Lonely girl — Je n'en pouvais clairement plus de cette foutue croisière. Je ne m'y sentais tellement pas à ma place, au milieu de tout ces gens à qui.. j'aurais dû ressembler, si j'avais suivi les conduites qu'on m'avait imposées. Est-ce qu'au j'aurais vraiment pu être comme eux ? J'en savais rien. Mais plus les jours passaient, plus j'avais l'impression d'étouffer. Sans parler de la pression que j'avais en permanence sur les épaules, et de Cole qui se délectait à me faire chanter. Je me détestais de me sentir si impuissante, à me retrouvée obligée à faire ce qu'il souhaitait sans rechigner. Si seulement je n'avais pas été aussi conne par le passé putain.. Du coup ce soir là après avoir traîné dans ma cabine pendant un bon moment, j'avais finalement décidé d'aller passer la soirée au meilleur endroit de ce foutu bateau: le bar. J'avais enfilé les verres, sous l'oeil amusé du barman avec qui j'avais même flirté pendant un moment. Au moins il y avait quelqu'un de cool par ici. Puis finalement, me sentant un peu trop pompette pour le coup, j'avais attrapé ma flute de champagne et m'étais dirigée vers l'avant du bateau pour prendre l'air. J'adorais ça. Ecouter le moteur du bateau dans la noirceur de la nuit, et sentir l'air marin qui faisait doucement voleter mes cheveux. Prise d'une soudaine inspiration, je virais mes chaussures, et décidais de passer de l'autre côté de la barrière. Doucement, précautionneusement, je passais donc de l'autre côté en m'agrippant, les bras tendus en arrière. - YOUUUUHOUUUU ! m'exclamai-je alors que je sentais le vent fouetter contre moi, prenant une grosse dose d'adrénaline en me foutant complètement du fait que je pouvais mourir au moindre faut pas.

Lonely girl — De l'air, j'ai besoin d'air. J’étouffe. Je me traine hors de la cabine de luxe que j'ai pour moi tout seul, parce que je suis seul, on est tous tout seul de toutes façons et m'avance vers le pont supérieur, pour fumer, pour m'intoxiquer les poumons, pour fixer les vagues, me calmer en regardant la mer parce qu'il n'y a rien de plus reposant. Je ferme les yeux un instant, juste pour profiter rien qu'un peu du silence. Tout se casse la gueule j'crois ou du moins c'est l'impression que ça donne. Depuis le départ de Noah, de LR, je me sens à la dérive, sur un bâteau, je me barre, loin trop loin de mon rivage, trop loin de la réalité et de ce que je devrais avoir. Putain de merde, on est jamais assez prévenu que la vie est cruelle, tenace, connasse et sadique. A votre avis, pourquoi moi même je le suis ? Parce que je suis ses règles. Mais là, j'en ai ras le cul, de leur connerie, de leur stupidité. Des enfants. Noah m'a largué les gosses et est parti se cacher en Russie. Le bon plan pour lui, la sentance pour moi. Je me traine les histoires à la con et je règle tout, seul. Logique puisqu'il n'est plus là. Pourtant, on aurait pu bien se marrer lui et moi, à regarder les têtes de cons de BFF qu'ils se sont trouvés Cole et Abé. Sérieusement c'est deux têtes d'allumés. L'un à une gueule de gars trop angélique et gentil, on dirait un puceau entouré de requin. Le second, une tête de blédard droguée. A y penser, je soupire d'agacement et ouvre les yeux pour admirer le monde. Je scrute le bâteau jusqu'à repérer une personne prête à se jeter dans l'eau. Super, maintenant va falloir que j'arrête une suicide. Nouveau soupire excédé. Ils pensent quoi les gens ? Mon temps est précieux. Je lève les yeux au ciel avant de jeter ma clope dans l'eau et d'avancer vers la personne mais plus j'approche, plus je reconnais la silhouette et constate avec stupéfaction que c'est elle : Juju. Elle se penche en avant, elle se la joue titanic ou ça se passe comment ? J'avance, arquant un sourcil Tu veux te la jouer Titanic ? Voir si ton Jack va venir te sauver ? je m'accoude à la rambarde près d'elle, et fixe ce qu'elle fixe, reprenant le silence, parce que je sais pas trop quoi dire de plus.

Lonely girl — J'avais la tête qui tournait. Le champagne était clairement en train de me monter à la tête, et je m'en délectais. Savourant une fois de plus cette sensation de ne rien contrôler,
de laisser les choses venir d'elles mêmes, sans réfléchir. Et là à cet instant, l'idée de passer de l'autre côté de la barrière m'avait semblé être une idée de génie. Je criais dans la nuit, surexcitée de voir les vagues s'éclater contre la coque du bateau quelques mètres plus bas et de sentir l'air caresser mes joues fraîches. Totalement inconsciente. Mais je me sentais libre, vivante. Simplement retenue par la force de mes bras, je me mettais à chantonner un vieux tube de Madonna, quand je remarquais la présente de quelqu'un non loin de moi. Tu veux te la jouer Titanic ? Voir si ton Jack va venir te sauver ? Je me retournais vers Hades, l'observant s'approcher pour s'accouder à la barrière juste à côté de moi. On ne s'était pas croisés encore lui et moi depuis le début de la croisière alors qu'au fond, si il y avait bien une personne que je ne haïssais pas ici, c'était lui. - Pourquoi pas ? J'ai toujours rêvé de me faire Di Caprio dis-je avec un sourire. Mon regard déviait en contre bas, savourant la ratés de mon coeur dans ma poitrine, entre la peur et l'excitation. - Tu devrais essayer ça libère ! Regarde dis-je le plus normalement du monde en me penchant un peu plus, manquant cette fois de perdre l'équilibre. Ouh là ! m'exclamai-je en riant. Moi bourée ? A peine.