Le retour à Harvard depuis quelques jours. Je me sens dépaysé, loin de tout et en même temps trop près de lui. Tout me ramène à mon père ici, tout ce que je touche, ce que je vois, et cette plaque en métal avec son nom gravé dessus me rappelle amèrement que sa vie s'est arrêtée ici. Un nouveau départ, une nouvelle Hippolyte, le début d'un règne de glace parce que je n'ai plus aucune flamme pour me réchauffer. Et c'est dans l'antre de la Eliot House que j'ai décidé de me réfugier, là où est ma place parce qu'aucune autre maison est digne de me recevoir. En sortant, je bute contre quelqu'un et grogne dans un soupir alors que mon sac tombe au sol, éparpillant son contenu. - Putain, tu peux pas regarder où tu vas ! Que je souffle en m'abaissant pour ramasser rapidement mes affaires, me redresse et prête à lancer un regard noir à l'individu. Mais à la vue de son visage je me rétracte, la bouche légèrement entrouverte alors que le poids d'un premier amour vient me percuter de plein fouet. - Tient, un revenant. Qu'est ce que tu fais là ? Que je lâche sur un air dédaigneux au possible, masquant toute la déstabilisation qu'il venait de provoquer. La fin de cette histoire a un sale goût, et le choix que j'ai pu faire autrefois me rattrape soudainement.

Choisir la Eliot House avait été pour moi le choix le plus judicieux depuis mon arrivée à Harvard. J'avais beau être partagé devant l'avis divisé de mes proches, mon frère qui me poussait à rejoindre le rang de l'élite, Selene qui m'en dissuadait... Mon choix avait finalement été fait, et j'avais décidé de rejoindre cette confrérie. J'avais une chambre là-bas, étant donné que c'était ma première année parmi eux et que c'était la règle. J'avais décidé d'aller courir un peu ce matin me changer les idées, après avoir été chamboulé à cause des mauvaises nouvelles concernant mon frère, son état ne s'améliorait pas et les médecins s'inquiétaient. Je rentrais finalement et c'est l'esprit complètement ailleurs que je fus sorti de mes pensées, lorsque je percutais une personne. Mais pas n'importe qui. C'était Hippolyte. Non, ce n'était pas du tout n'importe qui mais honnêtement, je n'avais pas forcément envie de la voir. « Je vis ici, Hippolyte. » répondis-je froidement, devant son air plus déplorable qu'elle abordait avec moi. « Et tu peux éviter de prendre cet air avec moi, ça ne sert strictement à rien. » Ouais, elle pouvait intimider qui elle voulait, mais pas moi. Pas après ce qu'elle avait fait, en plus de ça.