucune émotion, rien de rien, le vide, le néant. C'est le chaos dans ma tête quand je réalise ce qui est en train de se passer. Je ne sais pas comment réagir, comment prendre la chose. Je n'ai aucune idée de ce que je dois faire, de ce que je dois dire. Est-ce réel ? Et si tout ça n'était qu'un rêve ? Ou plutôt un cauchemars ? Et si je m'étais endormi plus tôt sur mon canapé, et si je n'avais jamais reçu ce message, si je n'étais jamais venu ici ? Juste un cauchemars, mon imagination qui a décidé de me faire passer une mauvaise nuit ? J'hésite à me pincer, mais je sais que ça ne servirait à rien, que tout ça est bien réel, que tout ça est vraiment en train de se passer. Moi qui pensait pouvoir réussir à refaire ma vie sans aucune encombre, me voila gâté. A croire que le destin a décidé de me rattraper pour continuer de me faire payer mes erreurs du passé, à croire que toute ma vie je devrais gravir des montagnes sans aucune aide pour pouvoir m'en sortir. Putain. J'écoute le médecin, je suis là, le regard dans le vide, les bras le long du corps, j'pense que si je n'aurais pas le dos appuyé contre le mur, j'aurais pu me laisser tomber contre le sol. Ces réponses m'indiquent que dans sa tête, elle est en 2016, au mois de juin, et surtout... On ne se connaissait pas à cette époque là, j'étais marié, vivant avec Nevada, elle n'avait aucune idée de mon existence à cette époque, tout comme moi... Est-ce que ça va passer ? Est-ce que ça va durer ? Aucune idée, je ne sais pas, et le médecin ne lui a pas dit, non, il lui a juste posé des questions, mais tellement perdu dans ma tête que j'en ai entendu que la moitié. Je ne le vois même pas quitter la chambre, je regarde le sol, essayant de comprendre, de trouver des solutions, mais j'en ai pas, je ne suis pas médecin, je ne peux pas rentrer dans le cerveau des gens pour tout remettre en place. C'est la voix de Piper qui me sort de mes pensées, je lève les yeux, posant mon regard sur elle. "T'as vraiment aucun souvenir de moi ? Rien ? Pour toi c'est la première fois de ta vie que tu me vois ? Pour de vrai ?" Le dénis, j'espère que tout ça n'est qu'une blague, une mauvaise blague et qu'elle se lever et me sauter dans les bras, me dire qu'elle rigole, que c'était juste pour me faire chier, mais au fond, je le sais, je le sais que ce n'est pas de la comédie... •

Nous les filles, nous rêvons toutes d'être dans un film. Un de ces films romantiques, où il y a des hauts et des bas, mais qu'au final, tout se finit bien. Le genre de film où on rit, on se prend des fous rires, on se met à pleurer dans les scènes super cul-cul des déclarations d'amour. Moi, je suis dans un film d'horreur. Bon, bien évidemment, il n'y a pas de sang et de cadavres, encore moins de morts. Non, dans mon film à moi, il y a deux trois blessés, dont une qui a visiblement perdu la mémoire. Le médecin me pose diverses questions puis, il en vient à une fait. Il me confit alors que j'ai une perte de la mémoire, mais, il ne sait pas pour combien de temps. Comment ça ? Il a fait ses études où celui-là encore ?. Pour moi, nous sommes en 2016, mais il m'informe qu'on est au mois de septembre, de l'année 2017. Pardon ? D'où on est en 2017 ? Depuis quand ? C'est quoi ce bordel. Il me laisse me reposer, une infirmière viendra plus tard. Ok, enfin, non, pas, ok, je ne suis pas bien. Je me rends compte que j'ai une année en moins dans la tête, et je sens le stress en moi. Putain, mais j'ai foutu quoi pendant cet accident ?. Je secoue la tête, mon regard balaye la pièce quand je remarque que le jeune inconnu et toujours là. Bon, vu son état, je dois certainement le connaître. Il me regarde enfin, et m'assomme de question. Je le comprends, mais ça me perturbe encore plus, car, je ne peux répondre positivement à ses questions. "Non... Désolée, je n'ai aucun souvenir de toi...", je lui réponds, une petite mine triste. Je ne sais pas pourquoi, mais je ressens de la tristesse en le voyant. Je le regarde, j'essaye vraiment de me souvenir de lui, mais non, rien ne se passe. Je sais qu'il n'est pas un de mes frères, mais alors qui est-il ?. "Qu'est-ce qu....qu'est-ce qu'on est ?", j'ose lui demander, reposant mon regard dans le sien.

• Jamais de ma vie j'ai été confronté à ce genre de situation. Je ne sais pas comment réagir, je ne sais pas quoi dire, quoi faire. Je suis perdu, je dois surement être autant perdu qu'elle au final. Impuissant face à la situation. Je ne suis qu'un inconnu, une personne qu'elle n'a jamais vu, une personne dont elle ne connait pas l'existence. Qui suis-je ? Au final, j'me rend compte que je tiens vraiment à elle. Enfin, je le savais déjà, mais là, je réalise à quel point. J'aurais voulu qu'elle se souvienne de moi, que lorsqu'elle m'a vu rentrer dans la chambre, tous ces souvenirs soit revenu, mais non, rien, zéro. Un an, un an c'est peut-être rien sur l'échelle de l'humanité, mais dans ma vie, c'est beaucoup. En un an, beaucoup de choses ont changé, et le fait qu'elle ai oublié un an de sa vie, ça me parait énorme. Qu'est-ce que tu ressens dans ces moments-là ? Est-ce que tu as des brides de souvenirs ou pas du tout ? Putain, j'suis perdu, encore. Je ne sais pas quoi dire, je la regarde, adosser contre ce mur, je n'ose pas bouger, je n'ose pas m'avancer vers elle par peur d'être rejeter. C'est dur comme situation. Quand le médecin se décide à partir, elle me demande si on se connait, et je lui pose des questions, je débite sans vraiment me dire que je vais peut-être plus l'embrouiller qu'autre chose. Quand elle me dit qu'elle n'a aucun souvenir de moi, c'est une deuxième claque en pleine gueule que je prend, car j'arrive à lire dans son regard que ouais, elle n'a aucun souvenir de moi, qu'aujourd'hui, c'est la première fois qu'elle me voit, alors que non. Merde, c'est pas la première fois. Croisant mon regard, elle se décide à me demander ce que j'étais pour elle, est-ce que je dois lui dire et risquer de la brusquer ? Ouais, j'peux pas garder ça pour moi, j'ai pas envie de lui mentir. Alors je prend ma respiration et je me décide à lui avouer la vérité. "Je suis Alek... Et on est... Ensemble." Ensemble, genre en couple, à deux, elle et moi, nous. Au moins, désormais elle sait qui je suis et elle doit surement comprendre mon comportement, comprendre pourquoi j'ai l'air si perdu de voir qu'elle ne me connait pas. Je m'avance dans sa chambre, allant m’asseoir sur le fauteuil aux côtés de son lit, jouant avec mes mains sous le coup du stress. Je ne sais pas quoi dire de plus, elle va surement vouloir des preuves ou quelque chose comme ça, j'pourrais être simplement un inconnu qui aurait entendu parlé de son trou de mémoire et qui aurait sauté sur l'occasion, je ne sais pas moi. •

Peut-être que si je lui demande de me mettre une claque, ça va m'aider à retrouver la mémoire non ?. Non, il va plus me faire mal qu'autre chose. Bon, bah, là, on peut dire que le médecin m'a complètement assommer. Ok, je n'ai pas tout perdu, je pourrais croire que je viens de naître, mais non, visiblement, je n'ai qu'une année en moins. Enfin, je l'espère sinon je saute par la fenêtre, abandonnant mari, enfant, vache et cochon s'il le faut. Je suis sous le choc, je ne sais pas quoi penser et encore moins quoi dire. J'observe l'inconnu qui est toujours dans la pièce, qui a l'air tout aussi perdu que moi. Je veux savoir qui il est, est-ce qu'il fait partie de ma vie ?Peut-être que si je lui demande de me mettre une claque, ça va m'aider à retrouver la mémoire non ?. Je respire un bon coup, puis, le posa la fameuse question. Je n'ai pas envie de lui faire du mal, mais j'ai besoin de savoir. Si je veux m'en sortir, il faut que je reconstruise le puzzle qu'il y a dans ma tête. Il me regarde, me donne son prénom puis, m'avoue qu'on est ensemble. What ? Ensemble, genre, c'est mon mec ? Putain, j'ai bon goût quand même. Ouais, c'est littéralement ce que je me dis avant de m'en vouloir. Je m'en veux de ne pas me souvenir de lui, de nous. "On est ensemble depuis longtemps ? ", je lui demande de nouveau, le regardant s'asseoir sur le fauteuil non loin de moi. "T'es vraiment mon copain ?...", je lui demande, ajoutant directement, "...non pas que je ne te crois pas hein, j'ai un bug dans le cerveau, mais bon...". Je veux juste être certaine que ce n'est pas un psychopathe, qui prend son pied en me faisant croire des choses. Je le regarde, ne le quitte pas des yeux et je peux bien voir que ça le touche. J'hésite, puis finalement, je lui fais signe de venir s'asseoir sur le bord du lit. Ouais, bon, on va éviter les embrassades pour le moment, c'est peut-être mon petit-ami, mais c'est quand même un inconnu dans ma tête. On va y aller doucement, même si je veux retrouver mes souvenirs.